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05 Il aura fallu observer les mécanismes internes de survie, la projection du
mal-être interne, de la confusion, vers l’extérieur, 24h à ne pas pouvoir agir
et un mental qui tourne en boucle depuis le réveil pour que je décide enfin de
dire "stop".
Il ne s’agissait pas de poser des limites à l’extérieur en écrivant
à mon père mais de décider de lâcher définitivement le passé. Et d’un seul
coup, le mental a cessé de cogiter. Un silence mental et une sensation de paix surpassent toutes les explications.
Je n’arrivais pas à trouver les mots et
j’ai dû réécrire la lettre en me disant que c’était trop complexe, trop
agressif, à la limite de la justification. Je voyais bien que je tournais en
rond mais j’étais comme sidérée, en mode réaction et même quand je
réfléchissais au "comment lui répondre" ça n'allait pas.
Puis j’ai repensé au fait que lorsque
j’avais demandé à la petite Lydia si elle avait quelque chose à me dire, rien
n’était venu et j’en suis venue à l’évidence : pourquoi raviver ce
passé qui de toute façon est mort ?
Même si le fait de chercher à
comprendre plutôt que de réagir en mode vengeance m’a permis de reconnaitre les
schémas psychologiques des rôles du triangle dramatique, même si le processus
du pardon m’a permis de reconnaitre et ressentir l’amour sans conditions, le
but est atteint si on peut dire, je n'ai plus à m'attacher au contexte.
Maintenant que la communication est rétablie à
l’intérieur entre les différents aspects de l’être, ça suffit pour exister,
pour avancer, sans avoir besoin de retourner dans le passé.
J’ai donc proposé
au mental de juste observer et accueillir des émotions qui pourraient surgir en
écoutant les messages que mon père m’a laissé.
Il avait l’air en souffrance
mais la seule idée qui m’est venue c’est que je ne peux rien pour lui. Personne
d’autre que nous-mêmes ne peut avoir accès à nos émotions.
C’est à chacun de
choisir comment les vivre ou les rejeter.
Parler de choix quand on n'est pas conscient des conditionnements est un peu illusoire parce que tant qu'on n'en est pas conscient, on ne peut pas vraiment parler de libre arbitre. Mais même quand on l'est, ça va tellement à l'encontre des habitudes, des conventions sociales, des croyances, que ça n'est pas si facile.
La plupart du temps, on les
projette sur les autres mais ça n’arrange rien.
Au contraire, ça nous maintient
dans l’identification aux rôles, au personnage, aux stratégies de survie.