samedi 9 mai 2020

« Prendre du recul sur ce qui est »




6 05 Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus apaisée et du coup ma vision du monde est beaucoup plus neutre. Les psychologues parlent de "tuer le père" pour s’affirmer mais je pense que cette idée même si elle a du vrai, est trop souvent vécue de façon animale. Comme le lion qui va tuer les petits de la Lionne afin qu’elle soit à nouveau en chaleur, en mesure de se laisser grimper, l’humain pense que pour s’affirmer il doit tuer l’autre. 

Ce sont des schémas archaïques, des réactions primaires mais qui ont encore un sens chez les humains qui se disent évolués pourtant. D’un autre côté, on peut tout de même voir une progression de l’ensemble dans la mesure où on ne pense plus à se défendre en agressant, le mode guerrier n’est plus envisagé comme "la solution". 
J’ai entendu beaucoup de personnes de la génération précédant la mienne dire sérieusement : "il nous faudrait une bonne guerre" ! Ils supposaient que le monde évoluait en détruisant puis en reconstruisant, comme si ce cycle était le seul possible. 
Dans leur tête, la destruction permettait de faire table rase du passé et de renaitre, de reconstruire, ce qui redonnait du boulot aux survivants et donc renflouait les caisses. 

C’est un cycle issu du mode de survie qu’il serait bon de dépasser. Mais derrière ça, il y a la peur et la façon de la gérer qui fait qu’on ne sort pas de l’animalité. Tant qu’on est agit par l’instinct de survie, tant qu’on est dans la réaction primaire de lutte, de fuite ou de paralysie face à la peur, on reste prisonnier du cerveau reptilien et de ses stratégies. Mais c'est surtout parce qu'on s'y identifie et parce qu'on rejette cet instinct animal qu'on est dans la lutte constante et l'impression d'être impuissant, victime de la vie

On interprète les choses selon notre vécu, selon notre façon de gérer l’incompréhension, les blessures d’enfance qui nourrissent le sentiment d’impuissance. La capacité à faire face à la peur par la raison s’apprend parce que cela demande de se servir du néocortex tandis nos instincts primaires s’enclenchent automatiquement. 


Nous avons cru qu’en rendant les stratégies de survie de plus en plus sophistiquées, en ayant des armes de destructions toujours plus insidieuses, en allant faire la guerre loin de notre propre territoire, nous étions des êtres évolués. Mais aussi qu’avec la chimie, les vaccins, la médecine, nous viendrions à bout des émotions dites négatives, de la mort même, qu’avec l’intelligence artificielle nous deviendrions des supers-humains…

Idem au niveau de la spiritualité qui intéresse de plus en plus de monde justement parce qu’elle répond de façon idéale à la peur de la mort, de l’inconnu, mais ça reste une stratégie de fuite. 
On pense qu’en niant le réel, en niant notre nature animale, en méprisant ou en contrôlant notre corps physique, en hiérarchisant ce que nous sommes, en développant la relation au divin en soi, on va s’élever, mais surtout, s’extraire de cette condition humaine qui est si décevante. 

Elle est décevante d’une part parce que nous avons des attentes entretenues et nourries par les croyances, les conditionnements et surtout parce que nous portons en notre mémoire des souvenirs douloureux que nous ne voulons pas voir, ressentir. 
Qu’ils proviennent de nos ancêtres ou de notre enfance, qu’ils soient réellement traumatisants ou moins violents en apparence, ils teintent notre vision et nous poussent à vouloir fuir les sensations dites désagréables. 

D’un côté nous disposons d’un mental capable d’analyser et de l’autre nous avons des instincts primaires, des pulsions vitales et morbides qui s’équilibrent tant bien que mal. 
On pense depuis que les religions ont conquis le monde, que notre mental, notre raison, notre volonté, peuvent tuer l’animal en nous et même quand on envisage les choses sur le plan énergétique, on continue de croire qu’en bidouillant les énergies, en cultivant les dons spirituels, on aura du pouvoir sur "la bête". On ne parle plus trop en termes de dieu et de diable mais on parle du dragon qu’on va soit séduire, soit abattre ou plutôt faire abattre par les armées d’anges.
Il y a derrière tout ça, un besoin autant de fuir la réalité que de gloire et de reconnaissance, de se sentir privilégié, défendu, aimé, protégé.

Pourtant nous avons tout pouvoir et sans aller jusqu’à croire que nous allons devenir immortel parce que la nature est équilibrée, le seul fait d’observer les choses avec neutralité, objectivité, nous ramène à l’évidence, à la simplicité, à la conscience de ce que nous sommes potentiellement et éternellement.




Il y a des structures en place et des modes de perceptions, d’action, qui leur correspondent. Nous pouvons selon notre positionnement intérieur, percevoir les choses en victime impuissante qui n’a d’autre choix que de se révolter pour exister ou en prenant un peu de hauteur, constater que différents systèmes sont à l’œuvre. 
Nous pouvons croire que nous sommes supérieurs aux autres et par conséquent que nous méritons le meilleur, et même que nous méritons l’immortalité. Que le fait d'être né dans une famille aisée fait de nous des êtres bénis, privilégiés, qui méritent de fait le meilleur soit par la croyance au karma, soit par conditionnement. 
Ou encore qu'en étant plus rusé que la moyenne, capable de "libérer les capacités du cerveau", d'augmenter son savoir ou de découvrir ses dons et talents extrasensoriels, nous rend plus intelligents, nous donne plus de pouvoir mais c'est un leurre. Ce n'est pas vraiment de l'intelligence, c'est juste du domaine des stratégies de survie où on cherche à dominer, à manipuler, à contrôler la vie en soi.

Si je parle d’amour en considérant que c’est le seul mode d’élévation, de libération c’est tout simplement parce que la lutte nourrit la souffrance, nous maintient dans des schémas archaïques sans pour autant nous rendre plus heureux. 
Même ceux qui jouissent de dominer ceux qu’ils pensent inférieurs ont une conscience et sont de toute façon manipulés eux-mêmes. 

L’amour et la lumière dans le sens de conscience ouverte, qui prend du recul sur les pensées, les émotions, les laisse s’exprimer en sachant qu’elles nous renseignent, qu’elles nous parlent de nos mondes intérieurs. Ou de notre structure physique, de nos schémas psycho-émotionnels et de la façon dont nous canalisons l’énergie vitale. Cette énergie qui alimente notre corps et qui se projette vers l’extérieur à travers les pensées, les émotions et les actes. 
Elle émane autant de la terre, de l’éther, que du cosmos, de l’astral et de la conscience Une. Elle existe autant en tant que fluide si on peut dire que dans une forme éthérée, vaporeuse. 
Notre corps est une "antenne géante" assortie de différents systèmes qui vont traiter les informations selon notre degré de conscience, de connaissance de soi. 
Nous recevons les infos par les sens, autant de l’extérieur que de l’intérieur et par effet de résonance, ce qui est le plus actif en nous parce que nos croyances le valident, le système le plus souvent utilisé va nous faire réagir d’une certaine façon ce qui va aussi impacter sur le réel visible et invisible. 

Ces infos sont traitées par les cerveaux du cœur, de la tête et du ventre tout autant que par la peau puis elles entrent en résonance avec notre adn, sont traitées selon nos systèmes actifs et retransmises aux cellules. 
Le fait de pouvoir projeter sur l’écran du mental, ce que nous portons en nous, nos pensées récurrentes, nos émotions et dans l’invisible, nous renseigne, par effet miroir, de la façon dont nous traitons les infos. On peut reconnaitre combien le système de survie prend nos modes de fonctionnement en charge.
Tant qu’on n’apprend pas à prendre du recul sur nos réactions, on va s’identifier à elles et se sentir malheureux, emprisonnés et impuissants.

De plus en plus, je me dis que toutes les infos au sujet des êtres de lumière, des anges, des archanges…ou celles au sujet d’extraterrestres, de reptiliens, procèdent de la pure projection psycho-émotionnelle parce qu’on y retrouve le potentiel et la projection de notre structure physique, de nos modes de fonctionnement psycho-émotionnels.

Ce qui ne veut pas dire que c’est faux non plus mais plutôt qu’on s’appuie sur du vent sans voir justement que nous projetons ce que nous sommes structurellement, tout autant que nos attentes, nos peurs, nos frustrations et nos fantasmes. 
Il y a une réalité énergétique, vibratoire et ces projections prennent forme selon l’intention et les attentes des individus. 
Plus on rejette notre réalité, nos souffrances et plus nous nous projetons loin dans l’univers, dans l’invisible, l’éther. 
Il y a une réalité quant aux forces internes, à cette énergie vitale qui parcourt, nourrit et anime un être, une puissance indéniable puisqu’elle peut donner la vie, créer un être et le maintenir en vie. Mais s’attacher aux anges en voulant s’éloigner de la réalité intérieure, nous maintient dans le déni, l’illusion d’impuissance et l’irresponsabilité.

Plus j’accueille ce qui demande à être vu et lâché en moi et plus je passe à l’action, moins je cogite, plus j’accepte la réalité terrestre, plus mon mouvement est fluide à l’extérieur. Parce que dans cet état d’unité intérieure, de cohérence ou de paix entre les corps, d’absence de lutte, de résistances, les gestes suivent.

J’étais du genre à être paralysée par la peur, à fuir dans les mondes éthérés, dans le mental et l’imaginaire mais plus je prends du recul sur les stratégies de survie et plus je peux agir en confiance. Tellement en confiance que ça n’est plus nécessaire de passer par l’intellect.

Chaque individu aura des réactions déterminées à la fois par son histoire personnelle, celle de ces ancêtres et par le mode de survie utilisé, soit l’agression, la fuite ou la paralysie. 
Et encore, dans ces trois modes différents, il y a une variété de réactions sûrement autant qu’il y a d’individu. 
Cela se traduit par des rôles au niveau psychologique et selon la façon de percevoir et de canaliser l’énergie vitale, selon la structure physique, le résultat sera différent. 
Un peu comme la musique qui au départ utilise sept notes basiques et peut être interprétée de façon tellement variée. Sans compter que l’âge, la saison, le climat et les émotions du moment, vont aussi influencer les choses. 




Nous sommes des milliards à ressentir que nous sommes plus que juste un corps physique et quand on voit le nombre de dieux, leurs formes, les croyances et lois que ça génère, on note autant cette aspiration commune que la variété qui existe dans la conscience Une. 

Si je parle de conscience Une c’est parce que nous sommes structurés de la même façon et parce qu’on trouve des généralités dans ces différences. Autant par la structure et ses potentiels, par le fait que nous partagions le génome, les codes génétiques, que par les programmes inconscients. Nous partageons les mêmes aspirations, les mêmes idéaux, et lorsqu'on observe avec neutralité, on voit combien nous sommes Un.

Ce qui nous différencie, c’est la façon de capter et de transmettre l’énergie, d’utiliser ce potentiel de façon plus ou moins proche de notre vraie nature ou en accord avec ce que nous aimons, nos goûts, nos dons. Proche de notre vraie nature dans le sens de canal transparent ou d’un mental/émotionnel qui reçoit et transmet de façon pure et d’une conscience qui lâche les conditionnements. 
Ce qui dans le corps physique peut être perçu comme le summum de l’humain, c’est le néocortex, le cœur et le centre créatif: l’alchimisation et le pouvoir créateur lié autant à la sensibilité qu’à l’imaginaire. 

La souffrance intérieure peut être sublimée à travers l’art mais en dehors de ces moments créatifs, c’est souvent le chaos. Cultiver la joie, l’intelligence, l’intellect, en niant les souffrances ou blessures internes nous maintient dans le conflit, la division, la hiérarchisation et le rejet. 
Et ça se traduit dans le monde par des inégalités, des élites autoproclamées, des experts, des techniciens, qui veulent gouverner le monde, des extrémistes, des manipulations, de la violence, des guerres toujours plus perverses.

On peut constater au niveau individuel comment se passe le mécanisme de tout changement. Il faut être obligé de sortir de sa zone de confort pour remettre en question son comportement, ses croyances, être face à la peur de la mort pour sentir l’élan de vie et le suivre. La dynamique de la dualité œuvre ici et en ce sens il n’est pas nécessaire de comprendre le processus pour suivre cet élan de vie. 
Mais, le problème si on peut dire, c’est que l’inconscience ou le fait de réagir par la dualité, lorsqu’on est poussé dans nos retranchements, c’est la violence du processus qui est destructeur et par-dessus tout on se prive de la joie, on agit par réaction à la peur. 
On est balloté au gré des humeurs en pensant être manipulé de l’intérieur et par les autres, on se sent impuissant et malheureux. 

L’habitude de prendre du recul sur les pensées, les émotions, ramène autant à la souveraineté de l’être mais aussi à la simple joie d’être. En se détachant progressivement du système de survie sans le rejeter, juste en y portant notre conscience, on va constater le changement d’état d’âme, de fréquence, de vision, de conception de soi et du monde. 

L’effet miroir, celui de résonance, nous ramène à notre réel pouvoir sans avoir besoin de détruire, de convaincre, à notre seule responsabilité et à l’impact de nos choix, (de la façon de vivre à l’intérieur), sur l’extérieur. 
Déjà quand on fait la paix avec ce que nous sommes, on cesse d’accuser l’extérieur parce qu’on fait l’expérience de l’abandon de la lutte, du détachement mental et de l’accueil émotionnel. Cela nous ramène dans l’équilibre et au passage à l’acte en cohérence avec ce que nous voulons vivre autant vibratoirement que matériellement.

Quand on est identifié à la victime et par conséquent au sauveur aussi et quand on s’est réfugié dans le monde astral, celui de l’imaginaire, des sensations agréables, on est dans une attitude d’acceptation par conditionnement et par rejet du monde matériel. On se réfugie dans des sphères où les mythes sont plus importants que la réalité, on parle d’amour pur, on rêve de héros, d’âge d’or, de prince charmant, d’un dieu tout puissant qui punira les méchants. 
Ce qui nous évite de faire face à notre réalité intérieure et physique en se déchargeant de la responsabilité, en plaçant autant les bourreaux que les sauveurs à l’extérieur. 

Le fait que de plus en plus de gens qui étaient attachés aux mondes invisibles prennent conscience des manipulations extérieures et disent "non", participe à l’évolution de l’ensemble. On sort du rêve et même si c’est pour faire face à un monde cauchemardesque, au moins on entre un peu dans le réel et on sort peu à peu de la léthargie. 
Mais comme à l’intérieur, l’accusation et la lutte nous ramène à l’impuissance, à davantage de contrôle et de violence, il en va de même à l’extérieur. 
On l’a vu au travers du mouvement des gilets jaunes qui a amené plus de répressions et avec les manifestations qui ont été arrêtées par cette pandémie. Ce qui a donné tout pouvoir aux autorités de faire passer des lois liberticides au nom de la sécurité. 




Ce qu’il faut voir ici, de mon point de vue, c’est à la fois le potentiel et le mécanisme sous-jacent. Ce qui est mis en scène ici est à la fois l’absence de confiance en soi, le rejet de nos blessures, la façon de lutter contre la peur qui amènent à davantage de contrôle par ceux à qui nous avons délégué notre pouvoir. 

Le pouvoir est lié à la responsabilité et quand on lutte contre nos émotions dites négatives, quand on lâche notre enfant intérieur ou quand on refuse de l’entendre, il s’exprime par des réactions plus violentes, des émotions plus intenses. 

Ce que j’appelle "l’enfant intérieur", c’est autant les incompréhensions, que les souffrances passées mais c’est aussi la spontanéité, la capacité d’être vrai. 
Ce sont des appels à devenir conscient de nos croyances invalidantes, fausses, de nos schémas de pensées, du fait que nous réagissions en mode survie. 

Cet enfant c’est à la fois l’impulsivité, et la capacité d’innover, de prendre conscience de nos modes de fonctionnement internes et de s’en détacher pour retrouver la simple joie de vivre. 
Cette joie qui ne s’appuie sur rien, qui n’est pas une stratégie de fuite, une réaction à la peur, une façon de la détourner. C’est l’énergie de vie, l’énergie vitale qui n’est plus coincée et traitée dans le mental/inconscient. 

Par essence cet élan est la vie et elle ne peut se nuire ou nuire à soi-même ou aux autres. Le "tuer ses parents" des psychologues devient lâcher les conditionnements et modes réactionnaires inconscient pour devenir les parents aimants de ce précieux enfant en soi. 

Ainsi, plus besoin de faire porter le poids des souffrances aux personnes proches qui nous donnent l’occasion d’accueillir l’enfant en soi, par effet miroir. On ne voit pas seulement le rôle de bourreau ou de sauveur chez les hommes qui mettent en évidence la relation difficile au père ou chez les femmes qui font ressortir le type de relation vécue avec la mère. 
On voit autant l’enfant intérieur en souffrance que les stratégies utilisées pour ne pas ressentir ces blessures. On cultive la compassion par ce constat, par effet de résonance.

Mais on est lucide quant à notre pouvoir individuel et on ne se laisse plus séduire ou manipuler. On sait que le détachement est le pouvoir réel et qu'il nous garanti d'être aligné, en accord, en cohérence intérieure sans avoir besoin de lutter avec l'extérieur. 

Plus on cultive l’écoute et l’accueil en soi et plus on peut avoir des relations saines avec les autres parce qu’on ne projette plus nos souffrances, peurs, jugements ni nos attentes. 
Plus on est transparent et authentique avec soi-même et plus on est vrai avec les autres. Plus on sait accueillir l’enfant blessé en soi et plus on se détache des schémas de pensée automatiques, plus les émotions sont équilibrées. 
Plus on est dans l’action spontanée, plus on est vrai, plus on sait se détacher des pensées conditionnées et plus la vie devient claire, fluide et facile. 
Peu à peu, les émotions dites négatives ne viennent plus éveiller des souvenirs douloureux parce qu'il n'y a plus d'accroche. La mémoire traumatique allégée par l'accueil et l'écoute de l'enfant en soi se dissout naturellement parce qu'on ne s'y attache plus, on ne la ravive plus. Elle a délivré ses nombreux messages et n'a plus de raison d'être.  

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr  Photos privées ©Lydia Féliz