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05 "Discipline mentale", voilà ce qui résume mon état d’esprit à l’instant. C’est
avec ironie et un peu de provocation que j’utilise le terme de discipline mais
je le fais dans son sens de pratique régulière plutôt que de volonté de
performer, de lutter. Comme une pratique sportive, l’apprentissage et la mise en
application d’une connaissance qu’elle soit musicale ou artisanale.
Dans son
aspect volonté, il s’agit juste d’être déterminé à lâcher les vieux
conditionnements et les vieilles croyances, de se regarder honnêtement, et de
ne pas s’identifier à ce qui ressort de ce face à face avec soi-même.
Maintenant,
dès qu’une pensée de peur, d’accusation ou de culpabilité émerge, je me tourne
vers le corps physique et le détends. Ceci dit, là encore, je prends patience
avec moi-même parce qu’il ne s’agit pas de s’imposer un contrôle, un flicage ou
une contrainte puisqu’il s’agit de suivre le désir de devenir autonome et
souverain.
En ce sens le mot discipline est lié à la maitrise, à la capacité de
se détacher naturellement de ce qui est nuisible pour les corps.
Comme je
constate que tout commence dans la sphère du mental/émotionnel pour ensuite se
manifester dans la matière, il s’agit de dépolluer le psychique des programmes
limitants, restrictifs, basés sur la survie, le manque, le besoin de gérer la
peur.
Notre
conscience/inconscient sont très évolués et ont élaboré des stratégies de
fuite, d’évitement, de projection, afin de canaliser l’énergie de vie. Déjà au
départ, les croyances religieuses ont manipulé les enseignements du christ
fondés sur l’amour inconditionnel. Lui-même a parlé de la dualité de ce monde
et incité à aimer plutôt que de se venger, à embrasser le présent pour y
découvrir les cadeaux, la présence du père et de la mère, en soi, la source de
toute vie.
Le père c’est l’observateur neutre, le regard lucide, transparent
tel le soleil et la mère la capacité d’ouverture, d’accueil. Ou dit autrement,
la capacité de devenir autonome, souverain, de savoir qui on est et ce qu’on
veut.
Dans le contexte de dualité, nous apprenons à connaitre, à savoir qui on est
en observant et le lâchant ce qu’on n’est pas. Ce qui est de l’ordre du réflex,
du conditionnement, des croyances. Nous apprenons à savoir ce que nous voulons
en expérimentant son contraire.
Sur le plan de l’énergie, on peut parler de lumière
et d’amour : lumière conscience neutre qui voit clairement un objet, un
sujet, dans son ensemble, et amour : absence de lutte, de contrôle.
La
conscience neutre et l’absence de lutte sont l’expression de la source en soi,
de cette conscience neutre qui offre un regard élargit sur les choses et
l’amour, c’est la liberté de mouvement, la libre expression de la parole, de
l’émotion, sans attaches.
L’un comme l’autre sont en cohérence dans l’absence
de lutte et la neutralité et c’est sûrement cela qui donne un sentiment de
grandeur, de plénitude, de bien-être.
Le silence, l’absence de combat interne,
les pensées qui défilent sans qu’on s’y attache, juste en étant l’observateur
des mouvements internes, c’est à la fois la liberté d’être et l’épanouissement
parce qu’on va aller au-delà des apparences, des circonstances.
10 05 Je vois beaucoup de
critiques, de prises de position, d’appel à signer des pétitions sur facebook
et je me dis que c’est un réflexe naturel mais je n’oublie pas non plus que
l’extérieur est la manifestation dans la matière de l’ensemble.
Que nous
cocréons cette réalité par l’addition des vibrations, des croyances et des
actes de milliards d’humains. Tout comme le suffrage universel qui place des
personnages à la tête des gouvernements, puisque c’est une façon de déléguer
son pouvoir, on retrouve les mêmes schémas que ceux qui sont vécus en chaque
individu. On croit que l'autre, l'expert, un dieu extérieur ou le mental dit supérieur saura mieux que nous ce qui est juste pour nous-mêmes et pour l'ensemble.
On
est tellement identifié au personnage fictif, aux rôles du triangle dramatique
qu’on ne se rend même pas compte que finalement ce qui se passe à l’extérieur
nous arrange.
En effet, il est plus facile de projeter ses peurs, ses doutes et
ses désirs que de les assumer ou les ressentir, les accueillir.
Pourtant quand
on est dans la transparence, on voit combien nous sommes conditionnés déjà au
niveau psychique et à quel point l’extérieur ne fait que répondre à ce que nous
émanons.
Si
je parle du divin ou de la conscience neutre et de l’amour c’est parce que
c’est nécessaire de les identifier pour savoir que nous ne sommes pas ces
conditionnements, ces schémas de pensée. Et c’est justement par l’observation
détachée que se révèlent ces différents aspects de soi, toujours par le principe
de dualité.
Peu à peu, on comprend où se situe notre réel pouvoir, on comprend
que nous pouvons devenir notre propre autorité, que nous sommes capables de
suivre notre propre guidance. Celle de notre corps physique, celle de notre âme,
qui se manifestent par l’élan à agir en confiance. Le corps physique harmonise
l’instinct et l’intuition et en apprenant à observer avec le recul nécessaire
on comprend comment fonctionnent nos corps physique et subtils comment on peut
vibrer notre singularité, comment exprimer notre vraie nature.
Accueillir
l’enfant en soi c’est observer les croyances qui nous maintiennent dans le
sentiment d’impuissance et nous poussent à chercher une autorité extérieure, un
père, un sauveur, un guide, un maitre…
Tant
qu’on ne ramène pas cet enfant à la lumière de notre conscience ouverte, on
reste identifié à notre insu aux rôles de victime/bourreau/sauveur.
Nos
réactions premières nous le montrent et en cessant de s’identifier à ces
réactions, ces conditionnements, on lâche peu à peu ces rôles, ces croyances
invalidantes. Et ce, sans aucune violence, juste en prenant conscience de ce
que nous sommes, de ce dont nous sommes capables.
Il
n’est pas étonnant de se sentir perdu ou en perte d’identité lorsqu’on
s’accroche à des systèmes de pensées automatiques communes et finalement
impersonnels.
Puis
la phase "accueil des émotions" va nous donner l’énergie et l’élan de passer à
l’action dans notre propre champs de compétence, notre propre monde, notre
environnement proche.
On peut considérer que nous sommes limités par le corps
physique et que par le fait nous avons peu de champ d’action mais nous sommes
aussi des êtres vibratoires et la vibration n’a aucune limite. Elle impacte
directement l’ensemble que nous en soyons conscient ou pas.
Et quand nous en
prenons conscience nous n’avons plus besoin de signer des pétitions parce qu’on
reconnait que la portée de nos actes concrets se situe dans la sphère
matérielle qui elle est limitée.
Elle l’est pour notre plus grand bien parce
que nous avons le retour visible et manifeste de notre vibration, de ce que
nous émanons dans l’instant. Nous pouvons constater l’état de nos mondes
intérieurs en observant à la fois nos réactions et notre façon d’interagir avec
les autres.
Hier
soir, le téléphone a sonnés à 23h45. J’ai vu que c’était mon père qui appelait.
Première réaction « ah le connard ! ». Deuxième réaction « je
vais lui envoyer la lettre écrite après la conversation téléphonique ».
C’est clair que ce coup de fil à une heure si tardive a quelque chose
d’intrusif, d’irrespectueux et j’ai préféré éviter de répondre pour ne pas me
coucher en colère. Cependant, j’ai laissé cette colère légitime s’exprimer et
en l’accueillant, en ne la bloquant pas mentalement, des idées spontanées,
dénuées de violence sont apparues.
Dans la lettre, j’exprime ce que je pense et
je lui explique clairement ma vision du pardon qui ne veut en aucun cas dire
que je suis complice, consentante ou que j’accepte qu’il continue de me
manipuler.
Le processus du pardon est souvent vécu comme une fuite, une façon
de vouloir tirer un trait sur le passé sans avoir à écouter et ressentir
l’enfant victime en soi.
Pourtant, tant qu’on ne le fait pas, on perpétue la
violence, l’abus, le rejet, la trahison, l’injustice, l’humiliation.
Après
avoir écrit la lettre, je me sentais libérée d’un poids justement parce que ça
suivait une conversation avec l’enfant intérieur et les choses avaient été mise
au point intérieurement.
Je pensais que cela suffirait mais depuis la sonnerie
d’hier soir, il est clair que ce signe me ramène à la nécessité de s’affirmer
clairement. Non pas en accusant l’autre nécessairement (bien que ça fasse
partie du processus de libération de reconnaitre les faits) mais en établissant clairement les limites
afin d’être respecté.
En exprimant ce que j’aie ressenti enfant, en lui
rappelant la violence de ces actes, en expliquant que le pardon est avant tout
pour moi-même, que c’est un processus permettant de lâcher le passé, de ne plus
s’identifier à la victime et que cela n’enlève en rien sa culpabilité avec
laquelle il doit composer, que c’est une façon de la lui rendre, il y a eu un
grand apaisement.
Mais maintenant, envoyer cette lettre finalisera le
processus. J’avais hésité en me disant que je n’allais pas le changer, que de
toute façon lui seul pouvait se changer et qu’il devait déjà le vouloir mais en
fait ça devient nécessaire étant donné ce coup de fil tardif.
Une
fois décidée à lui envoyer la lettre, je n’ai plus cogité là-dessus et comme
tous les soirs où je m’adresse à mes corps mais aussi à l’enfant en moi, pour
savoir si tout est cohérent et si la petite Lydia a quelque chose à me dire,
comme tout allait bien, je me suis endormie tranquille.
Savoir
poser des limites est essentiel mais on a tendance à le faire dans
l’agressivité parce qu’alors, c’est l’enfant intérieur en panique qui réagit et
prend la place. Il s’en suit de la culpabilité, des reproches enfin quand on est
conscient d’être un ensemble de corps et de degrés de conscience multiples.
Chaque aspect de soi a son importance mais trop souvent, ce sont les plus
réactifs qui prennent le dessus. Et c’est ce qui nous donne l’impression d’être
manipulé de l’intérieur parce qu’on a tendance à ne pas vouloir que ces aspects
internes s’expriment au grand jour.
C’est clair que ça ne fait pas évoluer les
choses lorsque deux personnes communiquent via l’enfant intérieur blessé ou en
réagissant par l’instinct de survie. Mais on tourne en rond tant qu’on ne veut
pas entendre la voix de l’enfant en soi et quand on reste identifié aux schémas
de pensées réactionnaires.
Et si on reste identifié à ses aspects primaires,
c’est justement parce qu’on ne prend pas en considération les émotions de
l’enfant blessé, délaissé, ignoré.
Pouvoir l’écouter, ressentir les émotions
refoulées et les laisser couler, c’est retrouver à la fois l’innocence,
l’équilibre psycho-émotionnel, la force et la détermination à agir.
Dans cette
communion intérieure, une solidarité s’installe, l’énergie circule librement,
la vie reprends son cours, ses droits et la clarté émerge. La capacité de
discerner ce qui est juste pour soi remplace le besoin de juger l’autre, on
apprend à connaitre et à respecter ses besoins essentiels sans avoir besoin de
changer le monde. Sans avoir besoin de convaincre les autres non plus parce
qu’on s’autorise à être libre et comme on sait intimement que cette vie est
éphémère, on ne perd pas de temps à s’éparpiller.
Pouvoir
prendre en charge l’enfant en soi, sa vulnérabilité qui alors n’est plus perçue
comme une faiblesse mais plutôt comme la sensibilité propre aux humains, à tout
être vivant, c’est gagner en force, en cohérence, en stabilité.
Dans
cet acte plein d’amour, de tendresse, la force du masculin, s’associe à celle
du féminin dans une communion et un équilibre parfaits.
L’enfant accueilli peut
alors s’épanouir en toute sécurité parce qu’il est perçu comme précieux.
Précieux, fragile et innocent mais aussi libre, créatif et joyeux.
C’est cet
aspect en nous qui nous amène à découvrir, à porter un regard neuf sur les
choses, à vouloir innover, à prendre la vie comme un jeu. Il a aussi une vision
simple des choses et il parle depuis le cœur, de façon authentique.
Il est
capable de remettre en question des croyances juste en étant ouvert et parce
qu’il sait que la connaissance est illimitée.
C’est cette énergie du renouveau
en soi et de l’humilité. Cette capacité à reconnaitre qu’on s’est trompé sans
pour autant éprouver de la honte, sans se sentir coupable.
Juste parce qu’on
est conscient de ces différents degrés en soi et parce qu’on sait que la vie
est faite d’expériences qui nous amènent à grandir pas à pas.
Si
je veux vivre selon mes principes, si je veux vivre dans l’amour, ou
l’harmonie, la paix et la joie, librement et de façon authentique, naturelle,
c’est d’abord à l’intérieur que ça doit s’expérimenter, se vivre et se vibrer.
Si je veux vivre dans un monde honnête, respectueux du vivant, c’est à
l’intérieur que ça commence, dans la relation aux différents aspects de l’être.
Cela demande de la transparence, de l’honnêteté, la capacité à se remettre en
question et donc à lâcher les conditionnements et croyances, en écoutant
l’enfant en soi. En l'écoutant et en partageant notre compréhension, nos connaissances actuelles, en apportant des réponses à ses questions, en dialoguant honnêtement. Et en étant donc aussi capable de dire que nous ne savons pas quand c'est le cas.
Quand je sais ce que je ne veux pas, il me suffit de le vivre
à l’intérieur et avec mon entourage proche. Si je ne veux pas de violence, je
m’ouvre à la vulnérabilité, aux pensées d’incompréhension, aux émotions
refoulées et je les accueille dans l’amour. Puis je peux dire aux autres ce que je veux, ce que je ressens, ce que je pense et poser des limites quand c'est nécessaire.
Mais je constate que plus je suis en paix avec moi-même et moins j'ai d'attentes vis à vis de l'extérieur. Plus je suis en cohérence intérieure et déterminée dans mes choix, plus j'agis calmement, sans excès, sans attirer l'attention.
Si je veux être libre, je laisse
les pensées conditionnées s’exprimer sans m’y attacher, je laisse couler les
émotions du moment sans les bloquer ni les retenir et je passe à autre chose quand j'ai retrouvé la paix.
Si je veux vivre librement, je suis l’élan du moment qui m’invite à agir selon
mes goûts, mes préférences sans me soucier du "qu’en dira-t-on?"
Par cette
confiance qui s’installe entre tous les corps, entre les différents aspects de
l’être et l’équilibre psycho-émotionnel, je n’ai plus besoin du regard
extérieur pour agir ou me retenir. Moins je suis identifiée au personnage et moins j'ai besoin d'être en représentation et de sentir le regard approbateur ou critique des autres pour savoir qui je suis ou me sentir exister, importante.
Écouter l’enfant blessé en soi, c’est aussi
la garantie de ne pas faire souffrir les autres. Tant par le fait qu’étant
écouté et accueilli à l’intérieur, il n’a plus besoin de crier justice à
l’extérieur que parce que la connaissance des souffrances vécues lorsqu’on est
manipulé préserve du cycle infernal de la vengeance.
Si
vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure
et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain
divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr Photos privées ©Lydia Féliz