Ce soir,
je suis de plus en plus convaincue d’avoir eu raison de réagir en me plaignant
auprès du propriétaire. Même si j’ai pas mal cogité à me dire que ça faisait un
peu "fayotte", je me dis que j’ai bien fait de défendre mon droit à être
respectée. Si la plupart des voisins ne disent rien, c’est à cause de la peur
d’affronter un homme ou l’admiration qu’ils ont pour la belle voiture qu’il a
exhibée pendant plusieurs mois. Je ne lui reproche pas son goût pour la frime
mais sa façon de se croire seul sur terre et de mépriser son entourage. Je suis
passée par tous les raisonnements, avant de dire stop. Je me suis dit qu’il
éveillait peut-être en moi des sentiments enfouis tels que l’envie ou le fait qu’il ait
de l’argent facilement.
Puis, j’ai fini par me dire que si j’avais choisi de me
contenter du minimum, c’était pour ne pas tomber dans l’attachement aux choses
matérielles, pour ne pas me sentir supérieure aux autres et que si j’avais
voulu m’en mettre plein les poches, j’aurais eu plus d’une occasion. Même si ça
me dérange d’être assistée, d’un autre côté, c’est aussi un choix momentané.
J’ai jugé plus opportun de disposer de temps afin de m’auto-guérir plutôt que
d’être prise dans un boulot débile puisque quelqu’un qui n’a pas de
qualification, qui plus est, une femme âgée de quarante neuf ans, se voit
contraint de faire du ménage ou des boulots saisonniers forcément précaires.
J’ai opté pour ce qui me permettait de guérir en profondeur et choisi de
cultiver un jardin pour ne pas être obligée de manger des cochonneries
industrielles, faute de moyen.