J’ai
éclaté en sanglot d’un seul coup à la seule pensée que tout ce que je vivais maintenant
était tout à fait « normal », juste et légitime. J’ai maintenant une énorme
compassion pour cette part de moi qui est dépendante de cachets parce qu’elle
est l’expression de ma volonté de continuer de vivre et d’aimer, de croire à l’amour,
malgré les nombreuses souffrances vécues, jamais vraiment reconnues, enfin
accueillies. J’ai commencé par remarquer que je passais beaucoup plus de temps
à réfléchir, lire, écrire, surfer sur Internet, qu’à prendre soin de l’aspect
physique et matériel du quotidien. Puis, d’un coup, au lieu de me critiquer
comme je le fais habituellement, je me suis souvenue que c’est ce qui m’avait « sauvé »
la vie enfant, que c’est grâce à mon mental, à cette capacité de vivre une autre
réalité, à m'inventer mon propre monde, de construire ma personnalité par le sens
critique, la réflexion, les convictions nées du ressenti intérieur, bref, tout
ce vécu intérieur m’a permis et continue de me maintenir en vie en ayant de la
joie et de l’espoir. Les médicaments m’aident à m’incarner, à apprécier de vivre
dans ce corps autrefois malmené puis détesté et cet état de bien-être me permet de trouver l’élan
d’agir à partir de l’amour de soi, que je cultive sur tous les plans.
Tant que
je critiquais ce fait, tant que je voulais m’en débarrasser comme d’un fléau,
comme quelque chose qui m’empêchait d’exprimer ce que je suis vraiment, je ne pouvais
pas en même temps, mesurer l’importance de ce geste qui me permet de réapprendre
ou même d’apprendre à vivre dans mon corps physique en m’y sentant bien.
Finalement
je n’ai jamais vraiment habité mon corps. Ce sont des choses auxquelles j’avais
déjà pensé mais dès que ça venait, je ne voyais que l’aspect négatif, je
jugeais mon incapacité à prendre une décision ferme, mon manque de courage d’oser
arrêter d’en prendre...mais ça n'augmentait pas l'amour de soi, au contraire!