L’amour est-il sécrété par notre cerveau, comme la
bile est sécrétée par le foie ?
Bien qu’il continue de nourrir notre
imaginaire, c’est l’image qui lui est souvent associée. Mais une toute autre
réalité est possible.
Qui aime quand je t’aime ? Quand j’aime mon mari, ma
femme, mon fils, mon compagnon, ma mère, mon père, mon frère, ma sœur…
Est-ce le marteau en moi ? Le névrosé qui a besoin
d’être rassuré sur lui-même, de savoir qu’il n’est pas seul, ou ce besoin
d’admirer et d’être admiré ?
Nous voulons aimer. Nous voulons donner de l’amour.
Nous voulons aussi tout contrôler. Et nous voulons des
résultats.
Nous voulons être heureux. Nous sommes un jour
euphoriques, le lendemain déçus.
Dans son livre Et si de l’amour on ne savait
rien, le philosophe et méditant Fabrice Midal décrit ce dessin de Voutch,
montrant une femme qui dit à l’homme en face d’elle : « Sache que je suis prête
à t’accepter tel que tu es, Julian. Mais d’abord, il faut que tu deviennes
quelqu’un de complètement différent. »
À moins que ce ne soit l’excitation, le besoin d’aimer qui nous poussent dans
l’étreinte. Amabam amare, « j’aimais aimer » dit saint Augustin évoquant un
état précédant la marche vers Dieu.
Marc Marronnier alias Frédéric Beigbeder
s’interroge dans « L’Amour dure trois ans » : « Je l’ai lu dans un
magazine féminin : l’amour est une poussée éphémère de dopamine, de
noradrénaline, de lulibérine, et d’ocytocine [...]. La société vous trompe :
elle vous vend le grand amour alors qu’il est scientifiquement prouvé que ces
hormones cessent d’agir après trois ans. »
Entre vision matérialiste du monde et société de
consommation, nous avons développé une
vision à la fois naïve et désespérée de l’amour : nous lui demandons tout
et n’en espérons finalement plus rien.