Leina Sato |
Nager avec un
dauphin… Aujourd’hui tout le monde en rêve, alors qu’hier ce genre d’exploit
était réservé à quelques plongeurs, nageurs, navigateurs, hommes de l’eau.
Désormais, nager en compagnie des cétacés est devenu possible pour tout un
chacun, pourvu qu’on y mette le prix. Qui aurait imaginé, il y a une génération
à peine, qu’on en viendrait à publier des annuaires de rencontres avec les
dauphins, les orques, les baleines, des règles de bonne conduite pour les
groupes, les bateaux, les plongeurs ? Et voilà les dauphins devenus stars
(malgré eux) de l’éco-tourisme, du développement intérieur ou de la
guérison ?
Certes, nager
avec un dauphin est un rêve que beaucoup d’entre nous voudraient à tout prix
accomplir. Au départ, une telle envie procède de bons sentiments : les
dauphins sont libres, intelligents, et l’on espère, en les approchant, capter
un peu de leur sagesse. Certains traversent la planète, bravent les eaux
froides, dépensent des fortunes pour quelques instants en leur compagnie. D’autres
choisissent de fermer les yeux sur les grilles qui retiennent les cétacés
captifs pour assouvir leur pressant désir : approcher, caresser un
dauphin. Mais faut-il vraiment rendre les dauphins « accessibles » au
plus grand nombre ? N’y a-t-il pas quelque chose d’orgueilleux et de
violent à s’imposer ainsi par la force à ces pacifiques habitants des
mers ?