Leina Sato |
Nager avec un
dauphin… Aujourd’hui tout le monde en rêve, alors qu’hier ce genre d’exploit
était réservé à quelques plongeurs, nageurs, navigateurs, hommes de l’eau.
Désormais, nager en compagnie des cétacés est devenu possible pour tout un
chacun, pourvu qu’on y mette le prix. Qui aurait imaginé, il y a une génération
à peine, qu’on en viendrait à publier des annuaires de rencontres avec les
dauphins, les orques, les baleines, des règles de bonne conduite pour les
groupes, les bateaux, les plongeurs ? Et voilà les dauphins devenus stars
(malgré eux) de l’éco-tourisme, du développement intérieur ou de la
guérison ?
Certes, nager
avec un dauphin est un rêve que beaucoup d’entre nous voudraient à tout prix
accomplir. Au départ, une telle envie procède de bons sentiments : les
dauphins sont libres, intelligents, et l’on espère, en les approchant, capter
un peu de leur sagesse. Certains traversent la planète, bravent les eaux
froides, dépensent des fortunes pour quelques instants en leur compagnie. D’autres
choisissent de fermer les yeux sur les grilles qui retiennent les cétacés
captifs pour assouvir leur pressant désir : approcher, caresser un
dauphin. Mais faut-il vraiment rendre les dauphins « accessibles » au
plus grand nombre ? N’y a-t-il pas quelque chose d’orgueilleux et de
violent à s’imposer ainsi par la force à ces pacifiques habitants des
mers ?
Une fois
encore, — tout comme pour le voyage — c’est la démarche qui est intéressante,
pas forcément le but. Si le dauphin symbolise la sagesse, alors, de la même
façon qu’on ne devient pas « sage » en un jour, l’approche des
dauphins ne devrait-elle pas être une route pleine d’enseignements et de
surprises aussi enrichissante (voire plus) que la rencontre elle-même ?
Pourquoi vouloir arriver avant d’être parti ? Une rencontre delphinienne
est aussi un parcours, une quête intérieure au bout de laquelle la rencontre
peut avoir lieu (ou pas, parfois cela n’importe plus). C’est cela, la dolphin attitude et non se précipiter dans un engin polluant (avion ou autre) et
parcourir des milliers de kilomètres pour quelques heures au bout du monde avec
des dauphins inconnus, dans des eaux inconnues…
Tim Calver |
Peut-on « toucher »
la sagesse grâce à un simple billet d’avion et une poignée d’euros ? Ou
bien faut-il parcourir le chemin ? Se poser quelques questions :
Se demander pourquoi
on désire tant les rencontrer ? Pour soi-même ?
Tous ceux qui le souhaitent doivent-ils aller nager avec les dauphins ?
Quel est l’impact écologique d’un tel voyage ?
Quel est l’impact de notre amour pour eux ?
A-t-on raison de s’imposer auprès de ces créatures dans leur milieu, voire en semi-captivité ?
Tous ceux qui le souhaitent doivent-ils aller nager avec les dauphins ?
Quel est l’impact écologique d’un tel voyage ?
Quel est l’impact de notre amour pour eux ?
A-t-on raison de s’imposer auprès de ces créatures dans leur milieu, voire en semi-captivité ?
Ne faudrait-il pas se préoccuper de leur sort (surpêche, pollution, captivité)
avant de vouloir en faire des mascottes pour touristes ?
La pulsion
d’amour que l’on ressent pour les dauphins est pure, pleine d’espoir et de
liberté, et c’est cela le plus important, cette source intérieure qui nous fait
tous vibrer, jeunes et vieux. Suivez la voie du dauphin, pas à pas, et trouvez en vous votre dauphin intérieur ; sans doute alors serez-vous plus proche
du bonheur qu’après un aller et retour au pays des dauphins. Et qui sait, fort
d’une telle attitude, vous aurez peut-être la divine surprise, au moment où
vous vous y attendez le moins, de tomber nez à rostre avec « votre »
dauphin, celui qu’il vous fallait rencontrer, au bon moment et au bon endroit.
Enfin, à l’heure de la montée des eaux, le message ne serait-il pas de
delphiniser l’humanité plutôt que le contraire ?
Hugo Verlomme
Article trouvé sur www.123ocean.com (merci Marie)