Ce matin, je n’ai envie de rien. Le jardin a été arrosé
copieusement hier après midi et il n’a pas besoin de moi. Le désherbage se fait
mieux quand la terre est juste humide et là, c’est trop imbibé. C’est la météo
qui rythme mes journées et ça me plait bien de me laisser porter par le temps. Bilou
la chatte sauvage a dormi près de moi après avoir massé de ses quatre pattes la
robe de chambre en polaire. Quand je la vois faire ça, je me dis qu’elle est
peut-être nostalgique de la période où elle tétait sa mère, dont elle a été
séparée trop tôt mais comme Féliz le fait aussi, alors qu’il a tété pendant
cinq ou six mois, ça ne colle pas.
Le mental aime bien savoir, comprendre,
trouver un sens aux choses alors il cherche dans sa banque de donnée, la
mémoire, comment interpréter les faits. Il compare, soupèse, évalue tout ce qui
passe à sa portée. Je ne le suis plus dans ses délires et ses explications capilotractées
parce que c’est sans fin !
Ce qu’il veut c’est être rassuré, il a besoin de se situer
alors il cherche et parfois trouve. Je le laisse cogiter et l’observe
comme si je regardais un enfant jouer avec des cubes. Quand il retourne dans le
passé, ce qui est de plus en plus rare, je le ramène gentiment ici et
maintenant, en focalisant mon attention sur le ressenti physique. Je l’invite à
le scanner et comme il aime chercher, je le laisse détecter les crispations,
les tensions. On dirait qu’il se prend au jeu en tout cas, il se laisse diriger
sans opposer de résistance.