Mike Wiacek |
Ce matin, je suis tombée du lit après une nuit très agitée.
La chaleur et peut-être aussi tout le sucre que j’ai ingurgité hier, ont perturbé mon
sommeil. La façon d'une des voisines de
reprocher à mon chat de se battre avec les autres chats du quartier, m’a agacé
d’autant plus que Féliz, est blessé au-dessus de l’œil et ça ne ressemble
pas à un coup de patte ! Si les gens qui les voient se battre n’intervenaient
pas, leurs rixes ne seraient pas si excessives. C’est comme lorsque deux
personnes qui tiennent chacune un chien en laisse, se croisent et qu’ils
anticipent les réactions de leurs animaux favorisant ainsi l’affrontement. Un
chien tenu en laisse agira selon l’influence de son maitre, selon la peur et un
chien qui a peur attaque. Deux chiens en liberté qui se rencontrent ne créent
aucun conflit puisqu’ils se toisent de loin premièrement et savent d’emblée comment agir. C’est en général l’âge qui détermine la position
et ils respectent les plus âgés.
Les humains influencent leurs animaux par
leurs intentions et ceux-ci y réagissent naturellement puisqu’ils sont censés
protéger leur maitre. Je n’ai pas pu m’énerver d’avantage parce que cette
voisine est sourde et le dialogue est impossible puisqu’elle met rarement son
appareil. Quand je dis énervée, c’est un bien grand mot et ça n’a rien à voir
avec mes réactions d’avant. Déjà, je ne nourri pas la colère et elle s’estompe
d’elle-même. Je ne retiens pas non plus cet élan à défendre mes compagnons à
quatre pattes. C’est sorti et comme je ne me justifie pas, comme je ne cherche
pas à avoir raison et que je ne me dis pas non plus : « tu aurais dû... », ça
passe comme c’est venu.
Après ce coup de gueule, je ne ressens pas de malaise à l’intérieur
et ceci me montre que l’équilibre s’installe en dedans. Ce genre de scène ne me
perturbe plus autant qu’avant et ce constat me réjouit. Je sors peu à peu du
conditionnement mental qui veut qu’on ce trace un chemin de
perfection, d’idéal, qu’on s’empêche de faire selon son ressenti mais qu’on
agisse plutôt selon des critères bien/mal. Car c’est cette façon de considérer
les choses qui créé des conflits. A partir du moment où on étiquette les choses
et on agit selon ce critère sélectif, on n’agit plus selon le cœur mais par orgueil.
Je ne dis pas non plus que j’ai eu raison de répondre à cette personne mais au
moins, j’ai donné mon point de vue.
Vivre à partir du cœur n’interdit pas d’être
en colère, n’oblige pas à se taire. Même si ce comportement pourrait être perçu
comme un signe de sagesse, je ne me fixe plus d’objectif de ce genre. Je dis ma
vérité du moment, que ça plaise ou non, ça m’est égal. Si j’en parle ici, c’est
juste pour aborder le thème de la légitimité qui renvoie à la nécessité du
paraitre.
Tant qu’on s’imagine que l’expression du divin correspond à
un comportement spécifique, on nie la sagesse intérieure, la réalité subjective
et le caractère unique de chaque individu. C’est à chacun de trouver le juste
milieu, sa propre voie et de faire confiance à l’élan de son cœur.
Tout être
vivant est parcouru par des émotions et le truc ça n’est pas de les nier ou de
les camoufler derrière des apparences de sagesse, de paix. Tant qu’on feint quelque
chose, on se ment à soi-même et aux autres. J’aurais pu accueillir la colère
plutôt que de réagir mais me critiquer pour ça ne résout pas le problème au
contraire. Je rajoute ainsi un jugement
supplémentaire, active la culpabilité et perd ma capacité à atteindre la
neutralité, le point zéro.
Je n’ai pas de culpabilité parce que j’ai dit ce que je
pensais et je ne crains pas les retours puisque je suis restée polie et
respectueuse. Il faut dire que le matin, je ne suis pas à prendre avec des
pincettes ! Surtout après une nuit très agitée. Maintenant, je m‘en vais
accueillir la colère afin qu’elle ne vienne pas conditionner la journée.
Direction le jardin pour me remplir de beauté, d’authenticité,
de soleil et si je ressens le besoin d’expliquer ce que je viens d’écrire, c'est-à-dire
de laisser les animaux faire leur vie, d’arrêter de leur prêter des intentions
humaines car bien qu’ils aient une conscience individuelle, leur mode de
fonctionnement est beaucoup plus pur que ceux des humains.
Il n’y a pas plus authentique
qu’un animal et c’est à mon avis ce qu’ils viennent enseigner aux humains, par
l’exemple. Ils ne raisonnent pas en terme de bien et de mal mais savent
parfaitement ce qu’est la souffrance et ne l’inflige jamais à quiconque. Ils
nous aident à libérer les charges énergétiques qui sont associées aux émotions
lourdes et nous enseignent aussi l’amour inconditionnel. Leurs conflits sont amplifiés
par les humains qui projettent leurs intentions/émotions sur eux, faute d’oser
les exprimer. Quand à leurs rixes, c’est
une question de territoire qui ne regarde qu’eux.
J’ai accueilli, c'est-à-dire accepté d’avoir eu cette
colère en moi et au lieu de l’amplifier en ressassant, j’ai utilisé cette énergie
neutralisée pour continuer le nettoyage du jardin. J’ai pu dire calmement mon
point de vue concernant les bagarres des chats à une autre voisine qui se
chargera de prévenir les alentours. Je lui ai juste demandé de ne pas
intervenir quand ils se battent pour ne pas en rajouter et si vraiment c’est
insupportable de leur jeter de l’eau pour les séparer.
C’est tellement plus simple de dire les choses dans l’instant
quitte à demander pardon si on est dans l’excès. Trop souvent, on se tait, on n’ose
pas faire de vagues alors on garde en tête nos pensées de colère, on ravale ses
émotions et on sourit hypocritement à l’autre. L’apparence est correcte mais à
l’intérieur, c’est un cataclysme, un conflit s’installe entre le vrai moi et
celui qui n’est qu’une façade. J’appelle vrai moi, cet aspect spontané de la
personnalité qu’on refrène une fois qu’on se dit qu’on est adulte. Encore pire
si on se fixe l’objectif de s’élever.
La nature profonde de tout être vivant, c’est d’aller
naturellement vers la lumière, d’évoluer. Tout l’organisme est programmé pour
se régénérer, grandir et en se calant sur le cœur, il n’y a plus qu’à être soi.
Notre vraie nature nous pousse à vouloir communier, nous unir mais ça n’oblige
pas à se conduire selon des règles de bienséance établies sur des critères qui
varient selon la culture, le lieu, les époques…
Selon ce que je crois, aimer, c’est respecter, c’est avant
tout être honnête, dire ce que l’on pense plutôt que de feindre et de laisser l’autre
faire les demandes et les réponses. Les malentendus viennent souvent de cette
tendance à préférer se taire.
Il n’y a rien de pire pour un individu que de penser
quelque chose et de dire le contraire. C’est un comportement toxique pour tout
le monde.
Nous sommes dotés de la faculté de parole et nous pouvons dialoguer
afin de trouver un terrain d’entente. Si l’estime de soi est basée sur la
nécessité d’avoir raison, ça fausse totalement le comportement et les relations.
On va agir selon l’image que l’on veut donner de soi et intérieurement, on se divise,
on amplifie l’écart entre l’ego et le cœur. On s’accroche au personnage que l’on
a créé et on s’éloigne de sa vraie nature. Dans toute relation, le plus
important, c’est d’arriver à s’entendre, d’être juste envers soi et envers l’autre.
La justesse demande une connaissance intime de soi et une parfaite
transparence.
On pense souvent à tort, qu’aimer implique de faire plaisir
à l’autre, d’agir selon ses attentes mais c’est voué à l’échec puisqu’on ne
peut pas savoir exactement ce qu’il espère et en même temps, on entre dans un
jeu de manipulation qui n’amène rien de bon.
Au niveau spirituel, on agit un
peu de la même façon quand on s’imagine que le divin intérieur a tracé un
chemin qu’il nous faut suivre. Selon ce que je ressens, nous sommes ici pour
nous découvrir et nous connaitre au travers de multiples expériences qui nous
permettent de choisir comment on va y répondre et selon nos choix, nous cocréons
notre vie soit inconsciemment selon la peur, soit en conscience à partir du cœur.
Nous sommes alignés intérieurement quand la pensée, l’émotion
et le geste sont accordés à la même fréquence.
Comment pourrions-nous l’être si
la pensée nourrit la colère et la parole est mielleuse ? Cette acrobatie
nous oblige à étouffer l’émotion et on ne peut alors plus parler de cohérence
ni d’intégrité.
En accueillant l’émotion au lieu de la refouler, nous créons un
accord intérieur, un alignement naturel et les pensées vont s’apaiser jusqu’à
se caler à la fréquence de l’amour. A partir de là, nous relativisons les faits
et pouvons exprimer notre ressenti en toute clarté, sans chercher à avoir
raison mais dans le but d’entamer un dialogue ouvert et sincère.
La plupart du
temps quand on argumente ou quand on se justifie, ça montre le conflit intérieur,
le manque d’assurance en soi, de connaissance de soi et de ses vrais besoins. C’est
avant tout nous même qu’on cherche à convaincre parce qu’on est très attaché à
notre image dont la validité dépend du regard extérieur.
Plus on est en paix en dedans et moins on a besoin de l’accord
des autres pour oser s’exprimer. La peur du rejet est très souvent le reflet de
ce que nous rejetons en nous-même. Quand on arrive à s’accepter tel qu’on est et
ce même en croyant à l’effet miroir, on créé un alignement intérieur, une force
que rien ne peut déstabiliser. On saura mieux faire la part des choses et
restituer à l’autre ce qui lui appartient.
Dans une divergence de point de vue, il est bon de s’observer,
de voir ce que l’autre suscite comme réaction, comme émotion. Puis de distinguer
les faits de son ressenti. Ce n’est qu’en libérant la charge énergétique que l’on
peut avoir une vision neutre des faits. Il est aussi nécessaire d’apprendre à
dialoguer parce que bien souvent, on dit les choses d’une façon qui agresse l’autre.
On a tendance à l’accuser au lieu de dire ce que l’on ressent sur le moment.
Après tant de vies ou même simplement de fois où nous avons
privilégié les apparences pour répondre aux exigences sociales, il est
difficile d’être spontané et en même temps respectueux envers l’autre.
Il nous
faut trouver l’équilibre entre spontanéité et délicatesse, sans tomber dans l’hypocrisie.
Apprendre à écouter l’autre peut se faire dans le dialogue à soi. En commençant
par être vrai avec soi-même, on trace des chemins neuronaux qui serviront dans
la relation à l’autre. Notre capacité à écouter se développe à mesure que nous
faisons connaissance avec l’enfant intérieur.
Cette part de soi a besoin d’être
accueillie, de se sentir en sécurité, reconnue afin qu’elle ne soit pas obligée
de s’imposer avec force. Cette relation intime conditionne celle que nous avons
avec l’extérieur. Si nous la voyons comme un ennemi ou comme un aspect immature
de notre être, nous nous privons de l’aspect léger de l’incarnation et nos
relations avec l’extérieur seront tendues.
Cette part sait que nous sommes ici
pour expérimenter la vie, pour comprendre et apprendre à maitriser les énergies
mais pour elle, c'est un jeu, une expérience qui vient enrichir la connaissance universelle. En aucun cas cela se produit par élimination. Elle se jette sans peur et
sans complexe, dans le fleuve de la vie et se laisse porter par le flot, elle n’oppose
aucune résistance puisqu’elle a l’humilité de reconnaitre sa petitesse face aux
éléments et qu’elle a conscience d’être ici pour apprendre à maitriser la matière, l'énergie afin de vivre dans l’harmonie intérieure et extérieure.
On ne devient pas mature en rentrant de force dans un cadre imposé mais en acceptant
tout ce qui compose ce que nous sommes, notre côté animal et notre divinité. Il
ne s’agit pas de renier une part pour que l’autre émerge mais de réunir les
talents et capacités de chacune d’elles afin d’être dans son plein potentiel.
La paix intérieure qui résulte de l’acceptation totale de soi permet d’être
dans le juste milieu, ancré, présent à soi-même.
L’animal en soi n’a pas à être
renié ou refoulé il a juste besoin d’être reconnu, apprécié à sa juste valeur,
associé à la sagesse divine. Chacun de ces aspects
possède des qualités spécifiques qui réunies permettent de se sentir pleinement
vivant et en harmonie avec toute vie.
On peut constater les effets néfastes dans la volonté de
dominer la nature que ce soit au niveau planétaire ou individuel. Un être qui
se coupe de sa vraie nature devient comme un robot agissant selon des critères
de bien et de mal qu’il a fixé par besoin de contrôle. Cette attitude provoque des
conflits internes et des frustrations qui créent des blocages énergétiques, des
cristallisations qui peuvent entrainer des malaises ou des maladies.
Tout ce
que nous tentons de refouler ou d’ignorer se manifestera avec violence un jour
ou l’autre. On s'imagine qu'en calculant, en anticipant, on pourra contrôler la vie mais on peut voir l'état de désolation dans lequel se trouve la planète pour comprendre que le contrôle n'amène pas le bonheur.
Oh l'orage gronde, chouette, le jardin va être arrosé juste après que j'aie désherbé!
Vous
pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien
modifier (sauf correction des fautes d'orthographe), de citer l’auteur :
Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr et ces trois lignes. Merci