Helena Nelson Reed |
Ce
matin, le soleil semble vouloir offrir sa présence pour la journée. Je suis
toute excitée à l’idée de profiter du dernier jour où je peux circuler en
voiture, sans craindre les contrôles policiers. J’ai décidé d’aller chercher de
l’herbe. Dans ma volonté d’être dans l’acceptation de ce qui est, je cède au
désir qui est venu il y a quelques jours, de m’offrir ce plaisir. J’espère
pouvoir doser. C’est une chose que je n’ai jamais su faire. C’est comme si
j’avais toujours oscillé entre culpabilité de fumer ce produit que la majorité
qualifie d’illicite et le plaisir qu’il procure. Je me dis que j’ai amplifié la
culpabilité en associant le produit à un genre d’adhésion au mal, mais comme ce
concept devient totalement faux, pour moi, maintenant, je me dis qu’il est
temps de tester ma capacité d’acceptation de ce qui est. En l’occurrence,
est-ce que je m’autorise à aller au bout de mon envie, sans m’identifier au
personnage de "drogué", sans culpabiliser de vouloir ce plaisir ?
Quand j’étais ado, je n’avais pas de notion de culpabilité, je considérais que
le fait de fumer était avant tout un plaisir et il marquait mon désaccord avec
la société où l’effort, la souffrance et le sacrifice sont récompensés par des
médailles. Celle du travail, celle du sacrifice à la nation, celle pour les
familles nombreuses...Autant de récompenses qui amplifient l’idée de petitesse
de limitation de l’humain "intégré" dans la société mais désintégré en
lui-même.