samedi 4 avril 2020

« Être en cohérence avec soi-même »






4 04 Aujourd’hui, à 5h du matin, le ciel semble dégagé et ça, c’est une vision qui me réjouit, me fait du bien. Un autre constat qui me réjouit encore plus, c’est le fait que les jardins ne soient par retournés et de ne pas avoir été réveillée par des cris de sanglier pris au piège. 
Parce qu’évidemment, la solution des "hommes" du coin pour éviter que les sangliers ne viennent encore retourner la terre du jardin derrière le bâtiment, c’est d’avoir posé un "piège" sur leur passage. 
J’ai du mal à comprendre leur logique sauf à y voir la répétition du cycle mortifère de la vengeance. Parce que ma logique aurait été davantage de renforcer la clôture du jardin dévasté. Disons que c’est la solution dans la matière pour laquelle j’aurais opté si c’était mon jardin qui avait été abimé. 
J’ai pas mal cogité à ce sujet hier alors que j’étais au jardin et que plus tôt, l’un d’entre eux m’avait expliqué leur stratégie d’attaque. Déjà, l’idée qu’ils tuent un animal pour le manger ne m’a pas choquée puisque moi-même, j’achète de la viande chez le boucher. 

Ceci dit, là encore ce qui semble un détail a son importance au niveau vibratoire parce que j’achète à une personne qui connait son métier, qui sait choisir les bêtes, les découper correctement et qui aime ce qu’il fait. 
Oui ça peut paraitre choquant mais le cycle de la vie est équilibré par ce système et le refuser ou l’incriminer, c’est remettre en question à la fois l’intelligence de la terre, le sens de cette incarnation, c’est être dans la résistance vis-à-vis de la nature. 

Là encore, question de point de vue et ce qui m’amène à revenir à l’équilibre, c’est la façon dont les indiens chassaient en conscience, dans le respect. Tout comme le fait de refuser la mort en tant qu’humain est "contre nature" et d’un certain point de vue, égoïste. 
La recherche d’éternité au travers de rites, d’une quête spirituelle, de la science, c’est une réponse à la peur de la mort qui n’apporte pas de répit ni de résultat conséquents. Vouloir repousser la mort, lutter contre elle, c’est nourrir l’ignorance, l’impuissance et la violence.


Je prends de plus en plus conscience de la valeur de la vibration, de l’intention et de ce point de vue, le fait que le boucher soit un artisan qui aime son métier est en grande partie ce qui m’aide à accepter cette réalité terrestre. 
Déjà parce que mon intention en mangeant de la viande, c’est de suivre l’élan du corps physique, de répondre à ses envies en sachant que la vision binaire du mental est limitée et que le corps physique sait précisément ce dont il a besoin dans l’instant. 
Puis ces moments de partage avec Bruno, le boucher, sont des occasions d’échanger en toute simplicité, authenticité. 
C’est à mon sens la base de la communication et c’est de cette façon qu’on peut connaitre une personne, ressentir sa vibration, la percevoir au-delà des préjugés et à priori. 
Après c’est aussi une question de mesure, d’équilibre, de conscience. Ou de savoir ce qu’on veut, qui on est.

La question ne se situait pas vraiment dans leur choix de tuer l’animal mais plutôt de réfléchir en sondant ce que cela faisait émerger en moi. De savoir ce que je voulais vibrer, nourrir énergétiquement, non pas la vie ou la mort, mais plutôt la conscience que chacun agit selon son degré de conscience, sans considération de bien ou mal, et surtout la réalité, vouloir convaincre ou lutter contre celui qui ne pense pas comme soi, n’agit pas comme soi, c’est cultiver la lutte, la résistance.




D’un point de vue neutre au-delà de la vision purement mentale, et c’est ce que j’aie écrit hier, la vie est ce que nous sommes par nature, en essence et l’incarnation est un jeu de rôles, grandeur nature permettant à la conscience Une de se découvrir, à l’amour de se déployer. C’est clair que ça reste ma vision des choses et je ne chercher ici à en convaincre personne.

J’apprends à observer, c'est-à-dire à percevoir tout en tenant compte de ce que je ressens, à écouter la voix intérieure qui s’exprime déjà sans jugement et sans besoin. 
C’est clair que je ne l’entends pas encore 24h/24 mais je tiens compte de cette voix à la fois de la raison et de l’ouverture de conscience qui se réalise par des éclairs de lucidité et qui est aussi ressentie. C’est quasiment impossible à expliquer parce que c’est autant une idée qui apparait comme évidente et simultanément un sentiment qui la confirme, une sensation de détente, d’ouverture.

Je n’ai pas non plus rejeté l’idée de me connecter à la terre mère pour qu’elle prévienne les sangliers afin qu’ils ne viennent pas même si je sentais qu'elle émanait de la peur de la violence. Simplement parce qu’elle est venue spontanément et tout de suite après, l’idée que parfois il faut aller au bout d’une expérience pour ouvrir sa conscience, mieux se connaitre, constater qu’on est dans une impasse pour pouvoir rectifier le tir. Et qu’on apprend par l’expérience, par les "erreurs" le plus souvent, ça c’est le recul honnête sur ma propre vie qui me permet de l’affirmer ou d’en faire ma vérité. Erreur dans le sens où les choses n'arrivent pas comme on l'aurait souhaité. 
L’idée de mettre une crotte de chat à l’entrée de mon jardin bien que farfelue pour d’autres me semblait logique selon mon raisonnement tiré de la vision de ce gros sanglier qui s'est enfuit après être tombé nez à nez avec le chat. Ce qui peut sembler tiré par les cheveux fait sens pour moi alors je l’ai suivie. En me disant tout de même que si je ne trouvais pas facilement un étron de chat, je n’irais pas jusqu’à fouiner ou à demander à un voisin de "m’en faire cadeau". 
Je n’ai pas de litière à la maison parce que je ne supporte pas les odeurs des chats et parce que ça m’oblige à lui ouvrir la porte même quand j’ai peur pour lui. Peur à cause des voitures avec lesquelles il fait parfois la course et des chiens puisqu’il a été coursé par l’un d’eux et j’ai été très frustrée, même choquée de constater à la fois que je ne pouvais pas l’aider à part crier et qu’il avait eu du mal à grimper à l’arbre. 

Ici ce qui compte, ça n’est pas vraiment les moyens utilisés face à ces intrusions ni même à leur efficacité éventuelle. Il ne s’agit pas de savoir qui a tort ou raison mais juste de suivre ma propre idée, intuition et de ne pas me sentir obligée de la défende à tout prix. 
Juste faire l’expérience de mes choix, des conséquences qui découlent de ma propre logique, du fait de suivre l’élan intérieur, l’idée spontanée et la vibration que je veux cultiver, porter, rayonner. 
Ici c’est un choix dont la motivation première est l’abandon de la lutte, le désir de sortir du cycle de la vengeance que j’ai choisi de suivre depuis l’enfance. C’était un choix inspiré par l'âme ou par une part de moi qui pouvait percevoir les schémas derrière les apparences. 
Je ne suis pas en train de me la péter mais je pense que c’est une capacité de chacun et des enfants particulièrement de percevoir au-delà de la forme.

Je reviens sur l’observation que cette idée de piéger les sangliers a fait émerger en moi, autant les réactions physiques que psychologiques et les vibrations ou sensations à mesure que je vidais le mental émotionnel. 
J’ai eu l’appétit coupé mais aussi un regard critique au sujet de leur stratégie qui me semblait dangereuse et limite risible. Deux sangliers qui se baladent ensembles ne le font pas par affinités bien que ça doit y contribuer mais selon leur mode de vie typique, la façon dont leur société est organisée. Il aurait été intéressant d’observer leur réaction en cas d’attaque mais être à deux semble être une forme de protection peut-être en cas d'attaque de chien ? En face d’eux, un homme de soixante dix ans ayant été opéré d’un genou, l’autre dans la trentaine, fumeur de pétard et plutôt pacifiste enfin selon mon ressenti, ma logique, les deux armés de fourches ? 
Bref, un  tableau surréaliste qui pourrait être juste comique si le risque de blessure côté humain et animal n’était pas latent. En effet, je doute que les sangliers soient les perdants dans cet éventuel face à face. Non pas qu’ils soient agressifs mais plutôt parce que si l’un d’entre eux venait à être pris au collet, il se débattrait cassant tout à chaque mouvement au risque de blesser quelqu’un. Et face à une bêche…enfin je n’en sais rien, j’irais aux nouvelles plus tard.




Bref tout ceci n’a pas eu lieu, enfin je n’en ai pas été témoin et je m’en réjouis mais ne m’attache pas à l’idée que ce serait grâce à mon contact avec la terre mère parce qu’évidemment elle m’a traversée. C’est tout à fait humain et le nier serait une forme de déni nourrissant le personnage du sauveur. Ici, la valeur de l’expérience est de juste observer et continuer de faire le lien entre ce que je vibre et ce qui est perçu. De poser des choix, de les assumer sans pour autant les crier sur les toits. Bref, s’affirmer dans l’équilibre ou sans forcer.   

L’habitude de laisser des questions en suspends est finalement une bonne façon de lâcher les attentes sans être ni dans le déni ni dans le désespoir. Parfois on croit être en paix avec quelque chose mais c’est juste qu’on a ignoré l’aspect sensoriel, qu’on l’a effacé ou qu’on y a apporté une réponse issue des croyances. 
Les croyances qui sont transmises de générations en générations et qu’on pense être une part de notre personnalité, quelque chose de sûr qu’on a décidé de croire. 
Oui, on adhère à certaines croyances de nos parents, par souci de leur plaire, ou de ne pas être rejeté, par besoin d’être aimé, de se sentir accepté dans la famille, la communauté…

C’est aussi une des raisons pour lesquelles je ne participe pas aux méditations mondiales ou aux prières sauf si j’en ai l’élan. D’une part parce qu’on ne sait pas bien ce qu’on vibre au juste lorsqu’on a ce désir de paix mondiale et d’autre part parce que je me rends de plus en plus compte que le sens de la vie, des expériences, change à mesure que je lâche les idées préconçues, les croyances et conditionnements.


Et voilà une info qui remet les choses en place ou du moins qui éclaire un peu mieux le sens de cette expérience. Je viens de parler avec le voisin qui a eu l’idée de mettre un collet pour attraper le sanglier. J’ai eu l’élan d’aller lui parler après avoir imaginé que le chat pourrait se faire piéger puisqu’il passe aussi par ce trou.
C’est la peur qui m’a mise en mouvement et comme j’ai reconnu cela, comme je sais que dans ces cas là, si je parle ou agis sur cette fréquence, dans cette tension interne, le clash est assuré, j’ai donc pris le temps de me calmer, ou plutôt de revenir à cette évidence et suis sortie pour lui dire mes craintes, sans l’agresser. 

Je l’ai écouté me raconter ce qui s’était passé, sans l‘interrompre, tout un exploit ! 
Puis je ne lui ai pas caché que j’étais contente qu’il ne l’ait pas tué et de ne pas avoir été réveillée par les cris. Ils on réussi à le coincer mais n’ont pas pu le tuer. Dans la conversation, le voisin ne s’est pas caché du fait que selon lui, c’est le jeune qui n’avait pas assuré. Mais je lui ai dit qu’il avait demandé à quelqu’un plutôt pacifiste de faire quelque chose qui ne lui ressemblait pas. 
Je sens bien la lutte d’ego entre les deux où l’un mets l’autre à l’épreuve comme on le faisait lors des rites initiatiques et même si cela donnait aux futurs adultes la capacité de devenir autonome dans la nature, on n’est plus à la préhistoire…

Ce qui serait un grand progrès c’est que le jeune ne se sente pas amoindri par cet "échec" ou qu’il ne le voit pas comme tel. Qu’il reconnaisse éventuellement pour lui-même qu’il aurait voulu montrer à l’autre qu’il était capable d’assumer et qu’il y voit un schéma archaïque ou une forme de conditionnement dont la racine est toujours le besoin d’être reconnu, validé par les autres pour se sentir valable, pour s’aimer. 
Les hommes sont conditionnés de cette façon, ils doivent montrer leur dureté, leur capacité de nourrir leur famille et même si être responsable, capable de subvenir aux besoins de ses enfants est légitime, souhaitable, tout est dans la façon de le faire.

Ce que je retiens personnellement de cette expérience, c’est d’avoir pu voir et lâcher certaines façons de penser, certaines croyances et de garder seulement l’idée que je n’ai pas été témoin de ce que je ne voulais pas vivre ou voir. 




Il y a et il y aura peut-être toujours des injustices dans ce monde ou des choses qui ne me plairont pas et là encore, cela me montre le lien entre ce que je vibre, ce que je nourris et ce que je perçois, vis. 
Le fait d’être clair avec soi-même, avec ce qu’on veut ressentir et d’agir en conséquence, de porter les valeurs qu’on chérit, les vivre en soi et par le fait de les rayonner vers l’extérieur qu’on le veuille ou non, juste parce que c’est la nature même de l’énergie de vibrer et de rayonner, suffit.

Vouloir changer les autres, le monde, c’est un projet insensé et l’expression de la souffrance intérieure, la difficulté à accepter ce qui est. 
Ce qui ne veut pas dire non plus de ne rien faire du tout mais plutôt d’être cohérent avec soi-même.
Déjà, savoir ce qu’on veut vraiment demande de se détacher des attentes extérieures et c’est en le faisant qu’on met en évidence ce qui compte le plus pour soi. 
Puis l’observation du ressenti, l’ouverture, permet, d’être guidé pour le "comment", à chaque instant, d’avoir l’énergie nécessaire pour poser l’acte en cohérence.

Et comme la vie est mouvement, savoir se poser en observateur honnête au lieu de réagir se réalise pas à pas. Déjà en voyant les choses en termes d’occasion d’apprendre cela, c’est devenir de plus en plus conscient, ouvert et souple.

J’imagine que ce jeune a dû être face à un dilemme difficile entre satisfaire les attentes du voisin au risque de passer pour "un lâche" et ne pas passer pour une brute aux yeux de son enfant. 
Je suis contente qu’il ait fait "le bon choix", de mon point de vue, même si c’est la peur qui a retenu sa main. Justement si c’est la peur qui a retenu sa main parce qu’en fait le héros à mon sens est celui qui respecte la vie, qui retient son geste, qui n’obéit pas au réflexe de la violence instinctive. Parce qu’à moins d’être en situation extrême où notre vie est mise en danger et où l’acte de tuer nous permet de survivre, la violence n’est jamais une solution.

Et si dans quelques temps j'étais obligée de tuer pour survivre, je crois que j'essaierais plutôt de me contenter d'eau, de fruits, de plantes....mais ça reste une croyance tant que je ne suis pas en situation.

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr  Photos: Gilles Desnos