6 03 Plus le temps passe et
plus je suis convaincue de la pertinence de l’approche qui consiste à observer
sans rien bloquer, sans résister à ce qui émerge en soi. J’ai fait "l’erreur" d’écouter
Michel Onfray ce matin qui répondait à une question des abonnés de sa chaine.
Je dois préciser que je ne lis pas trop l’actualité histoire de ne pas cultiver
la peur, la colère et la tristesse. En effet, quand on prend conscience de la
force des émotions dites négatives, les réactions en chaine que ça entraine
dans le corps physique à partir des pensées qui vont attirer à elles d’autres
pensées de même fréquence, on a tendance à vouloir se protéger de l’extérieur.
C’est clair que c’est un réflexe de
survie naturel et légitime et que là encore le seul fait de le constater permet
d’aller un peu plus en profondeur en soi. Même si c'est une forme de déni, une façon d'éviter de ressentir les sensations internes "désagréables", lutter contre soi, n'est jamais pertinent surtout quand on veut apprendre à accueillir les émotions.
Prendre conscience des schémas
internes qu’ils soient psychologiques au travers des stratégies ou physique par
les réactions en chaine au niveau psycho-émotionnel et donc énergétique, vibratoire,
amène nécessairement à être davantage en confiance.
Plus on connait quelque
chose et moins on le craint, moins on en a peur et plus on peu élargir sa perspective,
connaitre plus intimement.
Le fait de parler au mental, à l’émotionnel au corps
physique ne va pas amener des conversations comme on peut en vivre entre humain,
immédiatement, mais peu à peu, par d’un côté le détachement, le recul, le
mental va s’apaiser et d’autre part, la détente apportée par la respiration
ventrale va permettre d’aborder le monde des émotions sans craindre d’être
submergé.
Là aussi la patience est un des attributs de l’amour et elle est
nécessaire lorsqu’on a vécu en étant complètement identifié aux rôles, au mode de survie, au mode automatique parce que les
stratégies d’évitement des blessures d’enfance sont nombreuses et
sophistiquées.
Il est important de ne jamais rien forcer afin de cultiver une
relation de confiance entre les corps. La première étape consiste à délester le
mental de tous les à priori, les jugements, les interprétations, les
associations d’idées malheureuses.
Si je considère que la libération commence
par le mental c’est simplement parce que les blessures et la mémoire
traumatique sont inscrites au niveau sensoriel, physique, dans leur essence ou
au niveau de l’énergie or ce monde est difficilement accessible tant qu'on est identifié aux rôles. Disons plutôt qu'on va le percevoir et l'interpréter de façon binaire et donc faussée ou limitée.
Ce n’est pas tant l’émotion par elle-même qui est
problématique, c’est le fait d’avoir pris l’habitude de l’enfermer dans le
concept bien/mal et par le fait de s’en couper, de la refouler, de bloquer la
libre circulation de l’énergie.
Je
reviens sur la réponse de Michel Onfray à la question suivante : « Qu’avez-vous
pensé de la tribune de Virginie Despentes contre Roman Polanski ? »
Et
comme je l’ai dit plus haut, je m’éloigne volontairement des infos, je n’ai pas
su ce qu’elle avait dit. Mais la réponse d’Onfray a suffit à me faire une idée.
Ma première réaction a été de me dire que je n’aurais pas dû suivre l’élan à
aller sur son site puisque ça avait entrainé un blocage interne, une
crispation.
Puis j’ai parlé au corps physique ce qui revient à porter l’attention
sur la respiration et à renouveler mon soutien ou mon amour pour cette
intelligence hypercomplexe.
Il y a aussi dans cet acte un détachement ou un
positionnement dans la neutralité puisque je le remercie pour l’information;
cette sensation qu’il exprime.
Envisager les sensations en termes d’information
est une réalité puisque c’est le mode d’expression du corps physique. On sait
que les cellules communiquent par impulsions électriques, que chaque émotion
crée des réactions au niveau physiologique, physique en bref que tout est lié à l’intérieur,
en perpétuel mouvement, dans la communication, l’échange.
Ces infos viennent à
la fois de l’intérieur au niveau des gènes qui
vont traiter d’une façon spécifique toute info venant de l’extérieur et
toute info intracellulaire.
Je
ne m’étendrais pas trop sur ce domaine parce que d’une part, je n’ai pas assez de connaissances et parce que mon objectif est de rendre simple le
processus de libération.
Ou au moins de faire en sorte qu’il soit applicable
pour moi-même, dans la simplicité et la spontanéité. Spontanéité nécessaire
tout comme la transparence puisque ce sont des attitudes opposées à la
rigidité, cette stratégie qui est souvent adoptée par les enfants victimes d’abus.
Celle de ma génération plus particulièrement puisque dans les années 60, le
consensus général était de ne pas faire de vagues. Même si mai 68 a "ouvert les
bouches", on a davantage voulu détruire le carcan de la morale catholique en
allant à l’extrême opposé, l’excès à tous les niveaux. Le fameux « il est
interdit d’interdire » avait une grande part d’inconscience et préparait
les mentalités à accepter la société de consommation où l’individu est un
consommateur, où chacune de ses impulsions peut être nourrie sans limites.
(Je ne suis pas certaine que ce soit la définition de la liberté...)
Pourtant, ceux qui ont expérimenté l’abondance à tous les niveaux ont chanté,
écrit, les limites de cette approche. Le bonheur n’est pas le fruit de l’abondance
matérielle, la célébrité n’apporte pas non plus la joie ni l’amour de façon
durable.
Depuis ma génération, les enfants ont été davantage considérés mais on
les a traités comme s’ils étaient des adultes responsables. Là encore, l’extrémisme
n’est jamais La solution. On en arrive à se demander sérieusement à quel âge un
enfant, un adolescent, est sexuellement mature. Et encore par rapport à
certains pays, on peut se dire que c'est un signe de progrès puisque cette question ne se pose même pas lorsque des enfants de huit
ans se retrouvent mariées d’office.
Il
me semble que la question serait plutôt de définir ce qu’est réellement un
adulte. Et de là l’idée que la responsabilité est une question d’abord
intérieure, vis-à-vis de ses corps mental, émotionnel et physique.
La façon
dont on aborde les émotions, les pulsions
sexuelles, le désir, comment on en prend la responsabilité pourrait poser les
bases solides de l’individu.
On observe souvent que les actes excessifs, le
sexisme, la violence faite aux femmes, aux enfants dans la plupart des pays du
monde est le résultat de l’ignorance, de l’incapacité à assumer ses pulsions
violentes.
On
est dans un cycle ou la vengeance, le fait de projeter son mal-être sur l’extérieur
est manifesté via les réseaux sociaux, les médias d’état et bien évidemment au sein des foyers. On est au stade
où on prend conscience des dégâts causés par les abus sur les enfants, les
femmes, les plus vulnérables.
On peut se dire que c’est une forme de progrès
puisque les choses sont dites mais il est nécessaire de passer à l’étape suivante.
Dénoncer pour dénoncer ou pour espérer obtenir un soulagement de cette façon, est un leurre.
Les séances chez les psychologues qui aident à prendre conscience d’avoir été
victime peuvent être utiles mais en faire un état, ou rester identifié au rôle
de victime n’aide en rien. Au contraire, on ravive les blessures, on retient le
passé et on tourne en rond dans le cycle infernal de la vengeance, du déni de
soi.
Pouvoir ressentir les émotions qu’on avait l’habitude de refouler, de
bloquer ou de dévier est la clef. Mais il ne s’agit pas d’exploser sa rage, sa
colère, à la face du monde, de créer des réseaux de victime qui ensembles vont
crier vengeance et vont se réjouir de dénoncer les bourreaux. Là encore, on
pense guérir de la blessure d’injustice en réclamant la justice, on croit
résoudre la violence par la violence qui est souvent plus spectaculaire que
salutaire. On ne résout rien en abordant les choses de façon superficielle tout
comme on ne se sent pas nourrit par l’amour de quelqu’un d’affectivement dépendant.
Je
me suis contentée d’observer ce qui se passait à l’intérieur en invitant le
corps émotionnel à exprimer sa tristesse, son dégoût. Quelques larmes sont
sorties et je m’en suis contentée parce que depuis que j’observe les mondes
intérieurs, pour le moment ce que je constate le plus, c’est la façon dont les
stratégies se mettent en place et combien elles sont nombreuses.
Là encore, pas
la peine de vouloir créer des rituels pour prévenir les vagues émotionnelles,
pas la peine non plus de chercher à éduquer le mental en le raisonnant, en
essayant de lui expliquer le point de vue de l’adulte ou ma vision actuelle des
choses puisque ça reviendrait à museler l’enfant intérieur, ou à interdire la
spontanéité.
L’enfant
intérieur est un principe actif davantage qu’un être, tout comme la dualité, il
est une dynamique permettant de mieux se connaitre, de savoir ce qu’on a
refoulé. Cet attribut de l’enfant, cette capacité à être spontané, innocent est
aussi l’expression de l’âme et de la conscience neutre.
On
dit souvent que l’enfant exprime La vérité mais on devrait dire qu’il exprime Sa vérité de l’instant. Il est capable d’exprimer les émotions qui le
traversent au moment présent et c’est cela qu’il est bon de cultiver. Mais c’est
en soi que ça se passe ou du moins c’est dans la relation à soi que cela est
utile même nécessaire.
D’un
autre côté, cette spontanéité ne peut pas s’installer uniquement de temps en
temps, elle est à vivre 24h/24. D’où la difficulté à appliquer ce principe parce
que très souvent quand on a besoin de cultiver cet attribut c’est parce qu’on
en a été privé ou empêché. C’est là où on peut prendre conscience de l’importance
d’abandonner le mode jugement parce que lorsqu’on exprime de la colère ou une
émotion dite négative, cela nous ramène à la culpabilité. Cette culpabilité
peut être l’occasion de lâcher la tendance à juger l’autre et soi-même et comme
le mode survie est là pour éviter les excès, on verra que chaque aspect de soi
est pertinent.
La victime qui adopte le masque de la rigidité peut être
rassurée de savoir que les gardiens intérieurs, ces stratégies de survie sont
présent et actifs. C’est clair que la personne qui a pu s’exprimer librement
dans son enfance aura davantage besoin de s’intérioriser, de trouver l’équilibre
interne, dans le silence.
On
a tous pris l’habitude de contraindre la libre expression de nos émotions dans
l’instant à ne pas être sincère ou à exprimer parfois l’inverse de ce qu’on ressent. Qu’on
ait été victime ou non, on est conditionné à être conforme aux attentes
extérieures.
Apprendre
à observer sans juger nous montre l’intelligence des mécanismes internes, leur
cohérence, autant au niveau des stratégies d’évitement que dans la libre
expression des émotions qui même si elles semblent risquer de nous submerger
sont toujours limitées. Que ce soit par des croyances ou par la peur de faire
souffrir ou de souffrir, les stratégies internes veillent à maintenir l’équilibre.
Du
point de vue neutre, objectif, on voit qu’il y a du bon en toutes choses même
dans ce qui à priori nous semble négatif. Du bon et du mauvais puisque selon le
principe de dualité ou selon la force des contraires, chaque chose possède son
opposé. Revenir au centre nous permet de constater à la fois les extrêmes et la
force de l’équilibre, la dynamique créée par ce principe.
Concernant
la culpabilité sauf dans les cas d’injustice évidents ou flagrants, elle est un
sentiment intérieur propre à la personne qui la vit parce que très souvent le
sujet de cette culpabilité n’a pas été outragé. J’ai pu le constater lors de la
dernière réunion où j’avais vu la stratégie de sabotage que j’utilisais afin d’éviter
de me sentir rejetée. Je me suis fait un film parce qu’en reparlant avec une
des personnes du groupe, j’ai pu sentir comment mon point de vue était
égocentré. Là encore, j’ai amplifié une sensation et je l’ai projetée sur les
autres, ceux que j’aie supposé être victime. J’ai imaginé qu’ils seraient blessés
par mes propos alors qu’en fait ils ont retenus d’autres choses.
Là aussi le
manque d’objectivité dans la relation aux autres, le manque d’écoute et surtout
le fait de percevoir depuis mon propre point de vue fausse les choses.
D’où l’importance
d’élargir son point de vue, d’être plus à l’écoute des pensées émotions
internes, celles qui expriment les souffrances d’enfance afin de recevoir et de
comprendre l’info de façon claire, objective.
Le
fait de se couper de ses émotions cataloguées dans la case négative leur donne
plus d’intensité et fausse la vision, la réception et la compréhension. Ainsi
une sensation de peur peut passer pour une intuition, par son intensité. On
croit que ce qu’on ressent est la vérité de l’autre alors qu’on projette nos
peurs. On peut aussi croire être amoureux de quelqu’un parce qu’on ressent
comme on dit "des papillons dans le ventre" mais ces papillons peuvent être l’expression
à la fois de peurs tout comme la pulsion de survie qui pousse à vouloir se
reproduire par instinct.
Je ne veux pas dire non plus que le sentiment amoureux
est dépourvu de cela mais plutôt qu’on est dans le réflexe conditionné, la
croyance et le besoin immédiat.
Beaucoup d’humains ne seraient pas nés si l’amour
était dépourvu d’impulsivité, d’une part d’inconscience. On va me dire que ce
serait mieux étant donné l’explosion démographique qui crée des problèmes mais
je pense qu’ici on est dans la réflexion émotionnelle courte. J’ai même lu un
titre qui disait que l’épidémie actuelle avait fait chuter le taux d’émission
de gaz à effet de serre et donc que c’était bon pour la terre !
Quand je
commence à me dire que le monde est fou, je reviens à mes propres stratégies
autodestructrices et ça me ramène à l’humilité, à l’évidence ; "occupe toi
de tes propres mondes, d’y cultiver plus d’amour, de clarté, de conscience".
L’identification
au rôle de victime amène à porter le masque de la rigidité et à faire du
jugement un "art de vivre". Mais comme la vie est mouvement, ça ne tiens pas la
route d’où l’émergence subite de vagues émotionnelles et ce même si on prend
des médicaments sensés les contenir.
Le geste compulsif de la clope et le
besoin de ce genre de médicaments ne résout rien à long terme même si dans l’immédiat,
cela peut soulager. Derrière la prise de cigarette, il y a le besoin de
relaxation qui peut être remplacé par la respiration ventrale et le geste
compulsif qui révèle un attribut de l’âme; la spontanéité, peut être utilisée
dans l’accueil des émotions.
En ce sens, sans forcer, juste en apprenant à accueillir
les sensations sans les enfermer dans un concept duel, toute addiction peut
être lâchée. Mais ça demande de la patience, du temps, de la persévérance, de l’attention,
de la présence. Toutes les qualités de la conscience neutre…
On passe par des
bouffées de chaleur, des changements de forme physique, des symptômes auxquels
on ne tente plus d’attribuer un sens, on se contente de remarquer, de sentir et de
laisser passer.
J’ai eu l’impulsion de reprendre un bout de cachet trois fois
en trois jours, en fin d’après midi et en observant cela, en me contentant de
ne pas le nier, sans lutter, sans chercher à me raisonner, juste en observant
et en accueillant ce qui émergeait dans l'instant, sans l'interpréter, sans m’y attacher, l’envie
est passée. Je m’en suis rendue compte après et j’ai félicité mes corps pour
cette transparence qui s’installe.
Cette
complicité qui s’installe à l’intérieur tout comme le fait de constater que je
me fais facilement des films en imaginant ce que l’autre pense ou ressent m’amène
à vivre cette spontanéité davantage à l’intérieur et là encore, sans m’obliger,
juste parce que ça devient évident et naturel. C'est encore la preuve de l'intelligence à l’œuvre, de ces intelligences multiples, tant au niveau psychique, émotionnel que physique. Et dans ces termes, il y a aussi l'intelligence de l'inconscient, des stratégies de survie...
Je viens d'écrire le titre qui m'est venu spontanément et avec une pointe d'humour parce que je parle de souvent de stratégies comme si c'était inférieur, méprisable mais peu à peu, j'y vois de l'intelligence. L'intelligence dans le sens de capacité à relier des infos, à les traiter de façon cohérente et on est en plein dedans...La lumière éclaire et montre la beauté de ce que nous sommes/ La lucidité, l'objectivité amènent à contempler la complexité magnifique d'un être humain jusque dans ses profondeurs
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« Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr Photos privées