20
03 Après avoir fait la queue hier au magasin pour y trouver des rayons vides, après
avoir subi l’abus de pouvoir de caissières sous tension, après avoir constaté
l’effet de la panique dans les diverses réactions des voisins, j’ai pu enfin
laisser sortir quelques larmes. Déjà hier, j’ai constaté qu’une profonde
tristesse se manifestait mais aussi les stratégies qui s’enclenchaient afin de
ne pas sombrer dans le désespoir. Puis, ce matin, au réveil, je me suis demandé
si ça valait vraiment la peine de s’accrocher à la vie, étant donné la tournure
des évènements.
C’est
clair qu’essayer d’anticiper, d’imaginer de quoi sera fait demain ne peut
qu’amener à cultiver la peur, le dégoût, la tristesse. Parce que je crois que
je n’en suis plus au stade de la colère. Là encore je vérifie l’échelle
émotionnelle, le fait que la même énergie se traduise différemment selon les
schémas de pensée qui émergent et dans un ordre qui semble être toujours le
même.
Peu importe ce que je note ici, c’est le caractère mouvant, ascendant et
descendant de l’énergie ou de son mode d’expression et le fait que l’émotion
change de fréquence, de forme selon l’état d’esprit.
Et
par-dessus tout, c’est en étant dans la confidence avec les corps que les
larmes ont coulé sans me faire sombrer dans la déprime. J’ai pu sentir la
vibration d’authenticité dans ces confidences dont je n’ai pas cherché à savoir
si c’était le mental ou le cœur qui s’exprimaient.
De plus en plus, je perçois
les corps subtils comme des partenaires et chaque situation m’amène à m’en
rapprocher, à apprendre à compter sur eux pour développer les sentiments,
vibrations, fréquences qui font du bien : la paix, l’amour, la
transparence, l’authenticité.
En même temps que ces émotions s’exprimaient, des
idées positives apparaissaient en lesquels je reconnais la voix de la sagesse
ou de l’âme, peu importe.
En tous cas la voix qui exprime ce que je suis depuis
l’enfance, au-delà des circonstances, de l’âge, celle qui porte les valeurs qui
me sont chères, celle qui parle de vivre d’amour et d’eau fraiche.
Même si ça
peut sembler très idéaliste voir utopiste, peu à peu, je constate que ça n’est
pas si fou que ça. En effet, les qualités de l’eau, son caractère vital et le
fait qu’elle soit un apport énergétique majeur pour le corps, un soutien pour
le corps émotionnel, un besoin pour la régénération cellulaire, tout cela se
vérifie peu à peu.
Et en ces temps ou la peur du manque peut se manifester,
cela vient équilibrer les choses. C’est vrai que j’ai posé une question ouverte
à l’âme au sujet de cette peur du manque qui m’empêche de lâcher les médocs et
la clope. Et en fait, elle renvoie à la peur de la mort puis au besoin vital
d’amour dont on croit manquer.
La aussi c’est une question de point de vue, de
croyance, de conditionnement.
Penser que l’amour est nécessairement extatique,
puissant sensoriellement, me semble à côté de la réalité. Il est plus souvent
apaisé, subtil ou du moins sans excès, sans extravagance et je le vois
davantage comme un mélange de tendresse, de paix, un sentiment d’unité. Il est
plutôt du genre humble dans la mesure où il ne s’impose pas, ne force pas, ne
contraint pas, n’enferme pas.
Déjà
quand on a une vision plus épurée de l’amour ou détachée des croyances bien
souvent liées aux attentes, on peut en percevoir la subtilité. Et c’est ce que
j’aie ressenti tout à l’heure dans cette conversation avec l’équipe au sol, le
corps physique, le corps mental et le corps émotionnel. Je ne sais pas si c’est
lié au conditionnement mais quand je pense au corps émotionnel, je vois une femme.
Une forme féminine ou plutôt d’essence féminine. Là encore c’est difficile à
décrire parce que ça relève plus de la sensation que de la vision.
En
continuant d’observer à la fois ce que je vis à l’intérieur et l’état du monde,
je prends conscience de plus en plus du fait que le déni est la stratégie
majeure qui est utilisée face à la peur, dans les pays dits développés. Et j’ai la sensation pour ne pas dire
la certitude que c’est cela qui nous empêche de sentir, de percevoir ce que
nous sommes véritablement.
C’est
pour ça que la petite réunion de tout à l’heure avec les corps m’a fait du bien
autant par sa sincérité, sa spontanéité que parce que cela représente un pas de
plus vers la libération des anciens modes de fonctionnement.
Je
voyais combien les stratégies de fuite, d’évitement étaient nombreuses au point
de me demander si ces émotions refoulées qui se manifestaient au travers du
corps mental pourraient un jour s’exprimer en essence. Et la réponse n’a pas
été longue finalement.
Là encore, il y a eu un élément déclencheur que j’ai
perçu tandis que j’étais au jardin.
Le fait que j’étais au jardin m’a aidé à
relativiser et donc à ne pas projeter ce que cela suscitait à l’intérieur, vers l'extérieur ou à ne pas entrer en réaction.
Non
pas que ça aurait été "mal" mais plutôt parce que la nature aide à être dans
l’équilibre.
Et par-dessus tout, c’est à l’intérieur que tout commence et se
résout, l’extérieur est l’élément déclencheur qui invite à se réunir en soi.
Beaucoup de réactions et de questions ont suivi. Je les ai laissé s’exprimer
sans chercher à trouver de réponses à certaines d’entre elles parce que je
pouvais aussi sentir que ça venait de loin, que la situation collective
présente n’était qu’un autre élément déclencheur, une nouvelle occasion d’aller
dans les profondeurs.
Aller dans les profondeurs pour y sentir la sensation d’être étrangère à ce monde,
comme décalée, et pour oser faire face à ce qui est perçu dans le monde comme
de la vulnérabilité, de la sensibilité.
C’est clair que je peux sentir les
émotions ambiantes qui sont palpables et même si elles font écho à ce qui est
en moi, il est parfois difficile de faire la part des choses. Je ne cherche pas
non plus à percevoir une limite mais j’apprends à revenir au ressenti interne
quand je me sens plombée par les énergies ambiantes.
Bon
je répète encore les mêmes choses…
La
peur de sombrer dans la déprime a bloqué un peu le processus de vidange du
corps émotionnel mais là non plus, je ne force rien, ne tente pas de raisonner.
Je vois qu’il y a comme un équilibre qui se crée naturellement.
Une idée toute
bête me vient, c’est le fait que se couper de sa vulnérabilité, c’est se priver
de la tendresse innée du féminin ou de l’aspect maternant en soi.
Je me suis
tellement blindée par toutes sortes de stratégies que je ne vois même pas des
choses évidentes. Sûrement parce qu’elles sont simples. C’est clair que le fait
de compter sur le mental pour tout gérer et surtout pour éloigner les émotions
qui pourraient replonger dans des souvenirs difficiles ça rend aveugle et
bancale.
Disons plutôt que ça colle des œillères et la perception des choses
d’un point de vue conceptuel, intellectuel, complique la réalité
finalement.
Ceci dit, je ne vais pas
blâmer le mental puisque je lui ai assigné ce rôle depuis l’enfance et c’est
clair qu’à l’époque, c’était quasiment vital, il n’était pas question
d’exprimer ce que je ressentais. Puis par la suite comme les émotions de
colère, de tristesse, de peur avaient été contenues pendant dix ans,
lorsqu’elles pointaient leur nez, ça faisait l’effet d’un ras de marée
insupportable que les corps mental et physique bloquaient instinctivement.
C’est pour cette raison qu’il est si important pour moi
d’apprivoiser la peur, de la considérer de façon objective, énergétique, selon
sa nature et pas selon les croyances et conditionnements du monde. Les
croyances font autant effet de filtres qu’elles détournent l’attention de la
sensation mais alors l’énergie d’amour, de vie, du désir est détournée,
l’élan à agir est coupé dans l’œuf.
La
confidence entre les corps a duré quelques secondes, le temps d’exprimer les
impressions, pensées du moment mais cela a fait l’effet d’un souffle régénérateur.
La
joie éclatante n’a pas remplacé la tristesse mais elle se manifeste de façon
subtile.
Puis
l’élan à écouter de la musique douce, la capacité à apprécier les rayons du
soleil derrière les bandes blanches qui se répandent peu à peu.
Là aussi, cette
vision d’épandages suscite encore de la colère et me ramène invariablement à
mes gestes autodestructeurs. J’ai souvent l’impression de tourner en rond dans
ce truc mais peu à peu, je partage les impressions à l’intérieur, rassure le
mental qui se sent encore coupable.
Cela m’aide d’une part à revenir à la vibration de l’unité
intérieure et à sentir la tendresse dans le non jugement d’une partie de ce que
je suis, partie à laquelle je m’identifie davantage à chaque fois.
Et c’est à ce
stade là que je peux voir que toutes les situations extérieures sont exactement
celles qui me soutiennent dans ce désir d’autonomie affective, de libération
des conditionnements, des rôles, des croyances alors tout est parfait.
Ce désir
de transparence, de spontanéité, d’authenticité se manifeste à l’intérieur
grâce aux stimuli extérieurs.
Pour
accéder à cette vision, il faut passer par les mouvements en surface et en
profondeur. Le répéter, c’est aider le mental à imprimer ce parcours neuronal,
à se familiariser avec l’émotionnel, avec les profondeurs.
Profondeurs qui
comme dans la nature contiennent des trésors. Les coraux au fond des mers, les
pierres précieuses dans les mines, les sous-sols. Là encore, la nature nous
enseigne ce que nous sommes et nous invite à explorer.
D’ailleurs
outre les chiffres miroirs qui me ramènent dans la confiance en la vie, en la
guidance, la nature m’a aussi soutenue avec délicatesse lorsque je suis allée
chercher de l’eau à la source. J’ai été accompagnée à l’aller et au retour par
des papillons "citrons" tout au long du chemin. Et par un blanc avec le bout des
ailes oranges. Connaissant les fréquences des couleurs, ça m’a fait sourire et
j’ai été étonnée par leur façon de virevolter très près de moi. Il y avait une
ambiance de sérénité, de confiance, de joie propre au printemps et peut-être aussi liée au
fait que l’humain est au ralenti.
"Rappelons-nous
chers corps d’amour que nous formons une équipe et que nous sommes soutenus par
l’amour vibration qui nous unit tout autant que par l’âme, la source. Je vous félicite
pour cette transparence, cette complicité qui s’installe entre nous."
Je
reviens sur la notion de culpabilité qui peut tout autant être un frein qu’un
moteur pourvu qu’on ne la nie pas. J’ai laissé le mental réfléchir à ce sujet
et en l’écoutant, je me suis souvenue qu’il capte autant les pensées émanant
des stratégies que celles qui viennent du moi, du cœur, de la sagesse
innée…
L’aider à libérer les pensées qui enferment l’énergie, dans les concepts
c’est comme purifier le canal de réception ou être à même d’entendre la voix de
l’âme.
Puis je sens que cette culpabilité accueillie change la vibration et
laisse émerger plus de confiance, de nouvelles idées et par-dessus tout ce
lâcher prise matinal qui m’a permis de sentir la tristesse.
Ce qui n’a pas été
si désagréable parce que la conscience neutre était l’angle de vue.
Là encore,
je vérifie l’idée que la représentation qu’on se fait des choses est essentielle elle peut-être un
enfermement, une barrière qui nous coupe de l’essence nous complique la vie
inutilement ou selon l'angle, une ouverture de conscience.
La
belle surprise ! J’étais allée en courses sans trouver de pommes de terre
qui constituent mon repas de chaque midi depuis près de dix ans, juste parce
que j’adore les patates ! J’ai fini par me dire que je ferais avec ce que
j’aie dans le placard plutôt que de refaire la queue et subir l’excès de zèle
des caissières.
Là encore, c’est hallucinant de voir comment les gens abusent
d’un pseudo pouvoir qui leur est accordé par les circonstances…bref, chacun
réagit comme il le peut (puis ça me renvoie au personnage de victime qui est sûrement encore actif). Ce qui ne veut pas dire non plus que je fais mieux.
Mais plutôt que de rester frustrée, je fais des choix qui correspondent à ce
que je suis.
Donc, comme je fais des courses une fois par semaine en ayant
l’équivalent d’une semaine de réserve depuis que je m’intéresse à me nourrir,
je ne change pas mes habitudes.
Et s’il faut manger des nouilles, je n’en
mourrais pas même si je n’aime pas trop.
Comme un des voisins du genre sauveur
va régulièrement en courses, je lui ai demandé hier s’il pouvait me ramener des
patates.
J’ai été déçue qu’il me réponde à côté ou qu’il ne me dise pas "oui" ou
"non", mais comme c’est cet événement qui a permis de faire face à la tristesse,
j’ai lâché mes jugements premiers à son égard. Disons que je l'aie vite rangé dans la catégorie "sauveur" avec un peu de mépris. C'est une réaction qui arrive souvent lorsqu'on comprend les schémas stratégiques des rôles tant que le mode jugement reste actif, on a tendance à classer les gens en catégories.
Et tout à l’heure, toc, toc,
toc, il me ramène 5 kilos de patatas! Je n’en achète jamais autant mais vu les
circonstances, c’est très apprécié, ça fait l'effet d'un cadeau, d'un écho.
Encore un fait qui me ramène à l’idée que
lorsqu’on accueille ce qu’on redoute en soi, lorsqu’on laisse le mental
s’exprimer librement, la réalité concrète s’aligne à la vibration interne.
J’avais rigolé à l’idée de devoir déterrer les semences de patates tellement la
situation devenait limite caricaturale. En effet, les réactions du gouvernement
vont de l’incompétence à la criminalité au vu des révélations de l’ancienne
ministre de la santé.
Cela m’a fait penser au fait que ce qui est perçu au-delà du jugement
est quelque chose d’intime et c’est valable pour soi-même. Gouverner un pays en
se plaçant non pas au centre de soi mais en supposant qu’on est au-dessus des
autres parce qu’on se coupe de son ressenti et qu’on a une vision glaciale des
choses, relève du cynisme, de la bêtise et de l’inhumanité.
Mais d’un autre
côté, c’est une occasion de lâcher le besoin d’un sauveur, d’une autorité
extérieure.
Selon le positionnement intérieur, la vision change du tout au tout
mais cela ne doit pas être imposé aux autres, c’est un cheminement intime,
personnel.
Et si je le partage ici, c’est simplement parce que j’en ai l’élan
et parce que je constate de plus en plus l’effet résonance.
Et par-dessus tout,
chacun est libre de lire ou pas.
Le
sauveur n’est pas mû par l’amour, il est mû par la peur, celle de ne pas être
validé par les autres pour son comportement altruiste. Les rôles sont des
stratégies qui nous privent à la fois du potentiel émotionnel mais aussi de la
sagesse innée, de l’authenticité, de l’amour pur, dépourvu d’attentes.
L’inspiration
à suivre l’élan du moment, à être plus fluide, plus souple, plus présente,
consciente, à ramener le mental à l’intérieur, tout cela m’a préparée à
m’adapter à cette situation de crise.
Je suppose qu’il y en aura d’autres jusqu’à
ce qu’on comprenne le pouvoir intérieur de l’amour, de la solidarité, de l’accueil…la
force qui émane de l’unité intérieure, de l’écoute, de la paix en soi, avec les
aspects de l’être.
Ce
temps de pause généralisé oblige chacun à être face à lui-même. Là encore, on
peut constater que selon notre positionnement intérieur, la vision change. Puis
ce confinement n’amène pas de frustrations en moi puisque je vis très bien en
solitaire et ce depuis toujours. Là encore, avoir pris l’habitude de vivre en
paix avec les aspects de l’être porte ses fruits. Ce qui me ramène une fois de plus à l'idée que la vie nous inspire, nous guide, pas à pas. Puis on peut voir aussi qu'une situation prend tout son sens dans un contexte particulier, là encore le lien entre intérieur et extérieur est visible. La vibration d'accueil ou le fait d'être ouvert au ressenti permet de recevoir. D'où ce titre.
Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter
l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog :
« Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr Photos privées