vendredi 20 mars 2020

« Accueillir ce qui émerge en soi et voir les résultats dans la matière »




20 03 Après avoir fait la queue hier au magasin pour y trouver des rayons vides, après avoir subi l’abus de pouvoir de caissières sous tension, après avoir constaté l’effet de la panique dans les diverses réactions des voisins, j’ai pu enfin laisser sortir quelques larmes. Déjà hier, j’ai constaté qu’une profonde tristesse se manifestait mais aussi les stratégies qui s’enclenchaient afin de ne pas sombrer dans le désespoir. Puis, ce matin, au réveil, je me suis demandé si ça valait vraiment la peine de s’accrocher à la vie, étant donné la tournure des évènements.
C’est clair qu’essayer d’anticiper, d’imaginer de quoi sera fait demain ne peut qu’amener à cultiver la peur, le dégoût, la tristesse. Parce que je crois que je n’en suis plus au stade de la colère. Là encore je vérifie l’échelle émotionnelle, le fait que la même énergie se traduise différemment selon les schémas de pensée qui émergent et dans un ordre qui semble être toujours le même. 
Peu importe ce que je note ici, c’est le caractère mouvant, ascendant et descendant de l’énergie ou de son mode d’expression et le fait que l’émotion change de fréquence, de forme selon l’état d’esprit.
Et par-dessus tout, c’est en étant dans la confidence avec les corps que les larmes ont coulé sans me faire sombrer dans la déprime. J’ai pu sentir la vibration d’authenticité dans ces confidences dont je n’ai pas cherché à savoir si c’était le mental ou le cœur qui s’exprimaient. 
De plus en plus, je perçois les corps subtils comme des partenaires et chaque situation m’amène à m’en rapprocher, à apprendre à compter sur eux pour développer les sentiments, vibrations, fréquences qui font du bien : la paix, l’amour, la transparence, l’authenticité.

En même temps que ces émotions s’exprimaient, des idées positives apparaissaient en lesquels je reconnais la voix de la sagesse ou de l’âme, peu importe. 
En tous cas la voix qui exprime ce que je suis depuis l’enfance, au-delà des circonstances, de l’âge, celle qui porte les valeurs qui me sont chères, celle qui parle de vivre d’amour et d’eau fraiche. 
Même si ça peut sembler très idéaliste voir utopiste, peu à peu, je constate que ça n’est pas si fou que ça. En effet, les qualités de l’eau, son caractère vital et le fait qu’elle soit un apport énergétique majeur pour le corps, un soutien pour le corps émotionnel, un besoin pour la régénération cellulaire, tout cela se vérifie peu à peu. 

Et en ces temps ou la peur du manque peut se manifester, cela vient équilibrer les choses. C’est vrai que j’ai posé une question ouverte à l’âme au sujet de cette peur du manque qui m’empêche de lâcher les médocs et la clope. Et en fait, elle renvoie à la peur de la mort puis au besoin vital d’amour dont on croit manquer. 
La aussi c’est une question de point de vue, de croyance, de conditionnement. 
Penser que l’amour est nécessairement extatique, puissant sensoriellement, me semble à côté de la réalité. Il est plus souvent apaisé, subtil ou du moins sans excès, sans extravagance et je le vois davantage comme un mélange de tendresse, de paix, un sentiment d’unité. Il est plutôt du genre humble dans la mesure où il ne s’impose pas, ne force pas, ne contraint pas, n’enferme pas.

Déjà quand on a une vision plus épurée de l’amour ou détachée des croyances bien souvent liées aux attentes, on peut en percevoir la subtilité. Et c’est ce que j’aie ressenti tout à l’heure dans cette conversation avec l’équipe au sol, le corps physique, le corps mental et le corps émotionnel. Je ne sais pas si c’est lié au conditionnement mais quand je pense au corps émotionnel, je vois une femme. Une forme féminine ou plutôt d’essence féminine. Là encore c’est difficile à décrire parce que ça relève plus de la sensation que de la vision. 




En continuant d’observer à la fois ce que je vis à l’intérieur et l’état du monde, je prends conscience de plus en plus du fait que le déni est la stratégie majeure qui est utilisée face à la peur, dans les pays dits développés. Et j’ai la sensation pour ne pas dire la certitude que c’est cela qui nous empêche de sentir, de percevoir ce que nous sommes véritablement.
C’est pour ça que la petite réunion de tout à l’heure avec les corps m’a fait du bien autant par sa sincérité, sa spontanéité que parce que cela représente un pas de plus vers la libération des anciens modes de fonctionnement.

Je voyais combien les stratégies de fuite, d’évitement étaient nombreuses au point de me demander si ces émotions refoulées qui se manifestaient au travers du corps mental pourraient un jour s’exprimer en essence. Et la réponse n’a pas été longue finalement. 
Là encore, il y a eu un élément déclencheur que j’ai perçu tandis que j’étais au jardin. 
Le fait que j’étais au jardin m’a aidé à relativiser et donc à ne pas projeter ce que cela suscitait à l’intérieur, vers l'extérieur ou à ne pas entrer en réaction. 
Non pas que ça aurait été "mal" mais plutôt parce que la nature aide à être dans l’équilibre. 
Et par-dessus tout, c’est à l’intérieur que tout commence et se résout, l’extérieur est l’élément déclencheur qui invite à se réunir en soi. 
Beaucoup de réactions et de questions ont suivi. Je les ai laissé s’exprimer sans chercher à trouver de réponses à certaines d’entre elles parce que je pouvais aussi sentir que ça venait de loin, que la situation collective présente n’était qu’un autre élément déclencheur, une nouvelle occasion d’aller dans les profondeurs. 
Aller dans les profondeurs pour y sentir la sensation d’être étrangère à ce monde, comme décalée, et pour oser faire face à ce qui est perçu dans le monde comme de la vulnérabilité, de la sensibilité. 

C’est clair que je peux sentir les émotions ambiantes qui sont palpables et même si elles font écho à ce qui est en moi, il est parfois difficile de faire la part des choses. Je ne cherche pas non plus à percevoir une limite mais j’apprends à revenir au ressenti interne quand je me sens plombée par les énergies ambiantes.
Bon je répète encore les mêmes choses…

La peur de sombrer dans la déprime a bloqué un peu le processus de vidange du corps émotionnel mais là non plus, je ne force rien, ne tente pas de raisonner. 
Je vois qu’il y a comme un équilibre qui se crée naturellement. 
Une idée toute bête me vient, c’est le fait que se couper de sa vulnérabilité, c’est se priver de la tendresse innée du féminin ou de l’aspect maternant en soi. 

Je me suis tellement blindée par toutes sortes de stratégies que je ne vois même pas des choses évidentes. Sûrement parce qu’elles sont simples. C’est clair que le fait de compter sur le mental pour tout gérer et surtout pour éloigner les émotions qui pourraient replonger dans des souvenirs difficiles ça rend aveugle et bancale. 
Disons plutôt que ça colle des œillères et la perception des choses d’un point de vue conceptuel, intellectuel, complique la réalité finalement. 

Ceci dit, je ne vais pas blâmer le mental puisque je lui ai assigné ce rôle depuis l’enfance et c’est clair qu’à l’époque, c’était quasiment vital, il n’était pas question d’exprimer ce que je ressentais. Puis par la suite comme les émotions de colère, de tristesse, de peur avaient été contenues pendant dix ans, lorsqu’elles pointaient leur nez, ça faisait l’effet d’un ras de marée insupportable que les corps mental et physique bloquaient instinctivement. 

C’est pour cette raison qu’il est si important pour moi d’apprivoiser la peur, de la considérer de façon objective, énergétique, selon sa nature et pas selon les croyances et conditionnements du monde. Les croyances font autant effet de filtres qu’elles détournent l’attention de la sensation mais alors l’énergie d’amour, de vie, du désir est détournée, l’élan à agir est coupé dans l’œuf. 




La confidence entre les corps a duré quelques secondes, le temps d’exprimer les impressions, pensées du moment mais cela a fait l’effet d’un souffle régénérateur.
La joie éclatante n’a pas remplacé la tristesse mais elle se manifeste de façon subtile.
Puis l’élan à écouter de la musique douce, la capacité à apprécier les rayons du soleil derrière les bandes blanches qui se répandent peu à peu. 

Là aussi, cette vision d’épandages suscite encore de la colère et me ramène invariablement à mes gestes autodestructeurs. J’ai souvent l’impression de tourner en rond dans ce truc mais peu à peu, je partage les impressions à l’intérieur, rassure le mental qui se sent encore coupable. 
Cela m’aide d’une part à revenir à la vibration de l’unité intérieure et à sentir la tendresse dans le non jugement d’une partie de ce que je suis, partie à laquelle je m’identifie davantage à chaque fois. 
Et c’est à ce stade là que je peux voir que toutes les situations extérieures sont exactement celles qui me soutiennent dans ce désir d’autonomie affective, de libération des conditionnements, des rôles, des croyances alors tout est parfait. 

Ce désir de transparence, de spontanéité, d’authenticité se manifeste à l’intérieur grâce aux stimuli extérieurs.
Pour accéder à cette vision, il faut passer par les mouvements en surface et en profondeur. Le répéter, c’est aider le mental à imprimer ce parcours neuronal, à se familiariser avec l’émotionnel, avec les profondeurs. 
Profondeurs qui comme dans la nature contiennent des trésors. Les coraux au fond des mers, les pierres précieuses dans les mines, les sous-sols. Là encore, la nature nous enseigne ce que nous sommes et nous invite à explorer.

D’ailleurs outre les chiffres miroirs qui me ramènent dans la confiance en la vie, en la guidance, la nature m’a aussi soutenue avec délicatesse lorsque je suis allée chercher de l’eau à la source. J’ai été accompagnée à l’aller et au retour par des papillons "citrons" tout au long du chemin. Et par un blanc avec le bout des ailes oranges. Connaissant les fréquences des couleurs, ça m’a fait sourire et j’ai été étonnée par leur façon de virevolter très près de moi. Il y avait une ambiance de sérénité, de confiance, de joie propre au printemps et peut-être aussi liée au fait que l’humain est au ralenti.

"Rappelons-nous chers corps d’amour que nous formons une équipe et que nous sommes soutenus par l’amour vibration qui nous unit tout autant que par l’âme, la source. Je vous félicite pour cette transparence, cette complicité qui s’installe entre nous."

Je reviens sur la notion de culpabilité qui peut tout autant être un frein qu’un moteur pourvu qu’on ne la nie pas. J’ai laissé le mental réfléchir à ce sujet et en l’écoutant, je me suis souvenue qu’il capte autant les pensées émanant des stratégies que celles qui viennent du moi, du cœur, de la sagesse innée…
L’aider à libérer les pensées qui enferment l’énergie, dans les concepts c’est comme purifier le canal de réception ou être à même d’entendre la voix de l’âme. 
Puis je sens que cette culpabilité accueillie change la vibration et laisse émerger plus de confiance, de nouvelles idées et par-dessus tout ce lâcher prise matinal qui m’a permis de sentir la tristesse. 
Ce qui n’a pas été si désagréable parce que la conscience neutre était l’angle de vue. 
Là encore, je vérifie l’idée que la représentation qu’on se fait des choses est essentielle elle peut-être un enfermement, une barrière qui nous coupe de l’essence nous complique la vie inutilement ou selon l'angle, une ouverture de conscience.

La belle surprise ! J’étais allée en courses sans trouver de pommes de terre qui constituent mon repas de chaque midi depuis près de dix ans, juste parce que j’adore les patates ! J’ai fini par me dire que je ferais avec ce que j’aie dans le placard plutôt que de refaire la queue et subir l’excès de zèle des caissières. 
Là encore, c’est hallucinant de voir comment les gens abusent d’un pseudo pouvoir qui leur est accordé par les circonstances…bref, chacun réagit comme il le peut (puis ça me renvoie au personnage de victime qui est sûrement encore actif). Ce qui ne veut pas dire non plus que je fais mieux. Mais plutôt que de rester frustrée, je fais des choix qui correspondent à ce que je suis. 
Donc, comme je fais des courses une fois par semaine en ayant l’équivalent d’une semaine de réserve depuis que je m’intéresse à me nourrir, je ne change pas mes habitudes. 
Et s’il faut manger des nouilles, je n’en mourrais pas même si je n’aime pas trop. 
Comme un des voisins du genre sauveur va régulièrement en courses, je lui ai demandé hier s’il pouvait me ramener des patates. 
J’ai été déçue qu’il me réponde à côté ou qu’il ne me dise pas "oui" ou "non", mais comme c’est cet événement qui a permis de faire face à la tristesse, j’ai lâché mes jugements premiers à son égard. Disons que je l'aie vite rangé dans la catégorie "sauveur" avec un peu de mépris. C'est une réaction qui arrive souvent lorsqu'on comprend les schémas stratégiques des rôles tant que le mode jugement reste actif, on a tendance à classer les gens en catégories. 
Et tout à l’heure, toc, toc, toc, il me ramène 5 kilos de patatas! Je n’en achète jamais autant mais vu les circonstances, c’est très apprécié, ça fait l'effet d'un cadeau, d'un écho. 

Encore un fait qui me ramène à l’idée que lorsqu’on accueille ce qu’on redoute en soi, lorsqu’on laisse le mental s’exprimer librement, la réalité concrète s’aligne à la vibration interne. 
J’avais rigolé à l’idée de devoir déterrer les semences de patates tellement la situation devenait limite caricaturale. En effet, les réactions du gouvernement vont de l’incompétence à la criminalité au vu des révélations de l’ancienne ministre de la santé. 




Cela m’a fait penser au fait que ce qui est perçu au-delà du jugement est quelque chose d’intime et c’est valable pour soi-même. Gouverner un pays en se plaçant non pas au centre de soi mais en supposant qu’on est au-dessus des autres parce qu’on se coupe de son ressenti et qu’on a une vision glaciale des choses, relève du cynisme, de la bêtise et de l’inhumanité. 
Mais d’un autre côté, c’est une occasion de lâcher le besoin d’un sauveur, d’une autorité extérieure. 
Selon le positionnement intérieur, la vision change du tout au tout mais cela ne doit pas être imposé aux autres, c’est un cheminement intime, personnel. 
Et si je le partage ici, c’est simplement parce que j’en ai l’élan et parce que je constate de plus en plus l’effet résonance. 
Et par-dessus tout, chacun est libre de lire ou pas.

Le sauveur n’est pas mû par l’amour, il est mû par la peur, celle de ne pas être validé par les autres pour son comportement altruiste. Les rôles sont des stratégies qui nous privent à la fois du potentiel émotionnel mais aussi de la sagesse innée, de l’authenticité, de l’amour pur, dépourvu d’attentes.

L’inspiration à suivre l’élan du moment, à être plus fluide, plus souple, plus présente, consciente, à ramener le mental à l’intérieur, tout cela m’a préparée à m’adapter à cette situation de crise. 
Je suppose qu’il y en aura d’autres jusqu’à ce qu’on comprenne le pouvoir intérieur de l’amour, de la solidarité, de l’accueil…la force qui émane de l’unité intérieure, de l’écoute, de la paix en soi, avec les aspects de l’être.

Ce temps de pause généralisé oblige chacun à être face à lui-même. Là encore, on peut constater que selon notre positionnement intérieur, la vision change. Puis ce confinement n’amène pas de frustrations en moi puisque je vis très bien en solitaire et ce depuis toujours. Là encore, avoir pris l’habitude de vivre en paix avec les aspects de l’être porte ses fruits. Ce qui me ramène une fois de plus à l'idée que la vie nous inspire, nous guide,  pas à pas. Puis on peut voir aussi qu'une situation prend tout son sens dans un contexte particulier, là encore le lien entre intérieur et extérieur est visible. La vibration d'accueil ou le fait d'être ouvert au ressenti permet de recevoir. D'où ce titre. 

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr  Photos privées