29 03 J’ai longtemps eu une vision du pardon qui était davantage un genre de statut quo, un refoulement émotionnel qui permettait de sauver les apparences tout en nourrissant le manque, les croyances d’enfance et les conditionnements adoptés afin de récolter quelques milligrammes d’amour. Autant par le fait de ne pas faire de vague, de donner l’impression d’être normal, comme tout le monde, de ne pas avoir été affectée par ce qui cependant a été vraiment traumatisant, que pour rassurer ma mère dans son rôle.
Comme si le fait d'être convaincue intellectuellement, idéologiquement, que je
devais pardonner effacerait les années de souffrance et me ferait passer au
stade d’adulte.
C’est
vrai cependant que durant l’enfance je sentais que la haine, la vengeance,
n’étaient pas ce qui me guérirait mais comme la violence reçue ne pouvait pas
s’exprimer librement, elle me rongeait de l’intérieur, nourrissant l’envie de
mourir, le rejet de soi, le déni, le conflit intérieur.
Cette vengeance qui est
aussi l’expression du besoin de réparation se retourne contre soi-même, contre
le corps physique, contre les émotions difficiles, violentes, qui n’ont pas le
droit de s’exprimer.
Pourtant c’est seulement en les laissant s’extérioriser
que peut se vivre le réel pardon et c’est seulement en prenant en charge nos
blessures profondes qu’on acquiert la maturité ou sagesse ou le sentiment de
sécurité.
Ce n’est pas un processus intellectuel parce que lorsqu’on pardonne
en se raisonnant, on est dans le déni, la violence et le rejet envers l’enfant
en soi. Le soi-disant adulte que nous croyons ou que nous voudrions être, minimise les souffrances de
l’enfant et le conflit entre ces deux aspects, entre la conscience et
l’inconscient, entre les corps mental et émotionnel, entre le passé et le présent, est permanent.
De plus,
cet état nous prend beaucoup d’énergie parce que c’est beaucoup plus difficile
de contenir l’expression de l’enfant en soi que de laisser les émotions
s’écouler librement et sans s’y attacher. Et quand on fait cela, on se prive de
l’élan vital, de l’enthousiasme, de la joie véritable qu’aucun antidépresseur
ne peut produire même si les hormones de synthèses en donnent l’impression.
Elles ne font qu’anesthésier les émotions et avec elle, l’intuition, le désir
de créer.
Ceci dit, cela a pu constituer une forme d’aide mais quand on devient conscient de l’importance des émotions et surtout de leur libre expression et bien souvent pour en arriver là, il faut constater l’effet du refoulement sur le corps physique, faire face à des problèmes de santé, pour constater que ces palliatifs médicamenteux ne fonctionnent pas/plus.
Autant parce qu’on s’autorise à ressentir les émotions et à écouter les pensées de l’enfant en soi que parce qu’on comprend l’obsolescence et le caractère dangereux du déni. Dangereux parce que cela affecte notre corps physique, notre énergie vitale, notre équilibre, psycho-émotionnel et même général et parce qu’on se rend compte qu’on a retourné la violence contre ce qu’on a de plus précieux en soi.
Chaque fois
qu’on rejette les émotions ou les pensées de l’enfant, chaque fois qu’on nie
cette souffrance, on reproduit le schéma de violence qu’on a soi-même subi.
C’est là que le pardon véritable peut opérer parce que dans ce changement d'attitude qui consiste à accueillir l'enfant en soi, on comprend la difficulté
d’être un humain.
Et parce qu’on peut alors comprendre que les souffrances niées
amènent à reproduire ce qu’on a subi. Que ce soit envers les autres ou
envers soi-même, le même réflexe de vengeance se reproduit.
On le comprend
vis-à-vis de soi-même et aussi vis-à-vis de nos parents ou "bourreaux". On le
comprend parce qu’on se pardonne ce qu’on appelle les mauvais choix, la
violence exercée sur soi-même, on se pardonne d’être un humain sensible dont
l’instinct de survie génère toutes sortes de parades afin de ne pas souffrir à
nouveau.
Du refoulement émotionnel au déni de l’enfant en souffrance en soi, à
l’écoute et l’accueil de ces énergies qui sont devenues si intenses qu’elles ne
peuvent plus être dissimulées, il peut s’écouler beaucoup de temps. Et surtout
un bon nombre de prises de conscience, de recherches, de questions et de
réponses aussi aléatoires que farfelues. Des questionnements qui nous
maintiennent dans la sphère mentale, astrale, éthérique où on cherche un idéal,
un sauveur, un modèle, un maitre à suivre et par-dessus tout où on fuit la
réalité présente, matérielle.
Et c’est tout cela qui nous fait grandir parce
qu’on s’approche de plus en plus de soi, de notre vraie nature à mesure qu’on vit
tour à tour des désillusions liées aux croyances, des joies liées à la foi, des
échecs, des réussites, des pertes, des déceptions, des joies…On souhaite intensément trouver la paix, lâcher la dualité pour retrouver l'unité. On apprend à reconnaitre notre vrais besoins, ceux qui sont importants pour nous-mêmes et non ceux qui ont de l'importance pour les autres, la famille, la société...
Mais c’est en se dépouillant des
croyances et conditionnements humains qu’on s’approche le plus de notre
véritable nature. Humains ou relatifs à la société mais aussi spirituels. L’idée
qu’on se fait de l’être, de l’âme ou de dieu, a besoin d’être dépouillée du
folklore, des superstitions, de la peur et de la notion de jugement.
C’est
en étant ouvert à ce qu’on ressent, à ce qu’on pense dans la relation aux
autres et plus particulièrement aux acteurs de notre enfance qu’on peut évaluer
le degré de guérison émotionnelle, la désactivation de la mémoire à la fois bloquée dans le
corps émotionnel et logée dans notre inconscient. Elle s’active par des
stratégies automatiques dont celle du déni est une des plus courantes.
Être juste capable de reconnaitre et d’exprimer librement la souffrance de l’enfant
en soi en étant conscient que c’est seulement une part de soi qui s’exprime,
amène à lui dire qu’on est là pour lui, qu’il n’a rien à craindre, qu’on l’aime
et que pour cette raison il n’a pas besoin de rechercher l’amour auprès des
parents, des gens…Peu à peu on apprend à prendre soi-même cet enfant en charge, on ne demande plus aux "anges", à la source, aux autres de le faire.
Quand on refoule les émotions, quand on les bloque non seulement on ne s’insensibilise pas mais on ne fait que jouer un rôle, ou un des nombreux rôles qu’on endosse tour à tour selon les circonstances.
Apprendre
à laisser l’émotion s’exprimer sans s’y attacher n’est pas facile quand on a
toujours fait l’inverse mais dans la confidence envers la source, on peut lui
demander son aide tout autant qu’au mental, au corps émotionnel qu’à l’enfant
en soi. C'est en retrouvant l'unité ou en comprenant mais surtout en ressentant que nous sommes un tout cohérent que cela peut se réaliser.
Déjà
en considérant ces corps, ces aspects de soi comme des alliés, comme l’explique
Deepak Chopra dans ces méditations, on favorise cet accueil, on restaure la
reliance et l’unité intérieure.
Apprendre à parler à ces corps, à leur expliquer ce qu’on a compris et surtout à les aborder en connaissance de cause, en sachant comment chacun d’eux fonctionne, s’exprime, est une des connaissances essentielles à notre bien-être.
Apprendre à parler à ces corps, à leur expliquer ce qu’on a compris et surtout à les aborder en connaissance de cause, en sachant comment chacun d’eux fonctionne, s’exprime, est une des connaissances essentielles à notre bien-être.
Le
mental a besoin d’être libre dans son expression tout comme le corps émotionnel
mais tant qu’on s’identifie seulement au mental, on est dans la confusion.
En
ce sens, apprendre à communier avec la source en soi aide considérablement
parce qu’alors on peut prendre du recul sur ce qui se vit en soi.
Sans nier la souffrance, sans rejeter l’enfant en soi, sans lutter contre soi-même, contre un ou plusieurs aspects de l’être, simplement parce qu’on devient de plus en plus conscient que notre vraie nature est au-delà des masques, des conditionnements. On en devient conscient par le fait de reconnaitre les stratégies, les masques et par le fait de s’identifier davantage à l’observateur neutre.
Sans nier la souffrance, sans rejeter l’enfant en soi, sans lutter contre soi-même, contre un ou plusieurs aspects de l’être, simplement parce qu’on devient de plus en plus conscient que notre vraie nature est au-delà des masques, des conditionnements. On en devient conscient par le fait de reconnaitre les stratégies, les masques et par le fait de s’identifier davantage à l’observateur neutre.
Hier
soir dans la confidence avec l’âme, les corps, l’idée que l’âme est l’union des
corps mental, émotionnel, spirituel ou qu’il n’y a pas de séparation entre le
corps l’âme et l’esprit, pas de hiérarchie mais plutôt une association plus ou
moins consciente, plus ou moins pacifique est revenue comme une évidence. Ce ressenti, cette vision est nécessaire à l'apaisement mental et c'est cela qui l'aide à prendre confiance. C'est à la fois l'expression de l'unité intérieure et c'est ce qui permet de créer de nouvelle connexion neuronales, de nouveaux schémas de pensée vivifiants pour le mental.
Savoir
exprimer et régler en interne ce qui nous trouble est essentiel parce que cela
révèle à la fois l’humain, les aspects terrestres et les aspects cosmiques,
universels.
En
se dépouillant des croyances et des conditionnements, on touche davantage
l’essence, l’énergie.
La représentation humaine du divin en soi est à l’image
de nos croyances et surtout de nos manques en tant qu’enfant. Tant que cet
enfant, tant que le mental et l’émotionnel ne sont pas aimés pour ce qu’ils
sont, des alliés importants, le manque d’amour nous amènera à projeter nos
attentes autant sur notre famille, notre entourage que sur un dieu à forme
humaine, paternelle et/ou maternelle. L’identification au rôle du triangle de
Karpman, qui vient du déni de l’enfant en soi, nous amène à nous attacher à des
entités spirituelles, des projections d’un idéal qui correspond à nos attentes,
qui comblerait nos manques, réparerait les injustices vécues.
Qu’ils s’appellent Jésus, Jéhovah, Allah, Marie, Bouddha, ils représentent à la fois notre besoin de soutien, d’amour et celui de réparation mais aussi le fait que nous restons identifiés à la personne, aux souffrances, à la victime impuissante...
Plus
on accueille les émotions, les croyances de l’enfant en soi dans le détachement
et plus on sait, plus on se connait en tant qu’humain et en tant qu’essence,
plus on reconnait nos besoins et plus on sait les nourrir, les combler. Plus on
le fait et plus on devient mature, autonome et libre.
Il
est donc essentiel d’écouter les plaintes, les besoins de l’enfant en soi, de
laisser les émotions s’exprimer pour restaurer l’unité, la paix et l’amour en
soi.
Écouter et répondre aux besoins de l’enfant, c’est être plus transparent, spontané,
authentique, c’est de donner le droit d’être et de vivre différents états
émotionnels.
C’est retrouver les potentiels cachés, celui de manifester nos
désirs, nos aspirations sans peur et sans jugement, sans attentes mais avec la
joie qui vient dans ce processus créatif. Et c’est aussi se donner le
temps, le temps de faire face à ce qu’on ressent sans vouloir guérir au plus
vite. Et moins on enferme le ressenti dans la sphère mentale par des interprétations aléatoires, mieux on peut se dépouiller, se détacher du passé, de la fausse identité.
La
guérison ne dépend pas de notre vouloir, de notre volonté, elle survient dans
l’abandon, l’abandon des attentes, des jugements, de tout ce qui bloque
l’énergie comme le déni, la contrainte psycho-émotionnelle.
Oser exprimer la
colère de l’enfant en soi, l’offrir à la source, au silence intérieur ou lui laisser le soin
d’harmoniser ces énergies dans l’amour et la lumière nous permet de grandir et
de nous épanouir. La colère en tant qu’énergie va nourrir la pulsion, le désir
de vivre, le désir de créer et la joie d’être, elle va favoriser la
transparence et l’authenticité, la capacité à exprimer dans l’instant ce qui
remonte à la surface.
Confier à la source le sentiment d’injustice, oser lui
dire qu’on lui en veut de nous avoir placé là restaure l’amour en soi et la
reliance entre tout ce que nous sommes. Cette sincérité amène toujours le
sentiment de sécurité et l’abandon des attentes.
On sait que la source est
notre essence première, la base de notre être et que c’est dans le silence
qu’elle s’exprime, qu’elle réharmonise, rééquilibre tout ce que nous sommes.
Ce
silence qui vient naturellement une fois qu’on a extériorisé les peurs, les
doutes, la colère, la tristesse, une fois que le mental émotionnel a pu libérer
la charge énergétique contenue.
C’est ce processus vécu à chaque fois qu’on se
sent troublé qui harmonise peu à peu les corps subtils, à la fois en chacun
d’eux sur le plan énergétique et entre eux, dans la communion silencieuse. Cela
nous donne le sentiment de sécurité, de force dans l’unité.
Le mental ne se
pose plus de questions dans ces moments et le corps émotionnel est apaisé. Ceci
s’enregistre dans la mémoire qui va peu à peu remplacer les anciennes
stratégies, les réflexes automatiques de survie, les connexions neuronales qui
ne sont plus uniquement nourries entre le cerveau limbique et le tronc cérébral
mais qui se forment avec le néocortex.
Ces nouvelles connexions sont
l’expression de l’unité et de l’harmonie qui s’installent en conscience et
elles amèneront de nouveaux comportements plus équilibrés et plus respectueux. De
nouvelles idées, de nouveaux désirs qui pourront désormais être captés par le
mental désormais plus ouvert, plus confiant et plus souple.
Savoir accueillir
ce qui se présente c’est s’ouvrir au flux de la vie, développer la capacité
d’adaptation et d’innovation.
On a tout à gagner à s’ouvrir à l’enfant en soi
parce qu’il est l’avenir même s’il porte le poids des souffrances passées. Il
est l’expression authentique du moi véritable, de l’énergie de vie et de la joie.
Aussitôt écrit, aussitôt vécu! Je n’imaginais pas "célébrer" cet anniversaire en faisant face à la blessure de rejet mais c’est encore lié aux conditionnements. En effet, célébrer la plupart du temps, c’est s’offrir quelque chose qui fait plaisir, se goinfrer de sucreries ou savourer un bon dessert et partager entre amis, c'est cultiver la joie pour un jour en refoulant ce qu'on porte.
Mais dans le retour à l’unité, dans ce désir, avoir laissé l’enfant en
moi exprimer ses pensées, ses émotions, ses croyances, et avoir honoré le corps
physique en passant 1 heure dans la salle de bain, m’a allégée d’un poids. C'est une forme de célébration en adéquation avec ma vision actuelle, mon désir profond et en cela, c'est parfait. Tout comme le fait de ne pas me forcer à être joyeuse lorsque mes parents m'ont téléphoné pour me souhaiter mon anniversaire. Je ne leur ai pas non plus envoyé en pleine face les émotions de l'enfant en moi qui pourtant était intenses. Non seulement ça n'est plus l'heure mais en plus je suis la seule à pouvoir soulager, rassurer et accueillir l'enfant blessé.
Le
risque si on peut dire, c’est de s’identifier à ces pensées émotions parce que
c’est intense mais si on peut se rappeler que c’est seulement le passé qui se
libère alors, on ne sombre pas dans les profondeurs.
Regarder
cela en face, c’est se donner le droit de renaitre même si ça passe par l’impression
de mourir par moments. J’ai vécu un instant de cette journée anniversaire comme si j’étais au moment de l’accouchement
et j’ai ressenti la sensation de rejet.
C’est très subjectif et ça s’est passé en une fraction
de seconde mais ça semblait réel. Je n'ai pas cherché à comprendre ou à confirmer ce ressenti par des raisonnements qui peut venir autant de la coupure du cordon ombilical que du fait d'être séparé de ma mère au moment où j'ai été placée en couveuse. Peu importe les raisons, ce qui apparait le plus sûr, c'est que ce ressenti est intérieur, subjectif et par dessus tout que sa libre expression est essentielle. En effet le fait que cela émerge indique non seulement que je suis prête à lâcher ce poids mais surtout que c'est ce qui permet de passer à autre chose ou de lâcher le passé, le contrôle des émotions, les sensations refoulées et si longtemps contenues.
Enfin chaque blessure a besoin d’être revécue
pour qu’on en déleste la charge en étant dans ce recul. Et c’est ainsi que peu
à peu on apprend non seulement à se détacher de ces poids mais aussi à libérer
l’enfant en soi qui redevient acteur dans cette association intérieure entre
tous les aspects de soi. Il y amène ces énergies si spéciales.
Enfin on peut
aussi l’exprimer autrement, l’énergie du désir et d’amour sans conditions
circulant plus librement on retrouve le désir de créer et d’être. Ce qui est
intéressant dans le fait de figurer le passé au travers de l’enfant qu’on était
c’est que ça nous aide à la fois à contacter nos blessures mais aussi à se
souvenir qu’elles ne sont pas ce que nous sommes aujourd’hui bien qu’elles
continuent d’activer les croyances, conditionnements, croyances et stratégies. Cela
aide à se détacher sans renier ce passé qui porte en lui tout un potentiel
oublié ou ignoré.
Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter
l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog :
« Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr Photos privées