dimanche 10 septembre 2017

« Les effets de la méditation validés par les neurosciences » Paul Molga





Inspirées de la pratique des moines bouddhistes, les techniques méditatives agissent sur le fonctionnement et même sur la structure du cerveau, selon de nouvelles études.
Jusqu’à présent, le bénéfice de la méditation sur le vieillissement avait seulement été suggéré par certains travaux de la Nobel de médecine Elizabeth Blackburn. 

Une large étude américaine, conduite par l’université californienne de Davis sur 100 individus âgés de 24 à 77 ans, vient de fournir un nouvel argument à cette thèse. 
Révélée par l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’anatomie comparée du cerveau de la moitié d’entre ceux pratiquant régulièrement cette discipline a clairement montré une moindre altération de la matière grise que dans l’autre groupe, étranger à la pratique. 

Selon les auteurs de l’étude, l’intensité de la méditation stimulerait les dendrites (le prolongement filamenteux des neurones servant à conduire l’influx nerveux) et les synapses (la connexion des neurones entre eux). 
Cette puissante sollicitation cérébrale agirait également sur le stress, délétère pour les cellules.

L’équipe a montré que trois mois intensifs de méditation affectaient significativement l’activité des télomérases, enzymes essentielles à la protection contre le vieillissement cellulaire.

En dépit des apparences, yeux clos et position placide, la méditation n’a rien d’une détente. 
«C’est même tout le contraire qui se produit dans le cerveau», explique le docteur Jean-Gérard Bloch, qui a inauguré il y a trois ans un diplôme «médecine, méditation et neurosciences» à la faculté de médecine de Strasbourg. 

Il s’agit pour le sujet de se concentrer sur sa «météo intérieure»: les émotions, sensations et pensées qui circulent librement dans son esprit. 
L’exercice consiste à focaliser son attention sur un objet – sa respiration, une partie de son corps… – sans se laisser distraire par ses pensées ou des stimuli extérieurs. 
Comme c’est impossible, même pour les pratiquants les mieux entraînés, l’esprit est plus éveillé que jamais pour dompter ce vagabondage cérébral et ramener l’attention sur l’objet de la concentration.

Mieux gérer ses émotions
Pendant cette activité, le cerveau s’échauffe. Sous l’œil d’un IRM fonctionnel, une équipe de l’université Emory d’Atlanta a mis en évidence qu’il sollicitait successivement quatre réseaux neuronaux liés à l’attention
: d’abord le cortex sensoriel et moteur, puis le cortex antérieur, puis les régions pariétales, pour finir par le cortex préfrontal, et ainsi de suite pendant toute la durée de la séance. 

La répétition de ce cycle n’est pas sans conséquences. «Nous avons montré que des exercices intensifs de méditation permettaient de soutenir l’attention et d’améliorer la vigilance cérébrale», explique Antoine Lutz, du Centre Inserm de neurosciences de Lyon, l’un des premiers à avoir mené des travaux d’imagerie sur le cerveau de moines bouddhistes comme Matthieu Ricard. 
Avec ses collègues de l’université du Wisconsin, il a mis en évidence que le cerveau des méditants expérimentés était capable de traiter des stimuli deux fois plus rapprochés (moins de 300 millisecondes) qu’un cerveau de novice, qui reste le plus souvent scotché à la première sollicitation.
 
En poussant plus loin leurs investigations, les chercheurs ont découvert que la méditation permettait également de mieux gérer ses émotions, une capacité qui manque aux dépressifs. A l’université de Toronto, des psychologues ont fait pratiquer pendant plusieurs mois des exercices de pleine conscience à des patients qui avaient connu au moins trois dépressions.
«Le risque de rechute a été réduit de près de 40% et certains praticiens considèrent aujourd’hui que ce traitement est au moins aussi efficace qu’une camisole chimique», rapporte Antoine Lutz.

Car les scientifiques savent désormais mieux ce qui se produit: dans un article publié en 2013 par «Frontiers in Human Neuroscience », Catherine Kerr, chercheuse à l’université de Providence, explique le rôle d’aiguilleur joué par le thalamus, une structure centrale du cerveau réceptrice des sensations corporelles, dans la distribution de ses informations au cortex: «Le thalamus transmet les sensations en adressant à la zone correspondante du cortex des impulsions électriques – les ondes alpha – dont la fréquence varie en fonction de l’intensité de la perception. 
Quand l’esprit se concentre sur une partie du corps, les ondes baissent sur la zone cible et la sensation augmente alors que, partout ailleurs, les ondes alpha augmentent et les sensations baissent.» 
On peut ainsi apprendre à atténuer la douleur ou à gérer des pensées morbides, comme c’est déjà le cas dans plus de 200 hôpitaux américains.

Compenser la fonte de la matière grise
La nouvelle étude des chercheurs américains sur les changements structurels induits par la méditation suit une série démarrée en 2005 avec les travaux de Sarah Lazar, du Massachusetts General Hospital de Boston.
Elle avait alors remarqué que le tissu cérébral du cortex préfrontal gauche impliqué dans les processus émotionnels s’épaississait chez les pratiquants assidus, au point de compenser chez certains la fonte de la matière grise due au vieillissement. 
Plus récemment, ses travaux ont également montré chez ceux qui méditent un développement plus important de l’hippocampe (qui joue un rôle de premier plan dans la mémorisation, l’apprentissage, la vigilance et l’adaptation à son environnement), et au contraire un rétrécissement de l’amygdale (qui gère les émotions, en particulier nos réactions de peur et d’anxiété).

Certaines études suggèrent aussi que la méditation ne modifie pas seulement le cerveau, mais agit aussi sur la santé cardiovasculaire, la tension artérielle, l’immunité et même notre génome. Une étude d’Herbert Benson, de l’hôpital général du Massachusetts, a ainsi analysé le profil d’expression des gènes de 26 adultes avant et après une formation à la méditation. Son constat a créé la stupéfaction lors du dernier symposium de «sciences contemplatives»: en quelques semaines d’exercice, l’expression des gènes associés à la sécrétion d’insuline et aux mécanismes d’inflammation a significativement augmenté en même temps que la production de monoxyde d’azote, un gaz vasodilatateur bénéfique au rythme cardiaque.

Une nouvelle discipline universitaire
Cette année encore, le diplôme universitaire «
Médecine, Méditation et Neurosciences» a fait le plein: 400 inscriptions ont été enregistrées pour seulement 60 places. «Le thème séduit de plus en plus par son approche complémentaire dans le contexte cartésien des soins occidentaux», explique le docteur Jean-Gérard Bloch, qui a créé cette formation à l’université de Strasbourg en 2012. 
Pendant deux mois, médecins, psychologues, neurologues, chercheurs et autres chefs de services découvrent la pratique avec une dizaine d’enseignants et font l’état des lieux des connaissances scientifiques sur les liens entre le corps et l’esprit, y compris sous l’angle philosophique. 
«Notre ambition est d’inscrire la méditation dans un cadre institutionnel élitiste pour en promouvoir l’usage et combattre le charlatanisme*», poursuit le docteur. 
Plusieurs programmes de recherche sont déjà nés de cette sensibilisation comme à l’Inserm de Caen, qui a démarré une étude sur la méditation et le vieillissement. La diffusion de la connaissance passe, aussi, par les futurs médecins: un module de méditation vient d’être inscrit en troisième année d’étude de la faculté. Cinquante places sont proposées.
Paul Molga
 



Je l’ai déjà publié en 2015 mais comme j’ai été inspirée à méditer assez souvent ces derniers jours, comme en plus je suis retombée sur cet article qui m’a rafraichit la mémoire, j’ai eu l’idée de le partager. 
C’est clair que ce réflexe de s’intérioriser est contre nature puisqu’on a l’habitude d’agir, de réagir selon les évènements extérieurs en projetant vers l’extérieur nos émotions difficiles. 

Au-delà de la morale et même si cet attitude est l’expression même de la conscience de la puissance et donc de la valeur de l’amour, de l’accueil, de l’acceptation, de la non violence, se tourner vers l’intérieur et juste observer, représente un sacré challenge de nos jours, dans nos sociétés occidentales où on associe la vitesse à l'efficacité, la productivité. 
Non seulement la pratique est inhabituelle mais la lenteur des résultats demande encore de la patience, de la foi et c’est l’autre difficulté puisque nous sommes conditionnés par instinct de survie, à vivre dans l’urgence, à rechercher l’efficacité immédiate. 

Pour la percevoir, cela demande une grande sensibilité parce que la sensation de paix, premier bénéfice de la méditation, ne se manifeste pas de façon spectaculaire au début. 
Il est rare en effet que le silence se fasse spontanément, c’est plutôt l’inverse qui arrive généralement. 
Le flot de pensée est incessant mais d’un autre côté, il est un repère puisque c’est en l’observant avec neutralité, qu’on apprend le détachement. On peut néanmoins sentir la force de la focalisation et de l’attention et comprendre que ce sont des outils de créations.

L’idée de proposer cet exercice comme ils le disent, à une élite afin d’éviter le charlatanisme, c’est encore vouloir s’approprier les connaissances qui sont le patrimoine mondial, commun. Mais ce qui est formidable, c’est que cette connaissance, ou l’effet de la méditation peut être ressenti par tous. Le fait que la science le démontre ne lui donne pas le droit de s’approprier le phénomène. Quant au charlatanisme, c’est encore une vision élitiste, une façon de discréditer les gens qui osent passer outre le cursus habituel, normal, formaté. La question de la propriété est encore à revoir parce que la science, la connaissance appartient à tout le monde puisqu'elle elle est en chacun. 
Internet en est le vecteur et ça, personne ne peut s’y opposer. Des gens comme Idriss Aberkane démontrent la valeur du partage de connaissances avec brio, il parle même d’économie de connaissances !...

On a coutume de considérer la méditation selon les traditions et d'imaginer que ça demande de s'asseoir en tailleur mais en fait le principe est simplement de porter un regard neutre sur ce qui est, sur ce qui se passe en soi, de focaliser l'attention à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur.
Cela peut se faire dans de nombreuses occasions et ça prend quelques secondes seulement. Ici il s'agit plus de prendre cette habitude de revenir à la paix, à ce désir de paix, de percevoir au-delà des pensées, des émotions, que de se positionner d'une façon particulière physiquement.  
C'est totalement différent de la rêverie ou du décollage mental, de la contemplation, qui sont plutôt des formes de relaxation mentale mais c'est une fuite face au ressenti. 

Quand on parle de s'écouter, de se tourner vers l'intérieur, ça ne veut pas dire non plus de se focaliser sur un endroit, un objet précis, une douleur ou une crispation mais là encore, de s'en détacher en observant avec neutralité et en suivant éventuellement les différents ressentis. 

Merci de laisser les références, les liens, si vous souhaitez diffuser cet article dans son intégralité et de mentionner aussi ce blog (http://lydiouze.blogspot.fr ) afin d’honorer l’expression unique de chacun.