mardi 29 septembre 2015

« Cultivons l’intelligence émotionnelle des enfants » selon Isabelle Filliozat





Je suis abonné à la lettre de psychologie.com depuis pas mal de temps mais comme la plupart des mails, je ne les lis plus ou seulement quand l’élan me pousse à le faire. 
Celui-ci est tout à fait synchrone avec la guérison de l’enfant intérieur qui est un passage nécessaire lorsqu’on a vécu un trauma ou simplement quand on n’est pas connecté à la joie, au vivant en soi, quand on veut être soi-même, fidèle à qui on est.

L’enfant intérieur est cet aspect de nous-même qui sait exprimer les émotions, qui rêve, qui prend la vie avec légèreté et insouciance. Mais la majorité des gens pour être en mesure d’affronter la dureté de la vie, se coupe de ses émotions, soit en les réfrénant, soit en les anesthésiant avec des médicaments ou autres psychotropes. Puis il y a ceux qui utilisent l’alcool, le shit, l’herbe, comme un moyen de lâcher tout ce qui est caché, retenu, contraint, un genre de soupape, une façon de décompresser.
Chacun trouve le moyen de contrôler, d’occulter ou d’éviter d’avoir à affronter les émotions désagréables et par ce fait se coupe de sa nature véritable, de son pouvoir créatif…
Le contrôle n’est pas la maitrise et on passe à côté de sa vie, jouant des rôles de mari, de femme, de fils ou de fille de, d’employé, endossant tour à tour à tour le rôle qui convient à la situation…
Pourtant il est possible de retrouver son intégrité en apprenant à gérer ses émotions, et ce qui suit peut être très utile pour savoir comment écouter, comprendre, éduquer l’enfant intérieur.


Il y a d’une part l’accueil de l’émotion puis un dialogue qui s’installe avec l’enfant en soi  permettant de retrouver toutes les qualités propres à l’enfance, de se connaitre ne profondeur, et de pouvoir ainsi exprimer sa propre vérité.
La vie devient alors beaucoup plus facile, épanouissante, magique même et les relations aux autres plus sincères, enrichissantes. On redevient soi-même à mesure que l’enfant en nous grandit et bénéficie de l’expérience de l’adulte ou de la sagesse innée qui n’est pas relative au nombre d’années vécues sur terre.
Dans les propos d’Isabelle Filliozat, il suffit de considérer l’adulte, comme la source intérieure (masculine et féminine), l’observateur bienveillant, et l’enfant comme la part de soi qui exprime les pensées émotions refoulées ou celles de l'instant.

Le jeu consiste à être à la fois celui/celle qui exprime la peur, la peine, la douleur, la colère et celui/celle qui accueille, (qui offre l’émotion à la source) qui observe sans jugement et laisse la sagesse interne éduquer l’enfant en soi.
Nous avons tous accès à cette sagesse lorsque nous venons au centre de l’être, pour y retrouver la paix.  




« Cultivons l’intelligence émotionnelle des enfants »
Propos recueillis par Flavia Mazelin Salvi

Écouter, accueillir et valider les émotions de ses enfants pour les aider à se construire, c’est l’un des fondamentaux de la parentalité positive, représentée en France par la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Explications et conseils.

Psychologies.com : "Pourquoi devons-nous accueillir les émotions de notre enfant ?"
Isabelle Filliozat : "Le sentiment d’identité se fonde sur la conscience de soi et de ses émotions. Si l’enfant n’a pas le droit d’exprimer ce qu’il ressent, si personne ne l’écoute dans ses larmes, dans ses rages, dans ses terreurs, ni ne valide ses sentiments, ni ne confirme que son ressenti est juste, alors il peut aller jusqu’à effacer la conscience de ce qu’il éprouve vraiment. Soit il ne ressent plus rien à l’intérieur de lui, soit il installe en lui une émotion « autorisée » à la place de sa vérité émotionnelle.

La parentalité positive propose le chemin inverse : écouter, accueillir et valider les émotions de l’enfant, pour l’aider à se construire en tant que personne et à exister en tant qu’individu
L’accompagnement de l’adulte lui est nécessaire pour ne pas être envahi et débordé par ses affects, pour canaliser son énergie, pour apprendre à exprimer ses besoins de manière socialement acceptable, pour savoir s’il ne se met pas en danger en se laissant aller à ce qu’il ressent.

Psychologie.com:"Les enfants expriment leurs émotions de manière très intense. Que faire, selon vous, face à un enfant en colère qui hurle, jette des objets ou se traîne au sol ? Faut-il tenter de le calmer ou le laisser se défouler ?"
Isabelle Filliozat: "Ni l’un ni l’autre. Ce que vous décrivez n’est pas de la colère, mais une crise due au stress, qui éclate souvent en fin de journée. Sous l’effet de trop nombreuses sollicitations, le cerveau « disjoncte ».

La crise se déroule en trois temps : l’enfant crie, puis tape ou lance un objet, et enfin pleure avant de revenir dans nos bras. Une intervention parentale peut stopper net la tempête électrique de son cerveau, mais cela ne signifie pas que la crise est passée. L’enfant s’est juste figé dans le stress, qu’il devra évacuer tôt ou tard. 
Le laisser se défouler sans intervenir n’est pas non plus une réponse satisfaisante. 
Les « Va dans ta chambre te calmer » ne marchent pas, car le cerveau émotionnel reste actif alors que le cerveau frontal est inactif. 
Or c’est lui qui nous permet de penser, d’anticiper, de décider. 
Il faut apprendre à l’enfant à se calmer, et non chercher à calmer l’enfant. 
Pour cela, on veillera d’abord à accueillir son émotion en reconnaissant son stress. 
Par exemple : « Tu as eu une dure journée. » 
Cet accueil, chez l’enfant comme chez l’adulte, a un effet apaisant. 
Il s’agit ensuite de l’aider à mettre des mots sur ce qu’il éprouve, car l’émotion est une réaction physiologique de l’organisme dont la fonction est de délivrer un message. Le rôle du parent est de l’entendre, de l’écouter pour que son enfant puisse en comprendre le sens et, progressivement, l’exprimer autrement.

Psychologie.com: "Comment l’aider au quotidien à développer cette intelligence émotionnelle ?"
Isabelle Filliozat: "Elle ne peut pas se développer si l’on pose à l’enfant des interdictions à longueur de journée. Ni si, à l’inverse, on adopte un comportement laxiste. Mais ne pas donner des ordres ne signifie pas tout permettre. 
Il s’agit de poser des questions, de délivrer des informations et d’exprimer des choix qui vont permettre à l’enfant de se sentir décideur, de favoriser ses ressources plutôt que de le contraindre dans des limites. 
Les enfants apprennent en nous imitant. 
C’est pourquoi il est préférable de vivre et de leur faire vivre ce que l’on veut leur enseigner, au lieu de les noyer sous un déluge d’explications, de consignes, de conseils. 

Mettre des mots sur ce que l’on ressent (« Je suis fatigué, triste, en colère »), les aider à en faire autant, les inviter à commenter ce qu’éprouvent les personnages du livre qu’on leur lit ou du film que l’on regarde ensemble, tout cela leur apprend à acquérir la compréhension et le vocabulaire du monde émotionnel. Et à se familiariser avec leurs propres émotions. 
Nous savons aussi que lorsque les besoins de contact de l’enfant ne sont pas suffisamment remplis, ses circuits cérébraux sont en manque : crises de rage, pleurs pour un rien, comportements excessifs sont autant de manifestations de détresse du système nerveux. Échanger des « Je t’aime », faire un câlin, jouer ensemble charge l’organisme en ocytocine, l’hormone dite « du bonheur ».

http://www.psychologies.com/Famille/Enfants/Epanouissement-de-l-enfant/Interviews/Cultivons-l-intelligence-emotionnelle-des-enfants