Bilou "la sauvage" à droite et Féliz à gauche, en pleine conversation ce matin... |
Un des principes fondamentaux de la communication
non violente est de ne pas juger autrui car ce jugement accule notre
interlocuteur et déclenche des réactions de fuite ou de défense.
Mais qu’en est-il des jugements que nous nous
portons intérieurement ?
Quand nous nous qualifions de nul, d’incompétent, de
peu téméraire, de moche ?
La CNV peut-elle nous venir en aide pour résoudre ces
conflits internes et trouver des solutions ?
Comment réagir quand plusieurs
voix discordantes s’élèvent dans notre tête et nous poussent vers la dépression
?
Voix
intérieures, dépression et CNV
Marshall
B. Rosenberg cite l’anthropologue Ernest Becker qui
attribue la dépression à des « alternatives bloquées par la fonction
cognitive ». Cela signifie que tous les jugements que nous nous
adressons nous font perdre le contact avec nos besoins et nous privent de la
possibilité de les satisfaire.
Afin
de rétablir le contact avec les besoins(1), Marshall B. Rosenberg conseille
d’abord de noter les voix qui s’expriment dans nos pensées afin de
reformuler leur discours façon CNV c’est-à-dire, avec ce modèle :
« Quand
…(un fait), je me sens … (sentiment) parce que j’ai besoin de…(expression du
besoin), c’est pourquoi je voudrais…(demande relative au besoin). »
Cette
tournure permet de se poser les bonnes questions, celles relatives à nos
besoins, et met un terme aux ruminations mentales.
L’exemple
que donne l’auteur est le suivant :
Une
femme sujette à une dépression participait à un stage CNV. Elle identifia le
dialogue interne qui se tenait en elle aux moments les plus douloureux de sa
dépression.
Deux voix s’élevaient :
Voix
1 (« femme professionnelle ») : je devrais faire quelque chose
de mieux dans ma vie. je suis en train de gâcher ma formation et
mes talents.
Voix
2(« mère responsable ») : tu n’es pas réaliste. Tu as deux
enfants et tu n’arrives déjà pas à assumer cette responsabilité, comment
veux-tu gérer autre chose ?
Appliquons
la CNV à ces voix :
Voix
1(« femme professionnelle ») : « Quand je passe tout ce temps à la maison avec les enfants sans exercer
ma profession (le fait), je me sens déprimée et découragée (sentiments)
parce que j’ai besoin de la satisfaction que me procurait mon métier (expression
du besoin). C’est pourquoi je voudrais maintenant travailler à
mi-temps dans ma spécialité (demande relative au besoin). »
Voix
2(« mère responsable ») : « Quand j’envisage d’aller travailler (le fait), je me sens
effrayée (sentiment) parce que j’ai besoin de savoir que les enfants
seront en de bonnes mains (expression du besoin). Donc, je voudrais
maintenant rechercher une garde de qualité pour mes enfants pendant que je
travaillerai et trouver le moyen de réserver assez de temps pour être avec eux
sans être fatiguée (demande relative au besoin). »
Ainsi,
la CNV transforme les jugements internes en objectifs concrets pour répondre
aux besoins insatisfaits.
Processus
d’apprentissage et ressources utiles
Je
conviens que cette démarche est loin d’être naturelle car elle nécessite de :
1)
identifier les voix discordantes et critiques (la méditation pleine conscience peut vous aider à cela).
Mais aussi la tenue d'un journal comme le préconise Christophe André, dans la vidéo suivante: « émotions antidotes contre la
rumination »
2)
nommer le fait déclencheur avec précision.
3)
distinguer et verbaliser le sentiment (ou l’émotion).
4)
reconnaitre et exprimer le besoin insatisfait à l’origine de l’émotion.
5)
formuler une demande sous forme d’objectif.
6)
s’appliquer à réaliser le(s) objectif(s).
(1) « Les besoins fondamentaux qui nous animent
tous » selon Marshall B. Rosenberg
Dans son livre « les
mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)« , Marshall B.
Rosenberg nous donne un précieux vocabulaire pour identifier et exprimer nos
besoins.
Le connaitre et l’utiliser, c’est s’assurer de
pouvoir les satisfaire, démarche essentielle dans la pratique de la communication
non-violente* et dans la gestion de nos émotions.
Les émotions sont en effet des voyants lumineux sur
un tableau de bord. Lorsqu’un voyant s’allume en rouge, un besoin n’est pas
satisfait. Les nier ou les réprimer, c’est s’exposer à des réactions
parfois destructrices, comme la colère.
Autonomie
·
Choisir
nos rêves, nos buts, nos valeurs
·
Choisir
des stratégies pour concrétiser nos rêves, nos buts, nos valeurs
Célébration
·
Célébrer
la vie et la réalisation de nos rêves
·
Célébrer
nos pertes : la perte des êtres proches, la non-réalisation de nos rêves, etc.
(le deuil).
Intégrité
·
Authenticité
·
Créativité
·
Sens
·
Estime
de soi
Interdépendance
·
Acceptation
·
Appréciation
·
Proximité
·
Communauté
·
Considération
·
Contribution
à l’enrichissement de la vie
·
Sécurité
émotionnelle
·
Empathie
·
Honnêteté
·
Amour
·
Réassurance
·
Respect
·
Soutien
·
Confiance
·
Compréhension
Nourriture
sur le plan physique
·
Air
·
Nourriture
·
Mouvement,
exercice
·
Protection
contre les formes de vie menaçantes : virus, bactéries, insectes, animaux
prédateurs
·
Repos
·
Expression
sexuelle
·
Abri
·
Toucher
·
Eau
Jeu
·
Amusement
·
Rire
Communion
d’esprit
·
Beauté
·
Harmonie
·
Inspiration
·
Ordre
·
Paix
La communication non violente selon son instigateur
et créateur, Marshall Rosenberg:
« Les jugements
portés sur autrui sont des expressions détournées de nos besoins inassouvis »
« La Communication Non Violente, c’est la
combinaison d’un langage, d’une façon de penser, d’un savoir-faire en
communication et de moyens d’influence qui servent mon désir de faire trois
choses :
--me libérer du conditionnement culturel qui est en discordance avec la
manière dont je veux vivre ma vie ;
--acquérir le pouvoir de me mettre en lien avec moi-même et autrui d’une
façon qui me permette de donner naturellement à partir de mon cœur ;
--acquérir le pouvoir de créer des structures qui soutiennent cette façon
de donner. »
Communication
non violente avec Marshall Rosenberg en français.1
Traduction et mise en ligne sur Youtube, Cédric Eulliot
Marshall
Rosenberg a construit la communication non violente (CNV) sur 4 bases :
OSBD
O
comme Observation
Observez mais ne faites pas de jugement de valeur et
ne généralisez pas.
» Tu es tout le temps en
retard/désagréable/triste ».
S
comme Sentiment
Exprimez ce que vous ressentez, partagez vos
émotions.
« Quand tu me parles ainsi, je me sens rabaissé
et triste. »
B
comme Besoin
Derrière chaque émotion, se cache un besoin
satisfait (sentiment positif) ou insatisfait (sentiment négatif).
Les besoins sont à la base de la CNV car « les
jugements portés sur autrui sont des expressions détournées de nos propres
besoins inassouvis ».
Les identifier, c’est s’inscrire dans une action
réparatrice.
D
comme Demande
C’est la dernière étape de CNV. Il s’agit d’exprimer
une demande.
N’attendons pas que les autres devinent nos besoins,
exprimons-les.
Ainsi nous évitons de porter des jugements hâtifs autant que
faux sur ceux qui nous entourent :
« Elle devrait comprendre que je ne vais
pas bien ! Nous vivons ensemble ! »
A cela, j’ajoute
(Lydia) ces deux vidéos de Byron Katie, très intéressantes qui illustrent
parfaitement la phrase de Marshall Rosenberg :
« Les jugements portés sur autrui sont
des expressions détournées de nos besoins inassouvis »
Byron
Katie - Ma mère est égoïste 1/2
Byron
Katie - Ma mère est égoïste 2/2
Évidemment, l’enfant intérieur réagit en entendant
cela, les croyances de la victime intérieure risquent d’émerger mais en le
rassurant, en se centrant, en se plaçant en observateur, une belle rencontre
entre la sagesse, l’adulte et l’enfant en soi, créé un sentiment de réconfort, d’intimité, de paix et de clarté
pour ces deux aspects internes.
(suite d'un des articles de Jeff) Je vous recommande d’écouter Isabelle Padovani pour
se libérer des jugements
Se
libérer des jugements : une vision non-duelle de la Communication NonViolente
Source
: Acheter sur Amazon et lire des extraits: "Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs"
Articles
compilés, lus sur le site :
http://anti-deprime.com
Merci
à Jeff, que je ne connais pas mais dont je lis les articles souvent très intéressants.
Je m’étais penchée avec intérêt sur le CNV mais ça demandait encore d’être
devant l’ordi, de lire afin de résumer pour aller à l’essentiel…bref, beaucoup
de boulot pour quelque chose que je fais ‘à ma façon’, intuitivement, par le
dialogue interne. Avec le risque de s’emmêler les pinceaux dans le processus
mais en affinant l’écoute et surtout la confiance en la sagesse intérieure, l’erreur
devient initiatique, la confiance en soi solide.
Merci de laisser les références, les liens, si vous
souhaitez diffuser cet article dans son intégralité, dans cette forme compilée et citer l’auteur de ce post : Lydia Féliz,
l’adresse du blog : http://lydiouze.blogspot.fr
puisque la recherche, la mise en page, la photographie, la signature, tout ça demande
du temps, de l’énergie, même si c’est fait avec passion.