Isabelle Padovani |
La façon dont les choses évoluent sur cette planète est le
résultat des prises de position conscientes, inconscientes et le reflet de la
façon dont chacun gère son monde intérieur. Cette affirmation est difficile à
accepter lorsqu’on est identifié uniquement à la personnalité mais quand on a
commencé à jouer la transparence vis-à-vis de soi-même et de son comportement,
on ne peut plus nier cette réalité.
Ces évènements sont des situations qui
réveillent la colère, la révolte, enfouies en chacun, ils révèlent la folie du
monde et les commentaires ne font qu’attiser la violence, l’incompréhension, la
confusion générale.
Quand c’est une catastrophe naturelle qui bouleverse l’humanité,
nous revenons à l’humilité, la conscience de nos limites, de nos
responsabilités et la culpabilité se guérit par des actes solidaires et
généreux.
Mais quand il s’agit de catastrophes perpétrées par des humains, c’est
la notion même de civilisation qui est remise en question. Ces actes extrémistes
sont alors l’occasion de reconsidérer le fonctionnement de la société.
Mais, ça
commence toujours par une révolte et la recherche de coupables. L’extrême
rejoint l’extrême, les pacifistes se lèvent contre les terroristes, les
opposants de tous poils entrent en conflit et les théories se succèdent.
Il est clair qu’au niveau individuel, chacun peut se sentir
touché au plus profond de ses valeurs puisque c’est exactement le sens de ce
genre d’évènements.
A moins de ne pas avoir de cœur, de tripes, on ne peut qu’en
sortir bouleversé.
Alors on a deux genre de réponses possibles ; soit on
va nourrir la violence en accusant, voire en réclamant le retour de la peine de
mort, pour assouvir le besoin de vengeance qui sera dissimulé derrière celui de
justice, soit on va venir en son cœur, l’écouter et lui faire confiance.
Il est évident qu’on ne peut pas connaitre la vérité à propos
des vrais « coupables » puisqu’en général, on abat purement et
simplement ce genre d’individu. On peut passer ses journées à lire les myriades
d’articles à ce sujet afin d’essayer de comprendre et de cette façon amplifier
le mal-être intérieur qui fait le jeu des puissants de ce monde. Un événement
spectaculaire permet d’accaparer les médias, l’opinion publique qui sera
jaugée, manipulée, des infos qui auraient fait scandale, peuvent passer inaperçues
comme le vote de lois qui restreignent les libertés.
Face à une telle confusion il est indispensable de venir au
centre de soi, d’observer ce qui
se manifeste à l’intérieur et de tout laisser
s’extérioriser, en respirant calmement.
Hier, je suis allée à la permanence de la sécu qui se situe
dans un bâtiment de la mairie, pour donner mon dossier de demande de
renouvellement de la CMU. J’ai attendu plus d’une heure avant d’entrer dans le
bureau de l’assistante sociale qui était de très bonne humeur comme chaque année !
Pendant qu’elle se plaignait que je sois venue lui donner le dossier au lieu de
l’envoyer par la poste, je riais intérieurement. L’année dernière, elle m’avait
sérieusement agacée par son manque d’amabilité, sa façon de traiter l’humain
mais je m’étais calmée en essayant de voir les choses de son point de vue. Elle
n’a fait que râler, monologuer et affirmer qu’elle était déterminée à assister
à la minute de silence proposée par le maire, à 11h50, devant la mairie.
Comme je suis sortie à ce même moment, je me suis assise
sur un banc, près des employés municipaux, ceux de la voirie et j’ai participé
à ce moment de silence partagé. Enfin, si on peut dire parce que les cloches de
l’église et celle d’un bâtiment municipal, certainement, n’ont pas fait cas de
ce vœu de silence.
Il y a avait quelque chose de comique dans la situation qui m’a
ouvert les yeux sur mes motifs réels.
Bien-sûr, je n’ai pas anticipé ni décidé
de participer à cela puisque j’ai suivi l’élan du moment. Et j’ai vu ce qui me
motivait au niveau égotique et spirituel.
Selon l’élan de mon cœur, je me suis
dit que si j’étais à cet endroit et à ce moment précis, ça n’était pas le fruit
du hasard.
Mais au lieu de m’attacher à l’idée que ma présence était requise
pour canaliser des énergies divines, je me suis observée honnêtement et j’ai pu
voir que mon ego avait besoin d’appartenance, de s’identifier à un groupe d’humain,
de se positionner en tant qu’artisan de la lumière et en défenseur de la
liberté d’expression.
J’avais une certaine fierté à afficher mon soutien et j’ai
même laissé la photocopie, distribuée par une employée de la mairie, « je
suis Charlie », sur le tableau de bord de la voiture. Je me suis dit que
le coût de l’opération était élevé vu le prix des cartouches d’encre !
Au
fil de la journée, j’ai pu accueillir les émotions suscitées par l’évènement et
ainsi relativiser les faits, revenir à ma propre et unique responsabilité.
Ma personnalité s’identifie encore à un groupe d’individus
et son origine remonte à mon adolescence. Mon père est dessinateur de bandes
dessinées et pour cette raison, j’ai été touchée intimement. Mon goût pour l’anarchie,
qui est, dans le vrai sens du terme, l’autonomie, la responsabilité et la souveraineté,
me rapproche aussi de ces personnes.
Cependant, en y regardant de plus près, honnêtement, je n’ai
pratiquement jamais acheté Charlie Hebdo que je trouvais justement « bête
et méchant » puis les dessins ne me plaisaient tout simplement pas.
Concernant la liberté d’expression, il est clair que rien ne peut m’empêcher de penser ce que je veux ni de le dire.
Mais, là encore, jouer la provocation ne peut mener qu’à la controverse, la
violence et la haine. Il n’y a rien de pédagogique à titiller les émotions des
gens, c'est une forme de manipulation facile. D’ailleurs ils affirmaient eux-mêmes leur statut de martyr et en riaient.
Dans tout cela qui est servi ? L’ego.
Le besoin de
reconnaissance, de laisser une trace dans l’histoire, des deux côtés, de tous côtés. Toutes
les réactions naissent de la peur, de l’ingérence intérieure et quand on vient
en son cœur pour entendre la voix de l’âme, on comprend que l’unique chose à
faire, c’est de rester soi-même, confiant, fidèle à son cœur.
J’ai donc décidé de ne plus m’occuper de cette histoire qui
finalement ne me concerne pas vraiment. Puis entre les explications fumeuses,
les soupçons de complot, les récupérations politiques et les véritables auteurs
des faits, puisqu’il semble que ceux qui ont tiré, sont de simples exécutants,
il y a de quoi devenir dingue à essayer de comprendre. Qu'ils soient manipulés par les gens de pouvoir, la CIA, les islamistes ou leurs propres ombres, ça les concerne, dieu seul le sait, comme disent certains. La question c'est de savoir si je me laisse manipuler par mes émotions en entrant en réaction.
Les larmes que j’ai versées depuis 48h n’ont pas une seule
origine. L’évènement a éveillé des émotions enfouies qui, ramenées à l’équilibre
dans le cœur, m’ont permis de libérer des croyances passées devenues obsolètes.
J’ai dit adieu à la rebelle, à tous les personnages extrémistes intérieurs
simplement en reconnaissant leur présence et le caractère dangereux de l’excès.
L’équilibre qui s’établit naturellement dans le cœur lorsqu’on se pose, qu’on
cesse de vouloir comprendre et qu’on se contente d’écouter, permet de voir les
jeux de l’ego.
Mais si je rejette ce que je vois, si j’accuse l’ego, si je
tente d’établir la justice selon mon raisonnement logique, j’agis exactement
comme ces gens, avec une violence froide vis-à-vis de ce que je juge en moi-même.
Depuis l’enfance, j’ai compris que la vengeance était un puits sans fond qui ne
résolvait rien, au contraire, ça ne fait que nourrir la violence intérieure et
extérieure.
Le monde et ses injustices, reflète exactement la façon
générale de chacun, de gérer son monde intérieur. Plus on va nier nos aspects sombres, parce qu’inconnus, plus on va les rejeter et plus on nourrit
le conflit en soi et les guerres dans le monde.
Bien que ça puisse paraitre
simpliste comme raisonnement, il est facile de le constater en étant
parfaitement honnête vis-à-vis de soi.
Selon les lois universelles, on sait que par la loi d’attraction,
nous attirons les énergies que nous portons en nous-mêmes, ce qui a pour effet
de les amplifier et de leur donner une forme dans la matière. Mais là encore,
cette info doit être amenée au cœur pour être comprise et utilisée à bon
escient, en conscience.
On sait qu’on récolte ce que l’on sème mais on oublie trop
souvent que notre inconscient est le principal semeur de notre terrain
intérieur. Ces graines semées en profondeur (parfois dans d’autres vies) et
nourries des mêmes énergies qualifiées de sombres parce qu’inconnues, vont s’épanouir
beaucoup plus vite que les graines semées en conscience qui plus est, abreuvées
de doute, en permanence.
On découvre de plus en plus les vertus des « mauvaises
herbes » qui s’avèrent pour la plupart, être des remèdes, des plantes qui
guérissent.
Ce simple constat devrait nous faire réfléchir quand à notre façon
de juger, sans savoir.
Nous qualifions souvent de « bien » ce qui
nous apparait ainsi mais si on creuse un peu, si on gratte le vernis, on pourra
constater que ce bien comporte aussi du « mal ».
Le monde des apparences est aussi illusoire que celui de l’ego
mais c’est un moyen de révéler la vérité de l’être.
Tout nous est donné pour
nous affranchir, pour nous permettre de nous libérer de l’illusion, de la peur
et de l’ignorance. Les énergies de la source nous aident en ce sens en nous
révélant nos ombres.
Puis depuis le cœur, on verra que celles-ci non seulement
n’ont rien d’effrayant mais qu’en plus, elles sont utiles. Ce qui les rend « dangereuses »
c’est justement le fait de les contenir, de ne pas vouloir les considérer. C’est
un comportement injuste qui créé une rupture, une scission en soi, que la
dualité renforcera naturellement.
A mesure que j’explore ce monde intérieur, je fais des
découvertes qui m’amènent à revoir toutes mes croyances. Puis en choisissant de
vivre à partir du cœur, je reconnais que tout ce que j’ai cru savoir, était
falsifié, filtré par mes propres peurs et croyances.
Maintenant, je veux juste voir ce qui est, sortir
définitivement de l’illusion, de mes propres illusions, me connaitre vraiment
derrière tous les masques. Tout ce que j’expérimente est une occasion de mieux
me connaitre de l’intérieur. Pour le moment, tout comme pour les événements de
ce 7 janvier, je me contente d’être à l’écoute, de gérer les émotions qui
émergent. Quand je dis gérer, il ne s’agit pas de trier, de choisir, de
contrôler ou même de maitriser mais d’extérioriser. D’apprendre à venir au cœur
en toutes circonstances et de le laisser gérer lui-même ce monde intérieur.
La confiance en la vie, en l’humain, en mon cœur et au
divin amplifie à mesure que je lâche prise, que je laisse le cœur agir, que je
cesse de juger, retenir, bloquer quoi que ce soit. Je ne crains plus l’excès ou
la déchéance à suivre mes élans puisqu’ils m’amènent toujours au cœur de ce que
je suis vraiment, à mon essence véritable.
Si je veux vivre dans un monde de paix, je viens en mon cœur
pour y trouver la paix.
Si je veux me sentir en sécurité, je libère les peurs qui
se manifestent.
Si je veux me connaitre vraiment, j’accepte tout ce que je vois
en dedans.
Si je veux ressentir l’amour, je fais retour au cœur et en
réintégrant un « défaut », un aspect fragile ou autrefois rejeté, je
peux sentir une joie subtile et un sentiment de plénitude.
Je l’ai déjà dit plusieurs
fois mais tant pis, un défaut est qualifié ainsi parce qu’il est excessif à cause du refoulement et qu’il est perçu
depuis l’ego.
Selon le cœur, lorsqu’il est amené à cet endroit, il va s’équilibrer
au niveau énergétique et apparaitre comme le contraire d’une vertu, son pôle
opposé et en laissant faire le cœur, les deux opposés qui se complètent au
point zéro, forment une danse portée par une nouvelle énergie d’unité.
Chaque fois que j’ai de la tendresse pour l’enfant
intérieur, que je regarde depuis le cœur, je peux sentir la puissance de l’amour
sans conditions, en faire l’expérience.
Chaque fois que je reconnais un des
multiples aspects de la personnalité et que je n’ai pas de mouvement de rejet,
j’expérimente la paix, l’unité, l’équilibre et l’harmonie.
Chaque retour au cœur
me ramène à la vérité de ce que je suis.
Chaque fois que ça remue en dedans, j’appelle mes corps (ce qui implique aussi le divin) à s’unir,
à être solidaires, à se compléter, à se soutenir mutuellement, à s’aligner à la
fréquence du cœur.
La paix, la sensation de puissance et d’intégrité se
manifestent alors.
Ces connaissances suffisent à mon bien-être et mon
épanouissement.
Selon la voix de mon cœur, le silence est maintenant requis
au sujet de ce qui s’est passé. L’objectif reste la transparence, le
dépouillement de tous les masques, des illusions et plutôt que de me
positionner d’un côté ou de l’autre, je reste centrée à l’intérieur et présente à mon corps physique.
Vous
pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien
modifier (sauf correction des fautes d'orthographe), de citer l’auteur :
Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr et ces trois lignes. Merci