Zdzislaw Beksins |
Voici venu le moment où notre centrage – entendez
par là notre capacité à demeurer au centre de nous en conscience de qui nous
sommes – va devoir faire ses preuves.
L’extérieur reflète bien les divisions intérieures.
Ce
qui se met en place dans la manipulation des foules, soigneusement planifié
depuis très longtemps, est arrivé dans une nouvelle phase de
déstabilisation qui amène dans un premier temps l’être dans un état
de réactivité émotionnelle. A ce stade, par pure identification, un égrégore puissant est créé qui nourrit les êtres qui l’ont voulu au plus haut
niveau.
Ceux nombreux qui s’identifient un peu partout aujourd’hui savent-ils
vraiment ce à quoi ils s’identifient en brandissant une pancarte commune ?
Les
évènements qui se succèderont auront pour objectif d’attiser la division –
donc le sentiment de séparation – jusqu’à la haine.
A cet ultime stade, l’être
touche inconsciemment au désespoir du sentiment de séparation et cherche
alors à adhérer au groupe qui le sécurisera. C’est là que le nouvel ordre tant
attendu par ceux qui l’ont fomenté pourra se mettre en place avec le soutien
ignorant du plus grand nombre. L’adhésion ou la non adhésion au groupe
déterminera notre liberté.
J’ai parlé il y a quelques années (déjà…) du chas de l’aiguille par
lequel nous sommes en train de nous faufiler. Que ce chas est étroit… C’est une
sacrée cure d’amaigrissement de l’égo qu’il nous a fallu tous entreprendre.
Pour autant, n’oublions pas que l’égo est une baudruche multivalves toujours
prompte à se regonfler par là où on l’attend le moins (voir ici).
Nous qui avons entrepris de nous libérer
devons nous revisiter en profondeur maintes fois et toujours sous les
angles inédits que notre Soi supérieur nous propose au quotidien. Tel est le
chemin de la connaissance de Soi. Je devrais dire, tel est LE chemin.
Il n’y en
finalement pas d’autre que celui de la connaissance de Soi, car là tout se
trouve, là tout se révèle, là s’offre la vision éclairée de toute chose, là se
découvre voile après voile le sens de l’unité et l’illusion de la
séparation.
Parce que finalement nous ignorons qui nous
sommes réellement alors que nos peurs nous séparent, nous
nous identifions toujours à quelque chose dont nous épousons la cause et
nourrissons la croyance par notre adhésion. Nous ne pouvons au mieux que
nous défaire de ces peaux que nous revêtons, au fur et à mesure d’une meilleure
connaissance de nous. Ce qui implique donc d’avancer non à travers de nouvelles
identifications qui se présenteraient sur le chemin – et il va s’en présenter
encore – mais en nous dépouillant pour n’être qu’un observateur
lucide et attentif qui nourrit sa maîtrise non par la recherche extérieure à
laquelle il s’identifierait encore, mais dans l’espace intime de son être où
l’amour de toute chose réside. Là il peut véritablement agir en conscience, si
cela lui est demandé ou si cela naît d’un plaisir nourrissant pour son âme.
Être dans ce monde mais pas de ce monde.
L’amour n’est pas ce concept mielleux souvent véhiculé
au sein des adeptes du New Âge et qui n’est rien d’autre qu’une stratégie
d’évitement de ses douleurs, propice à nous éloigner de notre libération de la
matrice à laquelle nous avons adhérée.
L’amour n’a rien de mielleux,
c’est la force suprême, parfois impitoyable, qui régit la Création et dont nous
ne sommes en aucun cas séparés. Il réside en nous et ne demande qu’à rayonner,
malgré les blessures et les peurs qui le masquent, nécessitant de ne pas
brûler les étapes.
L’épée de lumière ne se brandit pas avant d’avoir été
forgée, nombre de pèlerins l’ont oublié et se nourrissent de l’illusion de la
brandir, souvent à travers la force du groupe, qui s’autovalide par son souci
permanent de cohésion pour maintenir sa force et son pouvoir, et dont il
convient pourtant de se défaire (lire Michael Brown). Je
l’ai dit et redit et le répète encore, c’est un chemin éminemment solitaire, où
les aides sont acceptables tant que l’on ne joue pas le jeu de l’adhésion au
chemin d’autrui, tant que l’on n’est pas dupe des jeux de pouvoir plus ou moins
conscients qui s’exercent en toute communauté qui éprouve le besoin
d’elle-même.
De même, vouloir aider autrui d’après ce que l’on croit et
même si on nous le demande ne nous oblige pas à nous investir d’un
rôle d’enseignant ni encore moins de marchand et ne nous astreint pas à
présenter une image de l’impeccabilité.
Nicholas Roerich |
Nous sommes de passage et rien d’autre que de passage.
Est-ce pour laisser une trace en ce monde ? Non. Seuls les égo espèrent qu’on
se souviendra d’eux. Nous passons pour ne laisser justement aucune trace,
aucune empreinte, rien qui nous enferme une fois de plus ici-bas.
Si nous nous défaisons de nos programmes
en ce périple très formateur, nous devenons une faille par
laquelle s’engouffre l’inconnu au cœur d’un hologramme défini par
l’adhésion que la communauté humaine lui accorde. Ce qu’est cet inconnu n’est
rien d’autre que l’amour débarrassé des conventions humaines à son sujet et des
croyances que nous avons de le voir rayonner là où seuls nos espoirs
maquillent son absence. Même là pourtant, dans le vif de la
blessure, l’amour n’est pas absent, il épouse au plus juste le jeu de
rôle qui convient pour nous conduire à le révéler.
Nous sommes filles et fils de la Terre et du Ciel,
nous sommes le Haut et le Bas, le Très Haut et le Très Bas, unis dans la forme
et au-delà de toute forme. Nous avons donné des noms pour jouer le jeu de
l’identification et là nous avons commencé à nous séparer. Nous sommes des
fractions illustrant une part séparée du Tout dans une matrice pratiquement
close qui est notre terrain de jeu.
Nous y créons tout en inconscience jusqu’à
apprendre à créer tout en conscience. L’expérience peut potentiellement
s’arrêter pour chacun à tout moment.
Elle va de toutes façons s’arrêter dans
cette forme pour tous d’ici peu, et s’il est certain que chacun vivra ce qu’il
appelle à lui selon ce qu’il vibre, quiconque en revanche affirme pour tous
comment les choses se dérouleront n’est lui-même que la proie de son égo qui
œuvre à créer sa réalité en espérant la projeter sur autrui.
Collectivement, c’est à dire pour tous ceux qui
adhèrent à une croyance de communauté et vibrent à l’unisson avec elle, quelle
que soit la taille du groupe, la philosophie exprimée ou les peurs
sous-jacentes qui maintiennent sa cohésion, c’est la croyance dominante du
groupe – l’égrégore – qui déterminera leur vécu.
Individuellement, pour les
êtres qui ont suffisamment cheminé pour ne plus léguer leur pouvoir à autrui –
autrui étant un groupe, un gourou, une religion, un parti politique, un État,
une lignée, leur femme, leur mari, leur père, leur mère, leur voisin… – et qui
ne s’identifient plus à une empreinte – des mémoires, des traumas, un sentiment
d’appartenance, des résurgences émotionnelles… – pour ceux-là personne ne peut
dire ce qu’il adviendra car à ce stade chacun suit librement son propre
trajet. Seul l’égo cherche toujours à prévoir, sur le lit de ses peurs encore
vivantes.
L’adhésion, c’est la version de l’identification de
celui qui nourrit sa dépendance dans le soutien d’autrui. Celui-là cherche
seulement la main qui le conduit et le rassure, l’aile sous laquelle il se
sent plus en sécurité. Celui-là donne son pouvoir, devient dépendant et se
ferme à sa voie de libération, croyant que l’autre, le groupe, le retour d’un
Messie, le nouvel ordre mondial, l’arrivée des frères des étoiles ou
l’intervention de ne je ne sais quelle Fraternité travaillant pour eux, va
l’entraîner dans son sillage. Ça n’est pas faux, sauf que c’est le sillage d’un
chemin ne menant pas là où il croit aller.
L’adhésion, c’est aussi celle à un
système de pensée ayant sa forme de logique, une croyance. A nouveau on
est de ce monde et pas seulement dans ce monde.
Identification et retour à la
case départ. Tout se façonne autour de cela.
Il ne s’agit pas de fuir toute
adhésion à ce qui nous semble sonner juste chez autrui, ce serait absurde et
d’ailleurs contradictoire car de quoi encore aurait-on peur ? Il s’agit de
ne pas disperser notre énergie et de ne pas faire de cette adhésion une
identification, ni de la prolonger en un refuge collectif. (lire Krishnamurti).
En ce subtil jeu de mikado que nous démêlons, tout est
l’occasion d’aller au contact le plus intime de ce que nous ressentons derrière
ce que nous croyons ressentir. C’est un examen qui demande de la fermeté avec
soi, beaucoup de rigueur et qui n’est pas toujours facile car c’est un exercice
dont la difficulté est proportionnelle à la force du mental qui s’y oppose.
Mais
il n’y a pas d’autre manière de faire qui ne soit trompeuse et matière à
alimenter notre mental au détriment de l’ouverture de notre cœur.
Lorsqu’on touche à nos blessures primordiales nous
avons grand mal à exercer notre discernement, nous perdons de notre
lucidité, nous nous masquons la réalité de ce qui reste encore en nous et que
l’on croyait guéri et, à fortiori, ce que nous n’avions pas encore vu. Au
mieux, nous nous contentons alors d’analyser avec justesse ce qui se passe,
mais seulement jusqu’au degré qui précède la pleine lucidité, tout en croyant
avoir totalement approfondi le sujet. J’en sais moi-même quelque chose pour
avoir l’avoir vécu et le vivre encore régulièrement. Comment éviter cela ?
Peut-être justement en ne s’identifiant pas à ce que nous croyons alors de nous
en cet instant, en acceptant d’envisager que nous ne sommes pas allés assez
loin dans notre exploration, en jouant le jeu de déceler le voile qu’il
reste à lever alors que nous avons l’impression qu’il n’y en a plus. Bref, en
n’étant sûr de rien et en l’acceptant sereinement, jusqu’à remettre si
nécessaire en cause nos fondements.
Rose Gicquiaud |
Nous sommes une énergie toujours en mouvement et par
nature propre à capter tout ce qui nous traverse, sous forme de ressentis, de
pensées, de sentiments, parfois de visions ou d’autres perceptions
extrasensorielles.
Qu’est-ce là-dedans qui nous appartient vraiment ?
Et
d’ailleurs quelque chose nous appartient-il vraiment ?
Sommes-
nous ce qui nous traverse ?
Pouvons-nous juste vivre le
sentiment d’être là et accepter que nous n’en savons pas plus ? A partir de là
pouvons-nous juste ressentir la simplicité de notre condition empêtrée par tant
de constructions issues de notre ignorance des mécanismes profonds de la vie,
de nos souffrances et de nos conditionnements qui sont autant de programmes
implantés sur notre virginité primordiale ? Pouvons-nous finalement être
le virus qui va désactiver définitivement tous ces programmes ? Juste en
retrouvant le chemin de notre innocence ?
Notre innocence n’est pas loin, elle est juste
brouillée par l’illusion faite d’identification et d’adhésion que
nos programmes ont créée dans leur virtualité.
Il n’y a aucune différence
entre ce que nous avons vécu jusque-là et ce que vit un adolescent addict au
jeu vidéo qui hante ses jours et ses nuits. Comme nous à un autre niveau, il
est totalement identifié à son rôle dans le jeu et adhère totalement à la
réalité de cet univers et de ses règles, au point de n’accorder au reste que la
valeur d’une parenthèse en-dehors de la réalité.
Aujourd’hui plus que jamais, grâce à l’énergie dont
nous bénéficions, nous avons la capacité de sortir de l’illusion, pour peu que
nous acceptions de poursuivre en nous avec ténacité, rigueur et sans
concessions, mais toujours avec bienveillance, tout espace d’inconscience qui
se manifeste à travers nos attitudes, nos paroles, nos postures, mais aussi
l’énergie que nous mettons dans ce que nous faisons, ce que nous disons,
et qui n’est parfois perceptible que par l’autre, juste devant nous, qui va
nous le dire sans jugement et sans résonance en lui s’il a fait lui-même le
travail, ou qui va y réagir par résonance s’il ne l’a pas fait.
Il faut aller au bout du bout de ce processus, il n’y
a pas d’échappatoire qui mène à la libération. Tout autre chemin que cette
rigueur implacable quoi que bienveillante avec nous-même, nous dissimule encore
à nous-même. Ce n’est peut-être pas plaisant à entendre, cela ne cadre pas
avec les discours qui nous disent qu’il n’y a pas à se fatiguer, que
d’autres travaillent pour nous, mais si l’on a fait le choix de se libérer, si
l’on a pris le sentier escarpé, les obstacles et les tentations de s’en
éloigner sont nombreux.
C’est pourquoi nous devons renouveler en
permanence le choix du chemin sur lequel on s’est engagé, sans s’identifier à
quoi que ce soit, sans se laisser embarquer émotionnellement dans les
dramaturgies organisées du monde, sans non plus se prendre au sérieux et en
appréciant l’humour et la joie que la vie nous offre au-delà des tourments
illusoires.
J’ai écrit un jour que personne ne serait laissé sur
le bord du chemin et je le pense toujours, mais cela ne veut pas dire qu’on ne
peut pas se laisser tout seul au bord du chemin… Chacun a toujours le choix de
croire qu’on va le prendre par la main ou celui de grandir.
Fraternellement,
© Le Passeur – 9 Janvier 2015 – http://www.urantia-gaia.info > Cet
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