mardi 9 décembre 2014

« Le chant de la Grâce » par Alain Degoumois





Au-delà des apparences visibles se tient quelque chose qui n’est pas visible avec les yeux.
Au-delà du langage se tient quelque chose qui n’est pas accessible avec les mots.
Au-delà de l’écriture se tient quelque chose qui échappe aux phrases.
Au-delà de tous les enseignements de sagesse se tient une sagesse qui échappe aux enseignements.
Au delà de tout ce que l’on peut dire, lire, croire ou répéter, réside quelque chose qui est de l’ordre de la Grâce.
La Grâce ne nous appartient pas. Elle ne peut être ni saisie ni asservie. Elle arrive comme un voleur…
Ce qui nous appartient uniquement, c’est notre façon d’être présent à nous-mêmes, de nous écouter et de nous pardonner. Laisser tout ce qui remonte à nous s’exprimer, avec compassion, sans attachement. Laisser nos nébulosités remonter à la clarté de notre conscience.
Être tout simplement le spectateur compatissant et attentionné de soi-même.
Accepter et pardonner, s’accepter et se pardonner.
Apprendre à nous connaître en nous autorisant nos imperfections, nos colères, nos peurs et nos rancœurs.
Car c’est en autorisant nos rancœurs que notre cœur se rend à nous…


Notre humanité a longtemps connu la sécheresse. Nos pas ont souvent foulé une chaussée sèche et aride. Non que nous vivions dans des paysages de sécheresse et d’austérité, mais parce que nous avions oublié de nous abreuver aux instances de l’Être.
Nous ne mourions pas de soif, parce que nous vivions dans des lieux d’abondance, mais nous étions assoiffés de l’intérieur et étouffions d’être étranger à nous-mêmes.

Et c’est encore, à ce tournant d’histoire que nous traversons, le même défi qui nous vient…

A ce défi ont répondu présent nombre d’enseignants, philosophes, métaphysiciens, artistes et scientifiques de tous horizons.
Et c’est sur la corde tendue d’une humanité qui se cherche, qu’ils enseignent, par-delà les mots et les grandes théories, que le monde entier des choses visibles et invisibles est empli d’une Grâce silencieuse qui ne se révèle qu’aux signes de l’humilité.
Ils enseignent, le plus souvent sous le sceau du silence, habillé d’un vêtement d’invisibilité, pour semer sur nos sentiers les fleurs de l’émerveillement.

Et j’en confesse, ce chemin fût le nôtre. Nous en fûmes tous les témoins et les acteurs.

Sur ce chemin, nous avons croisé des montagnes de questions ouvrant des vallées de réponses. Nous avons développé des rouleaux de formules magiques pour tenter d‘effacer nos angoisses et nos peurs.

Mais voilà que toutes ces constructions mentales édifiées sur la berge de nos croyances se heurtent aujourd’hui au ressac d’un océan qui reprend ses droits et brise le mur de nos certitudes.

Flux et reflux de l’océan sur les berges de nos croyances,

Flux et reflux de l’océan sous les oraisons du grand rire cosmique…

Flux et reflux de l’océan sous le souffle de la Grâce…

L’homme d’aujourd’hui a un défi à relever : celui de s’accepter, de se pardonner et d’apprendre qui il est.
Car c’est dans le champ social une grande montée de violence et de colère qui déborde de toutes parts. Une violence qui cherche des prétextes à la violence. Violence contre le monde, mais surtout violence de l’homme contre lui-même.

Si les prétextes de la colère sont nombreux, la source de toute colère reste la même : une renaissance qui passe par une profonde crise identitaire.

A ce titre, les sujets de réflexions « Qui-es-tu ? » et « Connais-toi toi-même » ne sont pas des sujets vains. Ce sont des sujets souverains. Si ils avaient trouvé écho dans les enceintes scolaires, le monde serait différent, radicalement différent.
Ces sujets ont traversé les civilisations. Ils restent pratiquement le seul héritage philosophique légué par l’histoire.

Mais ces sujets sont restés adolescents et n’ont jamais trouvé leurs véritables déploiements dans nos consciences.
Parce que dérangeants, ces sujets sont restés cachés, étouffés et montrés du doigt comme les fils indignes de notre civilisation.

Mais ils n’en restent pas moins des sujets de fond qui nous concernent tous.
Ils permettent de prendre conscience que nous sommes chacun la solution…

Ils permettent de prendre conscience que nous sommes ceux que nous attendons…