Au-delà des apparences
visibles se tient quelque chose qui n’est pas visible avec les yeux.
Au-delà du langage se tient
quelque chose qui n’est pas accessible avec les mots.
Au-delà de l’écriture se tient
quelque chose qui échappe aux phrases.
Au-delà de tous les
enseignements de sagesse se tient une sagesse qui échappe aux enseignements.
Au
delà de tout ce que l’on peut dire, lire, croire ou répéter, réside quelque
chose qui est de l’ordre de la Grâce.
La Grâce ne nous appartient pas. Elle ne peut
être ni saisie ni asservie. Elle arrive comme un voleur…
Ce qui nous appartient uniquement, c’est notre
façon d’être présent à nous-mêmes, de nous écouter et de nous pardonner.
Laisser tout ce qui remonte à nous s’exprimer, avec compassion, sans
attachement. Laisser nos nébulosités remonter à la clarté de notre conscience.
Être tout simplement le spectateur compatissant
et attentionné de soi-même.
Accepter et pardonner, s’accepter et se
pardonner.
Apprendre à nous connaître en nous autorisant nos
imperfections, nos colères, nos peurs et nos rancœurs.
Car c’est en autorisant nos rancœurs que notre
cœur se rend à nous…
Notre humanité a longtemps
connu la sécheresse. Nos pas ont souvent foulé une chaussée sèche et aride. Non
que nous vivions dans des paysages de sécheresse et d’austérité, mais parce que
nous avions oublié de nous abreuver aux instances de l’Être.
Nous ne mourions pas de soif,
parce que nous vivions dans des lieux d’abondance, mais nous étions assoiffés
de l’intérieur et étouffions d’être étranger à nous-mêmes.
Et c’est encore, à ce tournant
d’histoire que nous traversons, le même défi qui nous vient…
A ce défi ont répondu présent
nombre d’enseignants, philosophes, métaphysiciens, artistes et scientifiques de
tous horizons.
Et
c’est sur la corde tendue d’une humanité qui se cherche, qu’ils enseignent,
par-delà les mots et les grandes théories, que le monde entier des choses
visibles et invisibles est empli d’une Grâce silencieuse qui ne se révèle
qu’aux signes de l’humilité.
Ils
enseignent, le plus souvent sous le sceau du silence, habillé d’un vêtement
d’invisibilité, pour semer sur nos sentiers les fleurs de l’émerveillement.
Et
j’en confesse, ce chemin fût le nôtre. Nous en fûmes tous les témoins et les
acteurs.
Sur
ce chemin, nous avons croisé des montagnes de questions ouvrant des vallées de
réponses. Nous avons développé des rouleaux de formules magiques pour tenter
d‘effacer nos angoisses et nos peurs.
Mais
voilà que toutes ces constructions mentales édifiées sur la berge de nos
croyances se heurtent aujourd’hui au ressac d’un océan qui reprend ses droits
et brise le mur de nos certitudes.
Flux
et reflux de l’océan sur les berges de nos croyances,
Flux
et reflux de l’océan sous les oraisons du grand rire cosmique…
Flux
et reflux de l’océan sous le souffle de la Grâce…
L’homme
d’aujourd’hui a un défi à relever : celui de s’accepter, de se pardonner et
d’apprendre qui il est.
Car
c’est dans le champ social une grande montée de violence et de colère qui
déborde de toutes parts. Une violence qui cherche des prétextes à la violence.
Violence contre le monde, mais surtout violence de l’homme contre lui-même.
Si
les prétextes de la colère sont nombreux, la source de toute colère reste la
même : une renaissance qui passe par une profonde crise identitaire.
A ce
titre, les sujets de réflexions « Qui-es-tu ? » et « Connais-toi
toi-même » ne sont pas des sujets vains. Ce sont des sujets souverains. Si
ils avaient trouvé écho dans les enceintes scolaires, le monde serait
différent, radicalement différent.
Ces
sujets ont traversé les civilisations. Ils restent pratiquement le seul
héritage philosophique légué par l’histoire.
Mais
ces sujets sont restés adolescents et n’ont jamais trouvé leurs véritables
déploiements dans nos consciences.
Parce
que dérangeants, ces sujets sont restés cachés, étouffés et montrés du doigt
comme les fils indignes de notre civilisation.
Mais
ils n’en restent pas moins des sujets de fond qui nous concernent tous.
Ils
permettent de prendre conscience que nous sommes chacun la solution…
Ils
permettent de prendre conscience que nous sommes ceux que nous attendons…