mardi 30 décembre 2014

« Identités multiples unifiées »





Je n’ai pas envie de bouger aujourd’hui et pourtant, je dois m’occuper de la paperasse. Il n’y a pas vraiment urgence mais j’aime mieux régler les choses au plus vite de façon à être tranquille, à ne pas risquer d’oublier. J’ai beaucoup progressé à ce niveau là ! Je ne pouvais m’identifier à un numéro, un genre, à mon nom de famille, mon lieu de naissance et tout ce qui s’y attachait. C’était pour moi totalement réducteur et à côté de la réalité, celle de mon ressenti, et cela avant même que je m’intéresse à la spiritualité, du moins telle que vécue sur terre, que je ne m'y retrouvais pas.
Maintenant que j’ai fait la paix avec mon passé, ma famille, et que je sais sans aucun doute qui je suis réellement, même si je ne peux le définir précisément sans me heurter aux limites crées par le fait de nommer, d’étiqueter, ce volet administratif, la façon dont la société m’a rangé dans une case, ne me dérange plus puisque ça n’est qu’une facette de ce que je suis en réalité, en totalité. Ce ne sont plus l'extérieur ni mes choix de vie qui me définissent
A la question qui suis-je, se succèdent une série de réponses qui en s’ajoutant forment un ensemble qui me caractérise. S’identifier à un seul de ces aspects revient à s’amputer, à se renier, à limiter son potentiel et ça créé une sensation de petitesse, de manque/besoin, de confusion, d’impuissance et de division qui amène à croire que l’autre, l'inconnu, est un ennemi potentiel.


Quand je vois comment les gens se déchirent pour défendre leur point de vue, s’accrochent à leur identité qu’ils définissent selon leur lieu de naissance, leur religion, leur rôle en tant que parent, citoyen, leur apparence…je ne m’étonne pas qu’il y ait encore des guerres.
Même quand on est marginal, on se situe contre la majorité en adoptant des codes vestimentaires, en défendant nos convictions, en s’accrochant à nos croyances avec zèle et finalement on joue aussi un rôle. On se définit selon nos croyances, on s’identifie à ce que l’on croit être juste, valable et on rejette tout ce qu’on juge inadapté. 
Et c’est encore pire lorsqu’on s’identifie au divin tel qu’on se l’imagine, tel que l'enseignent les églises ou le mouvement New-âge.
Chaque croyance nous relie à un égrégore spécifique qui va amplifier notre identification à un aspect choisi de l’être, au mépris de notre individualité. On s’identifie à nos préférences et on va aller vers ceux qui nous ressemblent pour se sentir intégré. Mais le seul fait de s’identifier à un aspect séparé de soi, nous coupe de la réalité, de notre multidimensionnalité et nous formate.

Pourtant quand on vient en son cœur, quand on écoute ses envies, quand on suis ses élans, sans chercher à lutter contre ceux qu’on pourrait juger négatif ou destructeur, on commence à goûter à la liberté d’être et à la détente intérieure, la paix. 
Chaque facette de soi reconnue, réintégrée, nous amène à l’unité, la complétude de l’être.
Et quand on cesse de lutter intérieurement, tout s’équilibre naturellement, sans que le mental ait à sous-peser, évaluer et choisir. 
Car c’est là le problème, le mode de fonctionnement du mental qui évince, élimine, choisit. Or quand on choisit, on se focalise sur un aspect d’une chose, on rejette son opposé et le déséquilibre s’installe.
Le cœur ne procède pas de cette façon, il ne rejette rien, il harmonise les contraires qui apparaissent alors comme complémentaires. On comprend que le bien et le mal sont deux points de vue opposés d’une même chose, les pôles négatifs et positifs. Si on trace une ligne et qu’on y met à chaque extrémité une vertu et un défaut, on voit qu’en se situant au centre, les deux pôles s’équilibrent mutuellement. 
L’empathie dans son pôle négatif est l’oubli de soi et dans son aspect positif, l’ouverture. Depuis le cœur, le centre de soi-même, on se situe dans le juste milieu, on est capable de communier avec l’autre sans se perdre. Mais ça n’est pas le mental qui peut réaliser cet équilibre puisque son point de vue est trop limité et donc incomplet. Sa façon de compartimenter enferme la personnalité dans la dualité.

Choisir selon le raisonnement du mental nous limite dans son cadre et ne laisse aucune place à la vie finalement, à l’inattendu, l’incroyable, le merveilleux. Le mental est un outil de perception relatif au cinq sens et sa fonction se limite à la définition et à la sélection. 
Il est en sécurité dans un monde aseptisé, contrôlé et si possible immobile. Il voudrait que rien ne change, que tout soit durable, immuable, que rien ne dépasse de son cadre, de sa compréhension, de ses convictions, que rien ne vienne bousculer ses certitudes…

Or la vie c’est exactement le contraire, ça change sans arrêt, ça évolue, ça bouge, ça innove, ça bouscule, c’est éphémère et fragile. Pour le mental, c’est insupportable et ça l’oblige à créer des limites, des règles, des repères, qui sont autant sécurisant qu’emprisonnant.

Le cœur perçoit l’invisible et sa vision élargie ajoutée à sa capacité de communier qui ouvre les portes sur d’autres dimensions, en font un révélateur. 
Il n’a pas besoin de comprendre, de nommer, puisqu’il sait, il ne cherche pas à diviser mais à unir, à absorber, recycler, équilibrer. 
Il fait avec ce qui est, et ne tente pas de changer mais simplement d’aimer. 
Il montre les choses telles qu’elles sont, sans juger, sans évaluer ni rejeter. 
Pour le mental, c’est affolant mais comme il goûte les énergies que le cœur déverse sur lui et que ce dernier l’accepte tel qu’il est, il commence à lâcher la peur et le besoin de diviser, de contrôler. Il retrouve peu à peu sa fonction originelle et sa place.

Hier, j’ai téléphoné à ma mère pour lui souhaiter un bel anniversaire en compagnie de ma sœur qui passe la semaine chez elle. L’adulte que je suis, a choisi de passer cette période seule, enfin je devrais dire avec moi-même mais connaissant les blessures de l’enfant intérieur, je lui ai demandé ce qu’il pensait de la situation et comment il réagissait aux propos de ma mère, je cite : « Tu vas nous manquer, ben oui, on ne sait pas quoi faire comme dessert ! » Je suis la plus gourmande enfin celle qui aimait le plus, le sucre, la pâtisserie, dans la famille et cette étiquette collée depuis l’enfance continue de me définir à leurs yeux.
L’adulte entend une expression maladroite de l’amour maternel mais l’enfant, comment le perçoit-il ? Je lui ai donc posé la question et j’ai accueillie tout ce qu’il exprimait. 
Au niveau mental, pas grand-chose et au niveau émotionnel, ça n’a pas été violent. 
Il y a eu de la tristesse mais pas de sentiment d’injustice. Je lui ai dit mon point de vue et des larmes de gratitude sont montées.

« On aurait pu y aller aussi mais j’ai choisi d’être avec toi, de passer cette période en famille, avec celle que nous sommes intérieurement et celle que je, que nous nous sommes choisie, la chienne et les deux chats. 
Je suis là pour toi, tu es précieux à mes yeux et mon objectif, c’est que tu te sentes en sécurité, aimé, choyé et libre de t’exprimer. Notre mère, la terre, est là, bienveillante, aimante, elle nous porte, nous donne la possibilité d’exister dans la chair, de faire l’expérience des retrouvailles, de l’unité, elle nous couvre de cadeaux, soutien notre existence à chaque instant, vibre son amour, son énergie, sa lumière, afin que nous puissions créer dans la matière. Notre âme nous guide, nous éclaire et nous relie au passé, à nos nombreuses vies et tous leurs acquis. Elle est un pont entre l’humain et le divin, elle nous relie à la conscience Une, à notre présence divine, à la source. 
Nous formons une famille universelle, unie par l’amour inconditionnel et soutenue par nos parents invisibles, divins et cosmiques. 
Je suis heureuse de te connaitre, de te reconnaitre et de constater que tu es intact malgré les blessures et traumas. Que l’attention et la tendresse que je t’offre effacent le passé et te permette d’exprimer la joie de vivre. Merci d’amener tes énergies si spéciales et précieuses dans la co-création du quotidien ».   

Notre plus grand pouvoir est celui d’aimer sans conditions mais pour le reconnaitre, il faut le manifester vis-à-vis de soi-même, en faire l’expérience à l’intérieur, en ouvrant son cœur afin qu’il réunifie tous les aspects éparpillés, rejetés ou inconnus. Restaurer l’amour en soi par l’acceptation de tout ce qui se manifeste intérieurement, permet de ressentir son mouvement, sa présence.

L’enfant intérieur est l’aspect le plus libre de soi, celui qui n’hésite pas à exprimer ce qu’il pense et ressent mais on a tendance à le faire taire. 
Pourtant il possède les clefs de notre cage, de notre prison mentale. 
Un enfant qu’on bâillonne va se débattre, crier, bousculer de l’intérieur, émotionnellement, les énergies contenues vont exploser à force d’être bridées et l’adulte que nous sommes sera submergé, balloté au gré des humeurs. 
En toute logique, il se rebellera jusqu’à ce qu’on se tourne vers lui. Il faudra faire preuve de patience, d’ouverture, d’écoute, pour l'apprivoiser. Accueillir toutes les émotions qu’il exprime afin de rétablir l’équilibre, la santé dans tous les corps.

Quand on nettoie le corps émotionnel quand on libère les blocages énergétiques que le refoulement, le déni ont créé, on se rend compte que l’enfant intérieur est un messager, qu’il exprime ce qu’on a occulté mais que ça ne l’affecte pas, au contraire, ça lui permet de faire entendre aussi  les désirs de l'âme, du cœur. C’est le fait de croire qu’il est blessé, soufrant, incontrôlable, inquiétant, qui nous empêche d’oser le regarder en face. Son caractère spontané nous effraie parce qu’on a besoin de contrôler les choses.

On veut s’identifier uniquement à ce qu’on pense être beau, bon et valeureux et pour cette raison, on pense qu’on est incomplet, qu’il nous manque quelque chose. On croit manquer parce qu'on ne regarde pas tout ce que l'on est et qu'on rejette des aspects de soi. Ce point de vue de l’ego nous maintient dans l’ignorance de notre vraie nature tant humaine que divine.
Le besoin d’identification est absorbé dans l’amour inconditionnel de soi, dans le cœur qui nous permet de communier avec le divin. Accepter tous les personnages intérieurs restitue leur énergie équilibrée. Chaque émotion accueillie est libérée de sa charge énergétique, elle s’équilibre, s’harmonise avec son contraire. La tristesse ne se transforme pas en joie, elle est absorbée dans l’amour et sa libération procure un sentiment de bien-être dû au fait de ne plus la subir. Elle est perçue autrement lorsqu’elle est passée dans le cœur. Elle n’apparait plus comme un poids mais un comme un indicateur, un appel à revenir au cœur afin de se reconnecter à l’être, de retrouver le sens de notre véritable identité. 
Une fois que l’on retrouve la sensation de l’énergie divine, la tristesse n’a plus lieu d’être mais on n’a pas cherché à la faire disparaitre, l’amour divin l’absorbe sans qu’on ait à le vouloir. 
Notre attention a tout simplement changé de direction, la focalisation au centre de soi, dans cet espace neutre et libre, nous rappelle qui nous sommes intimement et ça suffit à calmer le jeu des questions, la quête existentielle. C’est un détachement de la réalité visible qui n’est pas une fuite mais un ajustement, un alignement à la fréquence de l’être, qui remet tout à sa juste place.
On sait que notre véritable nature est au-delà de tout et en même temps qu’elle est ce tout. La réalité visible devient complémentaire, s’ajoute à la vérité éternelle de l’être, de l’étincelle divine qui est reconnue comme originelle. 
Cette connaissance intime permet de relativiser considérablement tout ce qui est vécu dans cette dimension sans pour autant nous en extraire.
  

Vous pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien modifier (sauf correction des fautes d'orthographe), de citer l’auteur : Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr  et ces trois lignes. Merci