Oleg K. |
Tout se désagrège, la façade s’écroule et je commence à m'habituer à la sensation de vide ressentie depuis quelques temps. De toute façon,
je n’ai pas le choix. Tout m’échappe et la motivation à agir ne vient toujours pas. Je suis au fond du fond, mais l’obscurité me laisse
indifférente. Je n’ai plus envie de rien, c’est comme si le temps s’arrêtait.
Les vertiges ne m’affolent pas et la sensation de flotter dans le vide est récurrente.
Il n’y a pas d’émotion désagréable ou « négative » mais un je m’enfoutisme
général. Mes nuits sont longues mais je me réveille sans énergie. Je ne
cherche même plus à stimuler la joie par le faire. Je me nourri quand la faim
est là et passe mes journées à glander. Tout ce qui me motivait avant n’a plus
aucun attrait. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’être perdue mais juste en
suspension dans l’air, dans le temps.
Un sentiment de
lassitude extrême me colle à la peau et je prends ça comme une conséquence
logique de la tombée des masques.
Il semble que je sois face à l’incohérence, la confusion du monde qui
fait écho à la mienne. Mais tout ceci est logique puisque cette phase de libération
des fantômes du passé laisse un grand vide intérieur. J’ai appelé l’énergie
christique à venir me remplir mais même ça n’a plus vraiment de sens. C’est
comme si je voyais maintenant l’appel comme insensé. Non pas que je renie ma
foi mais plutôt que je me rends compte du caractère illusoire de la prière qui
ramène toujours à la soumission à une autorité.
Je ne m’identifie à rien, à
aucun des personnages intérieurs et c’est peut-être ça qui créé la sensation de
vide.
Malgré la méditation et la douche agrémentée de lumière
dorée, l’état d’esprit reste le même et aucun élan ne se profile à l’horizon. J’ai
droit au défilé de tous les personnages qui croient que je ne suis rien, qu’exister
est un poids, que le corps physique demande beaucoup trop, que je suis
incapable de gérer ma vie, d’utiliser mon temps libre à profit, que le divin
est une chimère, une réponse aux angoisses existentielles, que cette vie n’a
pas de sens, que la liberté est inaccessible tant que je suis dans ce corps...
Une part de moi semble les croire alors que le reste de ce
qui constitue ce que je croie être, n’a même plus l’envie de contester.
Y-a-t-il quelqu’un de lumineux en dedans ? Est-ce encore un appel au
combat ?
Je ne veux plus me battre contre quoi que ce soit et encore moins
contre moi-même.
Il y a tant de voix discordantes à l’intérieur que je les
laisse dire comme une mère fatiguée de demander à ses enfants d’arrêter de se
battre. Si je laisse faire, que va-t-il se passer ?
En théorie, la logique
veut que la lumière absorbe l’ombre alors pourquoi s’en faire ?
Je libère les croyances qui ne m’appartiennent plus, celles
que j’ai reçues de ma mère, de ma famille, je coupe tous les liens énergétiques
toxiques avec tout ce qui est.
Même écrire ne m’intéresse plus. J’avais déjà du mal à
trouver quoi faire de ma vie alors là, c’est le pompon ! La plupart des élans
sont des réactions à l’environnement et si je ne réagis plus, j’ai la sensation
de ne plus exister pourtant je peux toucher mon enveloppe charnelle. Tout
dehors me parait aussi mort que je le suis en dedans ! Il y a eu une
guerre quelque part ? Pourquoi la vie me semble si lourde ? Les
épandages chimiques auraient-ils éveillé la mort en moi ? Si c’est l’heure
de passer de l’autre côté pourquoi pas ? A priori je ne suis pas contre
même si en partant maintenant j’aurai la désagréable sensation de n’avoir pas
vécu pleinement et de ne pas avoir su répondre à la question : qu’est-ce
que je fous là ?
J’ai agis selon mes croyances du moment, tenté de m’accrocher
à la lumière en moi, à l’amour. Je me suis accrochée à quelques sensations que
j’ai interprétées selon mes besoins du moment mais peut-on réellement parler de vérité ?
J’ai essayé d’aimer et d’être aimé sans croire à une issue favorable puisque j’y
ai senti un enfermement. J’ai passé ma vie à courir, à brasser du vide, à m’interroger
et à disserter à propos de tout et de rien mais au bout du compte, j’ai la
sensation de n’être qu’un tube vidé de toute substance et totalement ignorant.
J’ai voulu croire à l’amour inconditionnel sans jamais le
vivre vraiment, j’ai poursuivi un idéal, cru à des élans, suivi un chemin selon
le cœur mais finalement, je me trouve face au vide, au rien. A quoi ça rime ?
Je n’ai même pas de colère ni d’agacement à part peut-être la
sensation de gaspiller mon temps alors que je ne suis pas capable d’indépendance,
de me nourrir, de palier à mes besoin.
Ma foi arrive à un stade où elle n’est d’aucun secours
puisque tout me glisse entre les mains.
Je ne sais plus rien et encore je ne
suis même pas sûre d’avoir su un jour. J’ai cru à des choses que j’ai invalidées
par la suite et le temps s’est écoulé, course après course.
Depuis l’enfance, je traine ma carcasse et voit le corps
physique comme une prison, un poids, une contrainte. J’ai tout fait pour ne pas
le prendre en charge refusant de me nourrir pendant plus de vingt ans et malgré
tout, je suis encore en vie. Le seul fait de dire "depuis l'enfance", m’indique que c'est mon enfant intérieur qui exprime cette croyance.
Alberto Ghizzy Panizza |
J’accueille ces entités qui jugent le corps physique
comme une charge et j’appelle les personnages intérieurs qui soutiennent la vie
en moi afin que tous ensembles, ils s’associent pour manifester l’harmonie. J'avais écrit équilibre mais l'image d'un précipice et l'idée que l'équilibre implique un risque de chute, m'invite à lâcher ce concept qui ne fait qu'amplifier la dualité.
Je pense que je suis en colère contre ces parts intérieures
qui aspirent à rester en l’état, qui se plaisent dans l’immobilité, qui
voudraient que rien ne change, que tout soit figé et qui s'opposent à la nécessité de s'assumer. Remarque tant qu'une part de moi considère le fait de se prendre en charge comme une galère, normal que ça créé des peurs et des conflits! Qu’est-ce qu’il me faut
accueillir ici ? La colère, la tristesse, la peur de ne pas être à la hauteur, le manque de motivation ? On va faire un lot!
J’ai contacté l’enfant intérieur qui ne s’est pas fait prié
pour me dire ses peurs. Je l’ai consolé en lui rappelant de ne pas se soucier
de l’aspect matériel des choses. J’ai accueillies aussi des douleurs au cœur puis
l’idée m’est venue que la dépression, c’est en fait la sensation qui se manifeste
lorsqu’on lâche la pression. Bien que ça puisse sembler simpliste, il y a là
quelque chose de logique et cette perspective ôte l’aspect négatif enfin la crainte
de tomber dans un gouffre. Comme j'ai très souvent agit en réaction à l'extérieur sur un mode défensif, c'est comme si je ne savais plus comment trouver l'élan! Tiens une voix s’incruste.
"Il est vrai que le faire n’est pas ce qui définit ta
valeur mais sans être dans une optique de productivité obligatoire, l’action te
permet de coordonner tes corps, d’agir dans la cohérence et c’est cet état qui fait que tu te sent vivant, dans le mouvement de la vie. Chaque geste
accompli avec attention, en habitant tout tes corps, focalise ta conscience et
c’est ainsi que tu peux la percevoir.
Ce n’est pas le fait d’agir mais bien plus
celui d’être attentif, présent, qui te permet de sentir que tu existes au-delà
des apparences. La conscience est illimitée et pour en avoir la sensation, il
te faut être en harmonie afin de canaliser son énergie de façon fluide.
Les corps sont comme des fenêtres sur l’extérieur,
ils te permettent d’appréhender le monde selon des perspectives différentes et
en les unifiant, ta vision est claire, complète et cohérente.
Quand tu agis depuis l’unité
intérieure, tes gestes sont tendres et tu peux sentir l’amour que tu es."
Je me contenterais de cela pour aujourd’hui et même si le
sourire est absent, l’élan à agir est revenu. La faim aussi et je m’en vais l’assouvir.
Parfois, il est bon de se satisfaire de maintenir la vie en soi. Je suis allée chercher
du persil au jardin que je délaisse depuis mon retour d’Aveyron et j’ai eu l’agréable
surprise de trouver encore des fraises et des framboises.
J’ai bien du mal à retrouver le rythme que j’avais mis en
place avant de tenter l'expérience d'une vie à deux. Ce n’est pas le moment de retomber dans la critique mais
plutôt de retrouver l’emploi du temps qui me permet d’être ancrée, centrée et
motivée. Cette fois-ci, il m’aura fallu plus de huit heures pour rehausser mon
taux vibratoire !
Vous
pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien
modifier (sauf correction des fautes d'orthographe), de citer l’auteur :
Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr et ces trois lignes. Merci