lundi 7 avril 2014

"L'acceptation de nos limites et dépendances" par Lise Bourbeau





ACCEPTER SES LIMITES ET SES DÉPENDANCES !!! 
Quel défi pour la plupart des gens ! Pourquoi en est-ce un ? Parce que tout le monde est dépendant à des degrés variables et de façon différente. Je n’ai encore jamais rencontré une personne sans dépendances ni connu quelqu’un qui s’acceptait totalement dans ses dépendances et, surtout, dans ses limites face à ces dépendances.
Avant de pouvoir accepter nos dépendances, nous devons en devenir conscients. Les plus faciles à constater sont celles d’ordre physique, tels le sucre, la cigarette, l’alcool, la drogue, les médicaments, le pain/pâtes/café/cola, les jeux, la télévision/Internet, le sexe, etc.

Ces dépendances d’ordre physique ne reflètent que les véritables dépendances qui sont d’ordre affectif. Ces dépendances physiques sont donc très utiles pour devenir conscients de notre degré de dépendance affective. Voici un moyen pour y arriver :


Tentez de vous passer d’une de ces dépendances pendant plusieurs jours. Si vous arrivez à vous en abstenir pendant au moins une semaine, sans souffrir de manque et sans vous contrôler, ce n’est pas une dépendance, mais plutôt une préférence ou une habitude. Si vous avez de la difficulté à vous en passer après quelques heures, la dépendance s’avère alors forte. Après quelques jours, la dépendance est moins forte, mais tout de même présente.
Cet exercice se fait seulement dans le but de devenir conscient de vos dépendances d’ordre physique et du degré de chacune. Vous ne devez pas faire cet exercice pour devenir conscient de votre capacité de vous contrôler. Dès que vous commencez à ressentir une souffrance causée par le manque, prenez conscience de votre dépendance et redonnez-vous le droit de vous en procurer.
Je sais que certaines dépendances peuvent être très nuisibles à votre santé ou à votre vie, mais le fait de vous contrôler ne peut que vous aider temporairement et lorsque vous arriverez au bout de votre capacité de vous contrôler, vous perdrez alors le contrôle et vous vous accuserez davantage. 
Le contrôle ne fait qu’alimenter le cercle vicieux. C’est toujours à recommencer. 
Certaines personnes perdent le contrôle dans la même substance et d’autres font du transfert dans autre chose. Par exemple, une personne peut s’abstenir de sucre et perdre le contrôle dans des achats inutiles. Une autre peut s’abstenir d’alcool et perdre le contrôle dans le sucre.
Deux moyens existent pour juger le degré de notre dépendance. Le premier est cité plus haut et le deuxième est de vérifier le degré d’effets nocifs que cette dépendance physique apporte dans votre vie. Par exemple, il y a plus d’effets nocifs à prendre de la drogue qu’à jouer sur l’ordinateur ou à regarder la télévision plusieurs heures par jour. Donc, lorsque vous devenez conscient d’une dépendance physique très nocive pour vous, je vous suggère de vous donner le droit de faire du transfert vers un autre substitut moins nocif. Le fait de prendre conscience de votre grande dépendance et de choisir ensuite de la remplacer par une dépendance moins nocive vous aidera à atteindre votre but ultime, celui de devenir une personne autonome.
Ceci est important, car je connais plusieurs personnes qui, parce qu’elles arrivent à arrêter une dépendance complètement, se considèrent comme étant moins dépendantes, mais en fait il y a simplement eu un transfert de dépendance, mais elles n’en sont pas conscientes et font du déni sur les substituts utilisés. Il est difficile ainsi de devenir vraiment conscient du degré de notre vraie dépendance affective.
En effet, un dépendant affectif l’est tant et aussi longtemps qu’il n’arrive pas à s’aimer, à s’accepter complètement. Ça peut être résumé ainsi :

Degré de la dépendance physique
=
Degré de la dépendance affective
=
Degré du manque d’amour pour soi

La plupart des gens croient que leur carence affective provient du manque d’affection, d’amour reçu dans leur enfance. La réalité est tout autre. Nous avons tous ressenti un manque affectif étant jeunes. Ce sentiment de manque est causé par nos blessures et croyances apportées dans notre bagage accumulé depuis plusieurs vies. Combien de parents ont fait tout ce qui leur était possible pour montrer ou prouver leur amour à leurs enfants et ceux-ci ne se sont tout de même pas sentis aimés ? Pourquoi ? Parce que les parents n’ont pas exprimé leur amour de la façon que les enfants l’auraient voulu et ceux-ci ont perçu l’amour reçu par leurs parents à travers leurs blessures, ce qui a faussé la réalité.
Prenons, par exemple, deux sœurs. Une est faible physiquement et pas trop douée à l’école. L’autre est très énergique, très débrouillarde et apprend tout facilement. Il est fort possible que les parents s’occupent beaucoup plus de celle qui est faible, faisant très confiance à celle qui est plus forte. Celle-ci peut vivre du rejet, de l’injustice, de la jalousie, de l’envie ou de la colère parce qu’elle ne reçoit pas autant d’attention que l’autre. Celle qui reçoit plus d’attention peut aussi le vivre difficilement en étant jalouse de la liberté d’action de sa sœur ou en accusant ses parents de ne pas lui faire assez confiance. Les deux sœurs ne se sentent pas aimées, alors que les parents ont fait ce qu’ils croyaient le mieux pour leurs enfants.

Après être devenu conscient du degré de vos dépendances physiques, il est temps de devenir conscient de votre dépendance affective. Cette dernière est exprimée de plusieurs façons :
  • En étant bien seulement si les autres sont d’accord avec nous ou ont la même opinion;
  • En cherchant sans cesse la reconnaissance ou les compliments;
  • En nécessitant la présence ou l’attention de quelqu’un;
  • En cherchant à toujours être utile, au détriment de nos besoins;
  • En étant bien seulement si quelqu’un d’autre nous dirige ou nous domine.
Il est suggéré de faire une introspection à la fin de chaque jour et de noter combien de fois vous avez utilisé un comportement de personne dépendante. 
Cet exercice doit être fait SANS JUGEMENT NI CONDAMNATION. 
Il se veut un exercice de conscientisation. 
Le fait d’en devenir conscient, sans vous accuser, représente une autre étape vers l’acceptation et l’autonomie.

Vous pouvez, de plus, demander à vos proches de vous aider à en devenir conscient, de vous donner un coup de main pour faire votre liste à la fin de la journée. Nos proches voient souvent des choses que nous ne voulons pas encore regarder.

Accueillez vos limites du moment, acceptez qu’un jour, vous vous aimerez tellement que vous ne dépendrez plus que les autres vous prouvent leur amour afin que vous soyez heureux et bien dans votre peau. Donnez-vous le temps d’arriver à atteindre ce genre d’amour de vous-même et surtout donnez-vous le droit d’être humain et d’être limité pour le moment.
Le problème de base de nos dépendances est que nous croyons que l’amour doit venir de l’extérieur quand, en réalité, notre entourage ne peut que nous donner le genre d’amour que nous nous donnons à nous-mêmes. Le jour où nous acceptons ce fait si important est celui où la guérison débute, où l’autonomie commence.

Vous allez dire « C’est facile de dire que tout ce que nous avons à faire c’est accepter, mais comment arrive-t-on à cette acceptation? » .  
Voilà la question que j’entends très souvent. 

Notre plus grande difficulté est d’essayer de comprendre mentalement la notion d’acceptation.
Cette dernière est une notion spirituelle, donc au-delà de notre compréhension mentale. Nous devons l’expérimenter afin que notre mental puisse placer ce genre d’expérience dans sa mémoire, rendant ainsi les expériences d’acceptation de plus en plus faciles. 

Quand vous aurez senti tous les bienfaits et le bien-être que l’acceptation véritable vous apporte, vous voudrez la vivre encore et encore.


Accepter signifie se donner le droit d’être ce que vous êtes, c’est DIRE OUI à ce qui se passe même si cela ne répond pas à vos attentes, même si vous n’êtes pas d’accord. 
DIRE OUI en vous rappelant qu’un jour vous arriverez à ÊTRE CE QUE VOUS VOULEZ ÊTRE, en vous souvenant surtout que
vous ne pouvez devenir ce que vous voulez être
sans avoir accepté d’être ce que vous ne voulez pas être.

Vous donner le droit signifie être capable d’observer qu’aujourd’hui, par exemple, vous avez mangé beaucoup de sucre. C’est un fait, une constatation, ce n’est pas un péché, ni mal, ni une condamnation, c’est ce que vous êtes aujourd’hui. 
Ensuite, vous vous demandez de qui vous avez été dépendant aujourd’hui, avec qui avez-vous vécu des émotions à cause de vos attentes non manifestées. 
De qui vous auriez voulu être aimé d’une autre façon aujourd’hui? 
Si cette personne avait répondu à vos attentes, vous vous seriez senti comment? 
N’ayant pas répondu à vos attentes, vous avez eu recours à un substitut physique pour vous aider à vous sentir mieux. Ce substitut a eu son utilité aujourd’hui.

Une fois devenu conscient de votre dépendance affective, vous réalisez que le jour où vous répondrez à vos propres attentes, où vous serez capable de vous sentir aimé par vous-même, vous n’attendrez plus à ce que ce soit les autres qui le fassent.

Donc, au lieu de vous condamner ou de vous promettre que vous ne recommencerez plus à manger autant de sucre, remerciez plutôt ce substitut de vous avoir aidé à vous sentir mieux aujourd’hui, même si c’est une illusion et que c’est temporaire. 
Vous pouvez, du même coup, expliquer à votre corps que vous lui avez donné un travail supplémentaire pour digérer, assimiler et éliminer tout ce sucre et que vous le remerciez beaucoup d’avoir la patience d’attendre le jour où vous vous aimerez assez pour être plus autonome. 
En disant à votre corps que vous ne pouvez faire mieux pour le moment et que vous appréciez son aide, celui-ci ressentira votre acceptation et il sera très heureux de vous accepter à son tour.

Le corps est d’une intelligence extraordinaire et a tout ce qu’il faut pour se renouveler sans cesse. Il se fera un plaisir d’éliminer tout ce dont vous n’avez pas besoin. 

Par contre, aussitôt que vous vous sentez coupable, votre corps le sait et il réagira en fonction de vos croyances. Si vous croyez que ce sucre vous fera grossir, c’est ce qu’il fera. Si vous croyez que ce sucre vous donnera le diabète, c’est ce qui se produira. Tout ce que vous créez mentalement a un énorme pouvoir dans votre monde physique. Apprendre à bien utiliser ce pouvoir est une preuve d’intelligence et de sagesse.

Chaque fois que vous vous acceptez, vous avancez d’un pas vers l’autonomie et peu à peu, vous deviendrez de moins en moins dépendant et de plus en plus autonome. Pourquoi? 

Parce que chaque action d’acceptation est un acte d’amour envers soi et seulement l’amour véritable a le pouvoir de guérison physique, émotionnelle et mentale.
Lorsque nous nous acceptons, notre entourage nous accepte au même degré.

Il est très difficile de croire que s’accepter tout simplement puisse avoir un tel pouvoir de transformation. 
Vivez l’expérience et vous goûterez au bonheur de devenir de plus en plus autonome. Soyez tolérant envers vous-même, félicitez-vous pour chacune de vos victoires. 
Surtout, demeurez conscient des changements qui s’opèrent en vous chaque année, ces transformations qui vous amènent vers ce que vous voulez être.
Dites OUI à vous-même!
Lise Bourbeau

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La façon dont on réagit à la lecture de ce texte en dit long sur notre degré d’amour vrai de soi. J’avoue que je n’en  suis pas à l’autonomie. Certainement que l’idée de souffrance, de sacrifice, de la nécessité de souffrir pour y arriver, de fournir des efforts afin de mériter la guérison, la délivrance et la liberté, sont encore inscrits dans l’inconscient. La patience et la persévérance, c’est de l’amour de soi…