Lisa Rodden |
Je
ne sais ce qu’il en est pour vous mais je plane à quinze mille ! Je ressens
le besoin de m’ancrer pour ne pas être déstabilisée par la sensation d’être à
plusieurs endroits à la fois. Ce n’est pas comme lorsqu’on est toujours dans
ses pensées, je suis relativement présente à ce que je fais mais je me sens
tellement peu attachée à ce qui est, que ça s’approche de l’absence. Je suis
tombée sur une de mes photos, retouchée, sur Facebook et malgré la sensation d’avoir
été spoliée, je me suis contentée de signaler que j’avais demandé de citer mon
nom en cas de diffusion des textes ou photos. La même chose s’est produite vis-à-vis
d’un texte dont l’intégralité n’avait pas été respectée.
Comme
il n’y a pas de hasard, je me tourne vers l’intérieur et constate que la
victime, le passé, n’ont plus autant d’impact sur le présent. Mais il y a aussi
là dedans comme un besoin de se situer, de trouver le juste milieu. Très souvent,
sur Facebook, les images sont partagées sans que le nom de l’auteur soit cité.
Au début, je me disais « c’est généreux de partager quelque chose qui
appartient aux autres », avec une certaine stupéfaction qui peu à peu est
devenue ironie. Je cogite sur le sujet et plusieurs arguments me viennent. Le
sens de la propriété peut être considéré comme de l’attachement mais d’un autre
côté, nous existons en tant qu’individu et ce que nous produisons, ce qui émane
de soi est comme une de nos créations. Ne pas mettre le nom de l’auteur c’est
rendre l’œuvre orpheline, nier l’existence de l’auteur, sa paternité. S’il est
vrai que nous ne sommes pas uniquement cette personne, cette enveloppe, elles
constituent tout de même notre forme, notre singularité, une part importante de
nous-même.
La
diversité des réactions face à ce que j’écris m’amuse ! L’effet miroir va
de la fraternité à la condescendance en passant par le maternage jusqu’à la
limite de la fessée. Certainement que le fait de dire les choses franchement et
de ne pas afficher l’arrogance de la certitude absolue, dérange si on cherche à
être enseigné mais je n’ai aucune prétention dans ce sens. Je tombe aussi
parfois dans le rôle de mère lorsque l’enfant intérieur en mal de câlin se
manifeste. La seule chose que je pourrais transmettre éventuellement c’est
comment s’aimer vraiment et encore ça demande de créer des liens authentiques,
sincères et c’est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain.
Ce que
je "montre" ici, c’est l’impermanence de l’humain divin, le doute autant
que la foi, la sagesse tout comme l’ignorance, le fait que nous sommes tous des
enfants dans bien des domaines mais qu’en nous sommeille un sage qui se
manifeste de temps en temps. Et même s'il prend plus souvent la parole qu'avant, l'enfant reste vivant et c'est tant mieux!
L’équilibre
de la multitude est là, me semble-t-il, autant en soi qu'à l'extérieur, la sagesse partagée, accessible à tous
mais qui se déplace, se meut au fil des expériences de chacun, selon sa
réaction à ce qui est. C’est cette lumière unie qui forme l’intelligence
humaine, ainsi, personne ne peut se vanter d’être au-dessus des autres.
Parce que
même si on croit à l’ascension collective, ça implique que tout le monde
ascensionne en même temps. Comment cela serait-il possible si nous devions le
faire selon l’ancien schéma du sauveur ?
Même la théorie des artisans de lumière est à la limite du sauveur sauf que là
il s’agit de plusieurs personnes, mais le principe est un peu le même.
On reste
dans le schéma de ceux qui sont plus éclairés amenant les moins éclairés à s’élever.
Mais un artisan de lumière est-il vraiment toujours dans la lumière ?
La
logique veut que plus la lumière éclaire et plus elle révèle l’ombre, ce qui
est caché, alors quelqu’un qui prétend être plus éclairé que les autres, plus
éveillé a-t-il vraiment intégré, embrassé, toutes ses ombres, ou se ment-il à
lui-même ?
Tant qu’il pense être plus ou mieux, il continue d’aimer selon
des références, des critères d’évaluation.
Un
tel projet, l’ascension collective, peut être réalisable si chacun se trouve nu
face à lui-même et aux autres. Comment l’humanité peut elle être éveillée si
elle ne voit que ce qui l’arrange; sa lumière ?
Comment l’amour
inconditionnel pourrait-il couvrir la planète si nous devions continuer d’aimer
selon nos préférences ?
A moins d’accepter nos propres faiblesses, doutes
et incohérences, comment pourrions-nous lâcher le besoin d’être en admiration devant
quelqu’un ?
Parce qu’il me semble que tant qu’on ne trouve pas sa propre
lumière et qu’on l’associe à ses ombres, nous serons toujours en manque d’équilibre.
A vouloir ressembler à ceux que nous estimons supérieurs et rejeter ceux que
nous jugeons inférieurs.
Ce
blog est un journal intime, ce qui veut dire que j’y écris ce qui me vient
chaque jour spontanément, sans chercher à plaire, ni à montrer l’exemple, ni à
être approuvé.
Outre l’impermanence il montre aussi comment l’amour vrai de soi
peut changer la vie, par la modification du regard sur toute vie et d’abord sur soi-même.
L’amour vrai ne peut pas s’exprimer librement en quelqu’un qui est faux avec
lui-même, et avec les autres, cet amour sera forcément distorsionné.
En toute
logique la première étape serait donc d’être vrai.
Il s’agit d’une vérité
relative puisqu’elle est subjective.
Tant qu’on cherche à adhérer à la vérité
de quelqu’un d’autre, on se trahit.
Ce blog témoignage peut aussi servir de miroir en éveillant
en vous ce qui est caché et qu’une réaction excessive dévoilerait.
L’effet
miroir marche dans les deux sens et quand je dis une de mes faiblesses, ça
amène l’autre à y réagir avec plus ou moins de violence selon sa capacité à accueillir
ses propres parts d’ombres.
Le fait de le dire, pour moi, représente un premier
pas vers l’acceptation mais le retour me montre qu’elle n’est pas tout à fait acquise.
La progression réside dans ma façon d’y réagir. Au début, ça me replongeait
dans le rôle de victime et peu à peu j’arrive à en faire un réflex, celui de me
tourner vers l’enfant intérieur.
Je peux aussi évaluer la libération de ce rôle
dans le fait que les retours critiques sont de plus en plus rares et beaucoup moins
violent. J’arrive enfin à ne plus y voir ma seule création mais aussi la part
de l’autre.
Et puis surtout a ne plus en faire un drame !
Certains retours
me montrent l’effet que peut avoir la condescendance, et sont des indicateurs
du chemin que je ne souhaite pas emprunter. Ils m'invitent à me recentrer.
Je
suis tombée sur cette vidéo de Darpan et j’ai tenté la méditation guidée qu’il
propose. Comme très souvent, si j’arrive à me détendre totalement, c’est déjà
bien mais là, j’ai effectivement senti une douce chaleur dans les mains. J’ai
recommencé l’exercice pendant ma "méditation" quotidienne et j’ai vu une
magnifique lumière blanche éblouissante pendant quelques secondes, qui couvrait
toute ma perception. Ce qui m’a impressionné, c’est le calme du mental, d’un
seul coup.
Darpan
Méditation guidée, à partir de 10 mn environ, après l'introduction à un séminaire.
Vous pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter
l’intégralité et de citer l’auteur : Lydia Féliz, ainsi que la
source : http://lydiouze.blogspot.fr et ces deux lignes. Merci