Alain Senez |
Je
retrouve enfin mon espace, ma liberté d’être qui a été interrompue ou mise à
mal, seulement par ma « volonté », mes croyances passées encore
vivaces. Tant que je me dis que je quelque chose cloche en moi, je me
perds dans la lutte. Toute spontanéité freinée est une forme de déni de soi, un
refus de s’accepter tel que l’on est. L’effet miroir a été vif mais non
violent. La difficulté à discerner ce qui est de l’ordre de la réflexion ou de
la projection peut égarer et le meilleur moyen pour ne pas rester coincé dans
la bataille intérieure, dans les cogitations, c’est de se tourner vers
l’intérieur. D’essayer de revenir en son cœur, se répéter une phrase qui
« rassure », remet au centre de soi. Pas facile de trouver le juste
milieu. Après avoir souffert de me remettre en question à longueur de temps,
j’ai fini par accepter de ne pas être aussi « élevée », pacifiste et
chaleureuse que je l’aurais voulu.
Je
reviens de Perpignan où j’ai accompagné mon amie à la gare et le moment de se
dire au revoir a été frustrant. J’avais une forte envie d’aller au
toilette et j’y ai couru une fois arrivée au guichet, où mon amie à pu prendre
son billet tranquillement. Je savais que je pouvais la laisser se débrouiller et elle avait largement le temps de trouver le quai.
A mon retour après m’être trouvée devant la porte fermée des toilettes qui
n’ouvraient qu’à neuf heures, elle avait disparu. J’ai couru sur les quais
pendant un quart d’heure en vain. Puis, finalement, je me suis dit que ça
devait être ainsi. Je ne suis pas très douée pour les adieux et j’ai
certainement agit inconsciemment pour éviter ce genre de situation qui me met
mal à l’aise. Là encore, j’ai du accepter de ne pas être très "sociable". Je me
suis dit que je pourrais la contacter par mail et que ma frustration serait
ainsi amoindrie.
J’ai repris la route avec la sensation d’avoir réalisé quelque
chose d’important pendant ces trois jours. Même si ça n’est pas très clair au
niveau du mental, dans mon cœur, je sens que cette étape participe grandement à
la libération de vieux schémas du passé, d’un passé très lointain dont j’ai eu
quelques images brèves mais certaines.
Jean Bradbury |
En
rentrant je me suis dépêchée de refaire mon lit, mon cher petit nid qui m’a
manqué. En même temps ça n’a pas non plus été dramatique puisque j’ai pu dormir
tranquillement sur le canapé. Je peux voir que je ne suis pas autant attachée à
mon confort et que je n’ai plus autant besoin de mes repères pour être en paix.
Je n’en suis pas encore au stade de me sentir complètement libre et en paix
simplement dans mon corps mais je n’en suis pas loin non plus. Il va me falloir
un certain temps pour comprendre ce que j’ai a intégrer mais je ne cherche même
pas à savoir. Les images utiles, les situations à souligner referont surface au
moment opportun. Pour l’heure, je remercie la vie pour tout le confort dont je
bénéficie, le fait de réaliser que le monde dont je rêve, c'est en moi et dans mon appart que je peux le vivre, pour le moment. Préserver cet espace est donc vital! Je remercie aussi ma personnalité humaine pour ces « qualités », du moins
pour les aptitudes à aller vers l’autre avec un cœur ouvert même si je n’ai pas
encore les gestes appropriés, je porte mon attention sur les progrès effectués
sans ignorer les carences et surtout sans me juger pour ça, sans rejeter ces deux aspects. J’ai fait de mon
mieux selon mes capacités du moment. Je ne vous cache pas que j’ai augmenté les
doses de médicaments et j’en ai souffert tant que je me disais « tu
n’assures pas, tu refais les mêmes conneries, quand tu te sens envahie, tu
remets ta vieille carapace chimique...Une fois que je me suis dit, tu n’as pas
à juger ce que tu fais, si tu pouvais faire « mieux », tu le ferais,
le calme s’est installé.
Pendant
ces trois jours, le chienne a été relativement discrète et les chats sont
apparus à l’heure du coucher, juste au moment où j’avais besoin de
tendresse, d’amplifier l’énergie d’amour intérieure par le toucher, les
caresses. Même si j’aimerais pouvoir goûter le contact charnel entre humains,
une poignée de main, une embrassade, ça ne vient toujours pas naturellement.
Là, comme je sais que je suis restée bloquée à l’âge de trois ou quatre ans, je
me tourne vers l’enfant intérieur et lui parle. Je sais que tu as peur de
toucher l’autre, je comprends cette peur légitime et t’entoure des bras de
l’amour infini de la présence divine afin de te rassurer, que tu puisses te
détendre. Je ne lui dis pas qu’il
devrait changer ou même qu’il n’a pas de raison d’avoir peur, je me contente de
le réconforter. Je sais par expérience qu’il faut du temps pour apprivoiser nos
parts les plus fragiles et enfantines et forcer les choses ne peut que bloquer
le processus de guérison. Comme pour un enfant traumatisé, seule l’attention
douce et la patience peuvent l’aider à reprendre confiance.
Thomas Reis |
Il y a
quelques temps encore, je me serais reproché beaucoup de choses, j’aurais
revécu toutes les scènes et tenté de voir ce que j’aurais dû faire ou ne pas
faire, là, même si je reviens en arrière, je ne porte pas de jugement. Je
constate les blocages, les « ratés » mais je n’en fais pas une
occasion de me rejeter ou de me critiquer. Je me suis juste répété plusieurs
fois ; je suis ce que je suis, non pour m’imposer brutalement, quoique par
moments, c’était limite, mais pour me resituer, revenir à la priorité; chacun
vit sa vie selon ce qu’il est, selon sa personnalité, son passé et reste maitre
de ses propres choix.
J’ai la
forte sensation comme le disais mon amie, de boucler la boucle, d’achever un
cycle.
Le futur me montrera l’effet de ce « passage ». Je suppose que
beaucoup d’entre vous ont vécus des situations similaires. Le tour de manège
semble terminé !
Quelque
chose de nouveau s’en vient, comme si une page blanche était devant. Maintenant
il s’agit de se laisser aller à vivre le moment présent et à inventer au fur et
à mesure en se fiant à la première impulsion. Même si celle-ci est motivée par
la peur, ce qui suivra, selon le ressenti agréable ou désagréable, montrera si
l’élan était issu du cœur ou pas. Comme celui-ci est instantané, il est
toujours temps de rectifier en se rappelant qu’il n’y a pas d’erreur. Il y a
simplement une réponse donnée à un stimulus et celle-ci correspond à ce que
nous sommes dans l’instant. C’est en voyant l’effet produit que l’on peut
ensuite changer d’attitude.
Puisque
nous sommes dans le nouveau monde, il est nécessaire de s’y ajuster,
d’apprendre à suivre le flux sans opposer de résistance et en considérant que
quelque chose de nouveau comporte son lot de surprise. Si nous avions le mode
d’emploi, la marche à suivre dans les détails, le chemin n’aurait pas tout le
charme de la créativité, de l’imprévisible. Une fois de plus il est question de se préparer
à accepter le changement que ce soit en nous ou autour et la meilleur façon de
s’y préparer, c’est de lâcher prise des attentes, arrêter de projeter puisque
ça ne peut plus fonctionner comme avant. Nous entrons en territoire inconnu où
la flexibilité, la capacité d’adaptation sont des vertus à intégrer afin de
voyager dans les meilleures conditions possibles.
Je
risque de rabâcher longtemps avant d’être apte à agir selon le cœur de façon
spontanée ! Puis c'est avant tout vis à vis de soi-même qu'il faut agir avec compassion. Puisqu’il s’agit de défaire les conditionnements et changer complètement
son mode de fonctionnement, il y aura certainement beaucoup de ratés et s’y
préparer permet de se détendre. Envisager « l’échec » comme une
leçon, pas dans le sens de punition mais d’apprentissage, favorise
l’intégration des lois de ce nouveau monde. Même si nous avons en nous les
outils pour suivre la voie de l’amour; un cœur et la connaissance du pouvoir
d’aimer, nous sommes encore des bricoleurs du dimanche...
Redevenir
comme un enfant ne signifie pas vivre dans la naïveté, mais retrouver ses qualités
propres. L’insouciance qui nait de la confiance en la vie, l’ignorance de la
peur de la mort, la réjouissance face à la découverte et à l’impermanence des
choses, la magie de la spontanéité, de la simplicité et de l’authenticité.
Retenir ses émotions, se priver de les vivre et faire semblant d’être, ne peut
qu’amener à la mort. C’est un vaste programme que de renaitre à soi-même mais
parfois je me souviens de l’impatience que j’avais à venir dans cette
incarnation et je retrouve ces sensations, ces énergies d’alors qui me donnent
le courage d’avancer.
Lisa Falkenstern |
Je me
rends compte que j’ai cru très longtemps que le fait de rester enfant était la
voie à suivre mais je n’en comprenais pas bien le sens. J’avais besoin d’être
prise en charge au niveau affectif et matériel et ça se traduisait par la peur de la
dépendance qui ne me rendait pas plus autonome. Le fait que je sois assistée en est l’expression mais là encore,
plutôt que d’être consternée, je me dis
que le processus de guérison qui mène à l’autonomie se réalise par étape.
Il y
a d’abord la prise de conscience puis par l’acceptation de ce qui est, le
changement peut s’opérer naturellement. En me laissant guider de l’intérieur
vers ce que je veux, même si ça passe encore par le fait de vivre ce que je ne
veux pas.
Toute la tendresse que je peux accorder à ces parts intérieures
immatures est justement l’énergie qui créé la guérison.
Mon
caractère explosif, impulsif contient aussi des aspects positifs, puisqu’il y a
l’énergie de l’action, la capacité d’agir. Ce qui est périlleux c’est de foncer
tête baissée mais une fois que je me suis placée au niveau du cœur, cet aspect
que je jugeais opposé à mon désir de paix devient un allié. La voie du cœur le
juste milieu, l’acceptation ne sont pas des belles théories utopistes, c’est
réalisable par l’amour de soi.
Bon, je
vais aller me reposer, reprendre des forces par une petite séance de
« rien ». Je suis encore électrique et mon enfant intérieur a besoin d’être
dorloté. Je n’ai encore rien fait pour la réunion à la chambre des métiers mais
j’ai confiance dans le fait que ce que je viens de vivre était une préparation
importante pour la suite, une étape nécessaire. Le besoin de lâcher encore des
vieux schémas, des attachements inutiles et des peurs et toujours prioritaire
puisque ça conditionne totalement le présent et l’avenir.
C’est
déjà une belle progression de faire les choses dans l’ordre ! On ne peut
construire sur des ruines. A ce propos, j’ai fait un rêve avant-hier qui m’a
bien motivée. Je visitais des appartements complètement délabrés comme s’ils
avaient subit des bombardements ou un ouragan et je voyais uniquement tout le
potentiel, la structure magnifique derrière tout le bazar.
La maison représente
l’être et le parallèle avec ce que je vivais alors a été vite fait. C’est
vraiment l’image de ce qui s’en vient au niveau individuel et collectif ;
l’effondrement du décor qui laisse nue la structure, les apparences qui s’écroulent
pour laisser place à l’être. C’est sûr qu’une image moins chaotique serait
préférable mais aurait-elle le même impacte ? On ne peut aborder la
nouveauté sans faire table rase du passé et plus vite on le libère, mieux
c’est. L’essentiel et ce sur quoi je me focalise, c’est la foi, la confiance
que tout ce qui sera vécu amènera finalement vers une issue favorable. J’allais
dire un « happy end » mais il n’y a jamais de fin, c’est une
progression éternelle, toujours en mouvement. Et même si je pousse des cris, si
je m’emporte, si je vis ces bouleversements dans la colère ou la stupéfaction,
accueillir ces émotions évitera la souffrance qui vient de la culpabilité.
Hiroyuki Saton |
Après ma
séance de repos, de tendresse et de chaleur au fond de Mon petit lit douillet,
je me dis que la leçon de tout ça, c’est encore « apprends à t’imposer, à
mettre des limites, à suivre ton cœur en usant de discernement ». Je me
laisse piéger régulièrement acceptant d’accueillir des gens soit parce qu’ils
sont dans la merde soit parce qu’ils semblent sympa. Des questions basiques,
sans pour autant faire une enquête minutieuse, peuvent éviter toute surprise et
donner un aperçu de la réalité. Sans être dans le contrôle, savoir où on va et
à qui on s’adresse est essentiel ! Les affinités ou la façon d'envisager la vie ne saurait être la même pour tout le monde, même si on partage la même foi. La prochaine fois qu’une occasion de ce
genre se présentera, je ferais attention à me centrer avant de répondre. Mon côté
rêveuse, bien qu’il me permette de visualiser un monde de paix, a pris une
grosse claque et le « chevalier » intérieur s’est manifesté un peu
tard ! Disons plutôt que j’aurais dû l’appeler dès que je me suis sentie
envahie. Je ne regrette pas non plus, j’ai appris beaucoup sur ma situation et
les choses à changer. Bonne préparation pour une éventuelle proposition d’aide.
Plus ça va et plus je me dis que je ne suis pas prête pour ça.
Il va falloir continuer
de se situer, de se centrer avant de faire quoi que ce soit, de faire preuve de
plus de lucidité, de discernement, s’exercer à trouver la voie du juste
milieu. Puis faire attention à ne pas croire qu'attraction veut dire culpabilité. J'attire des situations pour justement changer mon comportement, ma façon de répondre. La sensation de revenir en arrière se ressent fortement même si j’ai
fait un petit pas en avant ! Je vais faire en sorte, à l’avenir, de mieux
protéger mon enfant intérieur.