dimanche 8 septembre 2013

Prendre en charge ses blessures, quelle qu’en soit l’origine*



image trouvée sur "The sacred of geometry"


Ce dimanche est bien gris ! Un flot de tristesse a commencé à monter puis comme je voulais me changer les idées en allant au jardin, cueillir les framboises, la pluie qui recommence à tomber m’a obligée à rentrer. J’ai commencé à me demander d’où ce blues pouvait venir puis quelques phrases écrites ces derniers jours, me sont venues en tête. Je me suis dit que c’était une belle occasion de créer le changement en commençant par accueillir cette mélancolie venue de je ne sais où.
Quelques profondes respirations mais surtout l’idée que j’agissais autrement qu’à l’habitude, a suffit à relancer l’enthousiasme intérieur.
Quand une émotion de ce genre arrive, pourquoi chercher à la fuir ? Si elle se montre, c’est qu’elle a sa raison d’être, elle m’appartient, elle est ma création. Peu importe de savoir quand j’ai bien pu semer cette graine, ce qui compte, c’est ma capacité à la reconnaître, à l’accueillir, à la laisser être. Cette acceptation me rend mon énergie vitale, celle qui me permet d’aimer la vie indépendamment de ce qui se manifeste dehors. Oui, il pleut, oui, il y avait des trainées blanches dans le ciel ce matin mais après tout si je veux être libre, si je ne veux pas dépendre de ce qui se passe autour de moi, il n’y a qu’en prenant la responsabilité des mouvements d’humeur intérieurs que je peux retrouver la paix puis la joie.

Ellen Milinich

J’ai tout de même parlé à mon enfant intérieur l’autorisant à exprimer ce que je lui interdisais jusqu’alors. « Tu as le droit d’être triste, si c’est ce que tu ressens maintenant, je suis là pour te consoler, viens contre mon cœur. Nous allons nous régaler le bidon et les papilles d’une purée de framboises ».
Je vais appeler ma mère, comme tous les dimanches. Voyons où j’en suis dans la guérison de la blessure d’injustice. Déjà, je n’ai plus d’appréhension, je ne fais plus le bilan de la semaine et ne prépare pas ce que je vais lui dire !
La conversation a été agréable, calme et nous avons partagé notre joie de cultiver la terre. Le thème de la guérison a été abordée mais d'une façon large en rapport avec mon désir de transmettre ce que j'expérimente. Je n'ai pas cherché à lui enseigner quoi que ce soit mais j'ai partagé mes découvertes. On a parlé de Freud, qu'elle a lu et nous avons conclu à la même chose, bien qu'il ait permis d'ouvrir des pistes, ça reste vieillot. 
Je réfléchis au fait que jusqu’à maintenant comme nous fonctionnions à partir de la peur, notre motivation naissait bien souvent à cause de l’inconfort. Beaucoup de gens motivés à aider les autres, le font très souvent parce qu’ils ont eux-mêmes souffert, sont passés par des crises et une fois guéris, souhaitent transmettre ce qui les a aidé à y arriver. D’autres encore répondent aux exigences, aux croyances familiales, un fils de docteur sera docteur, il est bon d’aider son prochain afin d’être aimé de Dieu... Il est très rare que la transmission se fasse par l’enthousiasme naturel puisque nous avons appris à nous conformer à la norme afin d’être accepté dans la société, d’y faire notre place. Les nouvelles générations éduquées sans contraintes, dans l’amour et la joie auront beaucoup plus de facilité à aider par leur rayonnement naturel, sans attentes qui risquent de créer une interdépendance. Les gens de ma génération restent souvent coincés dans la vieille façon de faire qui consiste à se laisser prendre en charge par un médecin, par la science. Même dans les soins alternatifs, la démarche reste la même. Tant qu’on croit que c’est l’autre qui nous « sauve », nous « « guérit », on reste dépendant de l’extérieur et à moins de prendre conscience que nous sommes créateurs de ce que nous vivons, nous ne pouvons sortir de ces vieux schémas. Après, il est certain que la peur de devenir responsable doit être libérée.



Le soleil est revenu et je suis allée cueillir des framboises énormes ! Avec la pluie de la nuit puis celle de la journée elles ont doublé de volume !
Finalement, la tristesse de tout à l’heure n’a duré que peu de temps, même si je n’ai pas une pêche phénoménale, je suis en paix. Une pluie fine couvre les rayons du soleil qui chauffe encore bien. Le contraste est joli mais n’a pas encore produit d’arc en ciel. Là encore, ce phénomène météorologique nous en apprend beaucoup sur la beauté du mélange des éléments, un appel discret à l’unité. La pluie aura obligé les chasseurs à rentrer chez eux. Je n’ai toujours pas envie de viande et ne ressens pas de baisse énergétique ni de perte de poids. Je pensais que ça serait compliqué de changer mes menus mais ça c’est fait naturellement. Il m’arrive parfois d’avoir envie d’une rondelle de saucisson juste pour le côté salé mais l’idée des boules de graisse incrustées me dégoûte carrément. 
Mon corps retrouve la parole et ses vrais besoins se manifestent sans forcer. Je vais profiter de la présence de mon chat préféré pour aller bouquiner à ses côtés. J’ai senti la présence de Maya, la chatte décédée cet été, plusieurs fois dans la journée. Elle me manque de temps en temps mais je sais qu’elle se repose et veille. J’ai rigolé en voyant que j’avais encore failli faire cramer la casserole d’eau ! Combien de fois elle est venue en miaulant pour me prévenir que ça bouillait ! Il y avait un dialogue régulier entre nous, elle miaulait très souvent, d’ailleurs sur presque toutes les photos que j’ai d’elle, elle a la bouche ouverte !
La méditation a encore fini par m’endormir et le rêve m’a montré que la colère vis-à-vis de ma mère devait encore sortir. C’est certainement d’avoir écrit à propos de la blessure d’injustice que celle-ci est remontée. Il est vrai que je me suis rarement autorisé à l’accepter, à la considérer comme légitime, préférant la nier, la refouler. Je l’ai fait une fois dans l’année mais certainement que ce n’était pas suffisant. 


Plus de trente ans à refouler ce sentiment puis l’amertume et les regrets qui l’accompagnent, peut nécessiter plusieurs « exercices » de libération. J’ai donc accueillie cette colère avec une plus grande confiance dans le processus de libération que la dernière fois et la somnolence a fini par me cueillir, sur la chaise du bureau !
Elle s’est encore coincée dans la gorge, m’obligeant à faire quelque mouvement du cou comme pour la laisser se diffuser partout. Puis j’ai « douché » tous mes corps de lumière dorée et d’amour. La paix est maintenant en moi ainsi que la douce joie d’avoir eu le bon réflex. Les émotions bloquées s’accumulent, se cristallisent en des points du corps physique jusqu’à créer des malaises puis des maladies. J’avais une sensation d’irritation à la gorge qui a disparue. Comme j’ai cueilli les framboises dont les tiges étaient remplies de pluie et me suis un peu trempée, j’ai cru que ça en était la cause. J’aurais pu passer une fois de plus à côté de l’opportunité de libérer mon corps émotionnel. C’est vraiment rassurant de pouvoir gérer ses émotions, apaisant de ne pas les retenir. 
Il n’y a aucune crainte à les laisser s’exprimer, au contraire ! Elles ont été refoulées puis nourris par la négation et ainsi ont grossi formant une masse énergétique, un genre d’animal sauvage prêt à rugir à la moindre occasion, explosant de rage dès que la blessure était réactivée. En lui disant qu’elle était légitime est bienvenue, cette bête féroce à saisi l’occasion de se libérer de sa cachette pour montrer un visage doux, reconnaissant. Comme l’animal dont on ouvre la porte de la cage, il tourne un peu dedans ne sachant pas ce qui lui arrive puis finit par s’élancer, laissant derrière lui un goût de liberté et de paix.
Je dois avoir un autre de ces "animaux" coincé dans le plexus solaire qui m’irrite régulièrement. J’essaierais de lui parler d’ici quelques temps, en espérant ne pas oublier et être obligée de vivre une situation désagréable ou un reflet miroir du même genre. Demain est un nouveau jour...
Tandis que j’écris, l’inflammation grandit, je vais donc la voir de plus près.
Finalement, je ne suis pas obligée de connaître la cause de ce blocage, ni d’attendre qu’une situation ou une personne active une émotion puisque le ressenti est là, autant l’accueillir directement.
Encore une libération qui a laissé place à la faim ! J'ai piqué du nez une fois de plus! J'y vois le signe que la détente est "réussie", c'est une première étape.
La douleur est apaisée bien qu’il reste une pointe d’inflammation. J'ai appelé mes cellules à se régénérer et rayonné de la lumière dorée sur mon plexus, au cas où. Rien ne presse, se donner le temps et ne pas s’acharner à obtenir un résultat immédiat, est aussi de l’amour pour soi. D'autant plus que même si ma mère a activée cette blessure, celle-ci remonte certainement fort loin et la mémoire cellulaire est certainement imprégnée...

image trouvée sur "The return of the feminine"

Je viens d’ouvrir ma boîte mail comme je le fais à chaque connexion et j’ai eu l’agréable surprise de trouver la réponse à mon courrier de ce matin. Je suis heureuse d’y voir que nous sommes en accord sur bien des points, d'y trouver une nouvelle piste de réflexion concernant la reconnaissance légitime de l'humain, et d’avoir pu passer de la défensive à la capacité d’écoute. 
Savoir entendre des conseils, est une chose que j’ai toujours eue du mal à accepter. Certainement, l’orgueil mais derrière ce réflexe, il y a la volonté de mon ego de me protéger de la douleur de l’incompréhension à laquelle j’ai dû faire face enfant. Bien que ma mère ait su entendre et réagir quand  le secret de l’inceste à été percé, j’ai toujours eu du mal à accepter qu’elle ne me demande pas pardon pour ne pas avoir réagi à mes nombreux appels au secours. Je parlais beaucoup d’injustice et le fait que je me sois retrouvée affublée du surnom de Caliméro, ajoutait à ma douleur et mon sentiment de rejet et d'incompréhension. Certainement que ma colère envers elle vient de là. 
Mais, comme je suis convaincue que je suis seule à pouvoir prendre en charge cette douleur, par l’accueil des émotions présentes, je persiste à le faire. D’autant que j’ai déjà eu plusieurs occasions de parler de cette frustration avec ma mère et que ça n’a pas ôté la douleur laissée par le trauma alors vécu et si enfouit qu’il ne sort qu’aujourd’hui. 
On peut apaiser la relation à l’autre en s’expliquant mais la douleur émotionnelle ne peut être libérée et guérit par les autres. Elle m’appartient et c’est à moi de la regarder en face avec compassion.

*J'ai des doutes au niveau de l'orthographe; "quelles qu'en soient" (blessures) ou "quelle qu'en soit"(origine), je n'arrive pas à être certaine. Mais, comme le besoin de perfectionnisme est un trait du masque du rigide (blessure d'injustice), bien que je sollicite votre avis, je n'en fait pas un drame et ne cherche pas à tout prix à "avoir raison", volontairement. Un peu plus de légèreté dans chaque petit geste quotidien, participe à la guérison.