lundi 30 septembre 2013

L’étranger



Jeune fille de Bali, Indonésie


La peur de l’autre, des différences, la peur de l’inconnu, autant de croyances qui bousculent notre corps émotionnel et sont le reflet de notre sentiment d’être étranger à nous-mêmes. A tant vouloir recevoir l’approbation, la reconnaissance et l’amour, nous nous sommes perdus, nous avons oublié qui nous sommes en vérité. En parallèle il n’y a jamais eu autant de gens portés à voyager, à découvrir de nouvelles contrées, des modes de vie différents. Tout ceci montre que ça remue à l’intérieur, que le désir croissant de trouver un sens à sa vie, devient de plus en plus pressant. C’est comme si l’univers, nos âmes nous poussaient à la découverte de notre véritable identité. Le chemin qui mène a soi demande de l’audace, du courage, de la transparence et la certitude d’y trouver la lumière. Dans notre mémoire, des souvenirs de toutes sortes demandent à être observés avec amour et les énergies reçues de la source, par leur transparence cristalline dévoilent des aspects jusque là cachés, de notre personnalité multiple qui va du plus dense au plus subtil. Toutes ces facettes nettoyées libèrent peu à peu leur éclat, leur beauté nous révélant notre grandeur tout autant que nos faiblesses. On peut alors y voir l’équilibre et l’harmonie que nous avons toujours incarné. Ce jeu d’ombre et de lumière crée un contraste de toute beauté et le diamant que nous sommes en réalité se dévoile peu à peu à nos yeux. Chaque traumatisme, douleur du passé lorsqu’elle est regardée en face, avec les yeux du cœur se transforme en puissance et nous pouvons reconnaître que la faille a permis cet accueil de l’énergie de compassion.
Chaque fois que j’accueille une part de moi-même dans cette énergie, elle cesse de vouloir lutter pour être entendue, elle n’a plus de raison de se manifester avec autant de force. De la même façon, je vais pouvoir accueillir l’autre dans ce qui le caractérise, sans y ajouter le voile de mon propre déni ; sans voir en lui ce que je voulais me cacher à moi-même. Il sera toujours face à moi sans que son comportement me dérange puisque rien ne sera plus stimulé en moi. Chaque personnage intérieur accepté tel qu’il est, nous permet de comprendre son point de vue et d’y trouver ce qu’il porte d’utile à notre progression, il devient alors un allié qui contribue à la paix intérieure. Écouter une voix intérieure lorsqu’elle se manifeste est un art, celui de se connaître afin de s’aimer entièrement. 
 
Guerrier Massaï, Kenya, photo de Davin Lewis

Tant que l’on rejette une de ces voix, qu’on la considère comme l’étrangère, celle qui trouble la paix, on amplifie la croyance en son pouvoir de nous déstabiliser, de nous faire changer d’humeur mais si on l’écoute, si on la laisse s’exprimer librement, on va découvrir ce qu’elle porte et cette énergie pourra être amplificatrice de paix et d’amour par le simple fait de l’accueillir. Tant qu’on résiste à quelque chose, on lui donne de la force, de l’énergie. Et ce n’est pas en l’accueillant qu’on sera submergé puisqu’alors, elle ne sera plus agressive. Parce que nous porterons un regard neutre sur ce trouble fête, on comprendra qu'il nous suggère à sa façon, de réviser nos croyances et notre comportement et qu'il participe à notre élévation.
Un touriste qui arrive dans un pays étranger traite les autochtones avec respect, ouverture, dans l’objectif de les connaître. Ces rencontres nous reflètent des aspects de notre personnalité qui sont alors révélés. Nous arrivons dans ce pays avec des yeux d’enfants, prêts à nous émerveiller et découvrons des trésors de beauté, toute la magie du voyage et de la rencontre avec un autre, encore plus différents que notre entourage habituel. 
Si nous abordons les personnages intérieurs avec ce même regard, cette envie de découvrir les trésors cachés de notre paysage intérieur, nous les trouveront ; 
Peu à peu, on apprend à reconnaître la part en nous qui est tout amour. Le moment où on arrive à se détendre, lorsqu’on a cessé de lutter, on peut distinguer deux énergies, celle de la contestation et celle de l’accueil. Cette capacité à accepter est une qualité de notre présence divine et dès lors qu’on est dans cet élan, on sait que le divin est là. Mais ça n’est pas le fruit d’un raisonnement du mental puisqu’alors, ce sont deux voix intérieures qui dialoguent. C’est juste un angle, une façon de voir avec le cœur, dans la paix, et quand tout en nous se détend, on ressent alors la présence, notre essence.
Elle n’est pas un personnage, elle est une observation, un regard, une conscience. Les voix intérieures ont un but, un objectif, des arguments mais notre essence est l’acceptation pure, la paix, l’espace en nous capable de tendresse, de compassion, d’accueil sans conditions. La voix qui dit tu as le droit de t’exprimer, est une part de notre personnalité. Elle est celle du mental qui a bien compris l’intérêt d’être en paix. Certains l’appellent mental « supérieur » mais ce genre de mot ne fait plus partie de mon dictionnaire. 
La présence divine est un état d’être au-delà des mots, une énergie qui se trouve en toute chose et le truc c’est juste de la laisser prendre de plus en plus de place en nous, d’apprendre à la laisser se diffuser. Un espace en nous qui est tout simplement, sans justification, sans besoin, sans raison particulière, sans limite, un silence, ce qui donne le mouvement à la respiration discrète mais permanente, tout comme au battement du cœur. Quelque chose qui a toujours existé et qui est toujours là. 


Image trouvée sur Facebook

Nous en prenons conscience lorsque nous sommes dans la détente, lorsque nous nous autorisons à lâcher quelque chose qui nous tenait à cœur, que ce soit négatif ou positif. C’est pour cette raison que nous le reconnaissons très souvent, après avoir été poussé à bout et c’est juste quand on accueille enfin, qu’on dit "c’est bon, je n’en peux plus", que cet état émerge. C’est ce pouvoir de l’acceptation que je découvre au fil du temps qui m’amène à être de plus en plus dans la confiance de qui je suis.
La pluie a commencé à tomber vers 14h et s’abat régulièrement. Bien que le ciel soit gris, j’apprécie le calme et la fraîcheur qui sont un soulagement après la semaine d’écoute intensive des conférences et ces deux derniers jours de forte chaleur. Quand on arrive à se dire, je m’en fous non pas en rejetant mais plus en étant prêt à accueillir ce qui vient, sans peur, sans attente et même sans anticipation joyeuse, qu’une détente intérieure se crée laissant place à la confiance en l’avenir, dont l’idée ne vient même plus en tête -ce sera ce que ça sera-, qu'on se trouve dans cet espace immense. Il n’y pas non plus un genre de fatalité juste la sérénité.
Avec un peu de recul, je me dis que les conférenciers que j’ai écoutés m’ont redonnés confiance en ce que je suis, en ma guidance. Devant ce panel de personnalité variées, j’ai pu constater à quel point chacun était à sa juste place, correspondant à une part de la population bien spécifique. Malgré la différence des approches, le point commun est toujours le même, hormis le fameux point de bascule. Tous abordent le spirituel à partir de l’enfant divin, tous ont vécu une renaissance, l’émergence de la part la plus innocente de leur personnalité, d’un cœur ouvert, d’un regard neuf. Le retournement, la révolution intérieure a été nécessaire. Le retour à la source s’est fait pour la plupart, dans une crise  sévère puisqu’ils étaient dotés d’un fort ego. Mais c’est aussi cet ego qui les a poussé à se relever et leur permet aujourd’hui de s’affirmer, d’oser laisser briller leur lumière. Ce n’est pas leur ego qui est mort mais leurs illusions qui se sont envolées. Ce sont aussi en majorité, des personnes d’un certain âge qui étaient imprégnés d’une éducation très stricte, très conformiste, avec des idées tranchées dans presque tous les domaines et une position sociale très ancrée dans des valeurs superficielles dictées par la morale, la religion exotérique, le système patriarcal...Pour toutes ces raisons, il leur fallait briser totalement ces murs avec force. Ce sont les générations de la transition et un esprit d'avant garde nécessite une forte personnalité, les attributs qui caractérisent les pionniers, mais dans l'amour...
Je peux voir que mon parcours m’a aussi permis de connaître le divin intérieur par le traumatisme de l’inceste. Il a provoqué ce retournement vers l’intérieur animé par l’instinct de survie et la prise de drogue m’a permis de ne pas me conformer aux attentes extérieures et de vivre selon ma propre vision de la vie, mes propres attentes. Je peux maintenant voir tous les aspects positifs du choix d’incarnation de mon âme. Même les chemins qui semblaient les plus éloignés du spirituel constituaient des portes d’accès à mon âme. Mon ego bien que brisé dès l’enfance a pu se reconstruire à mesure que je percevais le divin intérieur et c’est la drogue qui a maintenu un semblant de joie de vivre tout en me permettant de voyager dans d’autres états de conscience. Ces visions bien que provoquées par des produits chimiques m’ont ouvert sur d’autres réalités et ont favorisé un genre de lâcher prise et une ouverture de cœur. 

source inconnue

Mais ce constat est maintenant possible parce que le pardon et l’acceptation me donnent une vision neutre sur les évènements du passé. Tant que je restais dans le triangle victime/bourreau/sauveur, je ne pouvais pas élargir ma vision ni comprendre que j’étais créatrice de ma vie, responsable de ce vécu donc capable de le transmuter. Tant que je croyais que mon mal-être était dû au comportement des autres, je restais dans l’accusation, le jugement, prisonnière de mes bourreaux. L’étape du pardon m’a ouvert sur de nouvelles perspectives et ce simple fait a créé une ouverture de cœur laissant la porte ouverte à mon âme qui a pu s’infiltrer en moi et m’inspirer de plus en plus ouvertement. Peu à peu, j’ai pu voir les événements passés sous un autre angle jusqu’à pouvoir aujourd’hui remercier mon âme pour le choix de cette enfance particulière. 

L’étape actuelle, c’est le pardon à soi-même, la reconquête amoureuse de tous ces personnages intérieurs créés par l’ego, par une mauvaise interprétation des faits.
Choisir de naître dans cette famille spéciale m’a permis de construire une personnalité forte et de chercher l’autonomie affective. Je savais d’entrée que je ne pouvais pas me fier à l’entourage et ça m’a poussée à répondre à mes besoins en puisant dans mes propres ressources intérieures. La frustration immense de ne pas avoir pu exprimer ma vérité de l’époque me donne l’énergie de le faire aujourd’hui. Ma rébellion depuis l’adolescence bien qu’elle m’ait isolée de la société m’a aussi préservé de ses pièges. Tous les acteurs de l’enfance ont été des enseignants par rejet. Ils m’ont permis de savoir ce que je ne voulais pas vivre. La recherche de plaisir dans la drogue a maintenu vivant le besoin de vivre dans la joie, tout comme celui d’affirmer mes propres besoins même ci ceux-ci était destructeurs. Le fait que j’avais besoin de ma dose quotidienne a imprimé en profondeur l’audace de penser d’abord à soi. Le risque de me perdre en chemin a été minimisé par l’instinct de survie qui me permettait de choisir les produits qui m’éviterait l’inconscience et chaque fois que je prenais de fortes doses, ma conscience était en éveil. J’ai appris à utiliser le produit, à le connaître totalement afin de ne pas être manipulée par lui. J’ai éliminé rapidement l’alcool qui m’amenait dans des fréquences très basses et privilégié un produit vendu librement en pharmacie m’évitant ainsi de tomber sous la coupe des dealers impitoyable et dans la prostitution. J’étais consciente de ma dépendance choisie afin de ne pas dépendre de l’amour venant de l’extérieur. Mais cette méfiance était le résultat de mon vécu dans l‘enfance. Même si à cette époque, j’avais une vision distorsionnée de la réalité, j’ai tout de même tiré des leçons de l’expérience qui m’ont éloigné de ce que je ne voulais pas.
Maintenant, je peux voir les personnages intérieurs comme des gardes fou, des guides et les remercier de m’avoir « protégée ». Mon ego a bien fait son travail en me préservant de la déchéance et même si on peut appeler ça de l’orgueil, comme il me fallait reconstruire la confiance et l’estime de soi, ce fut bénéfique. En cette reconnaissance, je trouve la paix et l’amour véritable de soi. Je peux aussi voir l’énergie de la source à l’œuvre dans tout ce que j’ai vécu. Une intelligente active au-delà des apparences qui me confirme la présence du divin intérieure. La connexion permanente de mon âme n’est plus à prouver et si beaucoup s’offusquent que j’aie le culot de prétendre être guidée par ma propre sagesse, c’est le reflet du déni de leur propre lumière. 

Josephine Wall

J’ai plusieurs fois réclamé un soutien de mes guides mais à chaque fois, on me répondait; "Tu veux dépendre d’une source extérieure ?" Comment pourrais-tu t’affirmer, laisser briller ta propre lumière si celle-ci provenait d’un guide ? Tout le monde n’a pas besoin de ce soutien particulier, qui de toute façon est permanent pour tous, mais ça constitue une aide afin qu’ils prennent confiance en eux-mêmes, qu’ils élargissent leur vision sur l’intangible.
Tes plus grands besoins sont la confiance en soi, l’amour de soi et l’ancrage. 
Chacun reçoit l’aide qui lui permettra d’avancer à partir de l‘endroit où il se situe. Tu as connu les états modifiés de conscience dans la prise de drogue, tu sais que l’invisible est une réalité, il te faut maintenant aimer ton corps physique, t’enraciner dans le moment présent afin de goûter ta véritable essence pour faire briller ta lumière dans le concret, la vie de tous les jours. Vous avez chacun des parcours différents même si vous allez dans la même direction et l’essentiel c’est de prendre plaisir au voyage. Tu sais maintenant que rien ne meurt jamais mais que tout se transforme. Cette connaissance te libère de la pression, de l’urgence, de la volonté d’atteindre à tout prix un objectif.
Tu apprends à suivre ton cœur selon ta personnalité, en acceptant ton passé, ton présent en y voyant la main du divin intérieur qui te guide à chaque instant alors continue de te faire confiance et de puiser en ta propre lumière sachant que tu n’as rien à prouver mais qu’il te faut juste t’aimer. C’est en étant toi-même, telle que tu es maintenant que tu es dans l’amour, la cohérence qui te donne la paix et te permet de voir les choses à partir du cœur. Que veux-tu de plus ? Quand chacun aura exprimé sa propre lumière et que vous y verrez l'objectif commun de tous; l'expression de l'amour, vous serez alors unis dans la même énergie. Vous serez des individus réunis par l'amour inconditionnel, redevenus UN dans la source.