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10 Plus ça bouge, plus les choses semblent aller de travers et plus on peut
sentir et constater la force de l’immobilité, du silence. Les connaissances
théoriques, scientifiques, sont intéressantes quand elles nous donnent
l’occasion de mieux aimer, de mieux nous accepter, de mieux comprendre qui nous
sommes mais cela peut aussi être un piège.
Celui de croire que notre valeur se
situe là et que nous sommes au-dessus des autres.
On peut imaginer être capable
de créer sa vie en conscience en contrôlant nos pensées, nos émotions puisqu’on
nous dit que nous avons ce pouvoir de création. Et on peut le vérifier dans
notre vie mais cela ne dépend pas du mental, de la volonté consciente
uniquement.
Plus
nous avons de connaissances, plus nous comprenons ce que nous sommes ne
serait-ce que physiquement et plus on réalise qu’il est impossible de gérer les
mouvements intérieurs.
Seul le cœur a le pouvoir d’harmoniser tous les corps,
les mouvements, les flux, les énergies et c’est par le silence, par le fait de
ne pas s’attacher aux pensées, aux émotions, ne pas chercher à les changer, à les contrôler,
qu'on s'ouvre sur une autre perspective, qu'on vibre l'amour.
Nous pouvons alors agir spontanément,
sans calcul, sans avoir besoin d’anticiper et sans crainte de faire de mauvais
choix. Simplement par le constat évident que c’est la vie qui se charge
d’elle-même.
On croit choisir, décider, mais très souvent nous sommes emportés
par les mouvements internes qui nous font réagir aux circonstances. Plus on
comprend comment nous fonctionnons la plupart du temps de façon inconsciente et
plus on va essayer de bloquer les pensées qui font partie des stratégies de
survie. Plus on veut être l’amour et plus on va chercher à faire taire les voix
critiques, les jugements internes. On va s’interdire de réagir, d’avoir des
pensées négatives, des pensées que la volonté de surpasser la peur fera émerger
naturellement. Les critiques vont surgir dans ce conflit interne où on s’impose
un mode de pensée, un comportement, où on veut surmonter la peur plutôt que juste
la ressentir et la laisser passer.
Se
contenter d’observer, de reconnaitre que la majorité des pensées émergent sans
qu’on le décide peut être très désagréable. On va se demander à quoi ça sert de
pouvoir raisonner même puisqu’on ne décide de rien. La sensation d’être
manipulé par les évènements, les gens, la peur, va augmenter à mesure qu’on va
essayer de contrôler tous ces mouvements internes.
Même quand on sait que la
vibration est ce qui crée, attire et rayonne, on va essayer de focaliser
l’attention sur des choses positives, agréables, et on va sentir un mieux être
jusqu’au moment où quelque chose d’imprévu va nous déstabiliser.
Sans s’en
rendre compte on continue d’être dans le contrôle, la lutte, la résistance et
les attentes qui seront nécessairement déçues parce que la vie gère les 7
milliards d’humains sur terre, en harmonisant les désirs, les vibrations, selon
un plan d’ensemble qui nous échappe totalement. Ou que le mental ne peut pas
concevoir parce qu’on peut avoir quelques secondes de lucidité où les choses
apparaissent dans toute leur beauté, leur caractère prodigieux.
Tour
à tour, on se sentira privilégié puis délaissé, abandonné. La seule façon de
trouver l’équilibre c’est justement de cesser toute forme de lutte. Loin d’être
une forme de résignation, c’est au contraire la reconnaissance de la puissance
qui nous habite et qui habite toute vie.
Ce ne sont ni le mental, ni l’émotionnel
qui forment la vibration à eux seuls, c’est beaucoup plus vaste que cela. On
n’est pas conscient de la multitude de paramètres qui entrent en compte dans la
formation et le maintient de la vibration.
La seule chose d’utile que nous
puissions faire, c’est d’apprendre le détachement et par la même, la confiance
totale en la vie, en ce que nous sommes entièrement.
Tout comme dans un
orchestre symphonique, ce qui forme la mélodie, c’est l’ensemble des
instruments ; non pas un plus un plus un…mais bien la cohérence, l’harmonie
de l’ensemble. Il y a l’instrument, les instruments, leurs fonctions propres,
leur sonorité spécifique et le chef d’orchestre qui rythme, dirige tout autant
les sons que les silences.
Pour un individu, ce chef d’orchestre, c’est le cœur
capable à la fois d’entendre chaque instrument, chaque fréquences émises par
les cerveaux, celui du ventre, de la tête et du cœur, et de les harmoniser.
Même la cohérence cardiaque est une ruse du mental pour tenter de contrôler le
cœur.
Chaque
fois que j’ai essayé, j’ai constaté que le mental était relativement calme
simplement parce qu’il comptait mais d’autres pensées venaient tout de même
derrière.
Et le rythme cardiaque changeait à mesure que je me focalisais dessus
mais au lieu de se calmer il avait plutôt tendance à s’accélérer. Il manquait
un facteur essentiel, le calme au niveau du ventre. Quand on sait la
quantité de microbes qui sont à l’intérieur et comment l’équilibre est
maintenu, on comprend que là encore notre pouvoir psychique est limité.
La respiration
ventrale calme les émotions mais là aussi, c’est seulement l’observation
détachée qui permet de voir que cette respiration devient naturelle lorsqu’on ne
cherche pas à changer quoi que ce soit en soi.
Tant
que le mental veut agir, on est dans le contrôle et on ne trouve pas la paix
véritable ni l’inspiration.
Accepter
ce qui est, c’est offrir au corps, au mental, à l’émotionnel le moyen de
retrouver l’équilibre naturel et la paix profonde.
La
vie nous invite à lâcher prise et ainsi à constater qu’elle prend soin
d’elle-même.
On agit presque toujours à l’envers en essayant de changer quelque
chose en soi.
On veut agir sur le comportement, les faits, les autres, les
pensées, les émotions alors qu’en prenant juste le temps de revenir au silence,
au détachement, à l’observation neutre, tout se met en place et en cohérence,
naturellement.
La paix que nous sommes en essence devient le rayonnement
principal qui inonde les corps subtils et qui devient le diapason.
On
aura l’idée pertinente celle qui correspond exactement au besoin du moment mais
cela demande de se détacher de tout raisonnement, questionnement,
interprétation.
C’est
vrai que c’est difficile à accepter pour le mental puisque nous lui avons donné
la charge de gérer notre vie.
Pourtant, avec du recul si on observe les moments
de notre vie où nous avons pris des décisions, celles qui ont changé
radicalement notre vie, on constate que nous avons suivi notre cœur, notre
intuition, l’élan enthousiaste. Nous n’avons pas choisi après moult réflexions
mais très souvent dans un élan spontané et avec détermination puisque cela
apparaissait comme une évidence.
Et très souvent, les décisions que l’on prend
après avoir réfléchi longuement, souvent selon des croyances, elles mêmes
issues de la peur que l’on veut contrôler, nous ont amené dans des impasses,
des souffrances.
Non pas qu’elles aient été de mauvais choix puisque tout nous
amène à vivre des expériences qui nous permettent d’évoluer, de mieux
comprendre, mieux aimer.
Un choix considéré comme mauvais pour le mental, selon
nos croyances, est l’occasion de se pardonner, de lâcher prise, de cesser de
vouloir lutter contre soi. Une occasion de constater le pouvoir de
l’inconscient et la relativité des jugements, de reconnaitre la puissance de
l’amour inconditionnel, sa façon de nous guérir et de modifier notre vision de
nous-même, des autres. Plus on sait de quoi on est fait et plus on constate que
le contrôle est vain et même impossible.
J’ai
cru au pouvoir de la prière lorsque j’allais dans l’église chrétienne où je
m’étais fait baptisée vers la trentaine mais en fait, c’est juste le fait de
lâcher prise, d’accepter les faits et de s’abandonner en confiance à quelque
chose de plus grand qui a eu un impact profond en moi. Quelque chose que j’appelais "dieu" puisque ce nom palliait
les carences affectives paternelles mais c’est surtout le fait de s’abandonner,
de lâcher la lutte, le jugement, pour se confier à l’amour, accueillir la
tendresse, la manifester envers soi qui a produit des effets "miraculeux".
Envers soi-même ou vis-à-vis de quelqu’un,
c’est toujours le cœur qui s’ouvre, l’humilité de reconnaitre ses propres
sentiments et besoins. Cet abandon à l’amour en soi ouvre le cœur et le désir
d’aimer, de prendre soin, de partager.
Parfois,
la vie nous amène juste à réaliser combien nos carapaces internes nous donnent la
sensation d’être isolé et pour que nous puissions prendre conscience de la
force de l’amour, nous sommes obligés d’aller vers les autres par besoin.
Reconnaitre que nous avons tout à l’intérieur pour vivre dans la paix et
l’amour peut nous couper des autres. Quand on a souffert dans la relation aux
autres on aura du mal à oser à nouveau faire confiance. On reste sur la
défensive et on ne peut pas facilement faire confiance mais quand on prend le
temps de ce centrer lorsque des peurs ou des pensées de jugement,
d’auto-critique émanent, l’élan d’aller vers les autres en confiance et sans
attente, nous ramène dans l’amour, la confiance et l’humilité à l’égard des
autres.
L’humilité
n’est pas se rabaisser, c’est être conscient qu’au fond nous sommes tous dans
la même configuration, le même bateau et avec les mêmes besoins. C’est reconnaitre le caractère
universel de la conscience et des masques, de l’inconscient et de ses
stratégies, des blessures d’enfance et de l’amour qui est notre raison d’être à
tous. C’est reconnaitre le besoin de communion, d’unité qui est le reflet de
notre nature essentielle, de la conscience Une, dans la matérialité.
Fonder
la confiance sur la force et les capacités du mental nous éloigne de notre
nature essentielle, nous coupe de l’énergie du cœur autant que des émotions.
Les émotions nous montrent qu’un de nos besoins n’est pas nourri lorsque ce sont
des émotions telles que la colère, la peur, la tristesse et lorsque nous sommes dans la joie,
elles attestent que nous sommes comblés dans ces besoins vitaux universels. Le
mental, l’émotionnel et le corps physique ont besoin aussi d’amour.
La relation
harmonieuse avec nos corps nourrit le besoin vital d’amour et cet élan nous
donne envie de partager, d’aller vers les autres sans crainte, sans attentes,
juste pour le plaisir d’aimer, de vibrer. On peut constater que lorsqu’on est
amoureux, c’est davantage la sensation d’amour que nous apprécions. Si ça
n’était pas le cas, nous ne pourrions aimer qu’un être.
Le
fait de savoir que nous avons tout en nous pour être épanouit peut nous amener
à croire que nous pouvons nous passer des autres et cela nourrir les
blessures, les croyances. C’est une stratégie de repli sur soi, une façon de valider l’idée
que nous sommes seuls, que les autres sont des ennemis potentiels. Mais il s’agit
d’autonomie affective ou de reconnaitre en venant au centre de soi, que nous
sommes la paix, l’amour, que nous n’avons pas besoin des autres pour sentir cet
amour que nous sommes.
Croire que nous pouvons nous passer des autres, c’est ignorer la nature de l’énergie, son mouvement nécessaire à l’expansion.
C’est
d’abord en soi que cette énergie se déploie, dans l’abandon des jugements, de l’auto-critique,
l’accueil des émotions. Puis elle rayonne naturellement vers l’extérieur nous
ouvrant aux autres, à être plus empathiques, sincères, authentiques, capables
de dire ce que nous ressentons dans l’instant.
J’ai
encore des problèmes de voiture qui m’ont obligé à demander de l’aide. C’est
quelque chose que je n’aime pas faire parce que j’ai forgé ma personnalité sur
des croyances émanant des stratégies de survie du style, il faut se blinder, se
protéger des autres, poser des limites…Ce qui n’est pas non plus faux du point
de vue du mental, c’est la suite logique et l’expression du blocage des
émotions.
C’est
seulement quand je reviens au calme, au silence ou au détachement mental que ma
vision change, que je vois le problème comme l’occasion d’ouvrir son cœur, de
tomber les résistances. Cela se présente naturellement lorsque les émotions associées
à la peur de l’autre, à ces croyances élaborées dans l’enfance sont accueillies
simplement, au-delà des pensées ou sans plus s’y attacher.
L’élan
d’aller demander de l’aide vient naturellement sans arrière pensée, sans me
demander si je vais être redevable par la suite, sans me dire que c’est le
signe d’une forme de faiblesse, sans me dire non plus que ne pas demander d’aide
serait une forme d’orgueil.
Toutes ces pensées se sont manifestées mentalement
lorsque j’ai allongée dans le seul but d’observer tous les mouvements internes.
Sans chercher à les rejeter, sans y adhérer, sans les mépriser, peu à peu, le
silence apparait puis vient l’idée spontanée ou inspirée par le cœur. Par l’ouverture
du cœur qui amène à passer à l’action sans calcul, spontanément.
J’ai souvent
eu cette impression d’être obligée par la vie, à lâcher prise, à céder à l’appel
de l’amour intérieur. Cet amour qui ne demande qu’à s’épanouir, à rayonner mais
qu’on bloque par des croyances, par la volonté de bloquer, de surmonter la
peur. Mais derrière cette volonté, il n’y a que le besoin de contrôle.
Pouvoir
observer cela sans se faire de reproche, c’est la manifestation pure de l’amour
en soi, envers soi, envers ces corps subtils qui ont été maintenus dans la
lutte l’un contre l’autre.
On peut aussi voir cela comme la lutte entre le
masculin et le féminin en soi tout comme dans les relations homme/femme. Le
mouvement féministe à eu des aspects positifs mais ça reste une lutte pour
obtenir le pouvoir, une inversion des rôles qui se retrouve aussi dans la lutte
des classes.
Tant que le ressentiment, l’esprit de vengeance règnent, l’amour
ne trouve pas sa place. Pourtant c’est le chemin de guérison véritable, autant
en soi que dans la relation aux autres. Ce n’est pas un concept, une posture, c’est
notre essence profonde, notre nature qui s’exprime par l’ouverture, l’accueil
et qui se vit d’abord en soi.
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l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog :
« Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr Photos: Al Arnasson