samedi 9 mars 2019

« Une vie, un potentiel créatif à la portée de tous »




7 02 On oppose souvent les choses comme si c’était inévitable. Tout est considéré sous l’angle judéo-chrétien et binaire en termes de bien et de mal, de haut et de bas, de bons et de méchants mais si on observe la réalité au quotidien, on comprend que les choses sont à la fois plus complexes et plus simples. Il y a bien évidemment des positionnements plus justes que d’autres mais d’une part le caractère subjectif de l’individu et d’autre part la relativité des choses, ou le contexte des situations, le vécu de la personne, le simple fait que nous soyons soumis à des lois universelles, au temps linéaire, le fait que chacun ait sa propre perspective, tout cela nous montre combien la vision binaire des choses est réductrice et simpliste voire même caricaturale.

Il serait intéressant de faire une étude sociologique des tenants de chaque point de vue dans ce qu’on appelle la lutte des classes. Chacun défend ses intérêts, ce qui est légitime de toutes parts mais on reste convaincu déjà qu’il faille lutter contre l’autre camp et dans cette perspective qu’un vainqueur doive en sortir. C’est nier à la fois la différence, le droit de chacun de penser par lui-même, d’avoir un avis particulier et par-dessus tout, on ne tient que rarement compte de l’intérêt commun. Chaque camp s’arme en défendant son point de vue qui va attirer les personnes en résonance et plutôt que de débattre dans le respect mutuel, on oppose ses points de vue où chacun considère qu’il est dans le vrai. 

La science commence à mieux comprendre le cerveau et les différentes parties qui le composent, tout comme elle démontre qu’il n’y a pas seulement une intelligence cérébrale mais de multiples intelligences logées dans le cœur, le ventre…les cellules. Et par-dessus tout, elle observe l’interaction entre ces intelligences, leur coopération et l’harmonie qui en découle.


Les philosophes antiques et plus récents, les religions orientales, donnent une représentation des corps subtils qui sont le reflet du mode de fonctionnement du corps humain que la religion catholique a diabolisé, méprisé, torturé…

Depuis que l’humain existe, il se pose des questions et tente d’y répondre par intuition et par la raison. Il se pose des questions quand la réalité le dérange, quand il a du mal à vivre au quotidien, quand les peurs le dominent et en ce sens, c’est quelque chose de positif ou qui peut aider à évoluer. Darwin a bouleversé la vision du monde que la religion prétendait détenir mais seule la force de persuasion, la capacité à surfer sur les peurs, la culpabilité, à apporter des réponses toutes faites aux questions existentielles lui donnaient ce pouvoir. On préférait croire ceux qui nous semblaient plus intelligents, plus éclairés, plus cultivés plutôt que de se fier à son propre raisonnement, sa vision, son désir même. 
Et malgré ce qu’on peut dire au sujet de la liberté individuelle, on est encore dans ce même schéma où on attend de savoir ce que pensent les intellectuels, les politiciens, les élites, avant de se faire une opinion. Et je ne fais pas exception à la règle mais j’en suis consciente ce qui me permet déjà de retrouver ma faculté de penser. 
Car à mon sens, le problème est bien là. Tant qu’on est manipulé par ses émotions, par la peur, la colère, la tristesse…on ne peut pas raisonner objectivement. Il ne s’agit pas de nier ses émotions ou de les éloigner par des moyens divers et variés mais plutôt d’apprendre à accueillir ces énergies, à laisser ce flot tempétueux s’exprimer sans s’y attacher, sans interpréter, sans le bloquer. Plus ça va et plus je me dis que ces émotions sont précieuses et que le fait de leur coller une étiquette les emprisonnent, les enferment dans la sphère du mental et dans le corps physique.

On peut constater comment le néocortex ou la faculté de raisonner est intimement relié au tronc cérébral et au cerveau limbique. Nous avons cru et nous croyons encore que l’intelligence est réservée à une élite et ce que nous appelons Dieu semble être la projection de ce néocortex ou l’image de cette faculté de raisonner. On a longtemps cru que l’humain était un sauvage qu’il fallait commander et face à l’ignorance on a formaté les gens par peur d’être submergé par la populace.

Toutes les idéologies, les religions, naissent et se nourrissent de la peur, de l’ignorance. Et l’école a plutôt tendance à former les gens selon une idéologie que de donner à chacun la faculté de penser afin d'être capable de se faire sa propre opinion. 
L’intérêt de tous les pouvoirs, c’est de maintenir les gens dans la peur et l’ignorance. 
Et depuis la dernière guerre, dans la culpabilité, la honte, le besoin d’un sauveur, d’un homme providentiel qui réglera tous les problèmes, se fait ressentir avec force. La religion et sa morale culpabilisante perdait de sa puissance alors la dualité et la bienpensance ont envahit le terrain politique. 
L’ignorance de sa propre constitution et de son potentiel rend l'humain esclave. Esclave de ses pulsions réfrénées ou nourries, ce qui revient au même d'un point de vue énergétique.
La période de l’enfance est un moment crucial dans le devenir d’un humain, l’enfant est à la fois une éponge émotionnelle et un être fragile pour qui l’amour est vital. 

Même lorsqu’il n’a pas encore la capacité de raisonner, il comprend instinctivement son influence sur son environnement, sur sa mère, son père, ses frères et sœurs. Je prends soin de ne pas considérer la famille en bloc puisque chaque relation est déterminante dans la formation de sa personnalité. 
La relation au père va déterminer celle qu’il aura avec l’autorité, la relation à la mère va construire son monde affectif et celle qu’il entretien avec sa fratrie sera déterminante dans sa relation aux autres, à ses contemporains, ses amis. 

Même si c’est caricatural, cela donne une idée de la façon dont on construit sa relation aux autres et donc sa personnalité. Depuis les dernières générations, la structure familiale a changé et les repères ne sont plus les mêmes. Très souvent, le père étant absent, le besoin  de repères, de sécurité qu’autrefois le père solide et responsable représentait, se projette sur les hommes politiques ou religieux. Ces hommes dont on attend tout mais qui vont nécessairement nous décevoir comme si le schéma était le reflet du vécu de l’enfant dans sa relation au père absent. A la fois détesté pour l’abandon et en même temps idéalisé par le manque, l’absence.

Il est clair que l’interaction avec la famille nous formate et même si c’est inconscient, on peut tout de même constater qu’on se construit sur des croyances et aussi sur des silences mais dans les deux cas, le mental émotionnel et l’inconscient construisent ensemble la personnalité du futur adulte. 
Devenir conscient des formatages ou conditionnements et s’en détacher est donc essentiel. 
On est à la fois animal par notre instinct, nos pulsions vitales, nos sens et en même temps humain  par cette capacité de réfléchir. Pour connaitre, pour savoir qui nous sommes en vérité, il suffit de lâcher les croyances et conditionnements. 
En théorie, c’est simple mais cela demande une pratique constante. 

La réaction première est très souvent  l’expression de la peur et en apprenant à s’en détacher, à ne pas suivre ces réflexes, on permet au raisonnement d’avoir lieu. 
La peur ou étiquetée comme telle est une énergie contrariée et qui parce qu’elle est soit réprimée, soit niée, soit utilisée, s’empare de notre faculté de penser. 

Pourtant, elle exprime aussi le désir d’être et de perdurer, elle est une réaction qui obéit à l’instinct de survie. En apprenant à l’observer, sans interpréter on va voir combien elle peut nous servir lorsqu’elle s’active. Elle nous renseigne sur nous-même, révèle nos conditionnements, nos croyances mais elle nous avertit aussi d’un danger potentiel. 
Et le premier de ces dangers, c’est de perdre la capacité de raisonner. 

Quand j’observe mes réactions primaires, je peux constater que la peur me paralyse généralement. Mais dans l’observation neutre, elle est une dynamique, un moteur de décision et d’action, de façon inconsciente. Devenir conscient de cela en révèle aussi le potentiel créatif. 
Le drame, c’est que cela s’active par défaut et nous fait réagir plutôt que de choisir, d’agir en conscience, selon nos souhaits, nos besoins. Tant qu’on n’est pas conscient de ces mécanismes, tant qu’on ne s’en détache pas, on aura la désagréable sensation d’être manipulé de l’intérieur et par l’extérieur. Ce qui est souvent le cas mais ça n’est pas non plus une fatalité. 

Il est vrai qu’on peut se demander où se situe le libre arbitre tant qu’on est mu par la peur, tant qu’on pense et qu’on agit sous l’emprise de la peur mais dans la reconnaissance et l’abandon des croyances, peu à peu on voit ce sur quoi on a du pouvoir. 
On distingue mieux où se situe notre libre arbitre et c’est d’abord au niveau mental que ça se situe, dans l’idée qu’on se fait de la réalité. 
L’idée est l’image qu’on se fait de quelque chose or c’est une vision rétrécie et fausse puisque nos sens sont multiples, notre cerveau utilise les infos sensorielles autant internes qu’externes. Il puise dans la mémoire, compare et construit son raisonnement selon les interprétations qu’il a faites par le passé. 




Ces interprétations sont élaborées dans l’enfance, par défaut, selon l’instinct de survie et dans l’urgence. Ce qui est formidable, c’est qu’on peut changer son mode de traitement de l’info en étant simplement dans l’observation neutre. En observant on reconnait les conditionnements, les croyances et s’en détachant, en arrêtant de les considérer comme des vérités immuables et absolues, on se libère, on retrouve la faculté de raisonner. 

Ce qui ne se fait pas sans trouble puisque ce sont les illusions qui s’effondrent. L’illusion de nos croyances si sécurisantes. Quand je parler d’illusion c’est dans le sens d’idées préconçues, de réponses toutes faites. Se détacher de ces formes de raisonnements c’est retrouver sa capacité de percevoir plus clairement mais l’heure n’est pas encore à l’interprétation. 
C’est cette période de déconstruction qui peut laisser un sentiment de perte, perte de sens, perte de sens de l’orientation, incapacité à choisir, à décider. C’est aussi un moment ou la réalité extérieure fait écho à ce qui se vit en soi. Et c’est donc l’occasion de lâcher prise, de revenir au centre, de revenir à la paix du cœur. Puis de se laisser guider par le désir qui s’en suit. Désir qui va s’exprimer sans s’appuyer sur une idéologie particulière mais qui sera la réponse conjointe aux besoins réels du moment.

Je retrouve les bienfaits du jardin, les vertus du bêchage qui n’empêche pas de penser mais qui m’aide à persévérer dans ce désir de lâcher les croyances tout en étant connecté directement à la terre, aux éléments, aux cycles naturels qui sont en résonance avec notre horloge biologique interne. 
La nature a cette capacité de nous ramener à l’essentiel, à l’équilibre, l’harmonie. 

La réalité de la nature nous semble bien cruelle lorsqu’on la considère au travers des filtres que sont les croyances elles-mêmes étant des réponses intellectuelles à des questions existentielles. La nature nous montre l’équilibre permanent entre les forces que l’intellect considère comme antagonistes. Il y a un ordre dans le cycle des saisons, dans l’équilibre jour/nuit, qui a quelque chose d’apaisant, de structurant. Son mode de fonctionnement nous renseigne sur le caractère cyclique de la vie, la force de l’équilibre, la nature nous montre la justice dans le fait que chaque individu ait sa place malgré ou justement par ses différences. Elle nous enseigne le bien commun, l’interaction qui permet l’évolution, l’importance de l’équilibre et de l’harmonie entre le ciel et la terre. Le ciel et le soleil, la lumière mais aussi la lune, la nuit, les profondeurs de la terre, la mémoire géologique, l’importance de l’enracinement qui permet l’élévation. L’attraction du vivant vers le soleil mais aussi l’attraction terrestre et peut être avant tout, dans toutes ces observations, la nécessité de l’équilibre, du bon dosage, du respect de l’autre.

Tout ce qu’on observe à l’extérieur est la projection de ce qu’on est à l’intérieur. Que ce soient la structure mentale qui s’exprime à travers les rôles où le néocortex perçu comme le Soi en lien avec les croyances joue les rôles de censeur, de directeur, d’inhibiteur des émotions, on reste dans le besoin de contrôle de la nature. Le besoin de contrôle de ce qu’on perçoit et ressent comme l’animal en soi. Ce n’est pas un hasard si les espèces en voie d’extinction se multiplient. C’est à l’image de ce que chacun vit en soi quand il repousse ce qui le dérange à l’intérieur.

Lorsqu’on veut lâcher les croyances et les conditionnements, le néocortex ou soi, devient l’observateur neutre et c’est là toute sa grandeur. Son potentiel libérateur se révèle ainsi et on constate que là encore, il ne s’agit pas de contrôler mais de juste d'observer et de voir comment les énergies, comment les différents cerveaux internes se connectent et œuvrent ensemble. 
C’est sûr que c’est momentanément plus sécurisant de croire que notre mal-être vient des circonstances, de l’extérieur parce qu’il est plus facile d’espérer trouver de l’aide au dehors que de croire qu’on peut être complet, capable de se prendre en charge. 

L’estime de soi construite sur la comparaison, les remarques des parents, des autres qui veulent à tout prix nous ranger dans des cases, est surtout élaborée à partir des manques ressentis dans l’enfance. 
C’est sûr que l’ego en prend un coup quand il constate l’existence de l’enfant en souffrance en soi surtout quand cela est perçu vers la cinquantaine mais c’est aussi le bon moment pour lâcher les croyances invalidantes. 

La vie est bien faite parce qu’on prend conscience de certaines choses au moment où l’expérience, le recul, permettent justement d’envisager le changement. 
Le mouvement des gilets jaunes qui dégénère à cause des quelques individus en mal de justice mais inconscients de la réalité qui se vit en eux, qui est récupéré par les partis politiques à l’approche des prochaines élections, tout cela m’a aidé à prendre en charge la blessure d’injustice. 
J’ai vu comment ma raison se troublait tout à fait tandis que les émotions s’exprimait mais en ne m’y attachant pas, j’ai pu sentir comment l’équilibre et la paix revenaient naturellement. 

Maintenant, ce qui importe, c’est de savoir orienter le mental vers ce qui élève, ce qui nourrit l’unité et l’amour intérieurs sans retomber dans l’illusion des croyances. 
C’est là où l’activité au jardin remet les pendules à l’heure, naturellement. Le mental n’est plus le roi, le directeur, il est juste un des acteurs du mouvement. 

Un mode de gouvernance où chacun s’exprime selon ses talents, ses capacités dans le désir commun de nourrir la vie, de la célébrer. Une façon de laisser l’intelligence de chacun des corps subtils, de chaque organe, de chaque cellule, de chaque centre nerveux s’harmoniser naturellement. 
C’est dommage que la science s’oriente toujours dans la même direction où comme à l’image de la société on apporte une réponse mercantile ou médicamenteuse à chaque problème au lieu d’aller au fond des choses. 

C’est la même chose au niveau des médias, on joue avec les images, on multiplie les infos sur l’écran, on formate, on est dans la propagande au lieu d’enrichir l’ensemble avec de vrais débats de fond. On oppose les gens, les races, les genres, les religions au lieu d’y voir le potentiel enrichissant des différences capables de s’accorder et de s’élever mutuellement. 
La puissance des images, de l’internet, c’est l’expression de notre façon d’envisager le corps physique comme une façade dont seule l’apparence compte. Cette image ne saurait représenter l’être, elle est la projection de nos attentes, de notre espoir de vaincre la mort grâce à la médecine. 

Au lieu d’affronter nos profondeurs afin d’en ressortir grandit, avec du relief, de la consistance, on fait attention à notre image quitte à la photoshoper parce qu’il faut montrer qu’on assume la relation au corps physique, qu’on reste jeune, désirable donc valable. 
Accepter de vieillir, de changer, n’est pas seulement négatif, la maturité apporte des qualités, une certaine empathie, un détachement salutaire, une vision des choses relativisée et pacifiée. 
Mais c’est sûr que si l’estime de soi est liée à l’image, la performance, le fait de vieillir est particulièrement angoissant. 

La contemplation de la nature, des fleurs qui fanent et tombent au sol pour renaitre au printemps prochain nous enseigne le cycle de la vie, les différentes phases nécessaires à l’expansion de la vie, à son maintien. 

Se situer au-delà des croyances aide à prendre conscience de la réelle grandeur de l’être, du mouvement dynamique interne entre deux forces en apparence antagonistes qui ensemble nourrissent le mouvement. 

Accepter d’être mortel révèle le caractère éternel et précieux du vivant qui nous anime. Car même si le corps physique se dégrade, les atomes, les cellules, la chair même va nourrir à la fois la terre et l’éther. C’est une continuité ou la notion d’individu est relativisée. 
Prendre conscience du caractère éphémère de cette configuration particulière en révèle le potentiel singulier et ce sans avoir besoin ni de changer le monde, ni les autres, ni même les circonstances. 
Changer simplement son regard sur ce qui est, le rendre plus objectif sans pour autant nier les réactions internes, nous situe en nous-même, nous montre que nous sommes toujours au bon endroit, au bon moment.   

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr  Photos privées