jeudi 4 octobre 2018

« Faire face à sa réalité, au présent »




24 09 Il y a bien longtemps que je n’ai pas eu envie d’écrire. Il y a un temps pour réfléchir, pour s’informer et un temps pour appliquer, intégrer les informations et adapter son mode vie à celles-ci. Ce qui demande un temps pour faire de la place dans sa tête afin d’accueillir de nouvelles informations ou au moins de pouvoir adapter son mode de vie à ces nouvelles données. Et là je parle davantage de ce que nous savons de l'humain au niveau scientifique, physique, physiologique, énergétique et psychologique.
Lâcher les croyances demande de nombreuses prises de conscience et une préparation mentale. Très souvent on remet en question des croyances lorsque celles-ci n’apportent plus de résultat ou un certain confort psychologique. Et en dernier recours, très souvent, c’est quand notre corps physique manifeste des anomalies, des symptômes, qu’on est obligé de se tourner vers l’intérieur, de faire face à cette réalité. On est tellement novice dans notre capacité à accueillir les émotions dans le détachement qu'il faut souvent qu'on soit contraint de sortir de notre zone de confort.

Le corps physique exprime, au travers de maladies, de symptômes, ce que le corps émotionnel retient ou ce qu’il ne peut pas exprimer. La mémoire traumatique reste ancrée malgré les diversions que fait le mental afin de ne pas prendre en compte les souffrances refoulées. Il est spécialiste dans l’art d’éluder, de se convaincre que tout va bien et le déni, le refoulement, la fuite, sont ses armes.  
Il est clair que la guérison des blessures d’enfance est indispensable au mieux être mais ça demande de développer une certaine qualité d’écoute. Il est essentiel d’apprendre à observer les choses de façon neutre, en simple observateur mais c’est quelque chose qui n’est pas naturel puisque nous sommes identifiés au personnage construit depuis l’enfance et aux stratégies de survie, de déni. Cela demande donc un effort ou du moins un changement d’attitude face à ce que nous vivons et ressentons. 
On a beau savoir que nous ne sommes pas foncièrement le personnage ou la construction psycho-émotionnelle établie durant l’enfance par instinct de survie, la majeure partie du temps, on s’identifie au rôle de victime, ou de sauveur. Plus rarement, on adhère à celui du bourreau qu’on détecte surtout chez les autres. Mais pourtant, nous jouons très souvent le rôle de bourreau envers nous-mêmes, justement envers l’enfant en nous qui demeure en souffrance.

Il y a d’une part celui que nous voudrions être, vivre, ressentir, puis il y a la réalité du moment, les faits. Entre ces deux états, entre la projection de notre mental, de notre désir conscient et la réalité, celle qui émerge spontanément, il y a un fossé. 
Et cet écart créé des frustrations, des souffrances, des symptômes dus au stress permanent qu’engendre cette lutte intérieure. C’est pour cette raison que j’ai parlé dans mon dernier texte en juillet, du désir de faire la paix avec soi-même. 
C’est une intention, un désir qu’il est nécessaire de vouloir poser. 
Pour que ce désir devienne une réalité, le positionnement est l’observation neutre et le lâcher prise ou détachement. Cette observation amène nécessairement à reconnaitre les peurs, les besoins et les stratégies mises en place pour tenter d’y répondre. Ce positionnement permet de constater que la peur ou plutôt les nombreuses peurs nous ont amené à élaborer des réponses automatiques de survie. 
On voit que le doute de soi, le rejet de ce que nous jugeons inadéquat, l’incompréhension de ce que nous sommes, a généré des croyances. Et ces croyances nous sécurisent, elles nous donnent l’impression de savoir qui on est et où on va. 

Mais en observant objectivement les choses, on constate qu’elles sont infondées ou qu’elles sont plus proches de l’illusion que de la réalité. On en voit le caractère pervers à l’échelle planétaire au travers des guerres et maintenant des attentats. Et c’est la même chose en soi, on tente d’imposer à nos corps mental, émotionnel et physique, la vision mentale idéale, la projection de ce que nous voudrions être ou du moins paraitre. 
On lutte contre nos pulsions, nos réactions, nos mauvaises pensées, nos émotions dites négatives, contre tout ce qui ne correspond pas au modèle idéal souhaité. La société, les religions, les médias nous poussent à cultiver le personnage idéal. Un personnage plus virtuel que réel. On cherche à faire émerger le divin en soi comme si celui-ci était précisément le modèle de l’humain parfait.

Dans cette observation neutre, on constate que nous avons des pensées, des comportements qui correspondent aux différentes parties de notre cerveau. 
Ces pensées et comportements sont automatiques, instinctifs, primaires et ancestraux pour la plupart. Ils sont aussi universels parce que quasiment inconscient ou automatiques. 
On réagit encore par instinct de survie, répondant à la peur par des stratégies d’attaque, de fuite ou de déni. Et ces comportements forment les personnages soit de victime, soit de bourreau, soit de sauveur. 
C’est aussi ce qu’on retrouve dans les religions, la politique et au fond, ce qui émerge de tout cela, c’est la peur d’exister par soi-même, de penser par soi-même, d’être responsable de soi, de sa vie.
Ces parties qu’on a opposées depuis des siècles arrivent pourtant à cohabiter, ça c’est quelque chose de remarquable et qui me pousse à croire qu’on décide finalement de peu de choses. 
Plus on connait la constitution d’un humain, son immense complexité et plus on se dit que notre volonté consciente a une marche de manœuvre infime pour ne pas dire nulle. En ce sens, l’observation objective nous révèle à la fois notre impuissance et notre pouvoir qui réside dans le fait de ne plus opposer de résistance ou de lâcher prise. 

Et c’est quand on se positionne dans cette neutralité que la paix survient parce qu’on se dit que la vie même nous meut. On ne choisit pas le jour de notre naissance ni celui de notre mort, on est agit par nos pulsions, nos désirs, nos peurs même et c’est tellement effrayant qu’on a élaboré toutes sortes de croyances pour nous donner l’illusion du pouvoir.
Quand on observe ce qui se passe en soi, on peut constater nos modes de fonctionnement, reconnaitre les masques, les rôles qu’on joue mais le seul pouvoir que nous ayons face à ces automatismes, c’est de s’identifier ou pas à ce personnage que nous incarnons avec le plus de constance. 

J’ai été guidée tout l’été à écouter des conférences de Michel Onfray. Que ce soit au sujet des religions, de la politique ou du sens de la vie, cela m’a fait beaucoup de bien d’entendre quelqu’un d’intègre dont le discours est cohérent. J’ai retrouvé beaucoup de résonance dans son discours et notamment au sujet des religions ou de la politique qui fonctionnent sur le même modèle patriarcal et pyramidal. 
Que ce soit dieu ou un idéal politique, on est toujours à la recherche d’un père, d’une autorité, d’un guide. 
L’écoute de ses conférences m’a aidé d’un côté à lâcher des croyances auxquelles je n’adhérais pas tout à fait mais d’un autre côté, cela m’a ramené à l’idée que cette vie n’a pas vraiment de sens. Et toutes les croyances viennent justement essayer de réponde aux angoisses existentielles. 
Lâcher les croyances c’est comme se retrouver perdu dans l’immensité de l’univers mais n’est-ce pas plus libérateur ?

Le jardin, le fait de cultiver la terre, de suivre le temps, de m’y adapter, d’être dans une réalité concrète, m’a aidé à ne pas perdre pied dans ce dépouillement.
Nous vivons à une époque difficile parce que tout est remis en question. Il est clair que la société néolibérale convient à la majorité des gens, des plus jeunes puisqu’ils sont dans une phase de la vie où le besoin de gagner, de s’affirmer par l’avoir, la compétition, sont considérés comme essentiels. Les plus âgés sont coincés par leurs besoins et par la peur de la mort, du manque que les assurances fondées sur les transactions boursières sont sensés assumer. Et comme le marché est fluctuant par nature, cela créé plus de stress à une période de la vie où justement c’est l’occasion de lâcher prise, de se détacher du consumérisme à outrance. Les parents ou adultes trentenaires sont quant  eux coincés par la nécessité de rembourser leurs dettes, de nourrir leurs enfants. 
Même si on déplore le fait que le marché fasse la loi, tout le monde est conditionné et pris dans cette spirale infernale où le pouvoir d’achat dicte sa loi. On parle de pouvoir d’achat en oubliant la qualité de la vie, on pense en consommateur compulsif. 

Le pouvoir d’achat semble répondre aux peurs et notamment celle de la mort ou du vide et celle du manque. Comme si le fait de pouvoir consommer nous donnait la sensation d’exister, d’avoir le droit d’exister. On est prêt à accepter n’importe quoi pour pouvoir continuer de consommer. On est encore largement dans la survie. 
Le système néolibéral utilise des mots qui sèment la confusion parce qu’on entend liberté individuelle alors que cette liberté concerne principalement la finance, le marché. La libre circulation des individus est l’écran de fumée qui cache celle des marchés. Les personnes qui peuvent circuler librement sont celles qui en on soit les moyens ou celles qui y sont obligées par nécessité. On résonne maintenant à l’échelle planétaire et les arguments de ceux qui s’enrichissent grâce aux paradis fiscaux mettent en avant le fait que le tiers monde s’en sorte mieux qu’avant. 
Ce n’est pas par humanisme qu’on autorise les gens venant de ces pays émergeants à venir dans les pays dits riches. On calcule encore et toujours par bénéfice, le profit des plus riches est toujours l’unique intérêt. On vend des armes aux dictateurs puis lorsqu’ils les utilisent contre leurs populations, on les bombarde au nom de la démocratie. Puis via les médias qui véhiculent le même discours, on tente de nous convaincre que lâcher des bombes sur ces populations civiles est non seulement légitime mais en plus que c’est « bien ».

Tant qu’on reste attaché au besoin d’avoir un guide, un maitre, un père de substitution, c’est que l’enfant en soi est en manque affectif, en manque d’amour, d’écoute, de reconnaissance. Même et surtout dans les religions, on a besoin que quelqu’un nous dise quoi penser, quoi croire et comment vivre.
En ce sens, les discours tenus par les gens comme Onfray avec le post anarchisme, les êtres de lumière comme Abraham, les guides de l’unité, Darpan, Isabelle Padovani..., et la plupart des personnes dont je transmets les messages ici, vont dans la même direction ; la prise en charge des blessures d’enfance, l’autonomie affective, la foi en soi, en sa propre guidance, en sa propre logique ou sagesse.

Mais pour quelqu’un qui a toujours fuit ses émotions, nié les souffrances, que ce soit avec les drogues ou dans la quête existentielle, la foi en la source, ce n’est pas si facile à intégrer, à vivre. En ce sens la réalité de la terre, ses cycles et l’écoute de l’enfant en soi, constituent à la fois un cadre et une approche cohérente, sécurisante, de cette réalité intérieure. 

Je prends conscience que je n’ai jamais voulu incriminer mon père pour ce qu’il a fait. Je lui ai un peu vite pardonné dans le sens où je ne me suis pas autorisée à exprimer ma colère envers lui. Même si le pardon permet de lâcher le passé ou de pouvoir être relativement en paix, il est absolument nécessaire de faire face à la réalité de l’enfant en soi. D’un autre côté, comment exprimer sa colère face à quelqu’un d’irresponsable ou d’insensé qui a aussi vécu ce même trauma ? C’est ce que je vais tenter d’élucider avec une psychologue. J’ai été guidée à faire cette demande auprès de la personne chargée de mon dossier dans le cadre du RSA, cet été sans trop savoir pourquoi. L’idée, c’était de pouvoir parler avec quelqu’un de neutre de tout ce passé qui continue de m’handicaper lourdement. 
C’est vrai que la foi m’a permis de survivre jusqu’à maintenant mais au prix de ma santé physique. Même si l’aspect psychologique de l’humain est essentiel, le mental ne fait qu’utiliser des stratégies de fuite, de déni qui ne résolvent rien au niveau émotionnel et donc pas plus au niveau physique. On parle de positiver, on met l’accent sur l’impact de nos pensées/émotions négatives sur l’organisme mais on demeure dans le déni, le refoulement. Le mental ne peut pas résoudre le mal-être viscéral ou existentiel. Il agit comme un pansement sur une fracture ouverte. 
Prendre conscience du fait qu’on est dans le déni est une phase essentielle dans le processus de libération. Je ne dis pas non plus que la foi est une forme de déni de la réalité puisque nous sommes bien plus qu’un corps physique mais ce qui est certain c’est que très souvent c’est une façon de répondre aux angoisses existentielles qui nie la souffrance de l’enfant en soi. 
Le confort psychologique demeure précaire tant qu’on n’exprime pas les souffrances de l’enfant intérieur. La clef repose dans le fait de ne pas s’identifier à ses souffrances mais tant qu’on ne les exprime pas viscéralement, émotionnellement, elles nous rongent de l’intérieur et nous maintiennent dans l’illusion du bien-être.

Je laisse donc émerger la colère envers mon père et envers moi-même pour toutes ces années de déni, de fuite par les drogues et par l’entretien de croyances plus proches de la superstition, de l’illusion que de la réalité. Il est clair que lorsqu’on a eu un père défaillant on est en quête d’une autorité fiable et juste. Et ce n’est certainement pas dans l’image du dieu de l’ancien testament qu’on peut s’y retrouver. Par contre, celle du Christ répond à la fois à ce besoin de justice, d’amour et elle correspond étrangement à l’image du sauveur, du prince charmant que nous vendent les contes, les dessins animés de Walt Disney. Là encore, on est dans une forme de déni, d’illusion, qui nourrit l’idée d’impuissance, de manque. J’ai succombé à ce besoin de justice, ce désir d’être sauvée pendant quelques temps mais face à la réalité de l’institution, de l’église, cette distribution des rôles qui ne me correspondait pas, j’ai fuit. 
Selon le modèle patriarcal, une femme ne peut pas être autonome, et elle est soit une mère, soit une prostituée. Dans un cas comme dans l’autre, elle a besoin d’un homme pour exister soit dans la soumission, soit dans la soumission, lol. Soit elle vend son corps à un seul homme et devient ainsi respectable, soit elle se vend à tous ceux qui la veulent et en ce cas elle est méprisable. Elle a de toute façon besoin d’un homme qui la protège. Ce vieux modèle même s’il devient obsolète reste encore ancré dans la mémoire collective et individuelle. C’est un schéma réducteur qui continue de répondre aux peurs et aux besoins de procréation. 
Je ne suis pas certaine que les choses s’améliorent dans la guerre des sexes actuelle. Même si le fait dénoncer les comportements prédateurs des hommes est une bonne chose, on est parfois proche de la chasse aux sorcières du moyen âge. Tant qu’on oppose l’homme et la femme même si c’est au nom de la liberté individuelle, de l’égalité, on ne peut pas vraiment parler de progrès. De plus, chaque cas est unique et ces mouvements de masse où on généralise ne font que nourrir l'esprit de vengeance et je ne suis pas certaine que cela permette la résilience.

A mon sens, tout commence en soi et cela passe par la pacification des corps, l’expression de la mémoire traumatique, la prise en charge des souffrances de l’enfant en soi, l’accueil des émotions. Le pardon s’il n’est pas la conséquence de ce lâcher prise intérieur, de cette responsabilisation, reste une forme de déni. Cela passe par la reconnaissance de la souffrance intérieure, l’accueil des émotions et le détachement des rôles de victime, de bourreau et de sauveur. 
C’est un art qui s’apprend, se cultive et qui peut demander plus d’une vie avant d’être effectif. J’en mesure l’impact par le fait que je prenne davantage soin de moi ou que j’assume mieux mes besoins physiques. 
Et déjà, le fait d’être plus en paix avec moi-même constitue un confort indéniable. Confort à la fois psychologique et physique puisque tout est lié. 
Le désir de voir une psy et de faire enfin des examens pour voir où en sont mes artères tout cela est la conséquence directe de cette nouvelle attitude. Parce qu’en fait, s’aimer vraiment c’est déjà arrêter de se faire la guerre, de vouloir être quelqu’un d’autre, de se critiquer, de culpabiliser. C’est accepter ses erreurs, se pardonner, reconnaitre qu’on fait toujours de son mieux selon les circonstances. Le pardon aux autres vient ensuite naturellement. Pas dans une forme de condescendance ou de déni mais plutôt par la reconnaissance de la difficulté à être un humain aussi complexe. 

Se libérer ou lâcher les croyances, en prendre conscience, lâcher toutes ces étiquettes au sujet de dieu ou du divin laisse perplexe pendant quelques temps mais c’est aussi ce qui permet d’écouter et d’accueillir l’enfant en soi. Et aussi et surtout de s'approprier sa propre essence "divine" ou rayonner la vibration d'unité. 
Face au caractère insensé de la vie et de mon propre comportement, l’idée de suicide apparait régulièrement mais comme je ne lutte pas contre cela, comme je me contente de l’observer, l’instinct de vie finit toujours par l’emporter. 

C’est clair que dans ces moments là, il vaut mieux éviter de surfer sur le net où on lit tout et son contraire. Revenir à la réalité du quotidien, dans le dialogue avec la source, l’enfant en soi, avec le corps physique même, c’est une façon de réintégrer son corps dans l’esprit d’unité. Même si ça peut paraitre insensé de parler à son corps, à ses aspects intérieurs, c’est une façon de cultiver la paix, l’amour, le respect, l’entente cordiale. 
La vibration qu’on porte alors est celle qui nous rapproche le plus de l’idéal souhaité par le mental et en ce sens c’est rassurant aussi pour cet aspect de soi qui est très souvent angoissé. 
J’ai tellement fuit la réalité du quotidien que j’ai l’impression de me réveiller, de sortir d’un rêve alors que le monde a évolué dans une direction qui est loin de me satisfaire mais là encore, le sentiment de culpabilité qui émerge face à ce constat est à prendre en considération, à offrir à la source. 
On ne peut pas réécrire le passé mais on peut pour le moins souhaiter être en paix et dans l’unité intérieures, au présent. Cette paix vient naturellement lorsqu’on laisse l’enfant en soi s’exprimer librement et ça passe par des moments de colère, de tristesse, de découragement.

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr