dimanche 6 mai 2018

« Utiliser les circonstances pour mieux se connaitre et s’aimer sans conditions »





29 04 Envisager les choses d’une toute nouvelle façon, sans lutte, sans force de volonté, simplement en observant et en se laissant guider par l’instinct/intuition n’est pas évident à vivre. Surtout quand on a toujours agit selon des conditionnements et des croyances qui dictaient le comportement.
C’est ce que j’essaie de faire dans le désir de lâcher l’addiction aux cachets. J’ai toujours été dépendante des opiacés ou je devrais plutôt dire les deux tiers de ma vie parce que j’ai vécu sans cela pendant quelques temps.
Avec le recul je constate que ce moment de break est venu par la foi, par le fait de considérer l’amour comme la plus grande puissance au monde. Il y avait certes la foi au Christ qui représente l’humain idéal dans sa capacité de manifester l’amour sans conditions mais au-delà de ça, c’est surtout le fait que j’aie changé totalement de perspective et que j’aie ouvert mon cœur, mon esprit, qui m’a permis de lâcher toutes drogues, clope comprise, sans souffrir de manque. Dans la dynamique de la dualité, j’ai choisi de cultiver l’amour plutôt que la mort, de me ranger du côté lumineux de la force de vie.
Maintenant que je sais par expérience que la paix, la liberté, se trouvent dans le centre, la neutralité, cela change tout. Je ne peux plus utiliser la force pour parvenir à lâcher ces addictions. Non seulement parce que ça ne fonctionne pas mais surtout parce que cette façon d’être ne rend pas durablement libre. 

J’ai cafouillé ce matin et au lieu de prendre la dose de cachets par tiers sous la langue, je l’ai gobé en entier ou je l’ai jeté, je ne m’en souviens plus. Non seulement ça a suscité de la colère parce que je commençais à trouver un rythme relativement équilibré en diminuant par petits bouts mais en plus l’effet est très désagréable.

Alors que je me demandais si c’était un acte manqué et que je commençais à m’agacer envers l’inconscient, l’image du troisième œil est apparue sur l’écran de veille où défilent les images de l’album photo de façon aléatoire. C’est assez drôle parce que je me disais justement hier soir que je ne prêtais plus attention aux signes, aux synchronicités. 
Je voyais ça comme quelque chose de positif parce que je suis plus dans le mouvement sans trop réfléchir ou cogiter, plus en confiance mais en fait, c’est toute ma vision qui a besoin d’être reconsidérée. 
Cette image m’a rappelé comme une évidence que l’intuition et l’inconscient ne sont pas deux aspects séparés ni hiérarchisés de l’être mais plutôt des parties de soi qui travaillent ensemble. Et le fait que j'oublie est aussi bon signe, cela témoigne du détachement qui s'opère face à ce geste.

La maladie, les addictions, les comportements compulsifs ne sont pas "des erreurs" mais des enseignants, des occasions de s’ouvrir, d’élargir sa perspective, pour peu qu’on lâche le jugement. Et qu’on se contente d’observer, d’accueillir ce qui va naturellement émerger comme la colère, la tristesse, le sentiment d’impuissance, d’être manipulé de l’intérieur et par les énergies ambiantes. 
Ce n’est pas évident de changer d’attitude face aux pensées, aux émotions mais si il y a une chose dont je suis sure, c’est que c’est la seule façon de changer vraiment, de cultiver la paix et de s’ouvrir à ce que nous sommes en vérité et en totalité. 

On agit de façon inconsciente, automatique quasiment tout le temps. On répète les mêmes gestes, les mêmes pensées qu’on ressasse et les mêmes stratégies d’évitement, de refoulement se mettent en place sans qu’on en ait conscience. 
En ce sens, la médiation ou le fait d’apprendre à observer sans juger est essentiel si on veut changer en profondeur. 




Même si au début c’est très troublant pour le mental, peu à peu la paix s’installe et on devient plus authentique, plus spontané et surtout plus confiant. On se rend compte avec du recul que le doute est important parce qu’il permet de s’affirmer, de se connaitre en profondeur et d’apprendre à s’écouter. 
Je me suis souvenue que j’ai passé près de deux ans à méditer au moins deux heures par jour. Je ne répétais pas de mantra, je me contentais de m’allonger sans m’attacher aux pensées. Et cela a été bénéfique parce que maintenant la paix entre tout ce que je suis est installée. 
Cela ne veut pas dire que je suis devenue lisse, que je n’explose plus ou que j’utilise un langage "digne d’un sage". Cela veut tout simplement dire que je ne souffre plus des vagues émotionnelles, des contrariétés de la vie. Je continue d’y réagir mais je ne m’y attache plus et cela est très reposant.
Et cela évolue aussi parce que les vagues sont beaucoup moins nombreuses, enfin comme je ne m’attache plus, comme je ne les combat plus en les jugeant, elles s’estompent rapidement.

Pour en  revenir au cafouillage de ce matin, je me dis que depuis pas mal de temps, mon âme m’inspire à écouter, à ressentir ce qui se passe en moi et à m’y fier pour agir et cette supposée erreur m’y oblige. Du moins plutôt que de rester sur une sensation d’échec, autant utiliser les circonstances pour être plus attentive à ce que je ressens et ajuster les quantités à ce ressenti quand je sens que je suis submergée par les pensées ou les émotions. 
Il s’agit surtout de faire attention à ne pas se laisser embarquer par les pensées critiques, négatives parce que ça monte vite en puissance. Et quand on peut écouter ces pensées sans s’y attacher, sans les nourrir, la moitié du chemin est faite. 

Puis en parallèle, faire attention à ne pas bloquer l’émotion ou si c’est le cas, juste l’observer, le constater et ne rien faire. 
Ce simple changement d’attitude est une préparation à vivre les symptômes de manque d’une nouvelle façon. Déjà en ne les amplifiant pas par le fait de les qualifier de mauvais, en ne luttant pas contre eux, en ne les considérant pas comme des anomalies.

Notre vision de la maladie et des symptômes et par-dessus tout notre façon de les aborder leur donne de la puissance, celle de la lutte, du rejet.
Les seules choses à retenir dans ce cas là, c’est que le corps physique se régénère, se guérit de lui-même, ou qu’il retrouve son équilibre naturellement.

On peut l’y aider en ne restant pas focalisé sur le symptôme, en ne l’interprétant pas, en étant en paix, en cessant de lutter contre soi-même, contre le mental, les émotions, l’inconscient, en faisant confiance au corps, à la vie.

Il ne s’agit pas de nier ce qui est, de faire semblant que tout va bien mais juste de ne pas donner d’énergie au conflit, à la division. Juste observer et agir en conséquence sans se faire de reproches, sans vouloir atteindre un objectif immédiat. 
C’est clair que je veux me libérer des addictions mais c’est un objectif qui n’a pas d’échéance ou du moins le but n’est plus à atteindre à tout prix. 
C’est ce qui motive le changement intérieur, le changement d’attitude, le fait de revenir à la paix quoi qu’il arrive. Une paix réelle ou pas seulement intellectuelle, une paix ressentie et favorisée par le non jugement.

J’ai dû jeter le cachet parce que je ressens des sensations liées au manque. Ce qui est étonnant puisque le produit reste dans le sang pendant 72 heures ce qui rend difficile le sevrage. Est-ce que le fait de douter, de ne pas me rappeler si j’ai pris ou non le cachet créé ces sensations de manque ou associées au manque ? 
Je connais la force du mental, des croyances et comment cela affecte l’état d’être alors c’est le moment de revenir au centre, à la neutralité pour juste ressentir. 

J’ai pensé à demander au médecin de me prescrire de la codéine parce que j’avais réussi à me sevrer du subutex de cette façon après un échec à l’hôpital. J’ai demandé à la pharmacienne de m’en vendre mais elle m’a donné l’adresse du centre d’addictologie qui propose un protocole de sevrage en mode ambulatoire. J’ai téléphoné mais il faut prendre rendez-vous et avoir des entretiens réguliers à l’hôpital qui se situe à une quarantaine de kilomètres de chez moi. 




La colère est montée, des pensées de colère envers le corps médical qui veut tout contrôler. Pourquoi ne pas déléguer auprès d’autres médecins ? La colère, les jugements, les accusations…il y a une grande part de paranoïa alors je laisse retomber la pression. Je vais voir avec le toubib…
Cette colère canalisée ou pour le moins acceptée sans s’y attacher m’a donné l’élan d’agir et par-dessus tout, le fait que ce besoin de contrôle du corps médical me renvoie à mon propre besoin de contrôler les choses.
C’est effectivement toujours en soi que se situe le trouble, ce qu’on rejette à l’extérieur est en fait quelque chose en nous-même contre lequel on lutte.

5 05 J’ai reçu la visite de ma sœur et là encore, je peux mesurer l’efficacité du détachement qui rend beaucoup plus serein, confiant et authentique. J’ai été étonnée de ressentir de la tristesse quand elle est partie alors qu’avant j’étais soulagée de retrouver mon espace personnelle et ma solitude quand elle s’en allait. 
Déjà le fait qu’elle soit venue seule est un immense progrès qui démontre que la confiance s’installe entre nous. On a longtemps été en conflit, en compétition sans en être toujours conscientes. 
La famille ranime les blessures d’enfance et le fait que ça se passe beaucoup mieux entre nous est le signe que l’enfant intérieur est plus à l’aise. L’enfant intérieur ou la capacité à être spontané, authentique et confiant.

Savoir observer sans juger permet de se détacher des drames, des émotions et des pensées dites négatives, cela permet de ne pas s’identifier au personnage et au trouble psycho-émotionnel. Peu à peu ces vagues que la contrariété soulève ne sont plus perçues comme des mouvements inquiétants.

Pour en revenir à l’addiction au subutex, je suis allée voir le médecin en ayant préalablement mis les choses au point avec le mental. Enfin disons plutôt que je l’ai rassuré en lui disant que si on jouait la séduction pour obtenir ces cachets, ce ne serait pas un problème. 
Cela change tout parce que généralement quand on devient conscient des mécanismes internes, des stratégies employées pour obtenir ce que l’on veut, on a tendance à se juger, à se critiquer, à se trouver minable, surtout quand on a agit dans le besoin de plaire à tout prix. 
Pendant le rendez-vous ma façon de dire les choses simplement, honnêtement, spontanément a été bénéfique. Je n’ai pas ressenti de jugement de la part du médecin tout simplement parce que je me fichais du résultat. 
La petite conversation avec le mental comportait aussi l’idée d’être capable d’accepter un refus ou du moins de l’envisager. Parce que le caractère secret et exclusif du protocole de sevrage m’avait ramenée à l’idée que cette situation me renvoyait à mes propres capacités, au fait que je peux me fier à l’équipe intérieure pour me libérer des addictions. 

Et par-dessus tout que le but n’est pas de réussir mais d’utiliser cette situation pour mieux connaitre ce que je suis, et donc mes propres ressources. 
Les besoins changent selon l’âge, selon le degré de compréhension, de conscience et de capacité à reconnaitre ce qui émane de soi, du plus profond et pur. Ils changent à chaque instant aussi et pouvoir y répondre de façon créative nous libère des conditionnements.
Lorsqu’on est enfant, ce sont les besoins des autres qui sont honorés autant par nécessité que par besoin d’être aimé. Puis avec le temps on apprend à suivre ses propres besoins, son cœur, ses impulsions mais tant qu’on ne prend pas conscience qu’on agit par besoin de plaire principalement, nos besoins ne sont pas vraiment identifiés. 

Ce n’est pas un processus uniquement intellectuel qui permet de connaitre ses vrais besoins, les émotions ont une grande part dans cette introspection. En ce sens, savoir reconnaitre en elles une forme de guidance et non un problème à résoudre, une sensation à éviter, c’est essentiel. 
Mais là encore, il ne s’agit pas d’intellectualiser le processus, d’essayer de comprendre, il s’agit davantage d’observer objectivement, sans aucun jugement. 

Voir et se détacher sont les clefs du changement. Ce qui est difficile, c’est de passer du besoin de changer à l’acceptation de ce qui est. Cela demande de la pratique mais c’est tellement gratifiant, libérateur et bénéfique pour tous les corps que ça vaut vraiment la peine de changer son positionnement intérieur. 




Pouvoir reconnaitre et se détacher des pensées émotions liées aux croyances et aux conditionnements, c’est retrouver l’authenticité et la spontanéité de l’enfant tout en étant conscient de ce que nous sommes en essence.

Le dialogue avec ma sœur a été édifiant parce qu’on est sorti des jeux de rôle. Je n’ai pas cherché à lui prouver ma valeur comme avant, je lui ai dit ce que je pensais, ce que je ressentais dans l’instant sans me justifier ou chercher à la convaincre que j’avais raison. 
Là encore ce qui se passe dans la relation à l’autre est le parfait reflet de ce qui se vit à l’intérieur. 

Quand on ne cherche plus à cultiver nos talents en rejetant nos défauts, quand on ne cherche plus à se prouver à soi-même qu’on a de la valeur, qu’on est quelqu’un de bien, quand on s’accepte tel qu’on est, ça change tout.

On sait cela depuis pas mal de temps mais on ne l’applique que très rarement. 
On sait qu’en s’aimant véritablement, la relation aux autres s’arrange en conséquence. 
Il ne s’agit pas non plus d’aimer nos défauts, nos imperfections, nos ‘problèmes’ mais de poser un regard neutre sur cela. 
Et ce faisant, on allège à la fois le mental qui lâche peu à peu le besoin de contrôle, le corps émotionnel s’équilibre, l’inconscient n’est plus le seul aux commandes, il n’est pas non plus diabolisé et bien entendu le corps physique en bénéficie. 
On sait davantage écouter et répondre aux besoins du moment parce qu’on prend aussi conscience que ces besoins changent, que nous évoluons naturellement, que la seule chose à faire c’est de cultiver l’accueil, la capacité à accepter, à rebondir. 

On n’agit plus par anticipation mais on se laisse guider par l’enthousiasme et si on a envie de ne rien faire, on ne culpabilise pas. On sait que ces moments de farniente sont aussi importants que l’activité. 
Enfin on se fait confiance, on fait confiance à tout ce que nous sommes. 

J’ai repensé au livre audio d’Abraham qui expliquait la guidance intérieure et c’est tout à fait juste seulement il faut l’expérimenter et surtout ne pas se braquer lorsqu’on a une impulsion qui ne correspond pas à ce qu’on voudrait vivre. 
Tant qu’on reste identifié à la façon de voir du mental en terme de bien et de mal, on souffre lorsque les choses ne sont pas comme on le voudrait, on est définit par nos croyances, nos manques et on ignore nos vrais besoins parce qu’on agit par conditionnement. 

La vraie liberté se situe dans la capacité à agir selon l’envie du moment sans juger, sans s’y attacher, sans revendiquer, sans se justifier sans même s’y arrêter. 
C’est assez étrange de retrouver des sensations de complicité avec ma sœur, une sorte de proximité qui vient du fait de se connaitre depuis l’enfance. Cela va bien au-delà des mots et ça fait du bien de retrouver ces sensations. 
Je n’ai pas encore osé lui en parler mais ça n’a pas d’importance, pour le moment, j’observe ces changements à la fois de point de vue et d’attitude. 




La compétition entre frères et sœurs est naturelle, instinctive, elle nait du besoin d’être aimé, d’être préféré et ça génère des comportements qui nous dépersonnalisent, nous éloignent de notre moi véritable, nous font entrer en compétition, nous poussent à nous comparer, à vouloir être autre chose que ce que nous sommes. Cela se répercute évidemment dans la relation aux autres à l'âge adulte

Mais quand l’enfant en soi trouve plus d’écoute, de compassion, quand on est dans l’unité intérieure, le besoin de plaire se dissout dans l’acceptation inconditionnelle de soi. L’amour qu’on cultive en soi nourrit le besoin primordial et essentiel voire vital de l’individu. Besoin du mental que le détachement des pensées issues des croyances et conditionnements nourrit. Besoin de fusion et de communion que l'énergie de vie génère et qui trouve sa réalisation dans le désir d'unité et de paix intérieure.
La symbiose entre tous les corps, la paix qui règne à l’intérieur satisfait les besoins essentiels et primaires. 
Le besoin de comprendre et remplacé par le fait d’être en mode observation. 
Et dans cette attitude, l’évidence apparait une fois que la paix s’installe et qu’on ne cherche plus à comprendre mais qu’on se contente d’être ouvert, de regarder les choses avec un nouveau regard détaché des interprétations passées.  

Si vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr