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04 Envisager les choses d’une toute nouvelle façon, sans lutte, sans force de
volonté, simplement en observant et en se laissant guider par
l’instinct/intuition n’est pas évident à vivre. Surtout quand on a toujours agit
selon des conditionnements et des croyances qui dictaient le comportement.
C’est
ce que j’essaie de faire dans le désir de lâcher l’addiction aux cachets. J’ai
toujours été dépendante des opiacés ou je devrais plutôt dire les deux tiers de
ma vie parce que j’ai vécu sans cela pendant quelques temps.
Avec
le recul je constate que ce moment de break est venu par la foi, par le fait de
considérer l’amour comme la plus grande puissance au monde. Il y avait certes
la foi au Christ qui représente l’humain idéal dans sa capacité de manifester
l’amour sans conditions mais au-delà de ça, c’est surtout le fait que j’aie
changé totalement de perspective et que j’aie ouvert mon cœur, mon esprit, qui
m’a permis de lâcher toutes drogues, clope comprise, sans souffrir de manque.
Dans la dynamique de la dualité, j’ai choisi de cultiver l’amour plutôt que la
mort, de me ranger du côté lumineux de la force de vie.
Maintenant
que je sais par expérience que la paix, la liberté, se trouvent dans le centre,
la neutralité, cela change tout. Je ne peux plus utiliser la force pour
parvenir à lâcher ces addictions. Non seulement parce que ça ne fonctionne pas
mais surtout parce que cette façon d’être ne rend pas durablement libre.
J’ai
cafouillé ce matin et au lieu de prendre la dose de cachets par tiers sous la
langue, je l’ai gobé en entier ou je l’ai jeté, je ne m’en souviens plus. Non
seulement ça a suscité de la colère parce que je commençais à trouver un rythme
relativement équilibré en diminuant par petits bouts mais en plus l’effet est
très désagréable.
Alors que je me demandais si c’était un acte manqué et que je
commençais à m’agacer envers l’inconscient, l’image du troisième œil est
apparue sur l’écran de veille où défilent les images de l’album photo de façon
aléatoire. C’est assez drôle parce que je me disais justement hier soir que je
ne prêtais plus attention aux signes, aux synchronicités.
Je voyais ça comme
quelque chose de positif parce que je suis plus dans le mouvement sans trop
réfléchir ou cogiter, plus en confiance mais en fait, c’est toute ma vision qui a besoin d’être
reconsidérée.
Cette image m’a rappelé comme une évidence que l’intuition et
l’inconscient ne sont pas deux aspects séparés ni hiérarchisés de l’être mais plutôt des
parties de soi qui travaillent ensemble. Et le fait que j'oublie est aussi bon signe, cela témoigne du détachement qui s'opère face à ce geste.
La
maladie, les addictions, les comportements compulsifs ne sont pas "des erreurs"
mais des enseignants, des occasions de s’ouvrir, d’élargir sa perspective, pour
peu qu’on lâche le jugement. Et qu’on se contente d’observer, d’accueillir ce
qui va naturellement émerger comme la colère, la tristesse, le sentiment
d’impuissance, d’être manipulé de l’intérieur et par les énergies ambiantes.
Ce
n’est pas évident de changer d’attitude face aux pensées, aux émotions mais si
il y a une chose dont je suis sure, c’est que c’est la seule façon de changer
vraiment, de cultiver la paix et de s’ouvrir à ce que nous sommes en vérité et
en totalité.
On agit de façon inconsciente, automatique quasiment tout le
temps. On répète les mêmes gestes, les mêmes pensées qu’on ressasse et les
mêmes stratégies d’évitement, de refoulement se mettent en place sans qu’on en
ait conscience.
En ce sens, la médiation ou le fait d’apprendre à observer sans
juger est essentiel si on veut changer en profondeur.
Même
si au début c’est très troublant pour le mental, peu à peu la paix s’installe
et on devient plus authentique, plus spontané et surtout plus confiant. On
se rend compte avec du recul que le doute est important parce qu’il permet de
s’affirmer, de se connaitre en profondeur et d’apprendre à s’écouter.
Je me
suis souvenue que j’ai passé près de deux ans à méditer au moins deux heures
par jour. Je ne répétais pas de mantra, je me contentais de m’allonger sans
m’attacher aux pensées. Et cela a été bénéfique parce que maintenant la paix
entre tout ce que je suis est installée.
Cela ne veut pas dire que je suis
devenue lisse, que je n’explose plus ou que j’utilise un langage "digne d’un
sage". Cela veut tout simplement dire que je ne souffre plus des vagues
émotionnelles, des contrariétés de la vie. Je continue d’y réagir mais je ne
m’y attache plus et cela est très reposant.
Et
cela évolue aussi parce que les vagues sont beaucoup moins nombreuses, enfin
comme je ne m’attache plus, comme je ne les combat plus en les jugeant, elles
s’estompent rapidement.
Pour
en revenir au cafouillage de ce matin,
je me dis que depuis pas mal de temps, mon âme m’inspire à écouter, à ressentir
ce qui se passe en moi et à m’y fier pour agir et cette supposée erreur m’y
oblige. Du moins plutôt que de rester sur une sensation d’échec, autant
utiliser les circonstances pour être plus attentive à ce que je ressens et
ajuster les quantités à ce ressenti quand je sens que je suis submergée par les
pensées ou les émotions.
Il s’agit surtout de faire attention à ne pas se
laisser embarquer par les pensées critiques, négatives parce que ça monte vite
en puissance. Et quand on peut écouter ces pensées sans s’y attacher, sans les
nourrir, la moitié du chemin est faite.
Puis en parallèle, faire attention à ne
pas bloquer l’émotion ou si c’est le cas, juste l’observer, le constater et ne
rien faire.
Ce simple changement d’attitude est une préparation à vivre les
symptômes de manque d’une nouvelle façon. Déjà en ne les amplifiant pas par le
fait de les qualifier de mauvais, en ne luttant pas contre eux, en ne les
considérant pas comme des anomalies.
Notre
vision de la maladie et des symptômes et par-dessus tout notre façon de les
aborder leur donne de la puissance, celle de la lutte, du rejet.
Les
seules choses à retenir dans ce cas là, c’est que le corps physique se
régénère, se guérit de lui-même, ou qu’il retrouve son équilibre naturellement.
On
peut l’y aider en ne restant pas focalisé sur le symptôme, en ne l’interprétant
pas, en étant en paix, en cessant de lutter contre soi-même, contre le mental,
les émotions, l’inconscient, en faisant confiance au corps, à la vie.
Il
ne s’agit pas de nier ce qui est, de faire semblant que tout va bien mais juste
de ne pas donner d’énergie au conflit, à la division. Juste observer et agir en
conséquence sans se faire de reproches, sans vouloir atteindre un objectif
immédiat.
C’est clair que je veux me libérer des addictions mais c’est un
objectif qui n’a pas d’échéance ou du moins le but n’est plus à atteindre à
tout prix.
C’est ce qui motive le changement intérieur, le changement
d’attitude, le fait de revenir à la paix quoi qu’il arrive. Une paix réelle ou
pas seulement intellectuelle, une paix ressentie et favorisée par le non
jugement.
J’ai
dû jeter le cachet parce que je ressens des sensations liées au manque. Ce qui
est étonnant puisque le produit reste dans le sang pendant 72 heures ce qui
rend difficile le sevrage. Est-ce que le fait de douter, de ne pas me rappeler
si j’ai pris ou non le cachet créé ces sensations de manque ou associées au
manque ?
Je connais la force du mental, des croyances et comment cela
affecte l’état d’être alors c’est le moment de revenir au centre, à la
neutralité pour juste ressentir.
J’ai pensé à demander au médecin de me
prescrire de la codéine parce que j’avais réussi à me sevrer du subutex de
cette façon après un échec à l’hôpital. J’ai demandé à la pharmacienne de m’en
vendre mais elle m’a donné l’adresse du centre d’addictologie qui propose un
protocole de sevrage en mode ambulatoire. J’ai téléphoné mais il faut prendre
rendez-vous et avoir des entretiens réguliers à l’hôpital qui se situe à une quarantaine de kilomètres de chez moi.
La colère est
montée, des pensées de colère envers le corps médical qui veut tout contrôler.
Pourquoi ne pas déléguer auprès d’autres médecins ? La colère, les
jugements, les accusations…il y a une grande part de paranoïa alors je laisse
retomber la pression. Je vais voir avec le toubib…
Cette
colère canalisée ou pour le moins acceptée sans s’y attacher m’a donné l’élan
d’agir et par-dessus tout, le fait que ce besoin de contrôle du corps médical
me renvoie à mon propre besoin de contrôler les choses.
C’est
effectivement toujours en soi que se situe le trouble, ce qu’on rejette à
l’extérieur est en fait quelque chose en nous-même contre lequel on lutte.
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05 J’ai reçu la visite de ma sœur et là encore, je peux mesurer l’efficacité du
détachement qui rend beaucoup plus serein, confiant et authentique. J’ai été
étonnée de ressentir de la tristesse quand elle est partie alors qu’avant
j’étais soulagée de retrouver mon espace personnelle et ma solitude quand elle
s’en allait.
Déjà le fait qu’elle soit venue seule est un immense progrès qui
démontre que la confiance s’installe entre nous. On a longtemps été en conflit,
en compétition sans en être toujours conscientes.
La famille ranime les
blessures d’enfance et le fait que ça se passe beaucoup mieux entre nous est le
signe que l’enfant intérieur est plus à l’aise. L’enfant intérieur ou la
capacité à être spontané, authentique et confiant.
Savoir
observer sans juger permet de se détacher des drames, des émotions et des
pensées dites négatives, cela permet de ne pas s’identifier au personnage et au
trouble psycho-émotionnel. Peu à peu ces vagues que la contrariété soulève ne
sont plus perçues comme des mouvements inquiétants.
Pour
en revenir à l’addiction au subutex, je suis allée voir le médecin en ayant
préalablement mis les choses au point avec le mental. Enfin disons plutôt que
je l’ai rassuré en lui disant que si on jouait la séduction pour obtenir ces
cachets, ce ne serait pas un problème.
Cela change tout parce que généralement
quand on devient conscient des mécanismes internes, des stratégies employées
pour obtenir ce que l’on veut, on a tendance à se juger, à se critiquer, à se
trouver minable, surtout quand on a agit dans le besoin de plaire à tout prix.
Pendant le rendez-vous ma façon de dire les choses simplement, honnêtement,
spontanément a été bénéfique. Je n’ai pas ressenti de jugement de la part du
médecin tout simplement parce que je me fichais du résultat.
La petite
conversation avec le mental comportait aussi l’idée d’être capable d’accepter
un refus ou du moins de l’envisager. Parce que le caractère secret et exclusif
du protocole de sevrage m’avait ramenée à l’idée que cette situation me
renvoyait à mes propres capacités, au fait que je peux me fier à l’équipe
intérieure pour me libérer des addictions.
Et par-dessus tout que le but n’est
pas de réussir mais d’utiliser cette situation pour mieux connaitre ce que je
suis, et donc mes propres ressources.
Les besoins changent selon l’âge, selon
le degré de compréhension, de conscience et de capacité à reconnaitre ce qui
émane de soi, du plus profond et pur. Ils changent à chaque instant aussi et pouvoir y répondre de façon créative nous libère des conditionnements.
Lorsqu’on est enfant, ce sont les besoins
des autres qui sont honorés autant par nécessité que par besoin d’être aimé.
Puis avec le temps on apprend à suivre ses propres besoins, son cœur, ses
impulsions mais tant qu’on ne prend pas conscience qu’on agit par besoin de
plaire principalement, nos besoins ne sont pas vraiment identifiés.
Ce n’est
pas un processus uniquement intellectuel qui permet de connaitre ses vrais
besoins, les émotions ont une grande part dans cette introspection. En ce sens,
savoir reconnaitre en elles une forme de guidance et non un problème à
résoudre, une sensation à éviter, c’est essentiel.
Mais là encore, il ne s’agit
pas d’intellectualiser le processus, d’essayer de comprendre, il s’agit
davantage d’observer objectivement, sans aucun jugement.
Voir et se détacher
sont les clefs du changement. Ce qui est difficile, c’est de passer du besoin
de changer à l’acceptation de ce qui est. Cela demande de la pratique mais
c’est tellement gratifiant, libérateur et bénéfique pour tous les corps que ça
vaut vraiment la peine de changer son positionnement intérieur.
Pouvoir
reconnaitre et se détacher des pensées émotions liées aux croyances et aux
conditionnements, c’est retrouver l’authenticité et la spontanéité de l’enfant
tout en étant conscient de ce que nous sommes en essence.
Le dialogue avec ma
sœur a été édifiant parce qu’on est sorti des jeux de rôle. Je n’ai pas cherché
à lui prouver ma valeur comme avant, je lui ai dit ce que je pensais, ce que je
ressentais dans l’instant sans me justifier ou chercher à la convaincre que
j’avais raison.
Là encore ce qui se passe dans la relation à l’autre est le
parfait reflet de ce qui se vit à l’intérieur.
Quand on ne cherche plus à
cultiver nos talents en rejetant nos défauts, quand on ne cherche plus à se
prouver à soi-même qu’on a de la valeur, qu’on est quelqu’un de bien, quand on
s’accepte tel qu’on est, ça change tout.
On
sait cela depuis pas mal de temps mais on ne l’applique que très rarement.
On
sait qu’en s’aimant véritablement, la relation aux autres s’arrange en
conséquence.
Il ne s’agit pas non plus d’aimer nos défauts, nos imperfections,
nos ‘problèmes’ mais de poser un regard neutre sur cela.
Et ce faisant, on
allège à la fois le mental qui lâche peu à peu le besoin de contrôle, le corps
émotionnel s’équilibre, l’inconscient n’est plus le seul aux commandes, il
n’est pas non plus diabolisé et bien entendu le corps physique en bénéficie.
On
sait davantage écouter et répondre aux besoins du moment parce qu’on prend
aussi conscience que ces besoins changent, que nous évoluons naturellement, que
la seule chose à faire c’est de cultiver l’accueil, la capacité à accepter, à
rebondir.
On n’agit plus par anticipation mais on se laisse guider par
l’enthousiasme et si on a envie de ne rien faire, on ne culpabilise pas. On sait
que ces moments de farniente sont aussi importants que l’activité.
Enfin on se
fait confiance, on fait confiance à tout ce que nous sommes.
J’ai repensé au
livre audio d’Abraham qui expliquait la guidance intérieure et c’est tout à
fait juste seulement il faut l’expérimenter et surtout ne pas se braquer
lorsqu’on a une impulsion qui ne correspond pas à ce qu’on voudrait vivre.
Tant
qu’on reste identifié à la façon de voir du mental en terme de bien et de mal,
on souffre lorsque les choses ne sont pas comme on le voudrait, on est définit
par nos croyances, nos manques et on ignore nos vrais besoins parce qu’on agit
par conditionnement.
La vraie liberté se situe dans la capacité à agir selon
l’envie du moment sans juger, sans s’y attacher, sans revendiquer, sans se
justifier sans même s’y arrêter.
C’est assez étrange de retrouver des
sensations de complicité avec ma sœur, une sorte de proximité qui vient du fait
de se connaitre depuis l’enfance. Cela va bien au-delà des mots et ça fait du
bien de retrouver ces sensations.
Je n’ai pas encore osé lui en parler mais ça
n’a pas d’importance, pour le moment, j’observe ces changements à la fois de
point de vue et d’attitude.
La compétition entre frères et sœurs est naturelle,
instinctive, elle nait du besoin d’être aimé, d’être préféré et ça génère des
comportements qui nous dépersonnalisent, nous éloignent de notre moi véritable,
nous font entrer en compétition, nous poussent à nous comparer, à vouloir être
autre chose que ce que nous sommes. Cela se répercute évidemment dans la relation aux autres à l'âge adulte
Mais quand l’enfant en soi trouve plus
d’écoute, de compassion, quand on est dans l’unité intérieure, le besoin de
plaire se dissout dans l’acceptation inconditionnelle de soi. L’amour qu’on
cultive en soi nourrit le besoin primordial et essentiel voire vital de l’individu.
Besoin du mental que le détachement des pensées issues des croyances et
conditionnements nourrit. Besoin de fusion et de communion que l'énergie de vie génère et qui trouve sa réalisation dans le désir d'unité et de paix intérieure.
La symbiose entre tous les corps, la paix qui règne à
l’intérieur satisfait les besoins essentiels et primaires.
Le besoin de
comprendre et remplacé par le fait d’être en mode observation.
Et dans cette
attitude, l’évidence apparait une fois que la paix s’installe et qu’on ne
cherche plus à comprendre mais qu’on se contente d’être ouvert, de regarder les choses avec un nouveau regard détaché des interprétations passées.
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l’intégralité, l’auteure et la source ; Lydia, du blog :
« Journal de bord d’un humain divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr