La
nature des émotions, leur fonctionnement et leur surgissement
L’émotionnel
ne provient pas des sensations mentales de base de l’être humain, ni de sa
culture, mais est issu de nos schémas individuels
C’est pour cela que
l’émotionnel est propre à chacun.
Deux personnes placées devant une situation
similaire auront des ressentis très différents. Ce n’est pas la
situation extérieure qui est en cause mais la structure individuelle
propre à chacun.
Cette
structure s’élabore sur plusieurs niveaux.
Quelle que soit la culture ou
l’époque, les humains ont un corps physique particulier qui leur permet
d’expérimenter la réalité à travers leurs organes sensoriels. D’un autre côté,
nous avons une façon fondamentale de structurer mentalement cette réalité
sensorielle avec le langage :
– D’abord on voit, on entend…
– Puis on met des mots appris culturellement sur ce qui est perçu,
– Enfin on structure cette réalité avec notre esprit.
– D’abord on voit, on entend…
– Puis on met des mots appris culturellement sur ce qui est perçu,
– Enfin on structure cette réalité avec notre esprit.
Nous
n’avons pas conscience, le plus souvent, de ces trois différents niveaux que
nous mélangeons et nous pensons saisir une seule et même réalité en laquelle
nous croyons.
Nous vivons nos émotions et nos sensations à travers cette triple
structure qui définit ce que nous sommes en tant qu’être humain à un niveau
normal.
Nous
sommes parfaitement convaincus de la réalité véritable de notre perception
humaine physique et mentale: la réalité de nous-mêmes, de cette terre… et de
cette conviction proviennent le ressenti puis les émotions.
Si nous croyons
conceptuellement que quelque chose n’est pas bon, nous nous disons simplement:
“Ce n’est pas bon, je n’en veux pas”, sans en être perturbé.
Mais si nous y
croyons beaucoup plus profondément, cela devient émotionnel: “C’est
épouvantable, je déteste ça”, on se sent attaqué.
L’émotionnel est donc un
ressenti mental très fort, très puissant. L’émotionnel et la sensation mentale
sont tous deux créés par notre conscience conceptuelle, par notre croyance en
la vérité “vraie” de ce qui nous entoure. Cette croyance est la source des émotions.
Si on ne croit pas de façon absolue en ce niveau de la réalité, on ne ressent
aucune perturbation émotionnelle.
Dans
l’émotion, il y a d’abord une sensation sur laquelle notre esprit s’emballe
immédiatement pour commenter ce qui se passe.
En Occident, les émotions sont
cet ensemble.
Pour les Tibétains, elles sont purement sensitives et le reste:
pensées, jugement… fait partie du conceptuel.
Il est nécessaire de séparer ces
deux aspects.
Pour autant cela ne veut pas dire qu’il faille refuser les
pensées.
Généralement,
tout commence par une circonstance extérieure à laquelle nous sommes
confrontés. Mais à des circonstances extérieures identiques, diverses personnes
vont se relier différemment.
Ce qui fait cette différence est à l’intérieur de
nous: c’est en lien avec le sentiment de soi. Si ce sentiment de soi est faible,
vous pouvez être blessé très facilement.
Vous prenez immédiatement les
reproches pour vous par exemple. Alors qu’une autre personne à côté ne se
sentira pas concernée et réagira autrement. C’est pourquoi, si ce sentiment de
soi est faible, vous serez fréquemment la proie des émotions.
Les
émotions comme la colère, la jalousie, la peur nous donnent un sentiment
désagréable de mal-être. Tout être humain est traversé de temps en temps par
des émotions, ce qui est normal. Par contre, si vous êtes pris très fréquemment
par ces émotions, ce n’est plus tout à fait normal, il y a une raison à cela et
il importe de faire quelque chose. C’est pourquoi nous devons travailler sur ce
type d’émotions, même si nous n’arrivons pas à les libérer complètement.
Les
méthodes à employer pour s’en libérer
La
tradition bouddhiste tibétaine comprend un grand nombre de méthodes pour faire
ce travail sur les émotions perturbatrices. Dans cette tradition, il y avait
deux systèmes généraux d’enseignements: les pratiques graduelles et les
pratiques simultanées. Les secondes ont été développées au Tibet dans les
écoles les plus anciennes: c’est l’auto-libération des émotions.
Elle sont
simples car directes, sans longues préparations et explications et sans
entraînements complexes, mais elles sont difficiles à accomplir.
Par
contre les méthodes graduelles sont inefficaces si nous sommes pris dans des
émotions trop fortes. L’émotionnel a besoin d’être un peu apaisé avant que l’on
puisse travailler dessus.
Dans “l’entrée simultanée”, avec une volonté forte,
il est possible de rentrer directement dans l’émotion présente, de s’unir au
sujet du conceptuel ou à l’énergie de la sensation mentale pour arriver ainsi à
l’auto-libération.
Cette
méthode peut se subdiviser en deux grandes options :
Rentrer
dans la sensation de l’émotion
La première méthode consiste à contacter la sensation proprement dite de l’émotion. Lorsqu’une émotion se lève en nous, notre mental a l’habitude de s’emballer pour décrire ce qui se passe en y ajoutant un jugement (“c’est terrible…”).
La première méthode consiste à contacter la sensation proprement dite de l’émotion. Lorsqu’une émotion se lève en nous, notre mental a l’habitude de s’emballer pour décrire ce qui se passe en y ajoutant un jugement (“c’est terrible…”).
Cette agitation du mental a pour résultat de nous distancier de
ces sensations.
Rentrer dans la sensation pure de l’émotion permet de libérer
ce problème, de séparer le ressenti des pensées qui l’accompagnent.
À
ce niveau, il y a d’un côté le sujet et de l’autre, l’objet.
Par exemple: on se
dit “cette personne est mauvaise” (c’est l’objet) et notre conscience
conceptuelle qui émet cette pensée est le sujet.
On va éviter de se focaliser
sur la personne (est-elle réellement mauvaise ou non) mais se retourner vers le
sujet. Si vous pouvez vous unir avec le sujet au lieu de porter votre énergie
sur l’objet comme nous en avons l’habitude, la sensation va se modifier.
Vous
pouvez arriver à l’auto-libération.
Si
nous nous tournons ainsi vers le sujet, les pensées ne peuvent plus créer la
réalité, elles n’ont plus de point de projection car elles sont occupées par
elles-mêmes.
De cette façon, on rentre dans l’énergie de la pensée,
c’est-à-dire que cette croyance en la solidité de la réalité que nous avons
créée à l’extérieur va s’amenuiser.
On peut sentir en soi que, très rapidement,
quelque chose change. C’est une des formes d’auto-libération.
Sauter directement dans la situation problématique.
La seconde méthode consiste à sauter directement dans le cœur de l’expérience problématique elle-même.
La seconde méthode consiste à sauter directement dans le cœur de l’expérience problématique elle-même.
Dans la vie, quand l’émotion surgit, il y a en nous un
ressenti physique et mental, puis tout un dialogue mental qui provoque cette
forme d’hésitation et nous nous distançons de l’expérience en ne sachant que
faire.
Il s’agit donc de prendre la décision de rentrer directement dans la
sensation au lieu de s’en détourner.
Par exemple quand vous marchez sur un
sentier de montagne avec des passages difficiles, vous hésitez, prêt à faire
demi-tour puis, brusquement vous prenez la décision: “je dois y aller”, et vous
passez.
L’aspect conceptuel de l’esprit aura tendance à ne pas vouloir rentrer
dans l’affaire, à reculer devant cette sensation.
Après avoir clairement
identifié cet aspect, vous le mettez de côté et vous essayez de rester dans la
sensation pure de l’émotion, de vous confondre, de vous unir à cette sensation.
Lorsque
nous prenons la décision de sauter dans la situation émotionnelle elle-même,
cela produit un revirement, le conceptuel change.
On se désinvestit de la
croyance conceptuelle qui faisait surgir l’émotion.
Bien sûr, nous voyons la
situation et tout ce qui l’entoure mais elle n’a plus le même goût. Nous voyons
les choses d’une autre façon. La croyance en la solidité de la réalité que nous
avons créée à l’extérieur va s’amenuiser. Sa cause disparaît. C’est cela
l’auto-libération.
On l’appelle ainsi car vous gardez ce que vous voulez
changer et vous vous en servez comme méthode pour arriver à la transformation.
Cela se transforme de soi-même.
Conclusion
Dans chacune des deux méthodes, le ressenti du soi devient plus naturel.
Dans chacune des deux méthodes, le ressenti du soi devient plus naturel.
Nous
quittons la zone du soi la plus extérieure pour nous relier à l’essence de
nous-mêmes, à notre nature la plus profonde.
Nous nous sentons alors plus sain
et plus fort, et nous pouvons aller au-delà des structures dans lesquelles nous
avons établi notre énergie, et notre “sentiment de soi” au cours des évènements
de notre vie.
Et c’est de ce niveau que nous expérimentons la réalité.
Les
circonstances extérieures ne nous heurteront plus car elles seront reliées à ce
niveau plus profond, plus naturel, plus sain du soi qui n’a pas le sentiment de
faiblesse du soi superficiel.
L’auto-libération
des émotions peut être pratiquée par toute personne qui le désire, qu’elle
suive ou non un chemin spirituel. Elle permet de réduire les perturbations
émotionnelles afin de rendre le soi plus sain et de mieux fonctionner en tant
qu’être humain.
Tarab Tulku XI
Fondateur de la formation « Unité dans la Dualité »
1935 – 2004
Fondateur de la formation « Unité dans la Dualité »
1935 – 2004
Sandrine Gousset
Enseignante de la formation « Unité dans la Dualité »
www.tarab-institute.fr Lu sur http://channelconscience.unblog.fr
Enseignante de la formation « Unité dans la Dualité »
www.tarab-institute.fr Lu sur http://channelconscience.unblog.fr
On aurait pu ajouter en début de conclusion: « le ressenti du soi devient plus
naturel » que la sensation de l’émotion devient aussi plus naturelle.
Le plus difficile pour moi, c’est d’arriver à vivre l’émotion sans la refouler
ou la nier.
Même si peux voir lorsque je suis dans un automatisme de rejet quand
une émotion émerge, ne pas essayer de la contourner en me relaxant, en
cherchant immédiatement à la changer, est assez compliqué.
J’ai tellement
élaboré de stratégies d’évitement, que la peur de ressentir demeure et ça
demande d’être conscient de soi, de ce qu’on ressent régulièrement pour ne pas
dire toujours. Pas évident mais tellement libérateur !
Même en modifiant
un peu l’émotion en respirant en profondeur par exemple, le résultat est là. Et
le premier c’est vraiment dans l’attitude qu’on adopte, soit d’être conscient,
juste observer sans rien changer, soit de continuer de vivre en mode
automatique.
C’est une pratique qui mène à la maitrise du lâcher prise si je
puis dire.
L’inverse de ce qu’on fait habituellement parce que lorsqu’on est
remué à l’intérieur, on se tend, les sens sont en alerte, en mode survie.
L’idéal,
c’est d’apprendre à se relaxer, à relâcher les tensions par la respiration, le
plus souvent possible tout au long de la journée et d’affiner son ressenti, et
déjà de prendre l’habitude de focaliser l’attention à l’intérieur.
C’est aussi
ce qui permet de ressentir la paix, l’amour en soi, la vibration du cœur.
Cela
permet d’être plus confiant, de savoir que la source nous aime et nous guide en
toutes circonstances.
Je devrais dire que la confiance en soi augmente et comme
l’idée de séparation d’avec la source s’étiole, on sait quoi faire des
émotions, on n’en est plus esclave.
Malgré tout, être conscient de son corps
physique, attentif à ce qui se passe sans être stressé, sans trop se focaliser
sur le mental, représente déjà un challenge en soi.
Et c’est en étant dans l’action
que l’ancrage se fait avec plus d’aisance puisque l’inconscient gère les
fonctions du corps, les muscles, coordonne les mouvements et l’attention portée
sur le présent, favorise l’alignement des corps de façon naturelle et
spontanée. Quand en plus l’activité est dans la nature, on est vraiment sur les
fréquences de l’harmonie.
Merci
de laisser les références, les liens, si vous souhaitez diffuser cet article
dans son intégralité et de mentionner aussi ce blog (http://lydiouze.blogspot.fr )
afin d’honorer l’expression unique de chacun.