Depuis
hier soir, je suis rempli d’un sentiment de lassitude, d’écœurement. Je ne sais pas si c’est
le fait de savoir la majorité des gens en train de faire ripaille mais je n’ai
pratiquement rien mangé de la journée. J'ai préparé des desserts pour le repas d'aujourd'hui avec ma sœur mais je n'ai rien goûté. Depuis que je vais régulièrement sur Facebook, je peux
voir l’état général du monde, et la tendance à continuer de rêver, ou plutôt à
se complaire dans l’illusion de la séparation, de la dualité. Chacun revendique
son droit à continuer de jouer le jeu du « je », mais très peu s’aiment
véritablement. On se valorise par comparaison, on cherche à tout prix l’approbation,
la reconnaissance. Et plutôt que de prendre en charge ses peines, ses colères,
ses peurs, ont projette, on accuse, on juge, on fait des appels à signer des
pétitions. On s’émeut 5 minutes de la misère dans le monde puis on revient vite
à soi et on se sent privilégié de ne pas vivre ces malheurs. On se dit qu’on
doit être grandement aimé de la source pour avoir tant de richesses, de
liberté, de pouvoir...
Les
attentes à propos de l’ascension collective et individuelle maintiennent encore
la majorité des gens touchés par l’aspect spirituel de la vie, dans l’inconscience,
la séparation, l’illusion et éloignent encore plus de la responsabilisation. On
continue d’attendre des sauveurs, le prince charmant, l’homme de sa vie, la
femme de ses rêves, le gouvernement juste, la paix dans le monde par
élimination des méchants, le jugement de Dieu qui punira les manipulateurs. On
accuse les égrégores, les entités maléfiques, les extra-terrestres qui ont
manipulé l’ADN...Le business du bien-être est en plein développement et les
grigris, les amulettes, les formules magiques, font un tabac sur le Net. Ce qui
est certain c’est que la loi d’attraction fonctionne, mais ceux qui prêchent cette vérité s'enrichissent plus par des stratégies de manipulation que par un travail d’introspection et
d’épuration.
Comment
peut-on espérer sortir de la troisième dimension en continuant de nourrir la
dualité, en jouant sur les peurs, en amplifiant les divisions, en faisant tout
pour maintenir l’humain dans l’ignorance de sa véritable nature et en le
poussant à continuer de chercher des maitres, un père, une mère plutôt que de
se prendre en charge. Même ceux qui croient au potentiel divin de l’humain,
continuent de se positionner en sauveur, en guide, en guérisseur...
Le décor
a changé, les cœurs sont un peu plus ouverts à la spiritualité mais ça reste
les mêmes schémas joués et rejoués depuis des siècles. Ce n’est pas l’amour qui
pousse les gens à rechercher un sens à leur vie mais la peur du lendemain.
Tant qu’on
agi par peur, on nourrit les injustices dans le monde, l’égocentrisme, l’inconscience.
Combien espèrent
trouver leur pouvoir divin pour se faire juge et éliminer de leur entourage
tout ce qui les dérange ? Combien continuent de défendre leur point de vue
bec et ongle, désignant les coupables, les responsables du malheur de la
planète.
Nous
avons tout en nous, aussi bien la lumière que l’ombre, les qualités divines que
les perversions nées de la peur. Tant qu’on ne choisit pas de suivre son cœur,
rien ne peut changer vraiment dans sa vie. Tant qu’on ne regarde pas ses ombres
avec amour, tant qu’on n’aime pas ses aspects humains de la même façon que le
divin en soi, on ne peut trouver l’équilibre, la complétude.
On
continuera de rechercher en dehors de soi quelque chose pour combler le vide
intérieur. Mais ce vide, c’est justement l’espace de tous les possibles, l’infini,
l’endroit où nous rencontrons notre éternité. Le lieu où nous pouvons être en
paix, en sécurité et porter un regard plus objectif sur nous-même et sur le
monde. Ces aspects totalement opposés sont l’expression de notre nature humaine
et divine, à la fois. Lorsque nous validons les deux, il n’y a plus de raison
de les opposer, de considérer avec admiration le divin en soi et l’humain avec
mépris. L’un ne va pas sans l’autre, les deux se complètent et ce n’est qu’en
les unifiant qu’on trouve l’harmonie, la complétude intérieure. Tant qu’on s’imagine
que le divin en soi est supérieur à la personnalité, on projette les inégalités sur le
monde, on le voit divisé entre une élite et un troupeau, entre des bergers qui
ont la connaissance et le pouvoir, qui sont là pour guider les pauvres moutons.
Ranger Chad |
La
sensation de complétude intérieure fait que plus aucune attente, aucun besoin
ne se manifestent. On se contente d’être, sans jugement, sans autre ambition
que d’être vivant, ici et maintenant.
Vous
allez me dire mais elle juge aussi, elle critique...
Je dis
ce que je pense, ce que je ressens, afin d'honorer tout ce que je suis, sans chercher à convaincre.
Seuls l’autonomie, la responsabilisation, l’amour
vrai de soi délivreront le monde et chacun de sa prison. Ce n’est qu’en
choisissant de vivre à partir du cœur que l’on cesse de diviser ce que nous
sommes en dedans tout comme à l’extérieur. Mais ces choses, ce ne sont pas les
autres qui m’ont convaincu d’y croire, c’est ma propre expérience qui les a validées
et continue de le faire.
Vouloir
trouver le divin intérieur pour se sentir au-dessus de l’incarnation, pour s’en
extraire, être insensible à la douleur, revient à se plonger encore plus dans l’illusion
de la séparation.
L’humanité
Une n’est pas une belle phrase, une nouvelle mode, une théorie qui flatte celui
qui la prononce.
C’est
une responsabilité, une prise de conscience qui amène à considérer l’autre et
ceux qui sont le plus à terre comme des êtres qui représentent nos parts cachés,
rejetées, ignorées, refoulées. Celles qui feraient de nous des êtres imparfaits,
indignes d’être aimés, acceptés, mais c’est tout le contraire.
Je vois
l’humanité comme un corps, une entité dont chaque humain serait une cellule
autonome et interconnectée aux autres. Des groupes forment des organes qui
permettent à l’ensemble de fonctionner de façon équilibrée et harmonieuses. Chacun de ses organes, à l'image du corps physique a un "rôle" spécifique à jouer dont l'ensemble ne peut pas se passer. Pour
le moment, nous sommes encore à vivre et à nourrir un cancer où toutes les
cellules dépourvues d’amour et de lumière, contaminent les autres par
attraction et par répulsion. Or à moins que chaque cellule ne devienne
autonome, ne vive à partir de son centre, en harmonisant ces pôles, elle continue
de risquer d’être atteinte par la maladie et de s’étioler. Pour que l'ensemble s'élève, il faut que chacune d'elle active volontairement l'amour et la lumière. Les cellules qui
véhiculent la mort, stimulent les autres à trouver le moyen de s’immuniser
contre elle. Il n’y a que l’amour qui puisse réaliser cette autonomisation.
Hubble NASA |
Au
niveau divin, le fils, le premier né de la source s’est divisé en milliard de
cellules qui sont allées expérimenter ce qu’elles sont, connaître par contraste
ce qu’est la source, l’amour et la lumière dont elles sont issues. Tant que
toute n’auront pas la même vision, compréhension que celle du christ, ce corps sera
incomplet et ne pourra pas retourner à la source. Tant que chacune d’elles ne
retrouvera pas sa vraie nature et ce qui la compose, elle ne pourra pas retrouver
son intégrité, sa place dans le corps christique.
L’amour, c’est ce qui relie
chacune des âmes, la lumière, c’est la connaissance pure.
Ce n’est
qu’en accédant à sa divinité intérieure, par le cœur, que notre point de vue peut se caler
sur la vision du christ. Il nous a indiqué le chemin qui menait à la délivrance
de l’ignorance et de la peur. La conscience de qui nous sommes et l’acceptation
de tout ce que nous portons, afin d’aimer vraiment. De s’aimer soi-même et d’aimer
toute vie.
Quand l’amour
pénètre chacun de nos corps, c’est comme si nous embrassions toute l’humanité. Quand
j’aime ce que je jugeais comme impur, je le sacralise et englobe toute la
population qui me reflétait cette part obscure.
Tant qu’on
continue de se plaindre que l’ascension tarde à se réaliser, c’est qu’on ne
veut pas voir sa propre réalité, c’est parce qu’on ignore que nous sommes
créateurs de tout ce que nous vivons pour justement apprendre à aimer
véritablement.
Par
expérience je constate que plus je suis dans l’accueil, l’acceptation et plus
mon monde intérieur s’harmonise, plus je me sens entière et forte. Non pas
cette force qui permet de conquérir le monde mais bien plus celle qui fait que
je ne cherche plus à me justifier, à attendre d’être validée par les autres
pour m’autoriser à être enfin moi-même. Quand je cesse de juger une part de
moi-même, celle-ci est éclairée et me montre ses aspects lumineux, me révèle son
potentiel, sa capacité à faire entrer encore plus d’amour en moi.
La
dépendance aux cachets que je voyais comme une faiblesse, est une façon basique
de trouver l’équilibre, le seul moyen que les gardiens de l’enfant intérieur
ont trouvé pour le protéger de l’extérieur. Mais plus je comprends qu’il n’y a
rien à protéger, que tout est en moi et attend juste d’être aimé, accueilli,
afin de s’harmoniser au diapason du cœur, je n’ai plus qu’à laisser faire pour
que ma vision change. Un autre regard me montre alors ce qui est, dans toute sa
perfection.
Ce
constat me conforte dans ma foi en l’humain divin et le fait de pouvoir dire
spontanément "tout est bien", me libère de toute attente, volonté de perfection.
La
reconnaissance extérieure flatte l’ego un temps, mais il est bon de revenir en
son cœur et de se valider soi-même pour ne pas tomber dans l’illusion d’être
plus valeureux que les autres. Je peux comprendre puisque je le ressens aussi
par moments, que le fait d’être approuvé puisse faire du bien mais ça n’est que
l’ego qui est nourri dans ce genre de situation. Il est content de se dire « j’ai
raison ». C’est une façon déviée de s’aimer mais ça reste très éphémère et
fragile puisque la moindre critique me fera perdre l’estime de soi.
Si j’accueille
tout ce que je suis également, je n’ai plus à souffrir de manque, d’attente, de
peur de dépendre de l’extérieur pour exister. Quand l’harmonie intérieure, la
complétude sont trouvées, je peux alors donner sans compter, aimer vraiment l’autre
sans attendre qu’il me renvoie cet amour sous une forme ou une autre.
Le père
que j’attends, c’est le christ intérieur, l’aspect masculin de la source que je
porte en tant qu’énergie, la lumière de la source, la capacité de discerner, d’exister en tant qu’individu, de se différencier par la composition spécifique des énergies qui me constituent.
La mère tendre est aussi en moi, c’est ma part qui accueille ce qui est sans
jugement, l'amour sans conditions, sans faire de différence, qui englobe l’ombre et la lumière sans distinction.
C’est le féminin sacré, l’aspect féminin de la source qui porte en elle la
capacité de reliance avec l’extérieur, tout comme celle d’harmoniser tout ce
que je suis.
L’enfant intérieur porte mes rêves, mon individualité, mon chant
spécifique, mon désir de connaitre, d'expérimenter, ma joie, ma légèreté, ma capacité à voir l’autre comme un frère,
une sœur, une sagesse enfantine issue du cœur, spontanée, instinctive. Il est l'enfant de la source père mère qui vit en moi, l'union des polarités, le potentiel de l'humain divin qui se manifeste dans toute son innocnece et qui peut s'épanouir dans l'harmonie de tout ce que je suis. Le christ intérieur qui une fois reconnu peut se manifester dans la chair.
Lorsque
j’accueille les expressions de ces parts de moi et que l’amour les relie, je
suis alors entière et capable d’autonomie dans tous les domaines de la vie.
Le vent
continue de souffler en rafales violentes mais chaudes. Je m’en vais accueillir
mes "ombres", la lassitude, qui est le signe d’une attente insatisfaite, le dépit
qui me montre que je suis toujours à espérer changer...
Bien que je sache que l’amour
véritable de soi, demeure la voie unique de réconciliation avec soi-même et le
monde, des résistances, des peurs, des besoins insatisfaits me montrent que je m’égare
encore facilement, mais plutôt que de juger ce fait, je me dis qu’il est un
facteur d’humilité me préservant de l’orgueil. Et si j’en suis encore là, c’est
qu’il est nécessaire que je ne tombe pas dans l’amour de soi basé sur le
sentiment de supériorité.