Voici un nouvel article du docteur Véronique Baudoux qui aborde le thème de la relation à soi et à l'autre. (Je précise son titre pour appuyer ses propos bien que je pense qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des diplômes pour avoir ces connaissances.).
C'est après avoir vu ses vidéos sur le masculin sacré que j'ai atterri sur son site qui contient des articles intéressants ainsi que des outils de guérison, offerts gracieusement, en devenant membre.
Vous pouvez les trouver à cette adresse: "Blog Réussir son couple"
Être en
relation ou être soi
La
semaine dernière, dans l'article portant sur le célibat, nous
avons souligné le fait que, dans certains cas, les personnes qui choisissent
volontairement ce statut de manière prolongée voire définitive étaient souvent motivées
par des expériences difficiles lors d’un couple précédent.
Les
témoignages de ces personnes qui adorent leur célibat comportent souvent
des commentaires qui parlent d’une liberté retrouvée :
- « Je peux faire ce que je veux, je n’ai plus de comptes à rendre à personne»
- « Je suis bien plus heureux(se) seul(e)»
- « J’étais dans une prison »
- « La relation était trop destructrice »
- « Dans mon couple, j’étais un peu le sauveur et je me suis perdu ».
Dans
ces cas-là, le célibat semble être une manière de se protéger des effets
destructeurs du couple et ces témoignages montrent le couple sous son jour le
plus négatif : celui dans lequel la relation, plutôt que d’être la source
d’épanouissement et d’envol qu’il devrait être, est devenu une cage, exigeant
de se transformer au point de ne plus se reconnaître et éteignant la flamme
vitale de ceux qui y sont enfermés.
Pourquoi
le couple en arrive-t-il parfois à devenir cette sorte de prison de laquelle
nous serions tellement heureux de nous échapper que notre peur la plus profonde
serait d’y replonger ?
Pourquoi
cela nous semble-t-il parfois si difficile de préserver cette liberté
indispensable dont nous avons besoin pour évoluer vers le meilleur de
nous-mêmes tout en vivant une relation de couple épanouissante ?
Comment
en arrivons-nous parfois à nous oublier totalement par amour pour l’autre ?
Faut-il
absolument choisir entre «Être en relation» OU «Être soi» ?
N’est-il
pas possible d’avoir les deux ? Est-ce vraiment incompatible ?
Car
si le célibat nous permet d’avoir une totale liberté de faire et d’être
exactement ce que nous souhaitons, le couple offre aussi de magnifiques
occasions de nous transformer et de grandir.
Alors,
comment trouver le juste équilibre entre «Penser à l’autre» et «Penser à soi»,
entre «Accepter de changer» et «Rester soi-même» ?
Car,
entre «Fusion Totale» et «Indépendance Totale», nous pouvons imaginer une voie
du milieu, un troisième terme que j’aurais envie d’appeler
« Autonomie Solidaire »…
Mais
comment pouvez-vous créer ce troisième terme ?
Quelles
sont les croyances dont il faut vous libérer, les habitudes relationnelles
qu’il faut transformer ou les blessures qu’il vous faut guérir ?
Je
vous propose de vous livrer les 5 clés essentielles qui vous permettront de
cheminer sur cette voie du milieu et de pouvoir ainsi ne pas devoir choisir
entre rester vous-même et rester en relation et de pouvoir avoir les deux
(parce que, je l’avoue, moi j’aime bien quand je ne dois pas choisir et que je
peux tout avoir )
Mais
comme chaque clé demande à être bien expliquée, j’ai décidé de scinder cet
article en 5 épisodes dont je vous laisse découvrir le premier…
Clé n° 1 : Sortez du triangle Victime – Sauveur – Bourreau
Ce
triangle relationnel est connu sous le nom de «Triangle de Karpman» du nom du
Psychologue américain (spécialisé en analyse transactionnelle) qui l’a décrit
dans les années soixante.
Cette
manière d’interagir avec les autres peut exister dans toutes les relations :
professionnelles, amicales, familiales… Mais c’est dans la relation de couple
que ces interactions sont les plus exacerbées car, plus l’enjeu affectif est
grand, plus nous avons tendance à nous appuyer sur des modèles qui ont fait
leurs preuves dans les générations précédentes et dont nous avons souvent été
témoins dans nos propres familles.
Ce
qu’il faut savoir, c’est que, bien qu’ayant souvent un rôle dominant, nous
pouvons passer de l’un à l’autre, parfois très rapidement… Aucun de ces rôles
n’est pire ou meilleur qu’un autre mais TOUS sont de sérieux obstacles à
une relation épanouissante de type gagnant-gagnant (win-win). Car, dans ce
triangle, tout repose sur le besoin d’avoir le pouvoir qui provient de nos
peurs et de notre manque de confiance en nous.
Dans
de nombreuses relations de couple (et pas uniquement dans celles qui sont
pathologiques*), il est très fréquent que l’on
rentre dans une interaction basée sur le fait de combler les manques de
l’autre.
L’autre
souffre de blessures du passé mais moi, je vais l’aider à en guérir et je vais
lui apporter enfin tout l’amour qu’il ou elle n’a jamais reçu.
L’autre
est triste, inquiet, malheureux, mais moi, je vais lui trouver des solutions
pour qu’il puisse redevenir joyeux, confiant et heureux.
L’autre
a des manques et des besoins et moi, je vais les combler.
La
détresse (réelle ou supposée) de l’autre provoque chez nous un malaise qui nous
pousse à vouloir intervenir dans sa vie et parfois même si on ne nous a rien
demandé.
Nous
donnons donc à l’autre le rôle de la
Victime** et nous prenons le
rôle du Sauveur.
Prendre
le rôle du Sauveur est un réflexe inconscient qui provient de notre empathie
naturelle mais aussi de notre fausse croyance que l’amour que nous pouvons
susciter dépend de ce que nous faisons pour l’autre.
De
plus, être indispensable au bonheur de l’autre peut nourrir notre estime de
nous-mêmes et réussir à l’aider démontre notre propre compétence. Mais, en même
temps, c’est relativement infantilisant pour l’autre puisque cela présuppose
qu’il ou elle n’est pas suffisamment épanoui(e) pour être heureux(se) sans nous
ni suffisamment fort(e) pour trouver ses propres solutions.
Mais
si un jour l’autre, lassé d’être ainsi infantilisé, refuse notre aide (de
manière ponctuelle ou définitive), nous risquons bien d’être déçu de ce que
nous ressentons comme un total manque de reconnaissance et de tomber alors dans
le rôle de la Victime
qui culpabilise l’autre (« Je t’ai tant donné et tu m’abandonnes…!) ou
dans celui du Bourreau qui insulte l’autre (« Après tout ce que j’ai fait
pour toi, tu es vraiment un monstre…!)
Inversement,
en considérant que nous avons besoin de l’autre pour réparer nos blessures et
combler nos manques, nous prenons le rôle relationnel de Victime et nous
plaçons l’autre dans le rôle du Sauveur. Se sentir indispensable à notre
bonheur est peut-être valorisant pour l’autre mais, en même temps, cela lui
fait endosser une responsabilité qui n’est pas la sienne et qui est fort lourde
à porter. D’autant plus que l’autre va se sentir notre Bourreau s’il ne
parvient pas à répondre à nos besoins.
C’est
parce que ces interactions sont destructrices pour les deux partenaires et
qu’elles aboutissent toujours à transformer le couple en un lieu où on s’éteint
plutôt que d’être source d’envol qu’il est essentiel de les dépister.
Pour
reconnaître les situations qui nous font mettre les doigts dans l’engrenage de
ce triangle, il est très intéressant de connaître les caractéristiques
suivantes :
Les
interactions du triangle sont toujours :
-
Initiée par une attitude de Sauveur, de Victime ou de Bourreau.
-
Inconscientes : nous avons l’impression de ne pas pouvoir faire autrement.
-
Répétitives : elles nous donnent l’envie de dire « C’est toujours la même
chose ».
-
Dont nous attribuons la responsabilité à l’autre : « Si il/elle n’avait
pas agi comme ceci, je n’aurais pas réagi comme cela ».
-
Confuses et ambigües: elles nous donnent envie de dire : « C’est
compliqué »
-
Caractérisées par des changements de position dans le triangle de la part des
deux partenaires ce qui permet de continuer le jeu.
-
Et elles se terminent toujours de manière négative par la dévalorisation de soi
ou de l’autre : on éprouve la sensation désagréable de s’être fait avoir ou la
joie malsaine d’avoir triomphé de l’autre.
Chacun
de ces trois rôles est un résidu de l’enfant qui sommeille toujours en nous,
prêt à se réveiller à la moindre blessure…
L’enfant
qui a peur de ne pas s’en sortir tout seul et de ne pas avoir le soutien
nécessaire, l’enfant qui a peur de ne pas être aimé et qui veut à tout prix
plaire à papa/maman, l’enfant qui a peur de ne pas avoir sa place et qui la
prend de force…
L’antidote
à ce triangle dramatique : le triangle thérapeutique (aussi appelé
« Triangle du plaisir » : j’avoue que j’ai un faible pour ce nom-là )
Comment construire le « Triangle du Plaisir » ?
En
n’endossant pas la responsabilité du bonheur de l’autre (prendre soin n’est pas
la même chose que prendre en charge) et en s’appuyant sur l’adulte qui est en
nous pour développer les 3 P : Puissance – Permission – Protection
Puissance : correspond au
sentiment de confiance en soi et en ses propres ressources, ses propres
compétences. Il se base sur les expériences positives que nous avons faites et
dans lesquelles nous avons connu des succès, des réussites.
Permission : nous donne la
permission de grandir, d’évoluer, de faire autrement que ce que nous avons
toujours fait, de faire des choses qui sont bonnes pour nous. Cette permission
se fonde sur la confiance en notre capacité à nous adapter aux changements et à
faire face à d’éventuelles difficultés. Elle nous ouvre de nouvelles
perspectives.
Protection : établit les repères,
le clair et sécurisant au sein duquel la relation peut rester positive pour les
deux partenaires. La solidarité mutuelle respecte alors les limites de chacun
et ne risque pas de dévier vers le sacrifice de l’un ou de l’autre.
L’objectif
étant de se permettre de sortir du triangle en s’appuyant sur un des 3
P tout en permettant à l’autre de quitter le rôle Victime – Sauveur –
Bourreau en lui montrant la voie vers un de ses propres 3P.
Exemples
:
L’autre (Victime) : « Je ne vais pas m’en sortir »
La Puissance : « Quelles solutions
ont-elles fonctionné la dernière fois que tu as été confronté(e) à ce genre de
problématique ? »
La Protection : « Si tu m’expliques ce
dont tu as besoin, je verrai si je peux t’aider. »
L’autre
(Bourreau) : « Je te demande un conseil et tu ne m’aides pas. »La Permission : « J’ai confiance en ta capacité de trouver de nouvelles solutions. »
La Protection : « Qu’attends-tu de moi ? »
L’autre (Sauveur) : « Je ne le fais pas pour moi mais pour toi car tu n’as pas les mêmes compétences que moi. »
La Puissance : « Je t’en remercie mais je pense que je vais pouvoir me débrouiller »
La Permission : « Pour une fois, je vais m’en occuper. Cela me permettra d’apprendre »
La Protection : « Si je ne m’en sors pas, je n’hésiterai pas à te demander de l’aide »
Repérez vos rôles relationnels et ceux de l’autre, sans jugement, avec beaucoup d’indulgence pour votre enfant intérieur et celui de votre partenaire.
L’humour
dans le décodage des interactions peut également être d’un grand secours (au
départ, vous pouvez même fabriquer 3 chapeaux en papier avec les noms ou les
dessins représentant les 3 rôles et n’hésitez pas à placer sur votre tête celui
qui correspond au rôle que vous êtes en train de jouer).
Sachez
qu’il est toujours plus facile de détecter un rôle chez l’autre que chez
soi-même (et acceptez qu’éventuellement ce soit l’autre qui vous ouvre les yeux
sur votre rôle favori). Si vous avez décidé ensemble de sortir du triangle,
c’est pour le bien de votre relation. Souvenez-vous de cette intention positive
si vous vous sentez blessé lorsque l’autre pose un chapeau sur votre tête.
Exercez-vous,
soyez créatifs dans vos manières d’utiliser vos 3P.
Retenez
qu’il est toujours plus facile de ne pas entrer dans le triangle que d’en
sortir.
*Dans les
relations pathologiques comme la manipulation, c’est l’autre qui nous fait
endosser de force ce rôle de sauveur puis rend impossible le fait d’être sauvé pour
pouvoir nous reprocher d’être son bourreau. Et, en nous accablant de reproches
et en suscitant notre culpabilité, il devient notre réel bourreau. Avec les
manipulateurs/manipulatrices pathologiques, il est impossible de sortir du
triangle de Karpman.
**Attention
: il est important de distinguer le RÔLE relationnel de victime que l’on peut
jouer dans le triangle du STATUT de victime qui, lui, est bien réel et
pour lequel la reconnaissance de ce statut est primordiale (victime d’une
agression, victime d’un viol, victime de manipulation…)
Article rédigé par Véronique Baudoux
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Je tiens à préciser que l'enfant qui reste en nous, dont elle parle dans l'article, n'est pas à bannir, il a aussi son rôle à jouer de façon positive.
Il est vrai qu'il vaut mieux ne pas lui confier notre histoire d'amour, ça n'est pas du tout son rôle. Mais tant que nous n'allons pas à sa rencontre afin de libérer les anciennes croyances, il exprimera les émotions de façon excessive, par des explosions et nous agirons selon ces croyances passées. Mais lorsqu'on se tourne vers l'intérieur, dans l'accueil, il nous inspire la spontanéité, la joie de vivre, certaines émotions qui nous rendent plus légers...mais pour ça, il faut que ses blessures aient été guéries. Enfin, c'est mon intime conviction, validée par l'expérience...
Lydia
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