mercredi 30 janvier 2019

« Développer la lumière et l’amour en soi : la lucidité et l’unité intérieures »





2 01 Toujours dans le dépouillement des croyances et conditionnements, l’observation neutre permet de retrouver l’être véritable qui très souvent est imperceptible seulement parce qu’on a prédéfini sa ‘forme’, son ‘aspect’, son nom. 
Je me souhaite et je souhaite à tous, à chaque instant, cette reconnaissance intime de soi et cette unité intérieure qui permettent de se tenir droit, d’être en paix avec soi-même et nécessairement avec les autres puis de savoir répondre aux besoins qu’on aura estimés prioritaires.
Ces besoins fondamentaux sont universels et c’est à chacun d’apprendre à reconnaitre ceux qui lui sont essentiels, au présent. Ils changent à mesure que la conscience se désidentifie des mécanismes de survie et les réponses apportées s’ajustent à l’évolution liée au temps qui passe et à l’environnement en perpétuel mouvement. 

Savoir reconnaitre les mécanismes qui s’enclenchent automatiquement depuis l’enfance et s’en détacher permet de se libérer des conditionnements multiples liés à l’âge, au genre, au milieu familial, social, culturel, religieux…Cela nous libère aussi du besoin d’élaborer un modèle à suivre qui génère des comportements faussés. Ce point de vue idéaliste nous laisse croire que nous ne sommes pas appropriés, que quelque chose en nous est incorrecte, défectueux, illégitime…les religions ont beaucoup œuvré en ce sens au point qu’on considère le corps physique comme un ennemi. Et c’est pire lorsqu’on a subi des violences.
On parle beaucoup de l’être authentique en négligeant le fait que c’est au présent, dans ce corps, dans cet environnement particulier et non selon un idéal, que se révèle l’être authentique. Apprendre à distinguer la projection de ce qu’on porte tant au niveau des blessures d’enfance que de l’idéal qu’on veut atteindre, c’est retrouver une forme d’objectivité. 


Je dis une forme d’objectivité parce que tout ce que nous percevons, l’interprétation de ce que nous vivons, la façon dont nous intégrons les évènements de notre vie ou simplement notre comportement quotidien, procèdent d’une histoire subjective, d’un vécu particulier... 
Apprendre à observer sans juger, sans interpréter, nous ramène à la simplicité d’être. A la fois au niveau de la personnalité allégée de ses masques et en essence, au-delà des croyances. 
L’aspect spirituel de l’humain est impossible à décrire non seulement parce que c’est invisible mais aussi parce que chaque expérience est unique. Je pense que ce qui peut le mieux qualifier cette « essence », c’est l’énergie de vie, la volonté d’être qui habite chacun. 

Une volonté inconsciente que le corps exprime au travers du désir et qui nous meut sans même que nous en ayons conscience. On ne soupçonne pas encore les nombreux combats qui se livrent en nous entre pulsion de vie et pulsion de mort, que ce soit au niveau psychologique ou microbien. 
Mais là encore, la vision anthropomorphique des choses peut nous amener à voir une lutte là où il y a davantage une sorte de danse, de coopération. Du point de vue humain, la mort est perçue comme une fin, un échec, la conséquence de mauvais traitement mais dans la nature elle apparait comme nécessaire à la survie de toutes espèces dont l’humain fait nécessairement partie. 

Notre vision est à la fois anthropomorphique, réduite et sélective. 
Il ne s’agit pas de s’élever au dessus des autres, de dominer, de séduire, pour se sentir important mais bien plus de s’élever au-delà de nos propres schémas réducteurs

En ce sens, savoir observer sans juger, simplement en étant le témoin de ce qui advient nous permet de mieux comprendre notre monde intérieur et par conséquent le monde extérieur. On n’est plus dans une quête qui nous promet un bonheur à venir mais dans une réalité devenue supportable parce que nous sommes plus centré et plus authentique, plus en paix avec ce qui se vit en soi

On s’éloigne du monde des idéaux pour embrasser la réalité telle qu’elle est. 
Et là encore cette réalité libérée des croyances et conditionnements devient ce qu’on en fait. Nous sommes à l’ère de l’image où l’apparence est reine, où on sélectionne les infos afin d’écrire l’histoire. Un journaliste va suivre le courant de pensée du journal où il exerce sa profession au lieu de porter un regard objectif sur les faits. 

On est toujours plus ou moins influencé par notre vécu, notre culture, nos idéaux et en ce sens, être journaliste devrait demander une bonne connaissance de soi et la capacité de prendre du recul. On assiste à une mascarade perpétuelle où toute info diffusée a été sélectionnée pourvue qu’elle défende le pouvoir en place, le régime néolibéral ou pour parler plus directement, le système où l’argent est roi et dirige le monde. 

On s’appuie ici sur la loi du plus fort, la loi de la jungle en oubliant que nous sommes une conscience animale capable de penser. Toute pensée libre qui déjà parvient à s’exprimer sur les médias classiques sera diabolisée, discréditée, moquée, sortie de son contexte ou tout simplement taxée de fasciste, nationaliste, antisémite…complotiste…

D’un autre côté, les médias dits alternatifs demandent une bonne capacité à discerner le vrai du faux. On peut déjà éliminer tous les articles qui visent uniquement à faire le buzz, à obtenir un maximum de vues, de clics, de « j’aime ». C’est le même principe dans les médias classiques, il s’agit de faire de l’audimat avec évidemment ce qui choque, avec de faux débats comme celui que je n’ai pas pu regarder entièrement tant la mascarade était visible. On prétend débattre d’un sujet censé intéresser tout le monde mais qui en fait ne concerne qu’une partie très minoritaire de la population, à savoir la gestation pour autrui. Tous les intervenants n’avaient pas été choisis par hasard  et leur seul contradicteur c’était le pauvre Charles Consigny qui s’est fait agressé par Muriel Robin qui ne cache pas son homosexualité. 
J’ai plutôt tendance à être "de gauche" du moins du temps où celle-ci défendait les humbles, les pauvres, les modestes salariés…mais nous sommes maintenant dans une configuration où seuls existent le bien et le mal, les bons et les méchants, où on fait des associations raccourcies, où on inverse les valeurs, où on diabolise ceux qui osent penser par eux-mêmes et avoir une opinion propre, où on range chacun dans ces cases "bons" ou "méchants" et où finalement il s’agit d’obéir à la pensée unique et dominante dictée par les médias. Médias qui au passage sont autant financés par des personnes privées et ultrariches, que par les impôts. 

Au lieu de prendre du recul sur les faits, on surfe sur les réactions primaires histoire de semer la confusion, de nourrir la peur, la culpabilité et le doute chez tout individu fragilisé. Et comment ne pas l’être quand ceux qui sont censés être plus évolués, plus intelligents suivent leur idéologie et veulent en faire la norme.

Dans ce dépouillement des conditionnements et croyances, étape essentielle à la connaissance intime de soi, on retrouve les mêmes fonctionnements à l’intérieur qu’à l’extérieur, la même façon de suivre un modèle, de rechercher une autorité, un Père, une assurance, une forme de reconnaissance, la même façon d’occulter la réalité qui nous dérange, la même façon de nourrir l’illusion. En bref, les mêmes manipulations et stratégies. On élabore une croyance qu’on cherchera à confirmer par les faits. 

Je réfléchis souvent à ce qui m’est arrivé au moment de mon baptême et à mesure que je lâche ce qui est du domaine de la croyance, de l’interprétation des faits selon le contexte particulier de ce moment là, je prends conscience des manipulations mentales internes. 

On est démuni face à l’inconnu, face à ce qui est incompréhensible, face à ce qui nous dépasse et comme le mental a besoin de cohérence, de sécurité, il va interpréter les faits selon les infos dont il dispose et selon ces besoins premiers que sont le sentiment de sécurité, la paix. Si j’avais vécu cet « éveil » en dehors d’une église chrétienne, mon interprétation de ces miracles ; disparition de deux hépatites et sevrage de drogues, de tabac sans aucune sensation de manque, aurait été toute autre. Mais ce changement radical de vision aurait-il pu avoir lieu ? 
Maintenant, avec du recul, je me dis que le fait d’avoir rencontré des gens en accord avec mon éthique personnelle ou avec les mêmes règles du jeu, a grandement participé à cet éveil. La confiance, le fait de se sentir accepté, le fait de considérer l’amour comme une force plutôt que comme une forme de faiblesse, le goût pour la justice, ont constitué un terrain favorable à l’ouverture. Parce que finalement, ce que j’ai vécu alors a été autant une ouverture de cœur à l’intérieur, un "Oui" à l’amour, à la vie, qu’une ouverture vers les autres. 
J’ai déjà eu l’occasion auparavant de vivre des sorties de corps et une forme de symbiose avec la nature en prenant des substances hallucinogènes et à l’époque je n’ai pas étiqueté ces expériences qui m’ont juste convaincue du fait que nous ne sommes pas uniquement un corps physique et que la mort n’est pas la fin ou que l’esprit, la pensée survit à la mort. Ces expériences ont éveillé ma curiosité quant à ces mondes ou ces autres états de conscience mais ma méfiance liée à l’enfance envers les humains en général m’a préservé d’adhérer complètement à la vision des autres à ce sujet.

Ce qui a été positif, c’est cette ouverture à l’inconnu, au spirituel mais d’un autre côté cela a renforcé ma tendance à déjà vivre dans une bulle mentale. L’usage de drogues a été la même stratégie de fuite que celle que je vivais pendant que mon père m’agressait. Et l'adhésion momentanée à une religion chrétienne correspondait à la fois à la recherche d'un père, d'une voie à suivre et en même temps le pardon constituait une forme de déni de mes blessures internes. Comme si le fait de pardonner pouvait effacer la douleur interne. Cela donne une sorte de paix momentanée mais on reste dans le déni, le contrôle des émotions. La hiérarchisation des corps où le "soi" est le chef ou plutôt le tyran.

La question qui demeure, c’est la suivante : où part l’esprit, la conscience dans ces stratégies de survie qui consistent à se couper de la réalité puisque je n’ai aucun souvenir de ces moments douloureux ? Je ne peux cependant pas douté d’avoir vécu ce trauma de l’inceste puisque je me souviens très bien d’aller cracher dans l’évier de la salle de bain. 
Ce que je dis ici peut choquer mais c’est malheureusement la réalité de bon nombre d’individus. Que cette réalité soit consciente ou refoulée, elle concerne un pourcentage énorme de personnes. 
Bien que ce soit difficile de le quantifier, il suffit de regarder autour de soi, dans sa propre famille pour constater que cette façon de traiter les plus faibles en objet sexuel est très courante. 
Il n’est pas étonnant et ça parait même logique que nous vivions dans un monde insensé quand on observe au niveau individuel les conséquences de tels actes sur un individu. Le fameux « il est interdit d’interdire » a légitimé dans les familles, des comportements déviants et abusifs. 
Je ne cherche pas en affirmant cela à minimiser mes propres souffrances ou à les universaliser comme si cela pouvait m’apporter un quelconque soulagement mais plutôt à comprendre pourquoi tant de gens sont en souffrance, dans le déni et le rejet de soi, des autres. Pourquoi les stratégies de manipulation de masse sont si efficaces, pourquoi tant de gens adhèrent à des croyances si insensées soient-elles. 

D’une part, la peur de la mort et d’autre part la méconnaissance de soi, préparent le terrain qui permet de croire aveuglément à toutes sortes de théories. 
Il serait intéressant de connaitre le vécu des personnes qui disent recevoir des messages des mondes invisibles. Je ne doute pas de leur bonne foi mais plus je comprends les modes de survie, le phénomène de projection psycho-émotionnel, la façon  dont nous interprétons les faits, notre besoin de répondre aux angoisses existentielles et de justice, de reconnaissance, et plus cela m’apparait flou. 

Il est clair que je n’ai pas publié ces textes pour soutenir l’existence de mondes invisibles tels que les églises en parlent mais bien plutôt pour le contenu qui me semblait apporter des clefs de sagesse aidant à être autonome. J'ai peu  à peu délaissé les messages que reçoit Monique Mathieu parce qu'ils sont trop paternalistes à mon goût. Maintenant que je comprends un peu mieux les phénomènes de déni, de repli sur soi, le besoin d’échapper à la réalité ou parce que je peux prendre un peu de recul dans l’observation neutre des schémas de pensée, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle entre déni de la réalité et adhésion à des croyances. 
Le manque de connaissance et surtout d’acceptation de soi nécessaires à une juste estime de soi, à la confiance en soi qui font qu’on va chercher une autorité extérieure ou le besoin d’un père pour remplacer celui qui a été abusif, défaillant ou absent, nous amènent à croire à des choses plus proches de la superstition que de la réalité.

Lâcher les croyances, c’est comme se jeter en pleine mer sans savoir nager. En théorie, un corps flotte sur l’eau mais tant qu’on lutte, on ne trouve pas le calme nécessaire à cette flottaison salvatrice. C'est là que l'observation détachée devient essentielle.

Ce qui est troublant, c’est de voir que la plupart des messages des êtres de lumière se fondent sur des hypothèses élaborées par les religions. La hiérarchie céleste, l’espoir en une vie meilleure dans l’au-delà, le rejet du corps, la poursuite d’un modèle inhumain dans les deux sens du terme, tout cela nous conditionne et nous éloigne de notre propre vie, de l’ici et maintenant. Et par conséquence, cela prépare à l’obéissance aveugle. 




Non seulement notre éducation nous conditionne à obéir, à croire davantage en une autorité qui serait supérieure à nous, qu’à notre ressenti, mais en plus, ça fait le jeu des gens de pouvoir. On ne fait que changer les personnages mais les principes sont les mêmes. 
La science a permis de sortir de certaines croyances puisqu’elle explique des phénomènes naturels qu’on attribuait à Dieu mais on retrouve les mêmes principes de foi et d’obéissance aveugle. Le même schéma se reproduit, on a juste remplacé l’objet de notre foi qui nous empêche de réfléchir et de connaitre par nous-même. 
On est toujours dans la peur, le déni, la honte et le rejet qui font qu’on adhère aux croyances de celui qui donne l’impression d’être sûr de ce qu’il avance. On a toujours peur de la mort, de l’inconnu, on rejette la réalité, on nie nos propres souffrances et on cherche à l’extérieur de soi un sens à donner à sa vie.

J’écoute avec un grand intérêt les conférences données par Michel Onfray au sujet des religions, de la politique, de la philosophie et découvre avec stupeur que l’humain se pose inlassablement les mêmes questions auxquels il apporte les mêmes réponses bancales. Mais dans tout ce fatras, je trouve une vision du monde qui résonne fortement  en moi, au-delà de ces schémas de manipulation. J’ai toujours aimé apprendre, comprendre et chercher des clefs qui permettent d’être autonome et cette façon de déconstruire les croyances pour mieux se connaitre et donc pour mieux vivre, me correspond tout à fait. 

Démystifier, déconstruire ce qui a été élaboré afin de maitriser les masses, rend libre même si on peut se sentir seul au moment d'affronter ses peurs. Mais ce sentiment de solitude fait place au sentiment de sécurité et d'intégrité qui s'en suivent. La vision réaliste et pragmatique de Michel Onfray est d’un grand secours au  moment où je suis enfin prête à faire face aux souffrances refoulées. 
Les entretiens avec la psychologue ou le fait de m’entendre parler, raconter mon histoire, révèle toutes les stratégies de survie qui s’activent en moi. le fait d'avoir élaboré un discours procède de la stratégie de contrôle. La façon dont je me protège des souffrances internes et en même temps des autres, apparait nettement. Et je peux constater la faculté d’imagination que déploie le mental ou l’inconscient pour élaborer ces stratégies multiples. 
Même si l’introspection est une affaire intime et personnelle, le fait d’être écoutée par une personne neutre et objective, le fait qu’elle porte un regard détaché sur ce que je lui dis est une aide réelle. 
Il a fallu trois séances pour que je m’ouvre enfin et pour que je puisse accéder aux émotions refoulées de l’enfance. Depuis plus d’un an, je n’arrivais plus à pleurer mais peu à peu, à mesure que je prends confiance en cette personne, mon discours n’est plus dissocié des émotions qui accompagnent mon récit. Je n’ai pas pleuré devant elle mais seulement une fois arrivée à la maison. Ces larmes ont eu un effet décontractant et libérateur. Pouvoir dire tout en exprimant l’émotion, même si cette expression était différée m’a remise en contact avec cette charge intérieure si lourde. 

J’en ai moins peur et par l’accueil ou simplement le fait de laisser l’émotion s’exprimer sans chercher à l’interpréter, me reconnecte aussi avec l’énergie du désir. L’envie de créer, d’aller vers les autres, renaissent en moi même si de nombreuses peurs m’en empêchent encore mais au moins je peux voir ces peurs et apprendre à les lâcher. 
Cette observation neutre montre les réflexes conditionnés tellement nombreux et en même temps la nécessité d’être patient. D’ailleurs il ne s’agit pas d’obtenir un résultat immédiat mais plutôt d’apprendre à se connaitre en profondeur. Il n’est pas question non plus de chercher à comprendre à tout prix mais d’apprendre à vivre en paix avec soi-même, dans l’instant. 

Si on commence à vouloir comprendre ce qui se loge dans les tréfonds de l’inconscient, on peut remonter à l’origine de l’humanité et chercher en vain la cause de son mal-être dans les mondes de la pensée, de l’astral. Ce principe très proche du déni, nous éloigne du maintenant, de la réalité présente et on est toujours dans la quête d’un coupable qui nous empêche d’être actif, responsable. Ce schéma nous maintient dans le rôle de la victime impuissante et nous pousse au désir de vengeance, au besoin de réparation qui demande un juge,  une autorité extérieure qui tranchera, qui désignera le coupable et la victime sans pour autant nous délivrer de la souffrance intérieure. Cela nous maintient dans la position de victime et ça laisse aussi la place aux sauveurs, qu’ils soient religieux, politiques ou encore affectifs sous les traits d’un conjoint, d’un compagnon ou d’une compagne. 
Cette posture ne guérit pas des blessures mais en plus elle nous plonge dans la dépendance affective tout en posant un poids écrasant sur les épaules du supposé sauveur. Elle nous maintient dans la position de l’enfant...blessé et impuissant.

Tant qu’on ne décide pas de faire face à nos propres blessures, on est manipulé par nos peurs, on projette nos manques et on méconnait nos besoins réels. Ajouté à cela la confusion générale, les injustices réelles de ce monde, il devient facile de se laisser séduire par les religions, les idéaux politiques. Le courage qui consistait à prendre les armes pour défendre sa patrie s’est transformé en opportunisme pour obtenir la gloire, l’argent et servir son clan, sa tribu. Et on parle de progrès ! 

Ce courage devrait s’appliquer à la conquête de ses propres peurs, de ses ombres, de ses fantômes. Je vois bien comment je tombe dans la paranoïa et comment je généralise mon mal-être en projetant ces peurs sur les individus, les situations qui rejouent les schémas de victime, de bourreau et de sauveur. Comment ces réactions mènent au sexisme, au racisme même dans la quête du bouc émissaire. 
C’est mon aversion pour l’injustice qui me ramène à la raison d’où la nécessité d’apprendre à observer objectivement les pensées et se désidentifier de celles qui sont de l’ordre de la réaction primaire. 

Le remède à cela c’est toujours la connaissance de soi, la reconnaissance et l’abandon des conditionnements quels qu’ils soient. Réapprendre à vivre selon son cœur, son corps tout entier, dans le sens d’objectivité ou de non jugement à priori, à reconnaitre ses besoins naturels et à les nourrir, ramène à une forme d’harmonie et d’équilibre intérieur. 

Il est vrai aussi que la théorie selon laquelle notre âme survit à la mort peut séduire quelqu’un qui est dans le rejet du corps physique, le contrôle des émotions mais au lieu de nous libérer des peurs, cela nous fait renier la vie même, celle qui se passe ici et maintenant. 
On a gardé des religions le pire, le rejet du corps, la diabolisation de la sexualité et ça n’est certainement pas mai 68 qui nous a rendu libre. Au contraire, ça autorise les pires excès et ça fait en même temps le jeu des puissants qui peuvent justifier leur folie, leur goinfrerie. Au nom de la liberté individuelle on divise les gens, on oppose les individus selon leur classe, leur genre, leur couleur et pourtant la science nous dit que nous sommes tous issus de la même source. Elle démontre génétiquement que nous faisons partie du cycle du vivant, de la même famille que les règnes animal, végétal et minéral. 

La nature est solidaire quoi qu'on en pense à priori. J'ai trouvé un jeune pigeon apeuré que j'ai mis dans le chêne d'en face en espérant que les chats ne le verraient pas. Je bricolais au jardin quand j'ai vu l'envol d'une dizaine de pigeons et le jeune devaient en faire partie puisqu'il n'était plus sur la branche. On parle de la loi du plus fort ou de la jungle chez les animaux comme pour justifier les injustices mais c'est une vision faussée de la réalité. Enfin une sorte de récupération, de justification. Les arbres, ce qui se passent au niveau des racines, la communication via les champignons.... nous en apprend beaucoup au sujet de la solidarité naturelle et de l'harmonie. 
Il serait plus juste de s'inspirer de cela...Même celui qui tue pour se nourrir, le fait d'abord pour vivre et il participe ainsi à la cohésion de l'ensemble. Les règnes animal, végétal et minéral peuvent nous apprendre beaucoup et même si un temps j'ai été attirée par les messages sensés émaner d'eux, mon approche d'aujourd'hui est plus réaliste, davantage dans l'observation objective et silencieuse que dans l'écoute d'une parole hypothétiquement vraie...si "sage" soit le discours. 
L'observation silencieuse de la nature est plus éloquente et elle ramène l'humain à sa juste place, un individu unique certes mais qui fait partie du vivant, qui ne peut vivre sans les autres, tous règnes confondus.


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