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07 Vous
allez me dire que je me répète encore mais les circonstances m’ont amenées à le
constater une fois de plus. Et c’est clair qu’on a bien du mal à sortir des
croyances, des conditionnements et des systèmes de prédation où on s’affirme en
démolissant l’autre, celui qu’on considère comme notre bourreau.
Ainsi,
très souvent, pour ne pas dire tout le temps, lorsqu’on est victime en tant
qu’adulte, déjà, ça nous renvoie systématiquement à l’enfance, à l’état
d’impuissance et l’ignorance d’alors, on croit qu’en accusant et en condamnant
le bourreau, on sera sauvé.
Ce schéma est celui de la prédation, ou de la loi
édictée dans l’ancien testament : « œil pour œil, dent pour
dent » ; Un cycle perpétuel de vengeance nait de ce point de vue ne
libérant ni la victime, ni le bourreau. Un cycle où la victime, le bourreau et
le sauveur répètent à l’infini les mêmes souffrances et la même violence, en
restant enfermé dans les limites de ces rôles. Passant tour à tour de victime à
bourreau, de bourreau à sauveur, de victime à sauveur...
Nous
avons joué tous ces rôles, toutes les combinaisons possibles sans pour autant
trouver la paix, le bonheur. Tout au contraire, on reste enfermé dans la
souffrance et conditionné par les réflexes de nos cerveaux archaïques, formaté
pour réagir de façon automatique selon le système de survie, de prédation.
Je
redonne ma définition de l’amour et de la lumière. La lumière : la
compréhension des mécanismes internes, la connaissance des lois de l’amour en
tant que vibration, essence de l’être et celle de la nature de l’énergie. Et l’amour
le détachement de tout ces mécanismes de survie, l’identification à l’essence.
On
sait que l’énergie se projette et nous revient multipliée par effet de
résonance. Ainsi lorsqu’on projette notre mal-être vers l’extérieur, il nous
revient sous la forme de situation douloureuse, de crise, de rencontres basées
sur cette loi de domination, de prédation.
On ne peut pas se construire sainement en
détruisant ce ou ceux qui nous dérangent.
J’ai su très jeune ce fait,
cette réalité parce que je l’ai senti au plus profond de mon être sans pouvoir
à l’époque y mettre d’autre mots que ceux-ci : la vengeance ne libère pas,
ne rend pas heureux. Ma sœur qui vivait la même situation d’inceste que moi
reportait sa colère, sa haine, sa confusion…toutes ces émotions
souffrantes sur moi. Elle semblait plus forte et capable de s’adapter aux
exigences de la société que moi mais cela était très superficiel. Puis elle
agissait par réaction en entrant dans le jeu de la compétition, l’énergie de la
colère, de la vengeance la menait.
Au-delà
de la morale qui au lieu de mettre en avant la valeur et la puissance de
l’amour inconditionnel nourrit la culpabilité et la peur, il est des lois
universelles et des mécanismes qui répondent à la nature même de l’énergie.
Aucun
jugement, aucune accusation si légitime soit elle n’a guérit une victime. Même
si dans un premier temps le fait que la souffrance d’un être soit reconnue et
prise en considération, peut apporter un soulagement, cela ne le libère ni du
passé, ni du ou des traumatismes vécus. De même que la condamnation d’un
assassin ne redonne pas la vie à sa victime, accuser et condamner un bourreau
ne guérit pas l’enfant qui a été victime.
Seule la prise en charge de l’enfant
en soi, l’écoute et l’accueil des émotions refoulées peuvent le guérir
définitivement, lui rendre son innocence, sa joie de vivre et son intégrité.
L’attention, l’écoute bienveillante, l’observation neutre des mécanismes
internes, l’abandon de la lutte nous rend à la fois lucide, paisible et
complet.
C’est cet acte de communion intérieure, dans le désir de paix, d’abandonner
la lutte et les modes de prédation, l’instinct de vengeance, qui restaure l’amour
entre tous les aspects de l’être.
Même
le fait de confier à un psychologue ou une tierce personne le soin de guérir
les blessures de l’enfant en soi comporte des risques et selon les
compétences de la personne, cela peut nous amener à continuer de nourrir les
rôles de victime.
Si le thérapeute n’est pas lui-même sorti des jeux de rôle et
en l’occurrence celui de sauveur, il maintiendra le patient dans le rôle de la
victime sans même s’en rendre compte.
Là encore, je m’appuie sur des faits,
sur l’observation neutre de ceux-ci,
tant dans ma propre expérience que dans celle que vit ma sœur en ce moment.
Elle voit une personne qui n’est pas psychologue mais intervenante dans un centre
pour toxicomane, qui lui donne de fausses pistes de guérison.
Ma première
réaction, c’est la révolte parce que je vois les conséquences qui peuvent
devenir dramatiques et mon intuition ne m’a pas trompée à ce sujet.
L’enfant
qui souffre face à l’injustice, à la violence de ces jeux de rôle où on se
renvoie son mal-être, se manifeste en moi et c’est le moment d’être à l’écoute.
Cela
me demande de lâcher le rôle de sauveur, de pacifier mes émotions face à cette
situation afin de pouvoir donner mon avis sans heurter ma sœur, sans lui donner
l’impression que je me pose en maitre. Une seule phrase soi-disant prononcée
par la personne qu’elle voit, a suffit à me montrer qu’elle allait sur des voix
sans issues.
L’idée qu’on ne peut pas se grandir en rapetissant l’autre, en
l’accusant et en mettant l’accent sur ses limites, ses faiblesses ou ses
défauts, ses erreurs, me revenait en tête régulièrement. Puis hier, en parlant
avec ma mère qui m’a confié son étonnement à constater l’agressivité de ma sœur
envers elle, je me suis dit que je ne m’étais pas trompée dans mon ressenti.
Déjà, l’enfant en moi a été blessé comme peut l’être tout enfant quand il voit
sa mère souffrir, quand il perçoit une injustice. Alors j’ai offert cela à la
source lui demandant d’accueillir dans l’amour et la lumière, les peines
de l’enfant en moi.
C’est une formule qui permet de se détacher du ressenti
émotionnel sans le projeter vers l’extérieur et qui ramène l’équilibre, la
clarté. Juste avant que je téléphone à ma mère, j’ai senti de la culpabilité en
me rappelant ce que j’ai écrit la veille au sujet de la vision de l’enfant en
moi à propos de mes parents. J’ai d’ailleurs rectifié un peu mes paroles de
façon à ce que ce soit dépourvu de jugement parce que là encore, la même vérité
se confirme.
Ce n’est pas en jugeant l’autre qu’on s’élève mais en s’élevant
soi-même au dessus des réactions psycho-émotionnelle de l’enfant en soi.
J’ai
offert la culpabilité ressentie, celle de l’enfant qui se reproche d’avoir
donné l’impression de critiquer, de rejeter ses parents.
Cette culpabilité
s’est montrée après que j’ai senti de la peur alors que je pensais à appeler ma
mère. J’ai été étonnée de sentir cette peur qui m’a obligée à aller aux
toilettes.
Puis en ressentant simplement cette sensation, les choses sont
apparues de façon évidente, j’étais face à la peur de l’enfant. Et c’est vrai
que j’avais peur de ma mère, peur de son apparence rigide, peur de sa rigueur.
Mais cette peur, je refusais de la regarder en face tout comme la colère envers
elle parce que d’autre part je me rendais compte qu’elle faisait son maximum
pour nous donner un toit, pour nous donner de la nourriture et maintenir
l’équilibre au foyer. Elle se sacrifiait pour remplir son rôle de mère et même
si j’aurais préféré qu’elle soit plus présente, je ne pouvais nier qu’elle
faisait sincèrement de son mieux selon les circonstances, au jour le jour.
Partagée
entre colère et respect, retenant ces émotions par peur d’être injuste, je
tournais en rond entre victime et sauveur.
Bref
une fois que tout cela a été vu et ressenti, peu à peu le recul porté sur ces
sensations et pensées, m’a ramené dans le juste milieu. J’ai bien senti qu’en
écoutant ma mère se confier, une part de moi se sentait honorée, adulte,
reconnue, mais je n’ai pas nourri ce sentiment. Non pas qu’il soit infondé mais
plutôt que c’est une des réactions de la victime en besoin de reconnaissance et en fait, ma mère ne faisait que partager la charge de souffrance que la situation lui fait vivre.
Tout
comme l’amour et l’estime de soi ne peuvent pas se fonder sur la destruction du
bourreau, il ne peut pas non plus se nourrir exclusivement de la reconnaissance
extérieure. Cela est cependant la conséquence de l’amour inconditionnel qu’on
cultive en soi non pas dans l’attente de recevoir mais dans le désir de prendre
en charge ses pensées, ses émotions, ses besoins essentiels.
Quand on se prend
en charge, on n’est plus un poids pour l’autre et l’unité qui se réalise en
soi, l’amour qui rayonne de l’intérieur, suffit à répondre à ce besoin d’amour
essentiel. Quand l’autre ne se sent plus obligé de jouer un rôle de sauveur
envers nous, il peut se sentir perdu mais il se créé aussi un phénomène d’attraction
parce qu’il sent cette énergie de paix, de confiance en soi.
Je
sens bien que l’enfant en moi est encore dans l’attitude de mendiant vis-à-vis
de ma mère, tant au niveau affectif que dans une aide financière éventuelle
mais là encore, il m’a suffit de l’admettre et d’y voir une réaction
conditionnée plutôt que de m’y identifier en luttant contre ce qui n’est qu’un
réflexe, pour que cela cesse.
Reconnaitre
et accepter sont des outils formidables parce qu’au niveau de l’énergie, cela
ramène l’harmonie et nous libère des pensées émotions refoulées qui une fois
exprimées ne commandent plus en coulisse.
Le
fait de voir cela et de s’en vouloir, bloque le processus de libération parce
qu’alors l’énergie tourne en rond. En ce sens la peur et la culpabilité,
reconnues ou refoulées sont les énergies qui font que ce sont nos cerveaux
limbique et reptilien qui gèrent notre vie. Alors même qu’on est conscient de
cela, le fait de nier la peur, de vouloir la combattre, de nier et de rejeter
la culpabilité, leur donne plus de force et c’est alors l’énergie du combat qui
prédomine. Cette énergie qui nourrit le système de prédation, qui fait que
l’orgueil se substitue à l’amour vrai de soi. Un amour de surface qui s’écroule
à la moindre critique ou contrariété, à la moindre ride qui émerge, aux kilos
de trop...
Je
ne sais pas si je suis claire, compréhensible dans mon récit mais je n’ai pas
envie d’y passer des heures. Cela peut sembler égoïste de ne pas se soucier de
la façon dont seront perçues mes paroles mais là encore, ce blog est l’édition
de mon journal intime.
Il est à la fois un exutoire pour moi et en même temps
le témoignage des pensées communes à tout humain qui veut se connaitre en toute
transparence et en profondeur. Ce qui est caractéristique des rôles de victime
de bourreau ou de sauveur, ce sont les pensées communes.
Chaque rôle a le même
mode de pensées, les mêmes croyances et réactions.
C’est cela qui permet de
reconnaitre le rôle et de pouvoir s’en libérer simplement en reconnaissant le
caractère stéréotypé de la pensée. Et la façon systématique de refouler les
émotions dites négatives. C’est le signe que nous portons des blessures et que
nous vivons à travers des rôles, identifié au personnage qui se sent impuissant
et coincé.
Pourtant, le seul fait d’apprendre à observer ce qui se passe en soi
nous permet de comprendre et de distinguer qui nous sommes en vérité, au-delà
de ces rôles. De comprendre le noyau de notre être et de voir que tout ce qui
gravite autour, c’est de l’énergie contrainte, bloquée, des systèmes qui ne
demandent qu’à être éclairé et lâché au profit de l’amour, de l’ouverture.
L’idée
que la méditation par la respiration profonde soit un apport en oxygène
permettant de donner de l’énergie au néocortex siège de l’intelligence, la
capacité d’innover, de s’adapter, de surmonter les épreuves et de prendre du
recul sur les faits, est venue aussi comme une évidence.
Le souffle donne un
coup de balai aux idées reçues, nettoie le mental de ces pensées répétitives et
formatées, conditionnées. De même l’instinct de survie qui amène trois réponses
possibles, la fuite, l’agressivité, la paralysie, nous renvoie aux stratégies
employées par les trois rôles de victime, de bourreau et de sauveur. Le lien
qu’on peut faire entre ces réactions et les rôles, en montre le caractère
instinctif, inconscient, conditionné.
La
victime cherche généralement la vengeance en espérant que cela lui rendra son
intégrité, l’estime de soi, mais elle reste prisonnière du rôle et de la
souffrance qui en plus va amplifier par ce confinement et le fait de nourrir
perpétuellement cette blessure et ce rôle par les pensées de victime, par des
plaintes et des jugements.
Bon
je sens que je vais devoir accueillir les énergies du sauveur ou au moins
lâcher prise au niveau mental afin que les émotions refoulées puissent s’exprimer.
Pour le moment la sensation d’un bouillonnement intérieur indescriptible se
manifeste en moi. Je ne force rien, je laisse venir…je note que les sensations physiques sont confuses mais dépourvues de souffrance...
Si
vous souhaitez partager ce texte, merci d’en respecter l’intégralité, l’auteure
et la source ; Lydia, du blog : « Journal de bord d’un humain
divin comme tout le monde » ou http://lydiouze.blogspot.fr