Un jour où je croisais une femme, celle-ci se mit à
critiquer violemment ses patrons. « Ils n’en n’ont rien à faire de leur
fils, ils ne s’occupent pas de lui, ils ne se parlent plus… ». Je lui
posais alors la question suivante: « Et comment va ton fils? ». Elle
se mit à répondre: « Ah celui là, c’est un bon à rien, on ne veut plus le
voir à la maison, il s’est disputé avec son père….. ». Qu’a fait cette
femme en parlant de ces patrons? Elle parlait d’elle en réalité et des liens
qu’elle avait avec son fils*.
Qu’est-ce qu’une projection?
Selon Carl Gustav Jung, « La projection comme une
transposition inconsciente, non intentionnelle, non perçue, d’un état psychique
subjectif vers le dehors, sur un objet extérieur ».
En psychiatrie et en psychanalyse, la projection a été
définie par Freud, comme un mécanisme de défense psychologique: « Le sujet
nie pour lui un désir intolérable et projette ce désir sur un autre ».
En somme, on projette inconsciemment notre vécu, nos
pensées, nos expériences, nos émotions, nos sentiments sur d’autres personnes
ou d’autres situations.
Les projections peuvent être positives ou négatives.
En positif, c’est le cas d’une personne ayant réussi
dans un domaine qui se projettera sur un jeune individu présentant
inconsciemment pour elle, les même dispositions mentales et qualités. C’est le
cas d’Andy Wahrol qui se reconnaissait dans le jeune Basquiat devenant son mécène, son
mentor et son ami.
En négatif, c’est le cas de la critique que l’on fait
à autrui quand on est dans le déni de nos propres frustrations, souffrances ou
erreurs. Ne pouvant les regarder en face, nous les exprimons en les projetant sur
d’autres personnes.
Attention, toutes les critiques
ne sont pas des projections. La plupart des critiques et des jugements sont
justifiés. Si une personne nous écrase le pied en dansant, on pourra critiquer
à juste titre sa façon de valser. En conséquence, quand nous émettons ou
recevons une critique, il conviendra de faire le point sur la réalité de ce
jugement de manière la plus objective possible.
Conséquences de la projection
Quand nous sommes critiqués…
Quand une personne nous critique de manière injustifiée,
il est intéressant de comprendre que cette personne fait une projection de son
« moi » ou de sa réalité sur nous.
La première réaction que nous avons quand nous sommes
critiqués injustement est de nous justifier, de nous mettre en colère, de nier.
Or, si nous restons calme et comprenons que l’autre fait une projection, nous
pouvons faire de la situation un atout :
Nous pouvons lui poser des questions qui l’amènent à
voir sa réalité en face (et le faire sortir de son déni): « Est-ce que ton
histoire avec ton fils ne te fait pas penser à celle de tes patrons? »*
Nous pouvons comprendre sans en parler que cette
personne est dans le déni et qu’elle est dans une grande souffrance.
Nous pouvons nous méfier de cette personne qui peut
s’avérer toxique pour nous.
Nous pouvons éviter d’aborder certains sujets qui font
souffrir notre ami….
Quand nous critiquons…
Le second intérêt de ce phénomène est de réfléchir
chaque fois qu’une personne ou une cause extérieure nous fait souffrir, si nous
ne projetons pas une situation vécue de notre propre histoire, de nos peurs ou
de nos croyances.
Par exemple, si un homme voit dans tous les hommes des
rivaux, c’est peut-être qu’il a une blessure de tromperie à guérir, que
certaines femmes de sa famille ont été infidèles ou bien qu’il est le fruit
d’une liaison adultère…
Autre exemple classique: on peut projeter sur nos
enfants nos désirs non comblés de devenir un(e) sportif émérite, un chanteur
célèbre ou un homme (une femme) d’affaires respecté. Une femme
« coincée » au foyer projettera sur son mari son désir de réussite.
En résumé:
Se demander si une critique est justifiée
Se demander si c’est une projection
Chercher l’origine de la projection
Chercher les solutions pour guérir de la blessure
cachée derrière ce mécanisme de défense
Article rédigé par fanny, le 10 décembre 2014, lu sur ce site:
http://sereconnecter.eu
*J’ai
ajouté cet astérix à quelques endroits du texte parce que je ne suis pas tout à
fait d’accord avec certains points comme le fait de parler à l’autre de ses
projections et de se lancer dans des explications à propos de lui. Le raisonnement me semble juste mais les exemples...
A moins qu’on
nous le demande ou dans le cadre spécifique d’un accompagnement, il ne faut pas
intervenir dans la vie des autres surtout s’il est question de choses qu'ils nient ou refoulent.
Sauf s'il s'agit du conjoint, d'un parent et encore, il faudra venir en son cœur, calmer le corps émotionnel, avant de s'exprimer afin de ne pas accuser l'autre, d'être objectif, juste.