"Créer des ponts entre les mondes".

« Pendant l’été 71* après une boucherie sans nom, un vieux militant communard, écrivit cette chanson. Ça nous semble aujourd’hui bien ringard de chanter encore ces idées. C’est dans le sang qu’ils traçaient leurs mots et de leur mort naissait l’espoir…c’est la lutte finale, Groupons nous et demain, l’internationale sera le genre humain, c’est la lutte finale groupons nous et demain, l’internationale sera le genre humain… »

Effectivement, ça nous semble encore aujourd’hui bien ringard mais cette chanson dont l’introduction est de François Béranger n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd pour certains qui l’ont récupéré et on fait de ces « concepts », leur force et leur objectif.  Tandis que les gens de pouvoir ont assis leur dominance, en se serrant les coudes, en se nourrissant mutuellement, le chacun pour soi est devenu la loi du monde dit moderne et si c’est une bonne chose d’avoir perdu l’esprit de clan, d'avoir fait sauter les frontières et cassé les murs, « l’humanité Une » reste encore une belle utopie, même dans les rangs de ceux qui parlent de la loi de l’Un. 

C’est la nouvelle mode dans les milieux spirituels, le nouvel étendard qui reste une idée très lointaine, qui s’applique à la reconnaissance de sa filialité avec les êtres d’intelligence supérieure, les maitres et les extra-terrestres qui surpassent l’humain par leur technologie, leur capacité psychiques...Pourquoi sont-ils si intéressés par l’humain ? Parce que nous sommes des êtres qui possédons un cœur, un corps émotionnel, un corps physique, une âme remplie d’expériences uniques, parce que nous portons en nous plusieurs dimensions et que nous avons la possibilité de les fusionner.

Je ne blâme personne puisque je suis la première à focaliser sur mon nombril, à chercher le centre et du coup, à ne plus trop me tourner vers le monde. Chacun tente de s’affirmer, de faire sa place et l’esprit de compétition règne encore en maître. Trouver le juste milieu entre spiritualité et matérialité, reste encore à définir et surtout à vivre.

Comme nous savons que nous créons notre monde et que c’est par le fait de maintenir la paix en soi, que le monde peut évoluer, nous frustrons nos corps émotionnel et mental pour coller au modèle prescrit par des gens comme Eckart Tollé, Krisnamurti, pour ne citer qu’eux. 

"Il Faut être Zen, ne pas réagir". 

J’ai bien l’impression qu’on ne saisit pas vraiment le sens de ce qui est dit. Nous avons reporté la tendance à accuser l’ennemi de l’extérieur à celui que nous voyons maintenant à l’intérieur de nous-mêmes. Intégrer l'ombre en soi ne veut pas dire de la nier, la refouler ou de la dissoudre mais de la vider de sa charge négative, par le fait de la juger, et de l'intégrer pour qu'elle créé un équilibre intérieur. Ce ne sont plus les « méchants manipulateurs » qui sont responsables de notre mode de vie, mais les corps dits inférieurs, qui nous pourrissent la vie, que nous jugeons inadéquate. Alors on les dénigre, on les refoule, on les anesthésie pour ne rien ressentir, pour ne pas être sensible à ce qui se passe autour. 

On associe l'amour à la lumière, au bien, alors que c'est une énergie qui englobe, qui équilibre et harmonise, qui utilise les deux pôles pour créer le mouvement juste, équilibré. On se demande s’il faut intervenir face aux injustices du monde et on rentre vite chez soi pour méditer et on s'enferme. 

Puis il y a tous les messages qui endorment les plus éveillés, promettant l’intervention imminente des forces galactiques, des maitres ascensionnés qui vont sauver le monde…ça fait des années que la divulgation va se faire, qu'elle est imminente, à la porte…

Il me semble qu’il serait bon d’user de tout ce que le divin nous a donné, dans l’équilibre et l’harmonie, pour agir, pour décider, pour que notre Oui soit un Oui et que notre Non soit un Non.

Nous nous sommes créés avec différents corps qui nous permettent d’appréhender ce qui nous entoure, de plusieurs façons. Il est vrai que regarder à travers un seul de ceux-ci, ne permet pas d’avoir une vision globale et nous fait tomber dans l’excès, à cause du déséquilibre intérieur. On se focalise sur les chakras du haut, on fait tout pour accéder à son soi supérieur quitte à payer pour savoir d’où on vient, quelle est notre famille, la vraie, celle à laquelle on peut être fier de s’identifier…Même quand on pense être centré, c'est souvent au mépris des corps d'en bas.

On continue de vivre à côté de soi, à renier l’incarnation sous prétexte que les méchants sont à la tête du monde. On recherche des maitres, des guides, des enseignants au lieu de sonder son propre cœur, d’utiliser son discernement et sa voix pour affirmer ses désirs et créer le monde juste auquel on aspire. 

On se focalise sur la réalisation de ses propres rêves et on laisse le monde s’occuper de lui-même, les endormis se laisser bercer par les illusions véhiculées par les médias puis on juge ceux qui osent se révolter, s’indigner, on se dit qu’ils nourrissent l’ombre...

Nous disposons d’un outil formidable pour contrer les pouvoirs mais on préfère l’utiliser pour diffuser des messages qui viennent de hiérarchie célestes, d’extra-terrestres et de maitres qui viellent au bon déroulement des opérations et font tout le travail. En attendant, ceci sert surtout les manipulateurs qui créent des divisions parmi ceux qui se considèrent comme des travailleurs de lumière. Entre ceux qui croient à la lettre, au divin intérieur manifesté dans la chair et ceux qui attendent que leur famille galactique vienne les sauver. Depuis combien de temps ces messages inondent la toile sans que rien ne change vraiment au niveau mondial ?

On crée des forums qui véhiculent l’amour, l’espoir et quelques exemple de mouvements solidaires sont montrés comme des exceptions lointaines, des cas isolés où l’homme réagit parce qu’il n’a pas d’autre choix, parce qu’il meure de faim. On admire les hindous qui luttent contre Monsanto mais ici, on ne fait rien d’autre que de signer des pétitions. On contemple en spectateur et on applaudit.Tout ceci manque de logique. 

Être conscient du divin en soi, c’est aussi utiliser son corps physique, aligner tous ses chakras pour être dans l’action juste qui ne consiste certainement pas à battre en retraite. Oui, il est bon de se poser avant d’agir mais de là à s’endormir. Comment peut-on affronter nos peurs si nous nous contentons de les accueillir ? 

Cette énergie une fois équilibrée devrait nous amener à passer à l’action. Il n’est pas question d’aller manifester dans les rues du jour au lendemain mais au mois de trouver une forme de solidarité et le sens de l’humanité, de notre responsabilité vis-à-vis du monde, pas seulement par des visualisations et des envois d’amour ou en cliquant sur les sites qui se nourrissent de la détresse et catalysent l’énergie de la révolte de chacun pour se l’approprier et s’enrichir avec des pétitions quotidiennes.

L'action courageuse des espagnols, le week-end dernier n'a pas été relayée par les médias classiques (à part l'humanité) mais ça, c’est « normal », ni par les sites qui parlent d’éveil à l’échelle planétaire… ?

« La sauvegarde de notre monde humain n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, la responsabilité humaine. » citation de Vaclav Havel

C’est quoi s’éveiller ? Trouver son soi supérieur et se détacher du monde au point de devenir aveugle et impotent, de n’être plus qu’un cerveau qui focalise toute son énergie sur l’ouverture de son troisième œil pour retrouver ses pouvoirs psychiques, qui cherche à accéder au supramental, qui se gave de théories issues de la science quantique, qui vit sa vie devant son écran d’ordinateur, par procuration, laissant son pouvoir temporel aux mains des élus sous prétexte qu’il n’est pas concerné par le monde ? Qu’il n’est pas de ce monde ? C'est se cacher dans son cœur, dans sa bulle d'amour?

Quand on libère la notion de bien et de mal, ça ne veut pas dire qu’on doive laisser faire les injustices. 

Tel que je l’entends, ça veut dire d’arrêter de nourrir l’esprit de vengeance, de sauveur, l'idée d'une justice divine ou galactique, en soi et avec l’extérieur. 

De passer de l’esprit de compétition à celui de solidarité. Mais ça n’est pas suffisant si ça reste une idée, une belle philosophie. 

Au niveau énergétique, ça veut dire d’arrêter de chercher son pouvoir dans les chakras du haut, dans le ciel mais d’harmoniser tous nos corps sur la fréquence du cœur afin d’agir dans le juste milieu, à travers nos choix mais aussi notre voix, nos mains, nos jambes.

On commence par trouver l’équilibre en soi puis on sort de sa bulle pour agir selon notre foi, vis-à-vis de son entourage immédiat, au quotidien. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans un monde virtuel, entre personnes qui croient aux mêmes choses, de créer un réseau protégé, constitué d'initiés qui se congratulent. Oui, il est important de se connaitre, de se réunir mais c'est pour agir.

Il s’agit de créer des ponts entre les mondes. 

D’intervenir différemment dans les mouvements sociaux, d’apporter son énergie pacifiée mais aussi de ranger ses connaissances intellectuelles et spirituelles en arrêtant de croire que les endormis, sont stupides et ignorants. 

Très souvent, ce sont ceux qui ne se coupent pas de leurs émotions qui agissent concrètement qui sont capables de dire Stop, de réaliser concrètement, sur le terrain des actions qui profitent à tous. Ils utilisent leur cœur et leurs mains, pour agir dans l’unité, sans s’arrêter sur les différences mais au contraire en se rassemblant sur les points communs. L’Espagne nous montre un bel exemple que nous ne sommes même pas capables de soutenir.

Si nous sommes humains divins, si nous en avons conscience, ça n’est pas pour nous réfugier dans nos rêves mais pour nous relier et nous soutenir pour poser des actions en commun, plutôt que d’amplifier le fossé entre éveillés et endormis. Oui nous pouvons apporter une énergie particulière encore faut-il être sur la même longueur d’onde et sortir de chez soi, arrêter de croire qu’il nous faille être protégés des entités négatives, et de compter sur l’envoi d’amour des êtres de lumière. Oui, ils agissent mais leur rôle est avant tout de nous faire prendre conscience de notre vraie nature, de notre potentiel et pas de nous enfermer dans des cercles d’initiés qui regardent le monde de haut en se disant ; ils n’ont rien compris ! Ni même en cherchant à enseigner le monde à propos de connaissances spirituelles mais reconnaitre que tout le monde est divin, qu’il le sache ou pas et en voyant que chacun est un maitre enseignant, par effet miroir, par les énergies spécifiques qu’il porte, retrouver le sens d'être Humain.

Pour que l’amour grandisse en nos cœurs, il faut qu’il circule vers l’extérieur, qu’il se concrétise par des gestes, des actions. Créer un pont entre les énergies contraires en soi, doit se prolonger vers l’extérieur en considérant l’autre à partir de nos points communs.

Choisir entre l’amour ou la peur ne veut pas dire de rester cloitré dans son cœur mais d’agir à partir de ce centre. Dans les gestes du quotidien, nous pouvons faire beaucoup. 

Desertec

En commençant par arrêter de se distinguer des autres, de croire que nous savons plus qu’eux, en passant du langage spirituel complexe à celui du cœur qui s'exprime dans la simplicité, la sincérité. Il y a un moment où l’énergie du cœur doit s’extérioriser.

En commençant par voir en l’autre un égal, quel que soit son niveau de compréhension, nous agissons à partir du cœur. 

On ne change pas le monde par la force, la violence mais on commence par trouver la justice en soi puis on la diffuse par des gestes concrets.   

J’ai dialogué avec une part de moi, coincée dans l’astral par la culpabilité. Un des personnages que j’ai incarné qui a expérimenté la face obscure de l’humain. J’ai passé beaucoup de temps à lui expliquer (et à m'expliquer en même temps) que tout ce qui a été vécu était un apprentissage, que ça nous permettait d’accéder aujourd’hui à la connaissance de notre vraie nature et en même temps, tous ces épisodes sombres avaient permis de comprendre la portée des choix mais aussi d’acquérir l’humilité, puis de trouver l’équilibre des polarités.  

D’intégrer la notion d’unité en soi et avec les autres. 

En accueillant cette part de moi telle qu’elle est, en l’entourant d’amour et de reconnaissance pour tout ce qu’elle a vécu, celle-ci est réintégrée de façon équilibrée dans ma présence source et son expérience devient un atout dans ma vie actuelle. 

Retrouver la conscience de l’Un, ne veut pas dire de se regrouper entre gens dits spirituels et de se connecter ensembles aux mondes invisibles, aux maitres…

Selon ce que je crois, ça veut dire de voir en tous, le même potentiel et d’aller dans le monde en portant des énergies d’humilité, de reconnaissance de l’humanité Une, en cessant de faire des différences.  

Trouver l’unité en soi passe par l’acceptation des personnages sombres intérieurs, les fantômes du passé qui viennent au travers de nos ombres d'aujourd'hui afin d'être reconnus et réintégrés, mais ça ne veut pas dire de tolérer les agissements des manipulateurs d’aujourd’hui. Accueillir ses ombres permet de sortir de l’idée de jugement vis à vis de l’extérieur, de vengeance, de punition et ça se traduit concrètement par la conscience que l’autre a autant de valeur que soi, quel qu’il soit.

Par exemple, si je vis en couple et que je subi les violences de mon partenaire, je ne vais pas me laisser taper dessus sous prétexte que j’ai attiré la situation au niveau inconscient, que c'est une histoire karmique. Cette situation m’amène premièrement à prendre conscience que je joue le rôle de la victime et c’est en prenant la décision de stopper le schéma, en partant concrètement, que je vais reprendre mon pouvoir. Je ne vais pas nourrir le rôle de la victime en restant ou en me contentant de m’entourer d’amour et de compréhension, en accueillant la victime intérieure. C’est important mais ça n’est pas suffisant, c’est utile pour intégrer l’amour vrai de soi qui pousse à agir sans chercher vengeance, ou en passant par les tribunaux, mais en ayant suffisamment confiance au divin intérieur pour oser partir en me disant que je suis soutenue, de rabaisser mon orgueil en allant demander de l'aide à ma famille, mes amis, aux organismes sociaux, le temps de rebondir. Non seulement je retrouve mon pouvoir dans l'affirmation de mes choix mais la situation me permet de connaitre la solidarité dans l'humilité.

Mais cette puissance c’est l’amour de soi et elle sera activée par le fait que j’intègre la victime intérieure dans l’amour tout autant que par celui de choisir de sortir du rôle, en partant. L’un ne va pas sans l’autre. 

Le divin intérieur peut nous donner une vision éclairée de la situation, l’énergie de la confiance en soi, la sensation d’être là, nous envoyer des signes mais c’est à travers nos choix suivis d’action que nous ferons notre part et goûterons ainsi l'harmonie intérieure et avec l'extérieur. Le cœur amènera la neutralité qui permet de savoir comment agir apaisera l'ego pour oser demander de l'aide, savoir vers qui se tourner et le corps physique concrétisera le choix du cœur.

Je donne peut-être l’impression de critiquer ou d’accuser mais ce que j’écris ici, je me le dis à moi-même, le l’intègre au fur et à mesure et je comprends maintenant l’intérêt d’avoir cet esprit « rebelle ». Il participe à l’intégration de mes pouvoirs en tant qu’humain autant qu’au niveau divin. Cette énergie accueillie, aimée pour ce qu’elle est, un moyen de m’extraire des rôles et équilibrée dans le cœur, me permet de voir en tous un frère, une sœur, sera dirigée dans l’action, nourrira mon choix d’autonomie et de libération des masques sans avoir à dominer les autres. 

Libérer les masques permet de voir l’autre en égal, c'est ainsi qu’il pourra à son tour, accéder à sa propre lumière, qu’il ouvrira son cœur. Par effet miroir, il verra son propre cœur, sa lumière mais c’est ma transparence qui le permettra et non l’arrogance de celle qui sait.  

*1871, la révolution ouvrière, "La commune"

Vous pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien modifier (sauf correction des fautes d'orthographe), de citer l’auteur : Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr  et ces trois lignes. Merci